vendredi 3 juin 2022

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX°s - une approche des escaliers romans sur le bassin de la Tude -Rioux-Martin - The Romanesque church - The establishment of the Abbey of Fontevraud in Haute-Lande - the interventions of Edouard Warin and Paul Abadie in the 19th century - an approach to the Romanesque stairs in the Tude basin - Rioux-Martin - Die romanische Kirche - Die Gründung der Abtei von Fontevraud in Haute-Lande - Die Interventionen von Edouard Warin und Paul Abadie im 19. Jahrhundert - Ein Zugang zur romanischen Treppe im Tude-Becken -Rioux-Martin - La iglesia románica - El establecimiento de la abadía de Fontevraud en Haute-Lande - Las intervenciones de Edouard Warin y Paul Abadie en el siglo XIX - Una aproximación a las escaleras románicas en la cuenca del Tude - Rioux-Martin - A igreja românica - O estabelecimento da Abadia de Fontevraud em Haute-Lande - as intervenções de Edouard Warin e Paul Abadie no século XIX - uma aproximação às escadas românicas na bacia do Tude - Rioux-Martin - La chiesa romanica - L'istituzione dell'Abbazia di Fontevraud nell'Alta Lande - gli interventi di Edouard Warin e Paul Abadie nel XIX secolo - un approccio alla scala romanica nella conca di Tude - Ріу-Мартен - Романська церква - Заснування абатства Фонтевро в Верхній Ланді - втручання Едуара Варена та Поля Абаді в 19 столітті - підхід до романських сходів у басейні Туде - Rioux-Martin - الكنيسة الرومانية - إنشاء دير Fontevraud في Haute-Lande - تدخلات Edouard Warin و Paul Abadie في القرن التاسع عشر - نهج للسلالم الرومانية في حوض Tude - Риу-Мартен - Романская церковь - Основание аббатства Фонтевро в Верхнем Ланде - Вмешательство Эдуарда Варена и Поля Абади в 19 веке - Подход к романской лестнице в бассейне Тюд - Rioux-Martin - די ראָמאַנעסק קירך - די פאַרלייגן פון די אַבי פון Fontevraud אין Haute-Lande - די ינטערווענטשאַנז פון Edouard Warin און Paul Abadie אין די 19 יאָרהונדערט - אַ צוגאַנג צו די ראָמאַנעסק טרעפּ אין די טודע בעקן -リウ=マルタン-ロマネスク様式の教会-オートランデにフォンテヴロー修道院を設立-19世紀にエドゥアール・ワリンとポール・アバディが介入-チュード盆地のロマネスク様式の階段へのアプローチ - Rioux-Martin - Romanesk kilise - Haute-Lande'de Fontevraud Manastırı'nın kurulması - 19. yüzyılda Edouard Warin ve Paul Abadie'nin müdahaleleri - Tude havzasındaki Romanesk merdivenlere bir yaklaşım - Rioux-Martin - Ang Romanesque church - Ang pagtatatag ng Abbey of Fontevraud sa Haute-Lande - ang mga interbensyon nina Edouard Warin at Paul Abadie noong ika-19 na siglo - isang diskarte sa Romanesque na hagdan sa Tude basin - Rioux-Martin - Biserica romanică - Înființarea Abației de Fontevraud în Haute-Lande - intervențiile lui Edouard Warin și Paul Abadie în secolul al XIX-lea - o abordare a scărilor romanice din bazinul Tude - Rioux-Martin - Die Romaanse kerk - Die stigting van die Abdij van Fontevraud in Haute-Lande - die ingrype van Edouard Warin en Paul Abadie in die 19de eeu - 'n benadering tot die Romaanse trappe in die Tude-kom.


Le site complet compte à ce jour 148 articles : il est à votre disposition. Toutes les pages sont issues de mes recherches personnelles et universitaires. Les emprunts à des auteurs sont signalées et il n'y a aucun élément qui tombe sous le coup de la protection des données des lois européennes sans compter que je respecte avant tout la tradition de libertés et de démocratie de la république française. En tant que citoyen français je me conforme à la législation française. Toutes les photos publiées l'ont été avec l'accord des personnes à la date de leurs publications. Ces pages ainsi que tous les documents produits sont assujettis à Copyright et droits d'auteur. Il n'y a aucune raison commerciale, ni déclarée ni cachée, pour la construction de ce blog.  Vous pouvez aussi aller sur le moteur de recherche à droite de votre écran sur cette page. Vous pouvez rechercher tout ce qui vous intéresse, du dessin à la peinture, à l'archéologie, à l'architecture, à la poésie, à la sculpture, aux pages magazines, pour votre stricte curiosité ou culture personnelle, et pour toute autre action ne débordant pas le cadre strict de la consultation. Pour les universitaires qui voudraient produire certains de ces travaux, me contacter sur la partie "blogger" en bas de page, en me laissant votre adresse courriel de messagerie. Pour clarifier mes compétences professionnelles, voici le panorama de mes formations. Lycée technique, mécanique, où j'ai appris le dessin industriel que j'ai par la suite appliqué au dessin d'architecture de relevés archéologiques appris à l'université de Poitiers. Formation militaire BMP1 (engagé trois ans dans les Commandos Troupes de Marine - 22° RIMA puis 1° BPCS - Importante formation à la topographie si utile pour mes recherches archéologiques) - Formation d'Infirmier du Secteur Psychiatrique en 28 mois, IDE par Réforme Hospitalière -  Nombreux travaux et nombreuses formations avec des maîtres de la peinture (lithographie, gravure, peinture,...) et de la littérature contemporaine. Doctorat Lettres et Arts  (mention Très Honorable avec Félicitations), Histoire de l'Art et Archéologie, Université de Provence Centre d'Aix à partir d'autres formations de ce cycle à l'Université de Tours (2 ans - Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance), de l'Université de Poitiers (2 ans - Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale), et deux ans de formation en lettres à l'université de Nice, et stages divers - Diplôme Inter-Universitaire de la Faculté de Médecine de Lille, "La Santé Mentale dans la Communauté" en lien avec l'OMS/CCOMS. Sur Google "Les budgets aidants..".http://www.ccomssantementalelillefrance.org/sites/ccoms.org/files/Memoire-Peynaud.pdfJ'exerçais au C.H.Cannes en tant que coordinateur/responsable des Ateliers Thérapeutiques-Psychothérapie Institutionnelle du Pôle Santé Mentale en Intra Hospitalier). Au printemps 2017 j'ai été également élu au Conseil de l'Ordre Infirmier des Alpes-Maritimes. Depuis le 1° avril 2018 je suis en retraite.



 Pour voir des liens avec de nombreux articles sur les 147 que compte ce blog, veuillez vous reporter en bas de page. Merci.




Articles de ce blog pouvant intervenir dans cette rédaction ou en reprise de bâtiments déjà publiés


Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle - Archéolgie Médiévale
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html


1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html


2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html


3° partie - Archéologie Médiévale - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html


Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html


Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html


Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale


Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/10/curac-les-enigmes-de-son-chateau.html

Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html

La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html

Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France 
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html 

Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html

Bors-de-Montmoreau - Eglise Notre-Dame - Une introduction aux chapelles de routes - Identification d'une chapelle romane ouverte aux mouvements de fermements  des petits sanctuaires du XVII°s. - Charente et versants alpins français.
https://coureur2.blogspot.com/2022/10/bors-de-montmoreau-eglise-notre-dame-un.html

Eglise Saint-Martin à Poullignac - Architecture et décors peints - Une source de recherches pour les églises des diocèses du Sud-Charente et principalement du bassin de la Tude entre Diocèses de Saintes, d'Angoulême et de Périgueux, de leurs origines aux évolutions et modifications du XIX° siècle.
                                    https://coureur2.blogspot.com/2023/06/eglise-de-saint-martin-de-poullignac.html

Du médiéval au contemporain, une invention bien avant classement au patrimoine mondial de l'UNESCO : 
                                      Claude Peynaud  : Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html

Remerciements 

Monsieur Gaël Pannetier, maire de Rioux-Martin

Monsieur le Révérend-Père Joseph Dingboé, Curé de la paroisse

Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux de Rioux-Martin,

Mesdames Géraldine Nadaud et Annick Moreau, Secrétaires de Mairie de Rioux-Martin

Monsieur Jean-Louis Mercadé, Descendant et ayant-droits sur l'œuvre de son ancêtre l'architecte diocésain Edouard Warin et propriétaire des documents de Paul Abadie relatifs aux chantiers 
du XIX° siècle sur l'église de Rioux-Martin.

Monsieur Yves-Michel Foucaud, guide sur la communeVice-Président de la Société d'Archéologie de Barbezieux, 
Inventeur de l'abri et d'une fontaine datant de la préhistoire sur la commune de Médillac.
Animateur et spécialiste DRAC pour les jardins.

Monsieur Pierre-Michel Barlaam, exploitant agricole en retraite, vicaire, propriétaire de vestiges archéologiques du prieuré de la Haute-Lande, produits sur ce blog;

Monsieur Jean-Claude Moreau, exploitant agricole en retraite, guide sur différents sites et propriétaire de vestiges archéologiques du prieure de la Haute-Lande, produits sur ce blog.

Monsieur Jordan Dubois, technicien intervenant sur plus de 700 clochers de la Charente, Charente-Maritime et Gers 

Ainsi que les propriétaires des demeures et domaines privés qui seront cités dans la suite du développement de l'escalier jusqu'à la rencontre de l'architecture vernaculaire de la région Charente-Dordogne des XIX° et XX° siècles.



Aux origines de Rioux-Martin nous avons des sources archéologiques très anciennes. Les travaux de Yves-Michel Foucaud nous renseignent sur des occupations du paléolithique, Une publication de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Poitou-Charente - Service Régional d'Archéologie - Nous donne quelques éléments sur des vestiges médiévaux faiblement enfouis. 
Le village est construit autour de l'Argentone et la légende de son établissement est liée à celle de Saint-Martin. Cette légende ou histoire est rapportée par Monseigneur Cousseau en date du 16 janvier 1807, reprenant un récit de Saint-Grégoire de Tours  dans les années 371-397.
" Saint-Martin rencontra un passant à qui il demanda de l'eau. Cet homme n'ayant pas répondu à cette demande une femme en offrit au saint et alla puiser, pour lui, à une fontaine éloignée. En récompense de cette bonne action et pour éviter désormais à cette femme d'aller chercher de l'eau aussi loin - 1500 m - Saint-Martin fit jaillir une source à l'endroit où il s'était arrêté". un autre texte de de l'abbé Nanglard précise " Rioux-Martin veut bien dire  ruisseau de Martin [...] La tradition locale rattache cette légende au Bois de l'Âne qui existe entre Lafaurie et Chez Gerbaud , et à la fontaine située sous le village dénommé Les Ecossais des Landes, première source du ruisseau  de Chez Gerbaud mais qu'on peut regarder comme le Rioux de Martin puisqu'il aboutit à l'Argentone tout près du bourg...On pourrait être surpris qu'une villa gallo-romaine...".
L'Argentone est un affluent de la Tude. La Faurie est un lieu noble ayant appartenu  à la famille de Cladier  dont Jean, Sieur de Neuville, et sa femme Marthe respectivement décédés en 1701 et 1700 sont enterrés dans l'église. Samuel du Cladier, seigneur de La Faurie, décédé en 1682 est lui aussi enterré dans l'église.
Le domaine de La Faurie est vendu en 1695 aux frères Frichou (Yves-Michel Foucaud, "Les Ecossais du bourg". Dans Société Archéologique, Historique et Littéraire de Barbézieux et Sud-Charente - Nouvelle série. Tome LVIII - Année 12015. P. 127 à 132). Gaston du Cladier ayant épousé la fille du seigneur de Curac va habiter le château de Fief de Curac (voir sur ce blog :Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
 Le domaine de La Faurie est une nouvelle fois vendu aux Ribéreau qui l'habitent en 1780 (cf. Châteaux, logis et demeures anciennes de la Charente. Librairie Bruno Sépulchre, 2005, p.572 et 573.)
Toutefois les sources historiques imprimées et originales sont discordantes car La Faurie est un domaine qui fut transmis à Edouard Warin par sa belle-mère épouse Lajeunie née Frichou. C'est dans ce domaine que vivait et travaillait Edouard Warin architecte diocésain - en collaboration avec Paul Abadie. 
Ce sont ces deux architectes qui modifièrent l'église de Rioux-Martin dès 1850 comme nous allons le voir plus bas par des sources d'archives.


