Articles de ce blog pouvant intervenir dans cette rédaction ou en reprise de bâtiments déjà publiés
Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
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La vallée de la Tude est tiraillée par les appartenances.
(voûte reconstituée)
Le document est signé du 1° septembre 1896. Il ne prévoit aucune intervention sur la façade Ouest. C'est le second document déjà présenté, signé et approuvé en date du 23 septembre 1896, qui formalise le projet d'une construction de façade occidentale. Façade néo-romane qui complètera l'installation de piles et doubleaux pour un voûtement de la nef primitivement planchéiée ou charpentée, pour une reconstruction de l'élévation supérieure de la tour de cloche ne touchant à la structure intérieure à la nef que par une reformulation d'arc en place et lieu du mur épais qui marquait la limite Ouest de l'actuel chœur roman. Nous serons également amenés à considérer la cage d'escalier en vis hors œuvre et sa relation tant avec le chevet plat qu'avec la surélévation en tour de cloche . Le massif oriental ne sera pas d'avantage touché par ce chantier sauf par deux percements de fenêtres en première travée du chevet plat. Il y aurait là un manque car la sacristie attenante à la face Nord du chœur est signalée construite en 1864 (E.Petit, op.cit., p. 74). Ce qui ferait que le dessin ci-dessous serait un peu postérieur semblant déjà montrer l'essentiel des ajouts : sacristie, chapelle, escalier mais les ouvertures du clocher ne sont pas conformes aux interventions de Pierre Texier; à savoir des fenêtres à couvrements plats très proches du toit, alors que le projet de rénovation est conforme à ce que nous voyons actuellement de couvrements pleins cintres avec une ligne de toit plus haute. Mais aussi une fenêtre rectangulaire à couvrement plat en ouverture occidentale pour un état actuel de baies géminées couvertes en pleins cintres. Ainsi par ce dessin nous aurions un état architectural de la façade Nord de l'église entre la construction de la sacristie et les modifications de Pierre Texier, soit entre 1864 et 1896 avec une trace dessinée du remplage gothique de la grande verrière partiellement bouchée au chevet. Elément des plus importants qui nous ramène déjà vers Saint-Amant-de-Montmoreau. Toutefois nous allons découvrir une originalité inattendue avec le chevet plat à deux travées qui nous allons approcher en essai d'analyse par le relevé archéologique du bâti et synoptique. En revanche le petit bâtiment construit contre la face ouest de la tour d'escalier a disparu et le grand arc qu'on aperçoit en arrière dans le renfoncement a également disparu dans le percement d'une fenêtre qui pourrait dater des remaniements de 1896. Cet arc qui figure en ce site doit-être questionné de multiples façons et il le sera dans l'analyse archéologique détaillée de l'église (publiée sur une autre page de ce blog, comme signalé) mais pas sur cette page; tout autant que la seconde fenêtre de la cage d'escalier en vis hors-oeuvre. Donc un dessin très riche qui complète la documentation fournie par les remaniements de Pierre Texier sur la nef et tour de cloche. C'est par des chantiers antérieurs et postérieurs qu'un plan initial, ou qu'un plan très ancien, sans pouvoir dire s'il fut véritablement le premier projet architectural sur le site, pourra être approché en modifications successives. La question de l'escalier en vis d'accès au clocher était un débat ouvert quand à sa configuration originale. Dès les premiers relevés en archéologie du bâti, une nouvelle réalité apparaît. On remarquera que l'architecte Pierre Texier semble avoir fait des sondages pour mettre à même niveau les fondations primitives et celles de son intervention, ce qui exclu à priori la présence d'une crypte qui, par la pente du terrain orientée vers l'Ouest, rendrait en plus cette recherche très aléatoire sans pour autant abandonner cette éventualité lors de fouilles plus approfondies du site. Le travail en archéologie du bâti va donc se concentrer, à partir d'un premier synoptique de l'état actuel du bâtiment hors sol, sur une tentative d'approche architecturale et archéologique de différents chantiers depuis la période romane vers l'arrivée de l'art gothique. L'étude archéologique de cette église ne peut pas, comme déjà dit aussi pour Rioux-Martin, être présentée sur cette page et figurera sur une autre page consacrée à cette église avec ces éléments d'introduction pour l'instant produits sur cette page mais qui en seront postérieurement dégagés pour être reportés sur l'autre page de ce blog. Pour information au lecteur l'investigation archéologique a été méticuleuse, complète en plans coupes, élévations, appareillages pierre par pierre et correspondances internes/externes pour un recueil maximum et le plus prècis possible d'éléments scientifiques tant l'enjeu de la découverte d'une chapelle ouverte m'a semblé important à partir de la mise à jour par ce procédé d'un premier projet architectural roman jamais terminé, détruit ou autre. Le premier volet de cette étude ici présenté du chevet plat de l'église de Bors-de-Montmoreau restera sur cette page (sans le préambule de production des documents fournis par Monsieur Eric Petit) pour contribuer à dresser l'inventaire de l'origine des chevets plats dans le bassin de la Tude, et ainsi établir de façon plus scientifique l'approche du chevet plat de Saint-Amant-de-Montmoreau. En attendant la publication complète sur ce blog de mon étude de l'église de Bors-de-montmoreau, je me limite à signaler un projet d'église à une nef et deux collatéraux (vu que le plan centré sur épicentre carré semble être totalement inconnu dans l'art roman de la région, mais pas dans les églises de la renaissance et de l'âge classique et baroque bien évidemment. Par ailleurs je n'ai pas non plus assez d'éléments pour envisager un église à une nef et transept...Le lecteur se fera une idée). Les repères 1, 2, 3, sont ceux de vestiges de piles articulées Les nefs à trois vaisseaux ne sont pas connues dans le bassin de la Tude sauf en extrémité nord avec l'église de Ronsenac attenante à un important prieuré. A Bors-de-Montmoreau nous n'avons aucune certitude d'une église à trois vaisseaux ni d'indication d'un périmètre monastique sauf des terrains vides autour de l'église et une ouverture de grands portails en façade Sud à la liaison du chœur à deux travées et de la nef. Plus un très ancien cimetière en façade Ouest du bâtiment Les trois piles à chapiteaux romans [nombreux autres chapiteaux de la même veine en re-emplois - veine de ceux de l'église Saint-Denis à Montmoreau] et angles des ressauts dégagés d'un tore ont été récupérées pour former une chapelle à chevet plat ouverte en grand arc sur la travée sud-Ouest, fermée par un mur épais en mur Ouest de la travée Ouest prolongé par une autre travée formant chevet plat. Soit une travée de chœur à chevet plat et voûtée en berceau et une en porche planchéié ou à charpente apparente précédée d'un portique voûté sur sa face Sud. Cette chapelle a été progressivement fermée par des diminutions successives du grand arc Sud et finalement totalement fermée, avec son mur Ouest alors ouvert dans un autre projet architectural pour communiquer avec une nef planchéiée du XIII siècle (voire début XIV° ?), sans façade occidentale architecturée mais à très grand portail gothique Sud - porte piétonne et porte cochère - à chapiteau très élégamment épannelé avec boules en astragale, réceptrices des nervures qui donnaient également naissance à un porche voûté, précédé d'un portail voûté sur nervures. L'ensemble très élégant devait offrir un grand contraste avec la chapelle romane transformée en chœur à chevet plat. Bien évidemment la présence d'une chapelle romane à façade ouverte et intérieur peint (traces évidentes de peintures ocres jaunes et rouges sur les parties les plus anciennes de la chapelle, donc sur les piles articulées et colonnes engagées aux 2/3 sur dosserets aux angles dégagés d'un tore) surprendra certainement. En effet j'ai rencontré ce type architectural dans les Alpes du Sud-Ouest, Sud-Est de la France c'est-à-dire sur les versants provençaux, essentiellement construits aux XV° et XVI° siècles pour des réceptions de décors peints visibles depuis l'extérieur à différents degrés jusqu'au fond des sanctuaires, suivant les variantes de ce type architectural. C'est une période historique pendant laquelle cette partie alpine où on rencontre principalement ce phénomène est peu à peu intégrée au comté, puis duché de Savoie sans autonomie politique et culturelle véritable - sauf des manifestation sporadiques vernaculaires selon les villages, les cols et les vallées - qui deviendra pour sa plus grande part un comté totalement artificiel du non moins artificiel Royaume de Sardaigne alpin (après avoir été royaume de Sicile) par le jeu des couronnes disponibles en Europe après le traité d'Utrecht terminé en 1715. Lorsque j'ai étudié les architectures de ces bâtiments j'ai ouvert des voies de recherches - seuls les décors peints avaient fait l'objet de magistrales études par Marguerite Roques et des compléments pour classement par Louis Hautecoeur - et je me suis heurté deux foix à des questions d'antériorité des sources architecturales : celles du chevet polygonal de Notre-Dame-de-la-Protection de Cagnes (Provence Orientale) et celle de la chapelle Sainte-Claire de Venanson (Comté de Nice) bien que des marqueurs m'orientaient vers une recherche par la grande boucle provençale alpine en remontant vers la Bourgogne jusqu'à évoquer les façades stations étudiées par Willibald Sauerländer dans son article de clôture du colloque de Poitiers sur la façade romane (1990). Le plus surprenant c'est qu'en arrivant dans la région Charente par la chapelle de l'aumônerie du Bon-Secours à Montbron (Charente) j'ai découvert trait pour trait le type architectural qui sera issu au XVII° siècle du mouvement de fermement des chapelles ouvertes dans le Sud-Est de la France avec les modèles des chapelles Notre-Dame-de-la-Protection de Cagnes et de Notre-Dame de Vie à Mougins, deux exemples de la Provence Orientale (voire sur ce blog : Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html, et en article publié : Claude Peynaud, "Les chapelles ouvertes et peintes des Alpes-Maritimes - XV°-XVI° siècles". Dans, Provence Historique - Rencontres Italo-Provençales (1), Tome III - fascicule 213 - juillet-août 2003.Fédération Historique de Provence.P.315 à 331). Pour avancer un peu plus vers l'exposé qui sera fait sur la page de Bors de Montmoreau je vous donne le tableau synoptique que j'ai ébauché et publié sur ce blog dans : Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale. https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html Le modèle de chapelle ouverte à arc grand ouvert en façade Sud du porche Ouest existe dans la Vallée de La Tinée à une bonne heure de marche sur un très étroit et vertigineux sentier alpin au hameau (quartier) de Saint-Jean (chapelle Saint-Jean) à partir du village déjà haut perché de La Tour-sur-Tinée. Tout simplement parce que tout au long des dix années de recherches intenses que j'ai faites pour ma thèse doctorale de troisième cycle (1990 - 2001) sur quasiment toutes les architectures des Alpes-du-Sud, dans toutes les vallées et sur toutes les routes de cols et côtières et sur cinq siècles et plus- en plus de toutes les recherches antérieures que j'avais déjà faites sur une partie du Limousin - je me suis rendu compte - par-delà les formations vernaculaires très intéressantes que les axes