Edouard Warin (Epernay - Marne -1837- Rioux-Martin - Charente -1911) :
(pour les liens de Paul Abadie et de la Charente voir ci-dessous "Paul Abadie")
Edouard Warin serait arrivé en Charente vers 1858 en tant que collaborateur de Paul Abadie qui est l'architecte qui est déjà intervenu sur l'église de Rioux-Martin pour des sommes conséquentes qui semblent concerner la restauration de la façade et les travaux au clocher de 1850 à 1858 (rapport du Conseil Municipal de Rioux-Martin). Le Conseil Municipal de Rioux-Martin doit délibérer en 1859 pour un nouveau projet, et le dernier de Paul Abadie à Rioux-Martin, celui de la construction d'un nouveau Chœur pour l'église. A partir de ce dernier chantier c'est Edouard Warin qui apparaît pour l'achèvement des projets de Paul Abadie et la construction de son propre tombeau qui sera achevé en 1882.
En 1866 Edouard Warin épouse Marie-Thérèse-Jeanne-Rosine Lajeunie (sources : documents des archives municipales d'Angoulême, transmises par Mme Marie-Christine Cheminade - Documents de M. Jean-Louis Mercadé héritier direct d'Edouard Warin).  
  Edouard Warin, par sa belle-mère née Frichou épouse Lajeunie, inscrit leurs enfants et descendances en lien directe avec la famille Frichou - nom francisé de Fretchow - qui remonte aux Hamilton d'Ecosse liés aux plus illustres familles d'Ecosse et d'Angleterre. Les Lettres patentes accordées par Charles 1°, roi d'Angleterre, qui établissait la haute origine et les titres de noblesse Hamilton d'Ecosse, ses ancêtres". Le chef de famille est marquis. Il arrive en France avec sa famille au XVII° siècle - sous le règne de Charles 1° d'Angleterre - par Jean Hamilton marquis Fretchow - branche cadette des Hamilton. Les nobles alliances se poursuivent et, propriétaires de la moitié de l'actuelle commune de La Genétouse,  en 1695 ils font l'acquisition de La Faurie qui reste dans la famille et qui y est encore. A cette époque la Faurie se compose de terres et de domaines et le site de résidence noble est bordé d'une métairie, le tout formant la village actuel de La Faurie.
En 1859, l'année des projets de reconstruction du chevet de Rioux-Martin, Paul Abadie nomme Edouard Warin Inspecteur des Travaux de la ville d'Angoulême. Puis, en 1864, Edouard Warin est nommé Architecte Inspecteur du diocèse d'Angoulême. Le département de la Charente est à cette époque divisé entre "Charente" et "Charente Inférieure"
De 1860 à 1890 Edouard Warin est architecte de la ville d'Angoulême. Mais dès 1869 ses compétences sont étendues à tout le département. Et comme en témoignent les documents inédits ci dessous produits, et transmis par son ayant droit et arrière petit-fils monsieur Jean-Louis Mercadé, sa collaboration est étroite avec Paul Abadie, au moins à partir de 1858/59 et au-delà. 
Son œuvre est important bien que très mal connu et d'une incontestable qualité même si les critères "Monuments Historiques" de son époque ne sont pas exactement ceux de la notre qui ne produit pas moins "d'abus" en matière de restaurations et d'aménagements du territoire s'émancipant de façon assez inquiétante de la Chartre de Venise qui fixe les règles d'intervention sur le patrimoine historique (Chartre Internationale sur la Conservation et le Restauration des Monuments et des Sites - 1964) . Les Archives départementales de la Charente commencent à publier des documents numérisés sur l'œuvre abondant de cet architecte. Une de ses réalisations - l'église de Villebois-Lavalette est même classée Monument Historique, et l'église de Rioux-Martin bénéficie du même classement par liste de 1862. 
L'inventaire des travaux d'Edouard Warin n'étant pas encore terminé on peut tout de même citer l'église de Pérignac (où l'architecte a été accusé à tort de développer des idées plus proches "byzantines" de certaines interventions de Paul Abadie, alors qu'il a scrupuleusement remis en état un bâtiment en remplaçant un couvrement de clocher qui n'a rien d'incongru dans l'art roman, et intervenant sur un bâtiment déjà "restauré" au XVIII° s.), la chapelle Notre-Dame à Chalais, le château de Passirac (propriété de la famille du couturier Castelbajac), le château de Crève-Coeur à Aigre, l'école de Chasseneuil (Charente), L'école du Temple,  l'école des garçons de Rouillac,  les halles centrales d'Angoulême, l'usine d'emballage et conditionnement Lacroix (on retrouve Edouard Warin autant en intervention sur le bâti ancien que contemporain de son époque, maniant avec une réelle maîtrise l'éclectisme du XIX° siècle). Les autres églises inventoriées et nouvellement inventoriées sur cette page,  sur lesquelles il intervient: 
  L'église Saint-Ausone et lycée à Angoulême,  les églises charentaises  du Roullet, Marsac, Lesterps, Cellefrouin, Champniers, Pérignac, Curac, Chillac, Châteauneuf, Rioux-Martin, Charras, Aubeville, Montboyer, Barret, Sers, Barbezieux, Aubeterre...Hors Charente on le retrouve sur le département de la Creuse à La Souterraine et à Bénévent l'abbaye (sa coopération avec Paul Abadie est signalée par un des dessins d'archives) où son dôme appareillé a été remplacé par une monumentale flèche en bois couverte en bardeaux aux sources historiques médiévales encore plus incertaines mais à l'époque des paratonnerres. Toujours en Limousin il intervient en Haute-Vienne sur des bâtiments civils anciens de la ville de Limoges (rue Poulaillère et des Taules lors du percement de la rue Jean-Jaurès) et sur des églises de ce même département  à Saint-Yriex, Saint-Sulpice-Laurière, Solignac ... Sur le département de la Lozère on retrouve des notes prises à Chirac... [Cf. Archives Départementales de la Charente, les articles de Claude Laroche et les remarques faites par Jean George et Alexis Guérin-Boutaud, l'important fond d'archives de Monsieur Jean-Mercadé arrière petit-fils d'Edouard Warin d'où proviennent celles inédites et inconnues et celles utilisées en étais scientifiques du présent article] .

    
Paul Abadie (Chatou 1812- Chatou1884)

Paul Abadie est homonyme de son père Paul Abadie ( architecte néo-classique - 1783-1868 - de la Charente).
Sa formation débute dans l'atelier d'Achille Leclère en 1832 et se poursuit en 1835 à l'Ecole des Beaux-Arts où il étudie l'architecture. En 1844 il est attaché à la Commission des Monuments Historiques et il élabore ses premiers projets pour la restauration de Notre-Dame de Paris sous la codirection d'Eugène Viollet-le-Duc et de Jean-Baptiste Lassus. En 1845 ces deux architectes s'attachent la collaboration de Paul Abadie comme Second Inspecteur.
En 1849 est créé le Service des Edifices Diocésains au sein duquel Paul Abadie est nommé Architecte pour les diocèses de Périgueux, Cahors et Angoulême.
En 1872 il est nommé Inspecteur Général des édifices diocésains et en 1875 il est Membre de l'Institut. 
Ses interventions et œuvres les plus connues dont :
Cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême (Charente - 1849 à 188à),
Cathédrale Saint-Front de Périgueux  (Dordogne - 1851-1883)
(Abadie devient l'archétype très contesté du parti des files de coupoles traduites en extérieures qu'il reprendra pour la basilique  du Sacré-Chœur construite de neuf à partir de  1875 et terminée en 1919),
 la Grande Synagogue de Bordeaux (1877-1882)

Paul Abadie, en plus de Rioux-Martin en collaboration avec Edouard Warin, est intervenu en Charente et dans la vallée de la Tude à l'église de Montmoreau, de Saint-Eutrope, ... 

(Sources : Encyclopédie Universalis, Archives Départementales de la Charente et archives de
 M Jean-Louis Mercadé - Musée d'Angoulême, Entre archéologie et modernité - Paul Abadie architecte 1812 6 1884. Musée d'Angoulême, 1984. -   "Paul Abadie architecte charentais - suivi de Le Fond Warin aux archives départementales de la Charente", dans, Le Picton - Culture et patrimoine en Poitou et Charentes. n°260. Mars-Avril 2020, p. 24 à 49).


Le prieuré de la Haute Lande
Prieuré de l'abbaye de Fontevraud


Le site est connu depuis fort longtemps, il semble même que la tradition orale ait toujours accompagné l'histoire dont les archives de l'abbaye de Fontevraud gardent traces et souvenirs. Des bâtiments étaient encore visibles au XVIII° siècle.

Localement une publication donne une première mémoire imprimée de ce site :
David instituteur (c'est ainsi que la nom de l'auteur est désigné), La Lande de Rioux-Martin - Notice Historique et Géographique sur la commune de La Genétouze (Charente Inférieure) Saintes, 1909, p. 140. 

Les éléments de la dite "monographie de  La Genétouze" sont repris dans 

 : Chalais - son canton - ses princes - Les Talleyran-Périgord. Une publication du Cercle Historique de Chalais sous la direction du Dr Lacamoire avec la collaboration de Messieurs Bodet, Dournois, Fabvre, Nadaud, Nicolas, Pellet, Rocher J.C. et l'abbé Ripoche. Angoulême 1970, p. 77 à 79.

La "monographie de la Génétouse" sus citée [La Genétouze est une commune limitrophe mais à l'époque en Charente-Inférieure sur le secteur de Saintes - voire cartes ci-dessus)] reprenant un Pouillé du diocèse d'Angoulême (page 140) : "Les restes d'une chapelle dite de l'abbaye de La Lande, dépendance de l'abbaye de Fontevrault, vocable inconnu. Aux XVII° et XVIII° siècles, le curé de la paroisse en faisait le service par lui ou par son vicaire moyennant 45 livres par an, plus la jouissance d'un petit domaine". Des difficultés se présentent dans la seconde moitié du XVIII° siècle et le curé de la Genétouse écrivait au comte de Verteillac en 1769  "Le nommé Guenon de la Lande doit des arrérages et il crie reprenant un texte des Archives Départementales sans cesse, il m'a prié de vous le dire mais je luy ay dit que puisqu'il ne fait pas valoir son bien, il fallait le vendre à des gens qui payeraient et le fraient valoir, et il est situé à trouver des acquéreurs".(Archives départementales)
  
La localisation du site était déjà bien connue avant ces publications puisque les populations des villages environnant y avaient entrepris des fouilles dans les années 1850.

En exploitant sa propriété sur le site Monsieur  Pierre-Michel Barlaam a mis à jour par sondages - en enterrant des piquets - un dallage plat d'environ 60 mètres de long.

Au dictionnaire de l'Ordre Monastique de Fontevraud la Haute-Lande figure ainsi :

La  Lande-en- Beauchêne (B) ,  peut -être  le même  prieuré  que  (10) La Lande-en-Chalais . Commune de  Rioux- (16210) 

Un colloque tout récent offre une nouvelle perspective d'approche de ces prieurés. 

Fontevraud et ses prieurés - Etudes d'histoires, histoire de l'art et archéologie - Actes du colloque organisé par le Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale (Université de Poitiers) les 25/26 septembre 2015 à Fontevraud, en collaboration avec le Centre Culturel de l'Ouest. Textes réunis par Claude Andrault-Schmitt, Patrick Bouvart et Cécile Treffort. Paris, 2020.

La Haute-Lande est inscrite sur la carte des prieurés de cette étude p. 25 - géographiquement à peu près située,  sous la désignation "Lande en Ch." avec la qualification "prieuré double dont la date de fondation demeure incertaine". Cependant le prieuré n'apparait plus dans la liste des "établissements religieux et églises cités" p.295 à 299. 
Mais La lande-en -Beauchêne y figure (p.297) qualifiée ou suivie de "(La) (Sallertaine, Vendée, diocèse de Poitiers 18, 44, 216".

On voit que la question traitée - loin d'une localisation certaine du site et d'une ignorance des documents départementaux - reste problématique, ainsi que la période de construction des premiers bâtiments.

Avec cette nouvelle exploration sur ce blog, du site, sans fouilles, grâce aux témoignages des populations locales, nous pouvons désormais progresser vers une approche qui relaye parfaitement les éléments publiés hélas sans iconographie alors qu'il y aurait en quelque part une croquis d'élévations de bâtiment (s) de ce prieuré. Toutefois les éléments archéologiques désormais autorisés à figurer sur cette page par les propriétaires des terrains agricoles du site, nous ramènent à des répertoires qui sont ceux de la construction de l'église romane de Rioux-Martin.


Une autre église romane est voisine : celle de Médillac. Les deux partis architecturaux romans contemporains sont toutefois un peu différents.
Les sites de Médillac et de Rioux-Martin sont proches d'une zone de quatre moulins installés sur un seul et vaste bief de la Tude, au plus près de la carrière d'où ont été extraites les pierres de construction des édifices.
Un château ancien, disparu, est signalé sur le secteur de la carrière sous le nom de "Ancien château" qui était l'adresse postale de monsieur Pierre Chadefaud en 1948 (doc. Yves-Michel Foucaud). 
La carrière d'où proviennent les pierres qui ont été extraites pour les constructions du prieuré
et de l'église

Les vestiges archéologiques (photos autorisées ci dessous) nous ramènent vers les deux églises romanes du petit secteur géographique aux confins de la Double Saintongeaise et de la basse vallée de la Tude, mais plus vers Rioux-Martin que vers Médillac qui utilise un vocabulaire ornemental sculpté d'un autre vecteur .






L'église de Rioux-Martin

Bibliographie :
                                   Abbé Jean-Hippolyte Michon : Statistiques monumentales de la Charente. Angoulême, 1844, p. 277 et 309.
                                               Abbé Jean Nanglard, Pouillé historique du diocèse d'Angoulême, 1894, t.III, p.448 -  t.IV, p.196.
                                              Jean George, Les églises de France - Charente. Paris, 1933, p.204 et 205.

                                               Charles Connoué, Les églises de Saintonge - Cognac et Barbezieux - Livre IV. Préface de Germain Gaborit. Saintes 1952/55, p. 119 et 120.