culturels transversaux de la France à l'Italie et de l'Italie à la France (auxquels Marguerite Roques avait si précocement ajouté les influences du Nord, en appartenance à ce contexte historique, à ce creuset des grandes publications sur la peinture médiévale, autour des années 60, d'André Grabard et autres grands auteurs qui complétaient les grandes études iconographes d'Emile Mâle - années 20/30 - et celles de Louis Réau-années 55 - et autres grands scientifiques comme Louis Grodecki de ce si riche XX° siècle) avaient eu une importance déterminante et ceci apparaissait de façon extrêmement claire dans la vallée du Var pour devenir plus "provençal" au fur et à mesure que l'on se dirigeait à la rencontre des courants de la renaissance italienne qui en fait ne pénétrèrent que très tardivement cette région, au XVI° siècle seulement, et pourtant frontalière (En remontant sur l'axe de la Tinée principalement, soit en remontant vers le Nord et diffusant d'Ouest en Est en gagnant les bordures Sud du Mercantour où l'architecture alpine des "maisons/fermes" se mettait en place dans les villages en relais des maisons gothiques polyvalentes entre magasins, logis et lieux d'économie agricoles dans les tissus denses et serrés des agglomérations plus proches des organisations urbaines médiévales gothiques que villageoises de l'âge classique ou baroque. Les palais et maisons gothiques se retrouvant toujours dans d'autres gros villages médiévaux en poussant vers l'Est de Clans, Saint-Etienne-de-Tinée à Lucéram à Tende). Voir ci dessous le gothique français dans la Haute-Vallée du Var à Guillaumes et en redescendant dans la moyenne vallée du Var au XVI° siècle, vers le confluent avec la Tinée vers l'arrière-pays niçois (doc extrait de ma thèse doctorale). Puget-Théniers est une des implantations cisterciennes alpines validées par l'étude de Marcel Aubert et de la marquise de Maillé, mais son église n'est pas romane. Ci dessous une suite de deux icônes pour illustrer ce propos (retrouvez plus de précisions et d'études sur ce sujet central aux articulations des courants culturels qui ont traversé les Alpes du Sud de la France à l'Italie et inversement, ici à travers les églises - qui complètent sur ce même sujet mes pages sur l'habitat et les chapelles sur ce blog - à la page Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale http://coureur2.blogspot.fr/2013/02Bib/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html) . Sur cette page j'aurais pu commencer avec l'art roman mais je l'ai déjà présenté sur l'autre page de ce blog issue de l'étude de Saint-Amant-de-Montmoreau ( Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html). Ainsi j'ai donc préféré ici continuer avec le gothique et le gothique cistercien transalpin qui draine aussi les façades écrans du Poitou en Italie. Sur la période gothique j'ai également établi les liens avec les vecteurs des ordres militaires depuis la commanderie de Paulhac (département de la Creuse) à Saint-Martin-d'Entraunes (Haute-Vallée du Var, département des Alpes-Maritimes) en exemples, avec le type architectural des Maisons-Tours dont j'ai tout récemment terminé, ou bien avancé l'identification dans la panorama des architectures médiévales, qui va jusqu'aux vallées alpines intérieures du Sud sans toutefois que le lien culturel et architectural avec les grandes tours patriciennes du Nord de l'Italie soit établi comme déjà dit plus haut (voir sur ce blog :Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévalehttps://coureur2.blogspot.com/2019/06/maisons-tours-et-donjons-tours.html, et La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html) . Tous ces liens se clarifient, se concrétisent et se confirment au fur et à mesure que mes recherches avancent. Ce n'est pas pour autant que je relativise les études publiées par régions et régionalismes ni que je conteste les insertions en influences régionales d'André Mussat, certes non, mais je prétends qu'il existe une autre dimension atteinte par les courants culturels qui circulent (comme les grands auteurs qui ont étudié la peinture médiévale occidentale l'ont déjà clairement ciblé, sinon savamment analysée depuis les années 1950 au moins. Voire pour la période gothique le cas particulièrement édifiant de Simone Martini [Césare Gnudi 1954], les rapports de la peinture florentine du trecento à la sculpture gothique française et un autre article de Marguerite Roques au Palais des Papes à Avignon dans le Bulletin Monumental de 1960), qui relient les pays d'Europe, leurs régions, qui orientent les veines et les choix architecturaux région par région par delà les frontières et ici je le constate une nouvelle fois. Je pense que c'est important de signaler ce phénomène, de l'affirmer dès maintenant de façon à ne pas égarer le lecteur avant d'aborder l'originalité de la gestion de la lumière dans les architectures romanes de transition XII°/XIII° s, dans le bassin de la Tude. En étais de cette insertion il est bon d'élargir, de se rafraîchir la mémoire ou de l'enrichir, avec les admirables études si érudites et tellement documentées de Louis Hautecoeur qui, après avoir dégagé le rôle des routes de pèlerinages et celui prépondérant des influences culturelles transalpines de la France du XI° au XIV° s. écrit " C'est du type cistercien que s'inspirèrent toutes les églises franciscaines élevées au cours du XIII° siècle et que Thode a étudié dans son livre sur Saint-François et l'art italien. Les franciscains imitèrent souvent les églises françaises : à la basilique supérieure d'Assise ils se rappellent Angers, à Todi Poitiers, à Bologne les églises à déambulatoire du nord de la France. C'est encore à la France que pensent les architectes qui, dans le sud de l'Italie, bâtissent, sous Frédéric II de Hohenstofen, les châteaux de