                                               Saintonge romane - Edition du zodiaque. 1970; figure sur la carte des églises romanes de Saintonge en tant que "Eglise en partie romane".
                                          

Le projet concurrent en chevet semi-circulaire d'une reconstitution par un chevet plat a été retrouvé après rédaction de cette étude par M.Jean-Louis Mercadé qui en autorise l'exploitation pour servir cette étude

Monsieur Jean-Louis Mercadé
Pour le travail  de recherche en reconstitution par le second synoptique, ces deux dessins sont d'un grand intérêt. Ils sont extraits avec des variantes (d'où une possible intervention d'Edouard Warin) de ce document ci dessous retrouvé après rédaction du compte rendu : je les insère en trois icônes de déclinaison dans cette rédaction. 
L'apport du texte de l'abbé Michon publié en 1844 viendra apporter d'autres éléments intermédiaires.
 

L'icône ci-dessus situe bien cette planche après 1854, donc contemporaine des planches du projet avec un chevet carré.

Ces documents font apparaître les deux verrues latérales qui ne sont une fois déplacées de part et d'autre de l'avant-chœur et finalement supprimées par Paul Abadie puisqu'il recherche une unité des façades sud et nord ainsi qu'une sacristie qui s'inscrit dans ce projet. Paul Abadie, contrairement aux idées reçues, ne cherche pas systématiquement à transformer la vision romane du XIX° en essayant de lui imprimer ses idées coûte que coûte mais recherche d'avantage une solution pratique pour améliorer le service religieux sans heurter l'esthétique du bâtiment. Et alors il sacrifie ces deux verrues nord et sud.

Le projet 2 garde les verrues latérales et les inscrit dans un ensemble qui porte l'élévation à un étage sur contrefort inexistant sur le relevé 1 avant démolition. Ces arcades à l'étage sont des leurres - fausses fenêtres - masquant ou agrémentant, ou animant, la partie en élévation qui cache intérieurement le niveau de la voûte en cul de four.  Ce projet 2 s'inscrit dans la mode des leurres et trompe-l'œil propres à la seconde moitié du XIX° siècle contemporaines des enseignements d'Antoine Quatemère de Quincy des publications de Jacques Ignace Hittorff et un peu avant les interventions à l'Académie et de Charles Garnier, les généralisations de l'emploi du ciment, c'est-à-dire des architectures non appareillées qui ont besoin d'apports ornementaux capables de rivaliser avec ceux des architectures appareillées ou de transformer l'expression ornementale monumentale (les expressions du ciment brut ne viendront que plus tard avec les frères Perret à partir de leur garage de la rue de Ponthieu à Paris 1906-7) qui verra le triomphe de ces architectures décorées de frises et leurres architecturaux peints, en céramiques, moulés et sculptés (vendus sur catalogues parisiens parallèlement à des répertoires publiés comme ceux de César Daly et autres modèles de papiers peints sur fond des travaux de Chevreul sur le cercle chromatique) et massivement construits en ornements préférés des nouvelles constructions de la Côte d'Azur après le rattachement du comté de Nice à la France (1861) jusqu'aux années 1950, mais qui feront également le bonheur des nouveaux quartiers construits autour des gares de chemins de fer et des stations balnéaires qui s'édifient un peu partout en Europe diffusant le style du Nord au Sud et de l'Ouest à l'Est dans toutes les capitales européennes et au delà avec les constructions coloniales. Le leurre, le trompe l'œil, soutenus par les idéologies populistes et luxueuses de l'art de décorer les maisons de la période Art-Nouveau, sont tellement ancrés dans les pratiques culturelles de cette époque que même la rampe de l'escalier suspendu du vestibule du château de George Sand à Nohant sera refaite en leurre de fer forgé par son fils Maurice Sand, élève d'Eugène Delacroix, ce peintre qui aurait repeint toutes les façades de Paris selon Charles Baudelaire (Ecrits sur l'Art) bien avant ou pendant que les architectures haussmanniennes soient les sources d'inspirations des décors peints des immeubles du Vieux-Nice.
C'est ce principe que Paul Abadie utilise à Rioux-Martin.
Toutefois la pratique d'Abadie à Rioux-Martin n'a rien à voir avec la révolution ornementale et architecturale internationale d'origine française au XIX° siècle puisque nous possédons des procès d'aristocrates à leur maçons, maîtres maçons et architectes des XVII° et XVIII° siècles, qui leur ont facturé des constructions en grand appareil régulier (pierres de tailles) alors qu'ils ont décorés des murs construits en petits appareils dissolus enduits (cailloux souvent récupérés sur les sites des constructions, sans transport)  retracés au fer ou au cordeau, voire au pinceau, pour faire illusion de grand appareil régulier et forcément bien plus cher, transport facturé; l'historien d'art/archéologue qui travaille en archives et qui n'y prend pas garde, ou qui fait lui-même l'économie d'un déplacement sur le site accepte comme tels des documents d'archives qui sont de véritables escroqueries. 
Mais il est aussi arrivé que ce soient les propriétaires eux-mêmes qui aient commandé ces décors - et leurs maintiens - lors de remaniements de leur châteaux pour en harmoniser les architectures de différentes époques.
 C'est exactement ce que fait Paul Abadie à Rioux-Martin mais sans escroquerie puisqu'il énonce clairement son soucis d'harmonie avec le bâtiment roman.
Une version poétique a été publiée de ce château : Claude Peynaud, Pierre Garnier, Pierre Courtaud, Terrail - Ecrire le château - Poèmes d'architecture - Séries linéaires. La Main Courante, 1993 

Le projet 2 montre une possible alternative hâtivement "croquée" de deux fenêtres latérales (?), d'où une seconde proposition sur le synoptique N°2.


Le dessin 1 est un relevé avant destruction. Il fait apparaître que la voûte du chœur est déjà effondrée et que l'appel à des "restaurations" est pleinement justifié redonnant un plein et entier caractère de légitimité aux propositions de Paul Abadie mais aussi à celles d'Edouard Warin car ce dessin montre une élévation originale du clocher sur arcades. Toutefois le débat peut s'installer car la suite des documents sont susceptibles de donner une période de réalisation de ce dessin alors que le clocher a déjà été restauré ou reconstruit par Paul Abadie et Edouard Warin.

Les dessins 1 et 2 font tous les deux apparaître une réduction des volumes de la nef pour édifier le clocher.


La flèche octogonale, très haute, serait ancienne mais je ne l'ai pas retenue dans ma reconstitution romane (synoptique 2)  car les bibliographies consultées ne donnent ces types de flèches appareillées sur de petites églises qu'à la période gothique (et même sur les grandes). Toutefois en 1844 - c'est-à-dire avant les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie,  cette flèche existe et le clocher refait par Edouard Warin répond presque en tous points au descriptif qu'en donne l'abbé Jean-Hippolyte Michon dans son compte rendu des statistiques monumentales de la Charente publiée en 1844. Je donne le passage complet publié par l'abbé Michon, p.309. Il s'agirait donc d'une réelle restauration.
"L'église de Rioux-Martin est remarquable par une flèche romane à huit pans. 
    Cette flèche mérite une description spéciale. Elle s'élève au-dessus d'une coupole dont la partie supérieure est construite en glacis. Sur ce massif est une corniche où prend naissance la tour carrée du clocher. s'élève au-dessus d'une coupole dont la partie supérieure est construite en glacis qui a quatre vingt quinze centimètres d'ouverture pendant que les autres n'ont que trente centimètres (ce sont les dimensions actuelles). C'est sur cette base carrée qui est au dehors de 5 m 45 de diamètres et 3 m.45 au dedans (ces dimensions extérieures sont à peu près celles actuelles, mais un peu différentes à l'intérieur), que s'élève la flèche octogone. Elle se compose de 55 assises de 25 centimètres d'élévation sur 17 d'épaisseur , ce qui donne au clocher une extrême légèreté. Par une ingénieuse disposition, l'architecte a évidé chaque pierre de la flèche au moyen de deux longues coupes longitudinales  séparées par deux petits oculus...cette flèche souvent lézardée par la foudre , va être restaurée prochainement". 
A l'analyse archéologique du clocher actuellement visible et accessible, nous ne repérons aucune lézarde ni usure de la structure (sauf à la base comme précisé plus loin) et l'abbé Michon ne dit rien des lanternons qui amortissent les angles en réserve entre le carré du clocher et l'octogone de la flèche. Ces lanternons sont pourtant des éléments forts de l'esthétique du clocher actuel et constituent également des masses qui jouent le rôle des pinacles au-dessus des culées gothiques, et remplacement de certains éléments vu la sécheresse des éléments taillés et sculptés. Un autre détail pourtant important manque au descriptif de l'abbé Michon c'est l'habillage des ébrasements des baies par des rythmes de colonnes pourtant savamment agencés et qui figurent en indications sur le dessin N°1 transmis par la mairie de Rioux-Martin mais comme dit plus haut la situation de ce dessin sur le temps des restaurations/reconstructions porte à discussion. Ce système ornemental des baies est également un élément fort et original à Rioux-Martin.
Charles Connoué (1952/55) donne l'observation suivante (p. 119) : "Très beau clocher moderne (et un tantinet prétentieux) ...sur un étage carré ajouré suivant les faces d'une ou de deux baies accompagnées de nouvelles colonnettes. La souche a conservé d'anciennes petites fenêtres étroites. Sur la base du mur sud se voient encore des traces d'incendie."

Toutefois, en reprenant la lecture d'Eugène Viollet-le-Duc qui aurait pu influencer la restauration de ce clocher, on voit qu'il donne des structures de flèches appareillées dès le XII° siècle et parfois avant. Pour la Charente il donne l'exemple de Roulet (ou Roullet) "Le plan de l'étage carré du beffroi, et le plan de la base du cône  avec ses quatre petits pinacles  à jour. La figure 19 donne  la coupe de ce clocher, et la figure 20 son élévation (en note 1 nous lisons : Nous devons ces dessins, ainsi que ceux de Brantôme, à M. Abadie, l'architecte de Saint-Front)". 
Les clochetons appareillés sont bien des structures romanes comme on en voit aux angles de la façade de Notre-Dame-le-Grande à Poitiers et sur d'autres églises, même si leurs expressions sont sensiblement différentes.
Un auteur comme Jean George, op.cit. p. 214 et 215, reprend bien à Roulet une reconstruction et non pas une réfection du clocher en 1874 et 1875 mais s'il remarque qu'effectivement la flèche pourrait rejoindre le XII° siècle, et qu'on ne possède toutefois pas la date de consécration. Il ne confirme pas non plus une consécration une fois le monument terminé. Et ce sont peut-être plus les dates d'achèvements - qui ne posent pas trop de problèmes avec les grands édifices désormais souvent bien datés - qui sont les principales difficultés pour traiter ce sujet par les petites églises même avec une relative certitude. 

Remarque : les dimensions relevées à la base du clocher sont les mêmes entre celles que j'ai relevées in situ et celles publiées par l'abbé Michon en 1844. En revanche, pour que l'abbé Michon ait pu fournir des dimensions aussi précises de la flèche il faut qu'il ait eu à sa disposition un système d'échelles ou d'échafaudages déjà en place en 1844, car la flèche est absolument inaccessible sans dispositif particulier à un maintien de la structure par étais ou échafaudage.
Les dimensions et les rapports de dimensions que j'ai exploitées pour mon étude ci-dessus sont celles obtenues par mes relevés, par calculs géométriques complémentaires ajustés à ce qui est fourni par l'abbé Michon et ce qui est  évaluable tant de l'intérieur du clocher que depuis la base extérieure de l'église. L'étude pourrait donc avoir ainsi un relatif pourcentage d'exactitude métrique avec des écarts terrain de plus ou en moins 5 cm. Toutefois si les écarts terrains étaient de 5 cm leur report sur papier millimétré à l'échelle de 5 cm par mètre  amènerait à des écarts de dessin papier de 2, 5 cm ce qui est absolument impossible pour des plans carrés dessinés qui mesurent 22 cm. Je propose donc ce montage avec un fort pourcentage d'exactitude. Toutefois, parce que ni l'abbé Michon ni moi n'avons toutes les dimensions des rangs qui en plus peuvent varier de la base au sommet de la flèche (l'abbé Michon donne 25 cm d'élévation pour chaque rang pour une épaisseur de 17 cm - seule la valeur de 17 cm intéresse le dessin en plan - valeur que j'ai respectée  ) à cause de niches d'incertitudes de dimensions toujours possibles, entre celles données par l'abbé Michon, celles que j'ai pu relever et celles que j'ai pu calculer, je produits la superposition de la flèche à la base, qui reproduit ce qui est visible, en deux figures supplémentaires au modèle initial de Paul Abadie.
Pour les dimensions dessinées des bases des clochetons c'est purement une estimation visuelle.
C'est donc une structure montée en flèche par ceinturages des lits de poses, par, en principe, des agrafes et des goujons (système qui remonte depuis l'antiquité grecque), où les vides accompagnent ce principe sans ruptures. Quatre angles de la base carrée, socle de la flèche, sont traités en puissant contreforts chargés de masses supplémentaires en clochetons jouant le rôle des pinacles ajoutés sur les culées des arcs-boutants des églises gothiques.
La souche a été reconstruite pour obtenir une assise carrée au dispositif : glacis et encorbellements. 
Voire plus bas les photos des détails archéologiques du clocher, ajoutées d'une icône d'élévations de fonds en rapport avec les études techniques publiées par Viollet-le-Duc pour construire ces grands clochers terminés par des flèches appareillées.
 