Trani ou de Castel del Monte et, sous la dynastie angevine, les églises napolitaines de Saint-Eloi et de Santa Chiara" [Pour des compléments d'informations avec d'autres insertions très pertinentes, et ainsi ne pas s'étonner de ces foyers abandonnés dans les Alpes-du-Sud à la discrétion et aux emprunts refondus ou bruts des générations postérieures des XV° et XVI° siècles, qu'ils viennent d'Italie ou de France, de toute façon transalpins, morcelant, mais unifiant aussi en ricochets en quelques sorte d'Est en Ouest et depuis le Nord aussi avec entre autres les effets du Premier Art Roman Méridional et des vecteurs bourguignons et lombards, et encore plus au Nord, Est et Ouest, le panorama architectural médiéval de ces régions difficiles d'accès, voir : Louis Hautecœur, "Les primitifs italiens - Les origines - Les influences françaises". Paris, 1931, p. 33 à 39. Suivi de Saint-François d'Assise et l'art italien. et chapitres suivants de la même publication] D'autres grands auteurs évoquent ces influences architecturales et ornementales françaises. Pour articuler avec les façades je cite ici André Chastel " Giovanni Pisanno. On place parfois entre 1270 et 1275 un voyage de Giovanni en France, qui permettrait de rendre compte de ses capacités d'architecte et de sa vaste culture plastique...de 1284 à 1299 l'artiste partage son activité entre les travaux de la cathédrale de Sienne et ceux du baptistère de Pise [...] Mais le maître pisan fut le seul maître d'œuvre italien capable de concevoir une façade à programme, sur le type des cathédrales septentrionales" [André Chastel, L'art italien. Paris 1982, pps. 163 et 164]. Le Palais Princier de Monaco http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/palais-princier-de-Monaco-palais-of.html Dans le même ordre d'idée architecturale de galeries superposées ouvertes, dites "façades de loges", nous avons la version en bois en revers de courtine, de liaison de deux constructions en pierre/bois et pierre de la fin de la période gothique, au château de Varaignes (Nord-Ouest Dordogne, tout près de la Charente)), que nous retrouvons traduite en pierre (avec l'escalier en vis en bout de galeries pour une aile en retour) au château de La Rochefoucauld (Nord Charente). Pour plus de détails voir sur ce blog : Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale. https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html Les grands auteurs écrivent toutefois plus sur les façades que sur les chevets mais les sources et les vecteurs historiques, techniques et esthétiques qu'ils donnent sont des outils scientifiques extrêmement précieux et fiables, voire irremplaçables. Une autre peinture de l'église de Berneuil va être un lien avec le vecteur des grands artistes présents sur les petites églises rurales, et nous entrainer vers l'église à chevet plat, Saint-Martin à Poullignac, à environ 4 km de Berneuil où il y aura là encore de très importants décors peints, mais ces décors peints ne seront toutefois pas étudiés sur cette page, mais simplement globalement produits en outils d'étude. Ils seront présentés et analysés en détails - avec leurs rapports à l'architecture de l'église - sur celle qui sera plus tard consacrée à la seule étude de Poullignac et de ses décors peints. A Berneuil nous avons cette magistrale peinture murale dont la maîtrise du dessin et de l'expression des personnages, ainsi que de leurs proportions renvoient aux premiers décors de Poullignac alors que les autres programmes présents à Poullignac se rapprocheraient - toutefois avec des originalités de compositions tout à fait singulières, qui nous renverraient une fois de plus vers quelques sources probables mais cependant discrètes avec l'Italie du Nord et plus précisément avec la Toscane, intégrées dans un ensemble ornemental très rattaché aux systèmes français des enlumineurs des livres d'heures - vers les modèles plus couramment rencontrés dans l'ouest de la France dans le dernier tiers du XV° siècle et aux fonctionnements avec l'architecture qui nous ramèneraient vers certaines scénographies dont l'esprit survit aux XV° et XVI° siècle dans ces chapelles peintes des Alpes du Sud-Ouest de la France : alors quelles questions sur ces styles et sur les époques de réalisations si les premiers décors de Poullignac sont bien du XIII° s, ou si cette évaluation peut être révisée, voire questionnée. et d'une même maîtrise du trait et du dessin tout en étant antérieurs de deux cents ans (ou moins) à cette représentation (donnée au XV° s.) d'un roi sanctifié censé représenter Saint-Louis ( 1214-1270 - canonisé en 1297 - Le roi Thaumaturge dont l'iconographie est celle de ses effigies royales aux cheveux courts et souples, mais qui évolue en avançant dans le XIV° siècle en cheveux longs et ondulés) sous des traits et des vêtements qui font spontanément penser à ceux bien connus de Charles V ( 1338-1380) dont la dévotion était plus portée vers Sainte Agnès que vers Sainte Apolline ? Saint-Louis le Roi Guérisseur et plus largement thaumaturge en face de la soumission de Sainte-Apolline appelée pour soigner les dents en souvenir de son martyre au III° s. ... Ainsi la hiérarchie des sphères miraculeuses sera-t-elle respectée parallèlement à celle des positions sociales... A quelle image le vide sous les personnages était t-il réservé ? Au lion des tombeaux royaux ? Cela semblerait peu probable car l'image de la sainte occuperait alors celle de l'épouse royale, de la reine. Le montage ornemental autour de l'image semble t-il véritablement cohérent, adapté ? Ces lignes ajoutées ne sont pas des digressions en perte de vue de notre sujet de départ qui est celui d'une première ébauche de la recherche du passage de l'art roman à l'art gothique sur le bassin de la Tude et bordures du Sud Charente, mais