 Un document d'archives et un nouveau dessin de Paul Abadie nous permettent d'avancer un peu plus.

C'est un document de 4 pages, provenant d'archives privées mais parfaitement authentique, qui nous renseigne sur les premiers chantiers qui font suite au texte de l'abbé Michon publié en 1844. Toute la restauration principale semble avoir démarré en 1850 ... 

Page 1 
" Vu les travaux de restauration effectués jusqu'à ce jour à l'église et au clocher de cette commune par Mr Laurent entrepreneur et de Mr Abadie Architecte.
Vu l'état de situation présente  en 1849 par le dit Mr Laurent avise par Mr Abadie Architecte duquel il résulte que Mr Laurent est encore en avance pour une somme assez considérable .
Vu la demande de fonds de Mr Laurent appuyé par Mr Abadie considérant que le receveur municipal ne peux sans aucune autorisation spéciale a l'autorité compétente de dessaisir des fonds pour la commune de Rioux-Martin.
En conséquence faites que cette autorisation soit acceptée pour qu'il puisse verser entre les mains du dit Mr Laurent une somme de 1000 F dont[...] pour Mr Abadie Architecte, imputable sur l'exercice 1850, somme accordée par le gouvernement pour la restauration dont il s'agit.
Ainsi délibère les jours et mois, le conseil signe après lecture.

An 1850.
                      Par tous ces motifs le conseil doit renouveler auprès de son excellence Mr le Ministre des cultes la demande de secours du 5 Août dernier et la prier de vouloir bien accorder à la commune la somme de F 6173, 60 nécessaire au complément des travaux de ce monument si précieux.
                       Il croit aussi ne point devoir lui laisser ignorer que la portion à restaurer, une partie a déjà croulé, et que la chute du chœur en entier étant imminente, les étais qu'on y avait placé pour el soutenir ne pouvant plus suffire;
                        La commune se voit dans les jours [...] dans l'obligation de faire fermer l'église aux fidèles pour prévenir tout accident.
                              [...]
                            Monsieur le Ministre des Cultes veuillez bien ne point laisser annuler le crédit de F 7000, réservé à l'exercice 1850; par con collègue le Ministre de l'Intérieur pour la restauration en question et qui accordera de son côté la somme de F 6173, 60 nécessaire pour compléter les dépenses.
                               Le Conseil lui exprime d'avance....
  
 Page 2 

Délibération pour les dépenses de l'église 1860
" Le Conseil Municipal de Rioux Martin réuni en sessions ordinaire au lieu habituel ses séances en vertu de la circulaire de Mr le Préfet en date du 23 janvier dernier [...]Mr le Maire a exposé aux membres comprenant cette assemblée que l'état actuel de l'église de cette commune exige l'achèvement le plus prompt des travaux  de restauration commencés depuis environ 10 ans.
          Que les travaux exécutés vers 1850 par les soins de la commission des Monuments Historiques ne s'étant appliquées qu'aux parties qui menaçaient ruine laissées sans réparation bien des dégradations tant intérieurs qu'extérieurs (sic).
           Que depuis cette époque la commune avec ses propres ressources (la reconstitution de chœur et de la sacristie).
Qu'il existe encore une infinités de réparations aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur qui importe d'exécuter pour la conservation de l'édifice  et de le rendre à son état primitif. Que l'état de ces divers réparations se trouve établi dans un devis dressé par Monsieur l'Architecte Diocésain (C'est-à-dire Edouard Warin). Lequel devis élève la dépense à une somme de F 7049, 54 et que la commission qui a tant fait de sacrifices jusqu'ici pour la conservation du remarquable monument qu'elle possède. 
    Fait encore imposer de nouveaux et appeler à son aide le Ministre des Cultes et la Commission des Monuments Historiques pour conduire à leur fin les travaux en question. A quoi la sur dite commission des Monuments Historiques se trouve elle-même intéressée par les précédents sacrifices.
Les choses en cet état, le Conseil et le plus hauts cotisés.
Vu l'état de l'église.
Vu les travaux à y exécuter.
Vu le devis.
Vu aussi la délibération du Conseil de Fabrique constatant qu'il ne peut disposer d'aucune ressource."

 Page 3

"Vu encore ue autre délibération du Conseil Municipal de cette commune et des plus hauts cotisés, en date du 8...1857 par laquelle il a été voté, pour les mêmes travaux de l'église une somme de dix huit Francs recouvrable en trois annuités.
La reconstitution du chœur et de la sacristie.
Joint d'avis malgré la gène ou la laissant depuis longtemps, les dépenses en question que la commune soit de nouveau imposée pour une somme de deux milles Francs, qu'il vote ainsi pour être recouvrée en trois annuités et après le recouvrement intégral de l'impôt voté en 1857, c'est-à-dire en 1862, 1863, 1864, priant l'autorité [...] et lui accorde à tire de secours la somme nécessaire pour compléter les dépenses en question...

Page 4
Registre délibérations municipales de Rioux-Martin

" 15 juillet 1860

                         L'an mil huit cent soixante, le Conseil de la commune de Rioux-Martin, canton de Chalais, arrondissement de Barbezieux, Charente, réuni extraordinairement au lieu de ses séances en vertu de la lettre de Monsieur le Préfet en date du 1° juillet courant à l'effet de voter si possible une subvention en faveur du Comice Agricole de l'arrondissement de Barbézieux, après avoir examiné la sus dite lettre de Monsieur le Sous Préfet et les ressources de la commune.
                                Considérant que la commune n'a aucun fond libre; que toutes les ressources sont plus qu'épuisées par les travaux qui ont été exécutés à son église, et que chaque année elle est même dans l'obligation de voter des fonds pour couvrir des dépenses obligatoires.
                                Par ces motifs et tout en reconnaissant l'utilité de l'œuvre du comice, le Conseil à le regret de ne pouvoir  voter aucune subvention.
                                 "Ainsi délibéré....Le Maire : Champagne...les Conseillers....."

                           Fin de la liasse 

De ce document il ressort que la restauration de l'église, ou une première restauration a duré dix ans, de 1850 à 1860 engloutissant des budgets très importants (sans que nous en connaissions les destinations) et se terminant par le chœur qui ne sera pas "restauré à l'identique" mais très largement reconstruit suivant la proposition de Paul Abadie, comme les documents originaux, signés et datés,  déjà produits en témoignent.
Et comme le montrent encore ces autres documents iconographiques qui proviennent exclusivement du fond en propriété à Monsieur Jean-Louis Mercadé, le clocher est parfaitement construit au moment du projet ou de l'achèvement du projet de reconstruction du chœur.
A Roullet la flèche a été entièrement reconstruite...
Les plus importantes dépenses de restaurations ayant été faites entre 1850 et 1859 on peut s'orienter vers un clocher déjà restauré au moment du projet de la sacristie proposé par Paul Abadie en 1859.
Edouard Warin n'arrivant en Charente que vers 1858, la restauration du clocher reviendrait donc entièrement à Paul Abadie, comme il est mentionné dans les délibérations du Conseil Municipal de Rioux-Martin, peu de temps après la nomination de Paul Abadie au poste d'architecte du service des édifices diocésains en 1849.



D'autres détails en photos, documents d'études et de recherches.

Cette flèche est de toute façon édifiée par-dessus une structure plus ancienne et plus basse comme on le voit dans la dernière phase de l'escalier (photos ci-dessous).
L'aménagement de la lourde structure en bois qui soutient la cloche a été étayée par une poutre en face intérieure Nord. C'est une poutre en ciment.
Le ciment est un nouveau matériaux élaboré à la fin du XVIII° siècle sur la base des travaux de Lavoisier. Vicat publie ses travaux sur le sujet en 1818 : ils portent plus spécialement sur les pouzzolanes et plus généralement sur le phénomène de l'hydraulicité. Nées en Angleterre en 1824 les cimenteries Portland commencent une production de ce matériau qui ne devient important qu'après quelques expériences du second quart du XIX° siècle.
Par les documents transmis par M. Jean-Louis Mercadé nous allons voir qu'Edouard Warin a fait appel aux ciments Portland pour régler les assises de l'autel du chœur, qu'il construisit en 1861. Il n'y a donc rien de surprenant ni d'incongru à trouver une poutre au sol de réglage d'un support de cloche, ou chevalet, sur la décennie 1850-1860, pas plus qu'une chape en ciment.
 


Il nous faut repartir sur ce document en place des assises modifiées pour explorer les restaurations du clocher.

Les glacis de réduction du plan de la nef à celui du clocher sont signalés par l'abbé Michon" (Le clocher)...s'élève au-dessus d'une coupole dont la partie supérieur est construite en glacis": il ne peut s'agir que des glacis extérieurs. Ces glacis ne témoignent pas d'usures du temps différentes de celles du clocher (sauf quelques herbes et mousses), c'est à dire au caractère peu usé et à la taille très sèche des appareils :  leur caractère moderne semble déjà se traduire par ce témoignage lithique.
Si la réfection des glacis semble bien reprendre un dispositif plus ancien, sur les faces Sud et Nord, qu'en est-il des encorbellements des faces Est et Ouest alors que l'abbé Michon écrit
"Sur ce massif est une corniche où prend naissance la tour carrée du clochers'élève au-dessus d'une coupole dont la partie supérieure est construite en glacis" 
Si la tour est carrée avant les restauration du XIX° siècle, il faut admettre que les encorbellements qui élargissent extérieurement la souche intérieure de la coupole en faces Est et Ouest ont également une origine ancienne et complémentaire aux glacis des faces Sud et Nord pour obtenir une souche carrée non projetée par un premier projet de construction qui eut organisé l'élévation du bâtiment autrement ou différemment pour prévoir cette structure carrée aérienne, en élévation, comme on le voit - en exemple - avec la coupe de Paul Abadie à Roulet suivie de mon étude technique du clocher de Rioux-Martin.
 Ce qui fait bien apparaître que le clocher (celui dont parle l'abbé Michon) qui précède celui "restauré" au XIX° siècle est lui-même et déjà une adaptation de la structure romane primitive et non pas un premier projet cohérent avec la parfaite unité de la structure romane initiale comme les deux premiers synoptiques le montrent déjà avant même d'aborder en photos et en texte le descriptif analytique de cette église par sa façade occidentale, ses deux travées de nef et son avant-chœur-Tour-de-Cloche. 
La dernière cloche est installée en 1786 : c'est celle qui est actuellement en place.
Elle a un diamètre de 76 cm, c'est-à-dire qu'elle passe par la plus grande baie qui mesure 95 cm à l'intérieur du clocher (mesure également donnée par le compte-rendu de l'abbé Michon en 1844 avant restauration) pour 84 cm extérieur. 
L'inscription este en Français. Monsieur Foucaud me donne le montage qu'il en a fait sur relevé
Si nous repartons sur l'analyse de l'arrivée de l'escalier et des supports des chevalet de cloches, déjà présentés, nous continuons les explorations avec les appareils et nous découvrons de nouvelles structures de pierre usées,  usées et composées avec des nouvelles tailles de pierres ou qui ont éliminé les anciens blocs.
Dans le réemploi de la modénature
On comprend alors qu'une reprise sous œuvre des trompes qui supportent la flèche, sa masse et son poids parfaitement calculés dans les équilibres des articulations architecturales, est impossible à cette hauteur avec les moyens d'étais du XIX° siècle, sur un dispositif aussi fragile et autant architecturalement équilibré. Ce qui oriente vers une flèche démontée et remontée, ou plus vraisemblablement en partie démontée et remontée, ne serait-ce que pour remplacer les pierres usées, mais pas toutes puisque certaines apparaissent encore.
Monsieur Jean-Louis Mercadé me signale un écroulement partiel de la pointe de la flèche dans les années 1950 : il est fort possible que les systèmes de solidarisation des blocs et des rangs en aient fragilisé la solidité... C'était la foudre qui était responsable de cet accident. Par la suite un paratonnerre fut installé.
L'impression de courbe sur l'élévation gauche de la figure 2 est un effet d'optique : les alignements sont parfaitement rectilignes. Cependant, cet effet d'optique de l'élévation dégagée des départs collatéraux des nef et chœur renforce l'objectif recherché de la démonstration par les visuels comparés.
On peut donc avancer un troisième synoptique intermédiaire entre la phase de construction romane et celle des restaurations/modifications du XIX° siècle (voir plus plus bas dans la page, plus d'observations de réserves sur la souche du clocher,  sur la seconde production du 2° synoptique de reconstitution de l'édifice roman).


Des compléments d'aménagements de mobiliers sont ajoutés dans la décennie qui suit l'arrêt des gros travaux de restauration

L' œuvre d'Edouard Warin en l'église de Rioux-Martin se poursuit.

Dès novembre 1866 le Conseil Municipal est amené à statuer sur la conversion en concession perpétuelle d'un terrain que la famille de la femme d'Edouard Warin - famille Lajeunie - possède au pied du clocher sur la face Nord de l'église. 
Dès le 19 décembre 1866 le Préfet valide la décision du Conseil Municipal d'attribuer ce terrain en concession perpétuelle. Les délibérations et accords complémentaires entre la fabrique, le clergé et la municipalité traînent un peu et le 15 mai 1876 quittance est donnée du Receveur Municipal, confirmant la concession à la famille Lajeunie.
Le 20 septembre 1877 la circulaire préfectorale du 23 mars 1667 est approuvée.
Le 8 octobre 1877 quittance est enregistrée à Chalais.
Enfin le 4 juillet 1881 la concession est définitivement accordée aux familles Warin, Champagne et Papillaud pour un tombeau et sa chapelle. 
C'est l'entreprise Texier de Chalais, de la famille de l'architecte  Pierre Texier qui remaniera l'église de Bors-de-Montmoreau à la fin du siècle (1896), qui est chargée de l'œuvre.

Ce tombeau est désormais la seule propriété de la famille de M. Jean- Louis Mercadé
arrière petit-fils d'Edouard Warin.




L'église romane de Rioux-Martin 

Reprise du 2° synoptique

synoptique de proposition de reconstitution de l'église romane

La subtilité architecturale avec laquelle le glacis de réduction de la souche du clocher s'articule avec ceux du haut des contreforts (perturbé sur le couvrement de la vis en œuvre mais sans altération ni modification de l'intérieur de la cage d'escalier) m'a amené à conserver cette structure comme pouvant être tout à fait originale à la construction romane, par delà un remaniement gothique surtout en surélévation, puisque nous avons la limite intérieure du sol du clocher roman à environ 30 centimètres sous la chappe moderne qui semble être la reprise du niveau du sol du clocher gothique.  N'ayant que ces seuls repères archéologique et aucune documentation iconographique ancienne sur ce point de détail architectural d'une origine romane d'un glacis je l'ai conservé, mais réduit en élévation à la hauteur intérieure du sol du clocher moderne qui serait, comme déjà dit, celui repris du clocher gothique. 
Il faut signaler que certains clochers romans ont des souches réduites par rapport aux dimensions du gros œuvre par des jeux d'assisses successives en escaliers.
Par ailleurs on peut aussi remarquer qu'une réduction par des glacis peut-être perçue comme un système intégré d'arc-boutant (?).

D'une façon générale et en première synthèse prudente pour ce synoptique ci dessous, on peut admettre que la souche du clocher a été modifiée - surtout en faces Est et Ouest - à la période gothique pour obtenir une structure carrée de support de la flèche en polygone régulier. D'où, par le dessin de reconstitution, un retour à des élévations droites Est et Ouest.





"LA STEREOTOMIE

         La stéréotomie est la science de la coupe des pierres. Elle comprend deux parties : l'une, théorique, relève de la géométrie descriptive e intéresse l'architecte; l'autre, pratique, s'adresse au tailleur de pierre.
               Aujourd'hui que des ouvrages spéciaux, tout en tracés, et des ateliers ont vulgarisé cette science, la mettant à portée de tous, on imagine difficilement la peine qu'il a fallu pour la constituer. Elle a atteint dès le XII° siècle, son dernier point de perfection avec les escaliers tournants à voûtes appareillées, dont la vis de Saint-Gilles, dans le Gard, est le plus célèbre exemple. Mais au XI° siècle, l'opération la plus simple devait représenter des difficultés parfois insurmontables."

                  Ainsi débute l'étude d'Abel Fabre Pages de l'art chrétien - Architecture, peinture, sculpture, iconographie. Paris, ouvrage couronné par l'Académie Française en 1917.

                    Depuis, les études sur la question ont avancées et on en doit deux étapes très importantes avec deux publications de Jean-Marie Pérouse de Montclos, dont la nouvelle place donnée à la Vis de Saint-Gilles dans l'architecture non pas du XII° siècle mais de la fin de la période médiévale au XVI° siècle :
                         J.M.Pérouse de Montclos, L'architecture à la française et dans cette vaste étude plus particulièrement le "Livre deux - La stéréotomie, pierre de touche de la manière française". Paris, 1982, p.79 à 224.
                             J.M.Pérouse de Montclos, "La vis de Saint-Gilles et l'escalier suspendu dans l'architecture française du XVI° siècle". Dans, L'escalier dans l'architecture de la Renaissance - Actes du colloque tenu à Tours du 22 au 26 mai 1979 - Ouvrage publié avec le concours de l'Université de Tours. Paris, 1985, p. 83 à 92.

                           Cette présentation de l'escalier de l'église de Rioux martin sera l'occasion de commencer à amener le sujet de l'étude des escaliers romans sur le bassin de la Tude et lisières, mais aussi de l'élargir aux modes de relations des parties basses aux parties hautes des églises romanes de ce même secteur géographique.

Remarques générales sur l'appareillage roman de l'église
    
                           L'église romane de Rioux-Martin est entièrement appareillée de blocs bien taillés mais d'inégales grandeurs. La pierre est un calcaire local qui pourrait provenir de la même carrière que celle d'où ont été extraits les blocs de construction du prieuré de la Haute-Lande, soit provenir de la carrière de Guildon. Les hauteurs des blocs par rangs sont égales. Les hauteurs des rangs sont en revanche inégales, ainsi que leurs largeurs.
Nous pouvons également remarquer très fréquemment que les rangs intérieurs ont leurs correspondants extérieurs comme quoi les maçonneries étaient sans nucléus mais agencées à la façon des murs limousinés par rangs intérieurement liées par des coupes spécifiques d'appareils plus réduits (dans les murs limousinés tels qu'on les rencontre dans leur plus pure expression, et comme mon père me le faisait pratiquer, sur le département de la Creuse - ancienne province de la Haute-Marche - les pierres intérieures entre les parements et ce quelque soit l'épaisseur du mur, sont taillées en sortes de fusées s'imbriquant les unes aux autres ne laissant qu'une place très incertaine aux infiltrations des eaux de ruissellement, que le mur soit monté en pierres sèches ou en pierres maçonnées). Ce système est celui qui va conduire à l'intégration quasi parfaite des différentes cages de l'escalier et de leurs articulations intra-muros qui composent l'ensemble de la cage d'escalier et les escaliers eux-mêmes avec leurs différentes volées et couvrements, qui monte au clocher depuis un départ à 1,87 du sol de l'église. Cependant des infiltrations répétées sur une voûte à l'extrados plusieurs fois remanié, sans toutefois toucher l'appareillage de la couple d'origine sans oculus zénithal mais percée tardivement d'un trou pour actionner la cloche, peut entrainer des désordres de masse (notamment par le gel), et c'est ce qui semble se passer actuellement sur l'avant- Chœur et gagner la nef. 
En regardant l'église de Parcoul à nef unique, à chevet semi circulaire et sans transept, comme à Rioux-Martin, sur le même secteur géographique de rencontre des bassins de la Tude et de la Dronne, mais en Dordogne et avec une appareillage encore plus régulier, on voit que l'avant-chœur au clocher roman jamais remanié et pourtant ouvert de grandes fenêtres n'accuse aucune infiltration par la coupole. La tour de cloche a pourtant été en partie remaniée en sous-œuvre sur ses piles Ouest, sans toucher la structure de la cage d'escalier qui démarre en œuvre derrière la pile Sud-Ouest de l'avant-chœur-tour-de-cloche.

Les façades d'églises de cette famille à arcades, avec ses nombreuses variantes, sont communes en Charente.
Des exemples du bassin de la Tude et lisières seront montrés en mosaïque à la fin de cette présentation de la façade de Rioux-Martin

Dans les textes anciens on trouve une qualification de ces décors d'arcades en façades en terme de "roman fleuri". 

Ces façades écrans des volumes intérieurs  - deux arcades encadrent un portail pour une seule nef intérieure s'élevant sur un, deux ou trois niveaux de fausses galeries extérieures - sont très étudiées par les auteurs, et les avis sont nombreux.

          Avant exploration des bibliographies spécialisées une remarque de Marcel Durliat attire notre attention : "L'effet de rupture fut certainement accru, et plus spécialement dans la domaine artistique, par les invasions normandes...Lorsque survinrent vers l'an mil les conditions du renouveau, celui-ci s'effectua sur des bases particulières, avec un certain détachement à l'égard du passé...cela ne veut pas dire qu'on fit table-rase de tout ce qui avait existé auparavant...La France des débuts de l'art roman diffère donc à la fois de l'Allemagne, enracinée dans le passé carolingien, et de l'Italie qui n'en n'avait pas connaissance" [cf. Marcel Durliat, L'art roman. Paris, 1982, p. 63]. En revanche cet auteur est peu bavard sur les façades non restaurées... 

                         René Crozet cité par Charles Dayras, appartient aux auteurs,  qui voient dans ces façades un héritage romain, dont celui de l'arc de triomphe [ [cf. R.Crozet, L'art roman en Poitou". Paris, 1947, p155 - (que d'autres qualifient d'art Charentais], alors que Linda Seindel est citée pour donner des relations possibles avec l'art roman de Toscane... Regards sur l'Italie et l'art pré-roman que défend également un auteur comme Pierre Héliot, assez durement repris par Yves Bruand dans un compte-rendu qu'il publie dans le Bulletin monumental en 1959, pp 123 et 124  "Les façades romanes décorées d'arcades aveugles" où il précise que ces décors d'arcades en façades ne sont pas spécifiquement d'Italie ni d'Aquitaine mais d'un peu partout en Europe occidentale...
                       Le problème avec ces auteurs, en plus qui travaillent sur leurs propres estimations esthétiques qui n'ont en fait de valeur que celle qu'on veut bien leur accorder et qui la plupart du temps ferment le sujet au lieu de l'ouvrir, c'est aussi qu'ils ne répondent pas aux questions posées dans le bassin de la Tude, n'évoquant que l'église de Montmoreau qui en plus a été restaurée, sans qu'ils ne disent un mot sur ces restaurations du XIX° siècle. Ors plus on travaille sur le bassin de la Tude plus on est amenés à rechercher les configurations originales qui ont été très souvent remaniées et les idées reçues vont bon train. Dans quelles proportions ce n'est pas toujours très facile à dire tant ce travail d'inventaire et de mise à jour de documents des restaurations et des transformations reste à faire, et la plus grande surprise c'est que beaucoup d'édifices ne s'alignent pas du tout aux canons fournis par la littérature, même  à celle que les plus savantes des associations brandissent comme les étendards de leur science arbitre. Tout en respectant ces auteurs et leurs écrits que je connais, je préfère tirer les leçons de ce que je vois et que j'analyse de façon scientifique par le relevé archéologique : là je suis certains d'avoir une base solide. Et croyez moi les surprises sont grandes !                 

                     En reprenant des auteurs qui sont allés chercher dans les racines carolingiennes on trouve obligatoirement Carol Heitz qui fait traditionnellement les liens entre la liturgie et l'architecture. Il nous donne plusieurs jalons dans sa thèse publiée en 1963 [Carol Heitz, Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l'poque carolingienne. Paris, 1963, pps.55, 61, 62, 189]. Mais c'est par un article publié en 1992 qu'il développe plus précisément ses idées sur la question à partir de l'église de Corvey " Cet  "opus occidentalis" tout en arcs et en voûtes , qui s'élève sur de nombreux étages..." (p.331)  [Carol Heitz, "Rôle de l'église porche dans la formation des façades occidentales de nos églises romanes". Dans, Cahier de civilisation médiévale - X°-XII° siècles - La façade romane - Actes du Colloque international organisé par le Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale - Poitiers, 26, 29 septembre 1990". Limoges, 1992, p. 330 à 334]. C'est sur cette même publication issue du même colloque du CESCM de Poitiers que s'articule un autre article d'un autre auteur : Tomasz H.Orlowski : "La façade romande dans l'Ouest de la France" (p. 367 à 377), débutant son intervention "Le problème concernant les façades des églises romanes  de la région artistique comprise entre la basse Loire, au nord, et l'embouchure de la Gironde, au sud, n'est pas neuf [...] nous adoptons pour notre recherche les limites les plus neutres et les plus stables pendant le moyen âge, celles de trois diocèses de la province bordelaise : Poitiers, Angoulême et Saintes". Faisant remarquer que ces façades sont dites poitevines ou charentaises suivant les auteurs. Revenant sur l'exemple de l'architecture carolingienne de l'église de Corvey "...en revanche , plusieurs témoignages importants prouvent que le nord  de notre pays avait adopté ce type architectural dès le début du XI° siècle". Poursuivant p.371 "Ainsi notre intervention va se concentrer sur le problème d'existence et de désagrégation d'une partie occidentale autonome dont l'organisation spatiale pouvait se refléter, et même survivre après sa disparition, dans les divisions de la façade écran." 
                Un autre auteur par un compte rendu publié dans le Bulletin Monumental de 1959 étend la question à l'ensemble des façades à arcades sur l'Europe depuis l'Orient [Cf.. Yves Bruand, "Les façades romanes décorées d'arcades aveugles (compte rendu). Dans, Bulletin Monumental. 1959 - 117-2, pp. 123-124].
                       Localement, en cette période de début du troisième millénaire, il semble que les auteurs soient plus sensibles à des influences stylistiques, qu'ils essaient de définir par appellation régionales ou diocésaines, de répartitions des arcades dont l'origine romaine serait principalement retenue avant celles carolingiennes, de programmes sculptés ajoutés aux ornements sculptés des arcades, aux équivalences des niveaux des arcades sur les mêmes rangs aux mêmes étages depuis le rez-de-chaussée, aux décors de chapiteaux, aux divisions horizontales préférées aux divisions verticales...