nous le découvrons et le faisons découvrir pas à pas au fur et à mesure des investissements utiles à la compréhension de notre église de départ à chevet plat vers laquelle nous allons revenir sous l'éclairage de ces rencontres monumentales et ornementales qui émaillent et fleurissent la magnifique campagne charentaise : Saint-Amant-de-Montmoreau. l'église Saint-Martin à Poullignac, à 17 km à l'Est de Saint-Amant-de-Montmoreau, rive droite de la Tude, ancien diocèse de Saintes. Cette église est classée Monument Historique par arrêté du 10 février 1987 A Poullignac nous sommes dans un secteur important des implantations militaires et cisterciennes du Sud-Charente - deux types d'implantations auxquelles on attribue ordinairement la construction d' églises à chevet plat - entre bassins de la Tude et du Né, à peu près à une dizaine de kilomètres de la "chapelle" templière de Cressac et autant de l'abbaye cistercienne d'Embourné (Bourné). Il faut ajouter à ces deux implantations majoritaires celle d'une abbaye de l'ordre de l'Artige, seule implantation charentaise de cet ordre qui fut créé par deux nobles venus en Limousin en 1106. Le pape Adrien IV donna ses statuts à l'ordre par une bulle du 30 octobre 1158. Après avoir créé 37 prieuré en France l'ordre a quasiment disparu au cours du XVII° s. pour disparaître totalement au XV° s.. Le prieuré de Cugon sur la commune Bessac est le seul du département de La Charente. C'est un site marécageux à environ trois kilomètres de Poullignac. L'existence de ce prieuré est attestée en 1256 par une bulle du pape Alexandre IV. Cet ordre utilise préférentiellement l'architecture cistercienne et un goût très prononcé pour les décors peints. L'implantation de l'église de Poullignac, telle qu'on la voit sur le cadastre napoléonien, dans un cimetière qui entoure totalement le monument, n'est pas rare en Charente. On trouve même des exemples de ces implantations assez éloignées des villages et autres agglomérations rurales. En revanche par ces autres exemples l'approche des tombes encore en place ne nous permet guère de descendre au-dessous de la fin du XVIII° siècle, ce qui rend assez hasardeux, sans source écrite ni précautions de l'analyse des sites, de reprendre les thèses parfois développées sur ces implantations de site médiévaux polyvalents en lieux de foires et de fêtes dans les cimetières, qui ont existé, certes, mais de façon systématique ? La construction du village qui entoure l'église et son cimetière (de nos jours déplacé à l'extérieur de l'agglomération et ceint de murs) ne semble pas très ancien par les vestiges visibles : le visiteur peut avoir une impression de plusieurs fermes bâties autour de l'église, qui deviendra une commune avec sa mairie et son école. La campagne autour du village est le site de trois châteaux - Beaulieu, Escoir et Caillère - dont les dates les plus anciennes données par les auteurs qui ont font les comptes-rendus ne descendent pas au-dessous du XVII° siècle [Librairie Bruno Sépulchre, Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente. Ouvrage collectif coordonné par Jean-Paul Gaillard. Edition de 2005, p.552 à 554]. Toutefois, en 1703 Le chevalier Adrien Goulard comte de Poullignac occupait le château d'Escoir, ce qui ferait remonter les constructions seigneuriales au moins au XVI° siècle, mais nous sommes encore loin de la construction de l'église donnée aux XI° et XII° siècles par les Monuments Historiques. Poullignac aurait cependant été un comté. Est-ce à dire que cette église pourrait être le vestige encore visible d'une implantation militaire plus importante, voire d'un ordre religieux mendiant ou militaire ayant peut être subit l'influence du tout proche prieuré de Cugnon ? Il faut aussi remarquer que le site exploité était naturellement orienté Est-Ouest, c'est-à-dire que ce site stratégique était déjà totalement exposé pour la construction d'une église, et peut-être plus. Effectivement l'église n'occupe pas une véritable bordure du relief comme dans certains cas d'implantations mixtes - civiles et religieuses - mais elle est cependant construite en bordure d'un ravin qui rogne la croupe au Nord. De grandes zones constructives sont plus importantes au Sud (présence d'une ferme), à l'Ouest, qu'au Nord. C'est une demi courbe Nord-Est-Sud qui est actuellement le site principal du village. Cette installation civile en demi-lune est isolée de l'église par une légère dépression naturelle des terrains. Seul le bâtiment en pointe Sud-Ouest de ce demi-cercle est sur le même niveau que l'église. Il y aurait donc là une recherche à faire en archéologie de fouilles sur l'origine de cette implantation. Les abords en pente de l'éperon ne sont pas de véritables glacis. Si l'église est reportée au Nord en bordure d'un ravin nous ne sommes toutefois pas de façon aussi flagrante qu'à Curac (bassin de la Tude) sur la construction d'une église en dur en bordure d'un château sur motte peu à peu ou partiellement reconstruit en dur [voir sur ce blog " Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale En revanche il faut signaler des vestiges de substructions enterrées et surtout la présence d'un important cluzeau aménagé ou réaménagé (selon certaines pratiques carolingiennes comme on le voit par un aménagement entièrement construit et maçonné qui s'enfonce dans le sous-sol en un couloir aéré avec niches pour des éclairages, terminé par une salle à trois absides en trèfles, en une abbaye voisine de Poullignac) de salles et de couloirs sur une longueur de 70 mètres à proximité de la face sud de l'église Saint-Martin. (l'entrée difficile dans ce dispositif est sécurisé dans une propriété privée. L'accès en est interdit sans autorisation de la mairie). La question reste donc ouverte jusqu'à nouvelles investigations ou découvertes pertinentes de textes d'archives. Bibliographie en éditions publiées : Abbé Nanglard, Pouillé historique du diocèse d'Angoulème. 1894, T. III, p.418; T.IV, p.412. - Jean George et Alexis Guérin-Boutaud, Eglises romanes de l'ancien diocèse d'Angoulème. Paris, 1928 - Jean George, Les églises de France - Charente. 1933, p. 197. - Charles Connoué, Les églises de Saintonge - Cognac - Barbezieux. Préface de Germain Gaborit. Saintes, 1959, t.4, p. 115. [Cette église ne figure pas dans l'édition Zodiaque 1970 de la Saintonge romane. En bibliographie complémentaire : Révérend Père P.Héliot, Dictionnaire des ordres religieux ou histoire des ordres monastiques, religieux et militaires, et des congrégations séculières de l'un et de l'autre sexe, qui ont été établies jusqu'à présent. Suivi de Marie-Léandre Badiche prêtre du clergé de Paris, Histoire des sociétés religieuses établies depuis que cet auteur a publié son ouvrage . Une publication en quatre volumes de M. l'abbé Migne, Paris 1847] - Amédée Boinet "Quelques oeuvres de peinture éxécutées à l'Abbaye de Saint-Aubin d'Angers du IX° au XII° siècle", Lucien Lécureux "Les peintures murales du moyen-âge. Dans les anciens diocèses du Mans et d'Angers" Deux articles successivement publiés dans Congrès archéologique de France - LXXVII° session tenue à Angers et à Saumur en 1910 par la Société Française d'Archéologie - Tomme II - Procès verbaux et mémoires. Paris, 1911, 158 à 195 - Louis Gielly, Les primitifs siennois. Argenteuil, 1926 - Louis Hautecoeur, Les primitifs italiens. Paris, 1931 - Charles Sterling, La peinture française - Les primitifs. Paris, 1938. - André Grabar, La peinture byzantine. Genève, 1953. - Jacques Dupont et Cesare Ignudi, La peinture gothique. Genève, 1954 - André Grabar, La peinture romane du onzième au treizième siècle. Genève, 1958 - Marguerite Roques, "Le peintre de la chambre de Clément VI au palais d'Avignon". Dans, Bulletin Monumental - Dirigé par Marcel Aubert et Francis Salet - Tome CXVII - Société française d'archéologie, Paris, 1960, p.273 à 296 - Marguerite Roques, Les peintures murales du Sud-Ouest de la France. Paris, 1961. - Marguerite Roques, Les apports néerlandais dans la peinture du Sud-Est de la France. Paris, 1963 - En sources directes des études de Maguerite Roques tel que le signale le Président de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes et des Ecrivains Dauphinois, Emile Escalier, il faut citer la belle étude de Gabrielle Sentis, L'art du Briançonnais - I - La peinture au XV° siècle. Gap, 1970. - André Mussat, Le style gothique de l'Ouest de la France (XII° - XIII° siècles). Paris, 1963 - Anna Eörsi, La peinture de style gothique international. Budapest, 1984. - Jean Favier, Dictionnaire de la France médiévale. Paris, 1993 - Luiz-C. Marquez, La peinture du duecento en Italie Centrale. Paris, 2000. - Joachim Poeschke, Fresques italiennes du temps de Giotto - 1280-1400. Paris, 2003. - Claude Peynaud, "Les chapelles à façades ouvertes et peintes des Alpes-Maritimes - XV°-XVI° siècles". Dans, Provence historique - Rencontres italo-provençales - tome LIII - fascicule 213, juillet-août-septembre 2003. P. 315 à 331 - Annie Regond, Peintures murales médiévales - Images pour un message. Paris, 2004 - Claudine Landry-Delcroix, La peinture murale gothique en Poitou - XIII°-XV° siècle. Préface de Piotr Skubiszewski. Rennes, 2012. - Alexandre Gordine, Peintures murales romanes de l'Ouest : Bretagne, Maine, Anjou. Paris, 2013. Complément bibliographique publié en blog: Claude Peynaud - Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html En fait plus j'avance sur l'étude en archéologie du bâti de cette église plus j'avance sur la nécessité d'ouvrir encore une page spécialement réservée à ce monument plein de surprises. A la suite de la page de Saint-Amant-de-Montmoreau - avec la présentation de l'église Saint-Pierre à à Sérignac qui restera pour l'instant sur cette page (Commune de Chalais) - nous aurons donc successivement sur ce blog : Rioux-Martin Bors-de-Montmoreau Poullignac. [ceci ne clôt pas la liste des monuments du bassin de la Tude en projets d'études] [Pour les présentations plus succinctes des églises d'Yviers et de Curac du bassin de la Tude, se reporter aux pages nominatives des monuments de ces sites, sur ce blog] Une fois de plus les éléments mis à jour par l'analyse en archéologie du bâti de l'église de Poullignac sont des plus riches et des plus surprenants et s'étalent sur plusieurs siècles, sur plusieurs périodes de constructions et de reconstructions. En revanche, comme pour toutes ces petites églises, les pièces d'archives font cruellement défaut. Ces éléments archéologiques, peu à peu extraits de la structure générale du bâtiment, bousculent le simple objectif de base que je m'étais fixé en revenant vers André Mussat et ses remarques sur ces chevets carrés, donc à chevets plats, greffés sur des nefs romanes. Et j'ai dors et déjà l'impression d'avoir une fois de plus mis le doigt sur quelque chose d'inconnu dans la panorama des églises romanes, ou devenues romanes, du bassin de la Tude et lisières. Aussi, en attendant de proposer sur une page à part mon analyse complète de ce monument, je vais définir une première méthode : présenter un premier synoptique et mettre en relation son chevet plat avec ceux d'autres églises de ce secteur géographique tournant autour du bassin de la Tude. Ensuite, j'aborderai, non sans prendre certains risques pourrait évaluer le lecteur, quelques observations sur les tours d'avant-chœur qu'on trouve très fréquemment insérées entre la nef et le chœur, Commençons par un synoptique de l'église de Poullignac. Je vais simplement donner quelques points de repères pour approcher les informations données par cette icône. Je les développerai et les analyserai en