Je n'ai pas les documents d'archives relatifs à la restauration de la façade de Rioux-Martin.
En revanche on peut se référer au dessin d'Edouard Warin d'une autre façade avant restauration du bassin de la Tude, à seulement 8 km de Rioux-Martin : la façade de l'église Saint-Vincent à Curac. Et là il faut bien sûr s'écarter des cadres d'études convenus dont ceux admis de Monsieur Dayras car la verticale est bien l'ossature de l'organisation de la façade en rangs horizontaux d'arcades symétriques à cet axe central, dont la pointe du fronton ponctuée d'une croix en amortissement est la double cohérence architecturale et spirituelle sans surcharges d'ornements sculptés.

Si nous ramenons le dessin d'Edouard Warin à mon relevé dans l'état actuel après restauration de Rioux-Martin nous comprenons par 4 points témoins que le façade de Rioux-Martin a été en fait seulement reprise par des éléments de surfaces : remplacements à l'identique de chapiteaux et de quelques autres pierres trop usées mais uniquement sur la partie la moins profonde de la façade. Car la façade de Rioux-Martin a un traitement en profondeur que n'a pas celle de Curac.
C'est à dire que les arcs à Curac ne sont pas enrichis de corniches qui relient les impostes (1 et 3). Ces pierres rongées par les intempéries n'ont pas été remplacées.
En 2 nous voyons une corniche projetée au-dessus de l'extrados de l'archivolte de Rioux-Martin alors qu'à Curac elle est tangente. Une rangée de modillons non sculptés soutiennent cette corniche ) Rioux-Martin : doit-on supposer qu'ils ont été changés alors que sur le relevé d'Edouard Warin ces mêmes modillons reportés un étage supérieur ne sont pas non plus sculptés ?
En 4 nous avons les principaux écarts entre les deux façades pour un troisième niveau toutefois rythmés de trois arcades pour une baie centrale. L'étage paraît plus bas à Rioux-Martin par insertion entre les deux niveaux d'une rangée de modillons au-dessus d'un rang de pierres qui n'existait pas à Curac. Ce point de détail a été modifié sur la restauration de Curac. Autre variante, la bordure du fronton à Curac accuse un retour plat horizontal et pas à Rioux-Martin. A Curac l'accentuation de ce rebord entrainera à modifier le rythme des arcs des trois baies supérieures, sans les supprimer.
De ces éléments comparés il résulte que l'intervention des restaurateurs sur la façade de Rioux-Martin se résume à peu près à des réparations d'appareillages de surface. Et ce ne sont pas ces interventions qui ont absorbés les énormes budgets qui épuisent les finances publiques mais bel et bien la restauration du clocher.
C'est une façade à trois niveaux d'arcades d'élévation. Ces deux façades ont un répondant en Charente-Maritime avec l'église de Saint-Martin-de-Coux dont le troisième étage se résume à une baie couverte en plein cintre mais à fronton à rebords horizontaux.
Cet exemple nous permet d'amener sur cette page des exemples en autres variantes, du bassin de la Tude et lisières. Nous sommes dans cette même veine des façades romanes d'Ouest. La matérialité de l'axe central, de la colonne vertébrale qui amène à la croix peut changer, elle est toujours présente : il suffit de prendre une règle et de tracer un trait du milieu du portail à la croix... c'est aussi simple que ça. Si elle est absente il faut alors se poser la question de remaniements ou d'un décor peint disparu.

Ces façades sont toutes des écrans à des nefs uniques et une seule a un transept, celle de Saint-Quentin.
Toutes les tours de cloches sont construites sur les tours d'avants-chœurs à clocher, la question de ces clocher sur ces organes posant de nombreuses questions à la recherche, qui seront, sinon traité, pour le moins abordés plus bas.
La petite église de Peudry fait exception avec son clocher porche.
( à l'intérieur d'importants décors peints)

Des églises sur un même secteur géographique restreint, tout compte fait, et sur un même diocèse, peuvent avoir des façades sinon quasi identiques pour le moins très proches l'une de l'autre pour des expressions intérieures qu'il est intéressant de questionner. 
(La chapelle latérale à Curac est simplement un effet d'adaptation du plan à la proximité du château ayant engendré une chapelle seigneuriale, détruite et reconstruite comme une chapelle latérale propre à l'église. A l'poque d'Edouard Warin  le château de Curac n'avait pas encore été identifié puisque c'est le résultat d'une de mes recherches ; sur ce blog : Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale

Dans les carnets d'Edouard Warin nous retrouvons un croquis qui donne l'ouverture de la chapelle latérale sur un même niveau que les arcades de la nef et l'architecte précise son intention de nous montrer cette ouverture en relation avec la corniche qui court au-dessus des arcades de la nef. Cette chapelle est sur la face Sud - où j'ai pris mon relevé de coupe - et son ouverture est actuellement symétrique à celle de l'arcade Nord où Edward Warin a supprimé la fenêtre pour construire son escalier du clocher à l'extérieur (voir plan), supprimant la fenêtre et créant une porte sur ce même mur. Evidemment ce croquis pose un véritable problème d'absence de symétrie des arcs mais ne remet pas du tout en question le relevé d'Edouard Warin qui nous donne su mur intérieur Nord, que je produis au-dessus du plan.
Ces éléments apparemment contradictoires ont une certaine richesse pour nous montrer que la question de la tour d'avant-chœur a déjà été posée à l'architecte intervenant au XIX° siècle, créateur de l'escalier et du clocher ainsi que de la coupole.
Il ressort de ces documents que la chapelle existait bien avant l'intervention d'Edouard Warin et donc qu'elle appartient intégralement au plan original roman de l'église, tournée vers le château - comme de toute façon en témoignent les articulations de cette chapelle à la nef - mais il se pourrait qu'Edouard Warin en ait tout de même remanié sa relation à la nef et son ampleur en hauteur, ce qui va encore dans le sens que cette chapelle située sur la face Sud de l'avant-chœur prend la place des accès aux escaliers des clochers des autres églises aux avant-chœurs confondus avec la tour de cloche. 
Et on retrouve ce même schéma, mais plus détaillé, dans ce document ci-dessous simplement signalé en terme "d'absides de Curac" avec le mot "abside" au pluriel.
En restituant le plan roman de l'église de Curac - proposition de reconstitution en prenant en compte la coupe d'Edouard Warin - sans prendre en compte toute la question des élévations que je vient d'être exposé, on est tenté de le comparer à celui de l'église de Rioux-Martin.
Certes nous n'avons pas les dates de construction des deux églises, simplement des évaluations stylistiques qui nous entraînent vers la fin du XII° siècle, voire autour de 1200 plus ou moins. Si nous prenons en compte la très grande proximité des façades, à part quelques différences toutefois conséquentes, nous pouvons penser que ces deux églises sont contemporaines ou quasi contemporaines, ou de la même génération.
Pourtant, dès qu'on bascule sur les plans et les élévations tout change brutalement, sinon radicalement, et nous voilà en présence de deux courants architecturaux différents qui se rencontrent en carrefours des façades, à seulement quelques kilomètres l'un de l'autre sur le même diocèse, sur la même rive droite de la Tude. Sauf que l'église de Curac aurait pu avoir une fonction double seigneuriale et paroissiale, alors qu'à Rioux-Martin nous n'avons aucune orientation de relation castrale mais une parenté de modénature avec les vestiges retrouvés du prieuré de la Haute-Lande; le seul bâtiment qui peut se rattacher à une implantation noble ou de clergé à Rioux-Martin apparaît seulement vers la fin du XV° ou au début du XVI° siècle, avec des vestiges de grandes fenêtres à traverses et meneaux, au Sud-Est à 50 mètres environ du chevet, suivant en cela un schéma très fréquent sur le royaume de France  d'implantations d'habitats civils ou cléricaux de la fin de la période gothique au plus près de l'église souvent romane, d'une façon générale très nettement plus ancienne.   


Le plan de Curac dépend d'héritages d'églises à chevets plats à travées régulières, ou à tendances régulières qui composent tout l'intérieur du bâtiment. C'est comme si on avait simplement ajouté un exèdre en massif oriental, qui prend un peu sur l'extension de la travée carrée.  Ici nous aurions cinq travées, à Sérignac (commune de Chalais) nous en avons trois, à La Menécle (commune de Rouffiac) nous n'avons que la travée orientale mais vu la longueur de l'église à chevet plat, avant toute investigation archéologique et même sans être entré à l'intérieur, nous avons un plan qui va vers celui de Curac sans l'exèdre. L'esprit de ces églises à travées régulières ou quasi régulières, carrées, répétitives pour composer le bâtiment, c'est celui qui s'est imposé au final des restructurations de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau largement analysées dans l'article précédent : Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html
Avec ce principe des travées carrées, quasi carrées, régulières et quasi-régulières, nous voyons qu'en ajoutant un exèdre qu'on réarticule le triplet sur chevet plat en triplet sur chevet semi-circulaire [J'en profite ici pour donner une précision de vocabulaire architecturale car l'emploi du terme "exèdre" renvoie aux origines des bancs semi-circulaires des palestres et des gymnases romains. En explorant les églises romanes tout un chacun a rencontré ces "bancs" de pierre qui servent le plus souvent de bases aux colonnes, ou même qui courent à la naissance des murs en lits d'attentes de colonnes qui ne seront parfois jamais posées comme on le voit à Médillac. Ces bancs sont aussi employés comme lits d'attentes des bases de colonnes en bases des murs extérieurs. Ces "bancs" échappent à leur fonction première et on les trouve autant horizontaux que penchés, que bas que haut et parfois tellement hauts qu'ils sont devenus de véritables piédestaux comme on le voit en l'église de Saint-Quentin dans le Sud-Charente dans le bassin de la Tude, et ailleurs...]
Nous pourrions faire appel à une troisième église des lisières Ouest du bassin de la Tude ayant une façade qui se rapproche de celle de Curac et de Rioux-Martin, mais à seulement deux niveaux d'arcades, avec des répertoires proches de ceux en vestiges du prieuré de la Haute-Lande : l'église de Chillac qui fut intérieurement restaurée par Edouard Warin. Bien que cette église nécessiterait un investissement archéologique serré on peut déjà comprendre par simple regard extérieur que nous sommes sur un schémas de travées régulières intérieures.
  

          L'autre intérêt de cette façade, pour l'étude de Rioux-Martin, c'est qu'elle présente une large valeur murale entre les faisceaux de colonnes en retours sur la façade ouest et sur l'enchaînement avec les arcs des murs gouttereaux. 
Sur le bassin de la Tude jusqu'à Aubeterre nous avons ce principe de faisceaux de colonnes jumelées qui articulent l'angle des façades des églises à arcades et programmes sculptés : Chalais, Aubeterre, Montmoreau...

Ces colonnes jumelées sont celles qui flanquent la façade de Rioux-Martin au départ des murs gouttereaux.
On les retrouve en colonnes intérieures de la nef de Rioux-Martin.

Il est clair que le plan de l'église de Rioux-Martin marque une réelle rupture avec ces exemples à travées carrées régulières, quasi régulières : il semble qu'on ait tenu compte d'aucun rythme mais peut-être les héritages sont ailleurs alors que des parentés sont effectives comme les élévations intérieures sur arcs et contrefort articulés qui augment considérablement l'épaisseur des murs, jumelés aves les piles articulées extérieures des murs gouttereaux.


      Toutefois on constate plus un effet de construction dans les deux travées de la nef qu'un parti-pris architectural qui orienterait vers une autre source puisque les travées extérieures sont égales, mais sans arcs contreforts.

 Si nous repartons sur l'église de Curac nous voyons que la régularité des travées est tenue tant extérieur qu'extérieur par le simple fait que l'épaisseur du mur en façade est en quelque sorte hors plan (travée "e" du plan de Curac), alors qu'à Rioux-Martin l'épaisseur du mur de façade est intégré à l'intérieur de la travée "i" ce qui réduit sa longueur d'autant. On passe tout de même d'une nef à trois travées carrées à Curac pour deux travées, une qasi-carrée et l'autre rectangulaire à Rioux-Martin.
La travée "g" d'avant-chœur est encore différente des deux autres mais elles est la même que celles de la nef à Curac, et si on reprend les élévations intérieures d'Edouard Warin - pour deux monuments aux nefs voûtées en berceaux - nous avons les mêmes proportions sur les deux églises mais pas du tout organisées de la même façon.
A Curac : nous avons un discret mais réel renforcement des murs de l'avant-chœur (visible sur le mur Nord, là ou la fenêtre a été supprimée pour construire hors œuvre la tour d'escalier du nouveau clocher) pourtant ils ne vont pas supporter une coupole, simplement une voûte d'ogive qui s'enchaine directement avec le berceau sur doubleaux de la nef : repère X

C'est cette même valeur X que nous repérons à Rioux-Martin, mais pour monter la coupole avec des supports renforcés, ce qui renvoie à la remarque de Marie-Thérèse Camus sur le renforcement de ces supports lorsqu'on va passer en Poitou de la simple tour signal à la croisée du transept à la tour de cloche, au clocher. Mais dans le bassin de la Tude les croisées de transept sont rares et les nefs sont toutes uniques .