détails dans la page spécifique à Poullignac. Mais ce synoptique donne déjà l'essentiel de l'évolution architecturale par les dimensions en L1 et L2 qui montrent un dépassement du plan de la structure au rez-de-chaussée, et donc un nécessaire agrandissement pour supporter le nouveau plan de l'étage . En un mot, le plan intérieur de l'élévation (étage) est plus grand que les limites initiales Nord-Sud de la base de ce qui est actuellement un clocher. Il y donc eu une modification de la structure à la base de l'église pour élargir l'étage. Cet élargissement de la structure initiale est obtenu par la construction postérieure d'arcades extérieures plaquées contre les murs gouttereaux Nord encore en place et Sud démolies par dévers des poussées du voûtement d'ogives qui a été construit en même temps que l'élévation du chœur pour lequel la surélévation de la structure initiale de l'avant-choeur a été nécessaire. Un voûtement d'ogives doit-il surprendre alors que le mur gouttereau Nord accuse des arrondis de départ de voûtes qui ne sont pas ceux de voûtes en briques d'un berceau du XIX° siècle. Existe t-il des voûtes médiévales en berceau construites sur culots d'angles ? Certes les culots intermédiaires des travées ont disparu mais ils subsistent dans trois angles et n'existent pas dans l'angle du mur Sud-Ouest reconstruit. Autrement dit, cette élévation du clocher par rapport aux murs massifs et larges - actuellement visibles dans le clocher (en noir) - fut rendue indispensable par la surélévation du chœur, puisqu'initialement l'avant-choeur n'était pas traduit en tour de cloches : ce qui nous ramène pour la structure porteuse à une première église dont je n'ai pour l'instant aucune indication ni repère de datation pour une construction qui est sans doute assez proche de la période carolingienne, ce que confirmeraient les entrelacs des sculptures des impostes de transition chœur-avant-choeur (avant la destruction du chœur primitif qui lui aussi pose un problème). En synthèses : 1 - il y a eu un chantier - autour de 1200 (datation admise par tous les auteurs) mais il faut ajouter cette remarque sur les corbeilles festonnées du chœur, à une ou deux retombées en demi-rond depuis l'abaque qui se rencontrent déjà dans le second tiers du XII° siècle comme en l'église cistercienne de Fontenay (1139-1147), dans une expression toutefois différente. Ces chapiteaux seraient-ils une orientation sur l'influence cistercienne à proximité de l'abbaye cistercienne d'Embourné (Le Bournet) mais qu'on retrouve toutefois sur toute cette zone géographique du Sud-Charente avec quelques variantes? - de modification d'une structure très ancienne et basse avec une sorte de naissance ou de préparation à la naissance de cette architecture si caractéristique de la région, de ces tours de cloches-avant-chœur entre la nef et le chœur, couverte en coupole d'abord sans oculus puis avec oculus, comme si graduellement nous étions passés de ces structures basses voutées en berceaux sur très lourds doubleaux de Poullignac à des élévations avec coupole sans traduction en clocher (comme on peut le voir à Saint-Eutrope, commune de Montmoreau, avant les interventions d'Abadie) - puis surélévation en tour de cloche avec un percement de la coupole par un oculus... 2 - L'architecture de ce nouveau chœur n'est absolument pas prévue pour avoir une iconographie liturgique des offices, peinte, puisque les surfaces potentiellement réceptrices des décors peints ne sont pas visibles depuis la nef, sauf une composition en trumeau des deux lancettes du chevet plat (mur Est du chœur). Par une nouvelle réflexion sur la lumière en complément des héritages carolingiens des chevets plats, c'est plus l'idée d'une sorte de cage de lumière qui ressort de la modification de ce nouveau chœur sans changement de la structure basse initiale d'avant chœur. (les décors peints actuellement visibles sont tous postérieurs à cette architecture modifiée mais un débat semble installé sur l'antériorité des programmes qui ne sont pas deux mais quatre.. Personnellement je suis d'avis que la restauration a été très bien menée en donnant au décors peint du gothique international la dernière phase d'intervention ornementale sur le mur) 3 - L'autre importance majeure pour le sujet proposé par l'étude de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau, c'est que c'est une solution pré-romane qui permet d'étayer la surélévation à fois du chœur et de la nef qui sera voûtée d'ogives sur culots, pour un chevet plat voûté en berceau, éclairé cette fois ci de deux lancettes frontales pour deux fenêtres latérales de contre-jour. Cet apport après construction des arcs de doublement du mur si caractéristiques de l'art roman sur la région, ne doit pas surprendre. Avec l'église de Parcoul, basse vallée de la Tude (confluent Tude-Dronne - Diocèse de Périgueux) ces arcs contreforts s'écartent actuellement du mur, et la technique architecturale y est clairement lisible. Nous terminons bien ce premier tour d'horizon d'une sélection d'églises à chevets plats sur le bassin de la Tude et lisières, par une gamme de solutions, qui peuvent surprendre comme à Bors-de-Montmoreau mais qui entrent en composition de ce groupe des églises actuellement visibles à chevets plats, qui nous conduisent à un passage de l'art roman à l'art gothique, progressif entre fin XII° et début XIII°; sauf avec l'exemple de Sérignac qui semble directement hérité des structures carolingiennes préparant cependant le terrain roman de réceptions de structures gothiques comme le montre André Mussat, avec son exemple plus haut produit de l'église de Seigy. D'autres exemples forts d'églises à chevets plats entrent dans l'étude des transitions romans/gothiques du bassin de la Tude. Je les présente maintenant mais uniquement en