Alors que pour construire son clocher à Curac, Edouard Warin va projeter sa coupole par-dessus cette valeur X.
(ce qui modifie ce schéma en élévation romane c'est l'insertion d'un tambour entre les pendentifs et la coupole, comme on le voit par une autre veine architecturale qui pénètre l'Ouest du Sud-Charente, diocèse de Saintes,  mais qui n'arrive pas jusqu'aux lisières  de la Tude en l'église de Conzac sur la commune de Saint-Aulais-la-Chapelle : icône ci-dessous 

[Courte notice - Sur les églises de Conzac (La merveille du Barbezilien) - Berneuil et Barret à l'occasion de leur restauration 1971-1972 / Charles Daras, "La tour lanterne de l'église saintongeaise Saint-Jacques de Conzac". Dans Mémoires de la Société Archéologique et Historique de La Charente - Année 1959. Angoulême 1960, 73 à 80] 
Bien que la coupole détruite ait été rétablie au XX° siècle (Cf. J.George), le principe technique reste exactement le même. La question qui se pose lorsqu'on monte au-dessus de la coupole par l'escalier, d'abord intra muros puis hors œuvre à trois niveaux de vis contrariées et décalées,  est : y avait-il une seconde élévation pour le logement d'une cloche ? Dans l'état actuel sans relevé il est difficile de répondre à cette question qui est pourtant d'un grand intérêt pour poursuivre l'étude des églises romanes de la région Sud-Charente. 


 fin de la parenthèse), 

revenons à Curac



Entre Curac et Rioux-Martin,
 nous ne sommes pas sur des architectures concurrentes, ni de générations différentes mais sur des carrefours architecturaux qui amènent des idées nouvelles, qui seront retenues ou pas. De toute façon qui apportent et laissent des idées, transforment celles déjà sur place et que nous allons suivre depuis Poullignac (prochainement sur ce blog).
Ce qui semble important à retenir c'est que Curac témoigne d'une évolution architecturale locale indigène, alors que Rioux-Martin apporte un autre veine exogène

A Rioux-Martin
Progressivement on se dirige vers une conception de la face Sud-Est de l'avant-chœur pensée comme une véritable tout d'escalier ne laissant deviner de l'extérieur que la porte d'accès à l'intérieur et deux petites fenêtres à l'extérieur. Un autre détail architectural renforce cette observation : c'est que l'avant-chœur-tour de cloche, est construit sur un socle à part du gros œuvre tant de la nef que du chevet. Une sorte de semelle qui relie les deux contreforts de la travée de l'avant-chœur

Je reprends ici ce qu'écrit  Marie-Thérèse Camus étant entendu, quitte à me répéter, que sur le bassin de la Tude les églises concernées par l'observation que je développe n'ont pas de transept et par l'exemple de Poullignac ne répond à aucun des couvrements voûtés ou en coupole cités par cet auteur "Dès le moment ou dans les édifices, l'établissement de voûtes de pierre permit de construire solidement à la croisée, avec couples ou voûtes d'arête, la tour-intersection de vaisseaux devint - ou redevint car on ignore les formules du premier millénaire - Clocher [...]A Charroux, parmi les premières églises faites pour être voûtées, vers 1050/70...la tour centrale n'étant qu'une tour-lanterne. A Saint-Savin, vers 1060 peut-être, un vrai clocher fut implanté à la croisée sur de fortes piles qui détruisent en partie la perspective prévue à l'origine...Ce clocher nécessité la construction d'un escalier, inexistant dans le premier projet..." [Cf. Marie-Thérèse Camus, "De la façade à tour(s) à la façade-écran dans les pays de l'Ouest. L'exemple de Saint-jean-de-Montierneuf de Poitiers". Dans, Cahiers de civilisation médiévale - X°-XII° siècles  - La façade romane - Actes du colloque international organisé par le Centre d'études Supérieures de Civilisation Médiévale - Poitiers, 26-29 septembre 1990. Université de Poitiers, 1992, p. 250 et 251).  Il y a donc environ 150 ans que les premiers clochers sur le site de l'avant-chœur sont construits lorsqu'on édifie celui de Rioux-Martin. Remarquons encore que la voûte d'arête de l'avant-chœur de Curac n'est accompagnée d'aucun escalier pas plus que celui de Poullignac, que celui de Saint-Eutrope.
Il y a donc, effectivement, un espace entre les lignes de madame Camus car en plus les voutes (départ de voûtes sur culots) de la nef de Poullignac sont beaucoup plus tardives  que la structure de l'avant-chœur voûté en berceau sur doubleau, et les murs remaniés de la nef, qui l'accompagnent.
En produisant le synoptique que j'ai réalisé de cette petite église, avant que j'en présente un panel de caractéristiques dans un prochain article, on voit tout de suite de quoi il est question tant en plans qu'en coupes AA et BB,  lorsque j'écris "Il y a un espace entre les lignes"
A ceci il faut ajouter que les églises du bassin de la Tude et lisières tirent parti de l'insertion de ces tours entre la nef et le chœur, qui ne bloquent aucune perspective antérieurement prévue mais au contraire qui semblent appartenir intégralement au projet architectural initial. D'ailleurs lorsqu'il n'y a pas de tour de cloches entre la nef et le chœur c'est un mur formant diaphragme qui isole les deux structures architecturales. (ces éléments là seront plus amplement développés dans de prochaines études, mais déjà avec la précédente étude sur l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau, ce goût pour les espaces "surprises" sont déjà largement présents par les insertions des chevets plats sur des structures plus anciennes).
 Les schémas donnés par la littérature spécialisée ne sont donc pas exactement ceux rencontrés sur le terrain, dans le bassin de la Tude et lisières. En revanches ces aspects singuliers finissent par rejoindre ceux de la littérature et même les accès en hauteur à la cage d'escalier intra-muros, dans l'espace de l'avant-chœur-tour-de-cloche, existent déjà dans certains clochers porches du XI° siècle de la Charente, comme à Lesterps, et dans des proportions voisines autour des 1,80m/2m au-dessus du sol. Dans certaines églises du bassin de la Tude on trouve ces accès en hauteur plus près du sol comme à Pillac : certains de ces aspects sont maintenant présentés plus bas dans cette rédaction...
        

L'escalier de Rioux-Martin

Je propose de reprendre l'article d'Eliane Vergnolle que j'avais déjà utilisé pour avancer vers la reconstitution de l'escalier de Saint-Amant-de Montmoreau - à partir de celui l'église de Rioux-Martin - par lequel j'avais pu évoquer l'héritage roman des escaliers rampe-sur-rampe en relais d'un escalier en vis intra-muros  [Eliane Vergnolle, "Passages muraux et escaliers : première expériences dans l'architecture du XI° siècle". Dans, Cahiers des Civilisation Médiévale. Centre d'Etudes Supérieures des Civilisation médiévale, Poitiers, Année 1989 - 32-125, p 43 à 60].
On peut y lire : "Les architectes romans semblent avoir été partagés par deux attitudes contraires. Les uns héritiers de la tradition carolingienne ne virent aucun inconvénient à mettre en évidence les escaliers à vis, quelque soit leur emplacement. Les autres, revenant à la tradition romaine des escaliers dissimulés dans les maçonneries, s'efforcèrent au contraire de les dérober au regard. 
Toutefois la tourelle construite pour abriter un escalier ayant pour unique fonction de desservir les combles ne semble guère avoir été adoptée avant le milieu du XI° siècle." (p. 46)

En développant la fonction de ces escaliers Eliane Vergnolle évoque un service complet des combles, lié aux voûtement des églises. Sur le bassin de la Tude les nefs sont souvent charpentées avant les deux structures voûtées que sont le chœur l'avant-Chœur, et l'avant-chœur-tour-de-cloche lorsque cette tour d'avant-chœur se transforme en clocher, mais seul le comble du clocher, site de la cloche, est servi par l'escalier, même si la nef est voûtée comme c'est le cas à Rioux-Martin.
           A Rioux-Martin l'escalier est totalement dissimulé intra-muros mais son parcours sur cette face Sud-Est de la base du clocher - élévation de l'avant-chœur - construit comme une tour d'escalier est une combinaison de passage et de cages d'escaliers articulées par un repos; Ces cages d'escaliers sont de deux natures différentes. 
            Au départ c'est un passage dont l'accès se situe à 1,87 m du sol  par la face intérieure Est.
            Ce passage intra-muros - dont l'appareillage intérieur suit les lits de pierres des élévations extérieures - conduit à la base d'un escalier en vis dont la largeur moyenne est de 40/45 cm. Il démarre à droite et monte jusqu'à la hauteur du mur gouttereau Sud.
             La fin de la vis est marquée par un mur de cloison qui borde un repos de passage du contrefort au mur droit de la tour d'escalier.
              La rampe droite continue l'ascension en accusant une légère courbe qui vient contrebuter l'élévation intérieure de la coupole et épaissit la valeur murale entre la cage de l'escalier complètement appareillée et le parement extérieur du mur d'élévation de la tour.
                     A ce stade la cage d'escalier est éclairée deux fois par deux petites fenêtres : une pour éclairer la partie haute de la vis et une autre pour éclairer la moitié de la rampe droite.
                    La rampe amorce alors une articulation en angle Sud-Est de la tour, pour achever la montée par une autre rampe droite qui arrive sur la face intérieure Est du clocher.
                  Les marches portant noyau de la vis ne sont pas délardées et chaque marche constitue le couvrement de la volée tournante.
                     La cage d'escalier des volées droites est construite dans le mur dédoublé, totalement appareillé, mais on remarque un traitement particulier du plafond sous forme de différents blocs articulés, posés à l'horizontale ou inclinés selon les blocs, sans suivre les largeurs pas toutes régulières des marches. 


Dans l'état de mes recherches sur les escaliers des églises du bassin de la Tude et lisières
cet escalier est pour l'instant unique. Il serait également singulier dans la population des escaliers des clochers de l'Ouest suivant la remarque faite par monsieur Jordan Dubois, technicien intervenant sur plus de 700 clochers de la Charente, Charente-Maritime et Gers. 

Toutefois on peut dors et déjà jeter un regard sur des aspects particuliers des escaliers du secteur étudié.
On peut donc revenir directement à l'escalier précédemment étudié dans le précédent article ayant pour thème central l'étude de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau 
Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

où la construction de la tour d'escalier n'est pas en grand appareil régulier, mais en appareils dissolus. Tant et si bien que si l'épaisseur du mur permet un passage d'accès intra-muros, qu'il ne permet pas d'être superposé - et par-dessus la fenêtre d'éclairage de l'avant-chœur sur ce même mur - par un second passage structuré en rampe d'escalier.
Ce mur permet donc un passage plat intra-muros après un accès à 1,87 m depuis le sol de l'église,  qui conduit à un escalier en vis dans l'épaisseur de la pile de la tour mais ne permet pas d'aller au-dessus du niveau du mur gouttereau. Aussi les bâtisseurs ont eu recours à une tour d'escalier relais pour y construire deux volées rampe sur rampe articulées par un repos éclairé d'une petite fenêtre. 
En ce sens on peut rejoindre l'article d'Eliane Vergnole qui signale des recours à des solutions romaines encore vivaces à la période romane puisque ces escaliers rampe sur rampe existaient du temps des romains. 

A Saint-Amant-de-Montmoreau
la tour sert à la fois de contrefort pour le mur Sud construit en ravin et de cage d'escalier dans sa partie supérieure.

Les tours d'escaliers de cette époque ne sont pas nécessairement construites pour être utilisées sur toute leur hauteur. C'est le constat que nous faisons encore avec plusieurs bâtiments qui ont un accès intérieur plus haut que le niveau du sol de l'église et qui ont un passage plat qui traverse le mur pour rejoindre la tour d'escalier hors œuvre dont l'aménagement intérieur ne commence qu'avec le départ de la vis. Depuis l'extérieur ceci est d'autant plus évident qu'on a été obligé de construite un escalier contre la tour pour accéder au départ de la vis, lorsqu'on en a fait basculer l'accès depuis l'intérieur à l'extérieur.
  Chenaud 
(église à nef unique, sans transept, à chevet semi-circulaire)
est un autre exemple déjà produit pour l'étude de l'escalier de Saint-Amant-de-Montmoreau. Cet exemple est particulièrement intéressant puisqu'il démontre que la construction en mur parfaitement appareillé n'est pas une raison suffisante pour faire l'économie de la tour hors œuvre et d'adopter une construction complète de l'escalier en œuvre. Toutefois, l'analyse de cette église en archéologie du bâti n'ayant pas été faite, et la pile Sud-Ouest de la tour de cloche ayant été remaniée au XV°/XVI° siècle, il n'est pas totalement improbable que la circulation intra-muros ait été modifiée à cette époque même si l'articulation de l'escalier en comble laisse très peu d'espace de probabilité à cette hypothèse de réserve. En revanche le principe de la tour d'escalier n'ayant de fonction qu'à partir du niveau de l'escalier par l'intérieur de l'église, est complètement vérifié 


Une autre église du bassin de la Tude témoigne
PILLAC 
orthographe ancienne : Pilhac
(là aussi l'étude en archéologie du bâti n'a pas été faite)

Il faut passer à l'extérieur pour comprendre l'originalité de cette église et de son escalier
qui démarre depuis l'intérieur comme ceux des églises déjà présentées, mais seulement à 1,10 du niveau du sol. L'accès à la cage d'escalier est également de la largeur d'une volée tournante d'un escalier roman ajouté de la valeur d'un demi-noyau : 53 cm.
Si on passe à l'extérieur la nouvelle entrée est à 1,87 du sol, soit 77 cm au dessus de l'entrée intérieure.
Ce qui pourrait être la valeur de 4 à 5 marches si on décale le niveau extérieur du sol d'une marche. Comme l'entrée originale a été soigneusement murée, il faudrait une exploration complémentaire.
Ceci est un premier questionnement sur ce passage de l'intérieur à l'extérieur de cet escalier.