dossiers photos, alors que des relevés archéologiques du bâti seraient fort utiles. Ces sont les églises de Magnac-Lavalette (bordure nord des sources de la Tude que nous retrouverons avec une approche des escaliers romans sur la page de Rioux-Martin), celle de Juillaguet (aux sources de la Tude) et celle de Martron (bordure Sud-Est du bassin de la Tude mais sur le département de Charente-Maritime et sur le diocèse de Saintes) dont le chevet plat très surélevé est directement greffé sur la nef romane plus basse (c'est cependant une adaptation de démolition). Celle de La Ménècle qui reprend le plan de Sérignac mais plus à l'Est du Bassin de la Tude vers les bordures périgourdines et encore plus à l'est mais toujours sur ces lisières du bassin de la Tude qui se rapprochent encore davantage des limites du Périgord avec l'église de Saint-Romain. Ces cinq églises en documents photos 1. Magnac-Lavalette Le voûte du style du gothique d'ouest du chevet plat de cette église doit être désormais inscrit sur la carte des extensions géographiques de ce style, publiée par André Mussat, Le style gothique de l'ouest de la France. Paris,1963, p.272 et 273. La voûte très bombée démarre très bas dans le chœur et enveloppe la plus grande hauteur des lancettes d'éclairage. Le chœur devient un autre réceptacle de la lumière, ou une autre cage de lumière mais à la perception progressive et entière depuis la nef (Boresse et Martron) (Deux communes jumelées de Charente-Maritime, en limites Ouest du Sud-Charente - Diocèse de Saintes - Bassin de la Tude - 10 km de Chalais/Sérignac, sur la Double Saintongeaise - Dans le cadre de cette recherche c'est essentiellement l'église à chevet plat de Martron qui nous intéresse bien que celle de Boresse soit aussi d'un grand intérêt et présente des parentés de voûtement avec Martron mais uniquement sur l'avant-chœur-tour-de-cloche car son chevet est voutée en cul de four sur plan semi-circulaire et seulement éclairé par deux petites fenêtres sur la face Sud de l'arrondi du chevet. Les grandes lancettes sont dans l'avant-chœur, sous une voûte sur nervures) 3. JUILLAGUET (Sud-Charente - aux sources de la Tude - proche de Magnac-Lavalette) Avec l'église de Juillaguet nous nous réinstallons dans les chevets plats aux chœurs voûtés en berceau. Avec toutefois une spécificité à cette église à la nef du XI° siècle. La transition avant-choeur-tour de cloche n'existe pas. Le chevet plate est directement greffé sur la nef. La façade est du XVI° s., avec son portail. On peut également remarquer que le pilastre d'angle supporte le départ du formeret sans chapiteau. A Bors-de-Montmoreau nous aurions le même principe mais le réemploi de chapiteau sculpté roman du premier édifice prévu, a enrichi ce support. Nous pouvons donc maintenant revenir sur Saint-Amant-de-Montmoreau et son originalité, qui sera plus facile à aborder, à analyser et à admettre, après cet exposé des solutions originales qui forment cependant une apparence de "famille architecturale d'églises à chevets plats" sur le bassin de la Tude et lisières. Les influences du gothique d'Ouest, par delà des groupes de chevets plats couverts en berceau qui utilisent différents systèmes d'éclairage des chevets et parents, y sont manifestes du nord au sud et sur les bordures ouest. En plus du plan à chevets plats, la réflexion sur la lumière apparaît comme le principal trait d'union entre ces architectures qui sont, pour l'essentiel, mais pas pour toutes greffées sur des nefs plus anciennes comme André Mussat le signalait. 4 - La Ménècle C'est le second exemple que je peux produire à l'Est du bassin de la Tude, sur l'actuelle commune de Rouffiac (diocèse de Périgueux), église parente de Saint-Pierre à Sérignac (diocèse de Saintes) mais dont les parties originales sont essentiellement la façade et le chevet, une partie de la nef ayant été très remaniée. On n'y remarque pas les jeux sur les éclairages particuliers à Sérignac. En revanche le grand frontispice potentiel récepteur d'un décor peint y est encore plus évident par-dessus un rez-de-chaussée à trois arcades, comme à Sérignac. [Germain Gaborit, "Eglise de La Menècle". Dans, Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Charente. Année 1958. Angoulême 1959, p. 26 et 27.] 5 - Saint-Romain Ancien diocèse de Périgueux - Bordure Est du Basse de la Tude, vers les limites du Périgord Vert, avant Aubeterre. C'est l'église qui nous rapproche le plus d'un plan original entièrement conçu sur le rythme Nef unique sans transept, avant-chœur sans clocher, travées droite, chevet plat éclairée en triplet de trois lancettes. Pour des repères bibliographiques de la sculpture de cette église Cf. Michèle Pradier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc : La sculpture gothique (XIII°-XIV° siècles) Toulouse 1998, 2023. En revanche, il ne faudrait pas donner l'impression au lecteur qui ne connaît pas la région - puisque la page et le blog sont lus dans beaucoup de pays du monde des deux hémisphères - que les églises de cette zone géographique sont toutes à chevets plats. Aussi j'ouvre dès maintenant, avant d'avoir fini la rédaction de cette étude, la page consacrée à Rioux Martin qui nous permettra de voir que d'autres courants se sont implantés dans la région pendant la période romane et la période gothique. Au delà de Sérignac il faut aller jusqu'à Martron et au delà de Juillaguet il faut aller jusqu' à Magnac-Lavalette. |
Cette fenêtre d'avant-chœur à Saint-Amant-de-Montmoreau peut-elle dès lors être considérée comme ayant appartenu au même chantier que celui de la cage d'escalier ?
Bonnes lectures et bon voyage dans les merveilles de l'art, le plus souvent totalement inédites et toujours parfaitement originales à l'auteur de ce blog.
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