Le second c'est celui du plan de l'avant-chœur-tour-de-cloche.
Ce dispositif de la tour d'escalier dans un des contreforts d'angles appartient totalement au chantier original de l'avant-chœur-tour-de-cloche comme le montrent les lits de pierres qui articulent les deux volumes
En revanche ce dispositif appellerait un voûtement d'ogives intérieur, mais l'observations d'autres églises montrent des voûtes d'ogives sans contre-buttement d'angles mais avec des contreforts intégrés dans le plan linéaire. A Pillac la restauration donne aujourd'hui une coupole sans oculus zénithal, marquée MDCCCLXXXI
Il faudra donc, dans une prochaine étude, étudier les articulations internes de cette structure en tour de cloche pour en évaluer son couvrement original, quitte à revenir sur une coupole étayée par des contreforts d'angles qui eux sont totalement d'origine en avant-chœur d'un chevet roman.
Je garde cette question en réserve car ici nous aurions, contrairement à Curac ou peut-être à Saint-Eutrope, et ailleurs, un clocher élevé par-dessus une ogive dès sa construction, accessible par un escalier en vis hors-œuvre. Ce qui, d'une certaine façon contredirait  cette insertion  de Jean George et Alexis Guérin-Boutaud écrivent "Les coupoles détruites furent remplacées par des voûtes similaires; ou, le plus souvent, par des voûtes sur ogives" (op.cit. p. 76).
La petite église de Saint-Avit (bassin de la Tude) apportant encore le témoignage d'un avant-chœur voûté d'ogives à contreforts droits intégrés dans le plan linéaire.

Ces observations étant faites, elles nous permettent d'articuler cette structure avec une autre tour d'avant-chœur-tour-de-cloches sur ogive de la bordure Nord du bassin de la Tude.

Magnac-Lavalette

(l'étude en archéologie du bâti n'est pas encore faite. En revanche, j'ai déjà abordé la question du voûtement du chevet plat  de cette église sur ce blog à la page de Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html )
La tour d'avant-chœur-tour-de-cloche est très particulière
C'est une tour romane qui a été montée sans escalier. A ce stade on ne peut pas savoir si la tour était surmontée d'un clocher.
 Puis un escalier en vis fut inséré en cage d'escalier autonome en œuvre dans le plein du mur Sud, coupant en deux la baie géminée romane comme on le voit par la vue du milieu de l'icône ci-dessus [Rque, Le vocabulaire de l'architecture de J.M.Pérouse de Montclos ne prévoit que la seule appellation "jumelée" alors que le Larousse d'Art et d'Archéologie en fait deux synonymes].
l'avant-chœur est voûté d'ogives sur des nervures reçues par des culots 
 
Au-dessus de cette voûte :

                         -à l'est, le comble de la tour donne accès comble du chœur, par une porte aménagée dans le mur épais de la tour. Les deux combles sont bien distincts. 

                              - à l'ouest - l'arrivée au Nord de l'escalier en vis en œuvre est tout de suite relayé à l'Ouest par le départ d'un autre escalier à marches délardées, non traduit en extérieur. Sorte d'escalier relais pour monter plus haut dans le clocher
    

   En progressant dans l'approche un peu plus fine des étapes architecturales de l'église de Magnac-Lavalette, nous rencontrons un autre aspect de l'escalier roman et de sa relation avec l'avant-chœur : celui de l'absence de travée droite de lien entre l'entrée et le départ de la vis. En effet l
orsque la tour de l'escalier en vis est un second chantier, le réaménagement d'une structure déjà en place, bien que maçonnée dans l'épaisseur du mur de la tour de l'avant-chœur, la vis ne peut pas être déplacée dans l'épaisseur du contrefort d'élévation : l'accès à la vis est donc direct depuis l'entrée dans la cage d'escalier.

Autre remarque : ce n'est pas parce que l'entrée dans la cage d'escalier a gagné le niveau du sol de la nef, que le passage plat qui conduit de l'accès à la cage d'escalier au départ de la vis disparaît - qu'il soit parallèle aux murs de la tour ou qu'il le traverse (en attendant d'y voir un peu plus clair sur le départ de la vis de Pillac) - c'est parce que la tradition des métiers fait partir l'escalier dans une vis logée dans un des contreforts de l'avant-chœur qu'il faut une travée droite intra-muros ouverte au plus près de la pile sur le mur intérieur plat de la tour de cloche. Ce décalage engendre nécessairement l'aménagement d'un passage intra-muros.

Si nous portons nos regards sur les églises à files de coupoles du Périgord-vert, bordures de la Charente, comme à Allemans-en-Périgord, en voisin du bassin Dronne-Tude, nous trouvons un type de plan très différent avec un rythme qui change du tout au tout. 
A Allemans-en-Périgord si on fait abstraction d'un probable clocher porche, ou d'une structure porche disparue au profit d'un clocher-porche moderne, nous rencontrons deux travées de file de coupoles sur pendentifs, directement articulées avec le chevet plat.

Bien évidemment on peut argumenter en se livrant à une gymnastique des volumes : chevet plat couvert en berceau, travée de coupole sur pendentifs qui deviendrait potentiellement un avant- chœur-tour-de-cloche couvert en coupole sur pendentifs avec son escalier intra-muros logé dans le contrefort Sud-Ouest comme à Rioux-Martin (bien que démarrant à 1,87 m au dessus du niveau intérieur du sol de l'église), articulé à une nef charpentée ou voûtée, à une ou plusieurs travées, le clocher porche disparaissant (la petite église de Peudry - bassin de la Tude - pourrait nuancer ces regards). Ce schéma architectural n'existe cependant pas en construction romane d'un seul jet dans le bassin de la Tude, mais va seulement à sa rencontre par apports successifs de tous ces composants en plusieurs chantiers de différentes périodes qui adoptent aussi les chœurs couverts d'ogives (mais aussi certains avant-chœur-tour-de-cloches) comme nous l'avons vu avec les exemples des églises à chevets plats explorés sur la page précédente consacrée à l'étude de Saint-Amant-de-Montmoreau, et retrouvés sur cette page avec les questions posées par l'église de Pillac et encore un autre mode avec la petite église de Saint-Avit (bassin de la Tude - diocèse de Saintes, bien que sur la bordure Est de la Tude) et de Magnac-Lavalette, les relevés d'Edouard Warin avant restauration ayant permis d'amener plus avant le sujet avec l'église de Curac (bassin de la Tude).
Les églises romanes à chevets plats à trois travées couvertes en berceaux sont plus surement de réels vecteurs des travées répétitives couvertes en ogives pour rechercher des voies de mutations vers des organisations gothiques complètes, comme le propose André Mussat.
Sur d'autres secteurs géographiques ces concepts peuvent toutefois changer.
[Bibliographie : Jean Secret Les églises du Ribéracois. Périgueux, 1958, p. 109 et 110]

Nous avons la même disposition avec l'église de Saint-Martial-Viveyrols, Un peu plus au nord. Sauf que cette dernière église a conservé un clocher-porche médiéval que les auteurs ne différencient pas du chantier roman du gros œuvre.
Dans les deux cas l'escalier en vis est logé dans le contrefort Sud qui articule les deux travées de coupoles. La forme du passage change mais reste intra-muros et l'entrée dans les deux cas se fait depuis le rez-de-chaussée. Et on ne peut guère s'aventurer vers des théories d'évolutions stylistiques ou structurelles historiques puisque ces bâtiments ont tous été construits sur des périodes voisines de la fin de la période romane, voire en articulation avec les premières influences gothiques, un peu avant ou un peu après.
Dans ces deux derniers cas de figures avec les églises à files de coupoles l'escalier intra muros ne monte pas directement sur un comble de tour de cloche mais semble au contraire servir l'ensemble des combles des églises, le clocher étant bien isolé de l'accès aux parties hautes par l'escalier intra muros

Si on regarde vers l'Est du bassin de la Tude et Lisières les organisations, bien qu'avec leurs singularités, sont plus proches de celles rencontrées sur le bassin de la Tude proprement dit, et lisières.

Après avoir présenté deux églises romanes du secteur Est du bassin de la Tude, qui n'ont de clochers que des murs élevés soit sur la façade soit sur la transition directe chœur-nef et qui ont en commun un arc diaphragme réducteur des volumes nef- chœur pourtant de même largeur
 Reprenons, toujours en restant sur le secteur Est du bassin de la Tude, deux exemples toujours en lien avec l'escalier et la tour d'escalier du clocher de Rioux-Martin, confondue avec l'avant-chœur.

Avec les deux églises qui suivent nous abordons les églises à nef unique, chevet semi-circulaire et transept.

PERIGNAC
Eglise Saint-Gervais et Saint-Protais
Diocèse d'Angoulème
Jean George et  Alexis Guérin Boutaud donnent une première nef du XI° siècle non voûtée. Puis voûtée en berceau.
L'abbé Nanglard et son cartulaire d'Angoulème (1899, p.149), repris par Sylvie Ternet (op.cit., p.544), confirmant une datation de la nef au XI° siècle, et apporte de nouveaux éléments : "Citée pour la première fois en en 1110, comme appartenant à la mense épiscopale, fut réparée une première fois en 1755, puis son clocher...en 1882-83 par Edouard Warin, enfin l'architecte Albert Cochot la restaura globalement en 1899...Les parements extérieurs furent nettoyés et rejointés pendant l'hiver 2000-2001"
La coupole du transept aurait été remplacée par une voûte d'ogives au XIV° s. (datation S.Ternet). 

Par les publications de Jean-George et d'Alexis Guérin-Boutaud (op.cit.) nous avons la chance d'avoir une photo du clocher avant restauration.
Il faut d'abord faire un petit état des lieux de la restauration du clocher par Edouard Warin.
La photographie ancienne nous montre surtout un clocher aux baies géminées bouchées, une toiture en pavillon sur charpente et une absence de gâble en transition de la travée triangulaire des fenêtres géminées vers le toit. Pour la tour de l'escalier en vis nous voyons qu'elle prenait sur la face Est du premier étage du clocher et qu'effectivement l'esthétique d'ensemble du bâtiment en souffrait. Edouard Warin intervient sur un bâtiment déjà restauré en 1755 et donc il n'intervient pas sur une structure pouvant être totalement évaluée comme originale. Cependant Edouard Warin redonne leur originalité aux baies du clocher sans véritablement changer grand chose sauf ce gable qui fait transition avec la toiture, en vertu des principes des écoles d'architecture de l'époque. Pour le toit il donne une structure comparable à celle de Roullet (Charente - structure déjà présentée plus haut avec le clocher de Rioux-Martin) certes reconstruit par Paul Abadie mais surtout publiée par Eugène Viollet-le-Duc. Le dictionnaire raisonné d'architecture d'Eugène Viollet-le-Duc est publié de 1854 à 1868. Comme Edouard Warin appartient à ce groupe d'architectes Abadie/Viollet-le-Duc, on comprend aisément que ce sont plus les études techniques et historiques des publications de l'auteur du Dictionnaire raisonné qui influencent les choix d'Edouard Warin en 1882/83 que celles de Paul Abadie toutefois publiées par Viollet-le-Duc. Nous sommes dans un contexte historique de grands architectes qui découvrent l'art médiéval confronté à toutes les tendances néo qui s'épanouissent au XIX° siècle sur une montée en puissance des trompe-l'œil et leurres entrainés par l'emploi des nouveaux matériaux, comme déjà présenté plus haut avec le chœur de Paul Abadie à Rioux-Martin. Et remarquons qu'Edouard Warin ne réutilise pas la structure gothique du clocher de Rioux-Martin, bien que l'emploi des clochetons pourraient y faire penser : c'est un faux semblant car les modèles de clochers romans appareillés publiés par Viollet-le-Duc sont à clochetons et le couvrement est à écailles suivant la théorie qu'il développe au sujet de la disparition de ces écailles au fur et à mesure qu'on va vers 1200 (voir touts ces principes techniques dans Viollet-le-Duc, op.cit., p. 288 à 410, édition de 1997).
                       Donc, nous devons regarder l'escalier d'angle de l'église de Pérignac comme totalement original sur la presque totalité de son élévation. La relation au clocher ne peut pas être originelle mais les deux étages d'élévations du clocher sur la croisée du transept le sont, avec son voûtement intérieur toutefois modifié. Cet escalier à la particularité d'avoir son accès par dessus le passage dans l'angle entre le chœur et le croisillon du transept. Cet escalier en vis monte droit. Et par nécessité son accès est dans le chœur.

La second sanctuaire roman de ces bordures Ouest du bassin de la Tude que je retiens ici dans ce petit panorama des escaliers romans de la Tude et des bordures en lisières et celles un peu plus distantes est

L'église  Saint-Jacques de Conzac
sur la commune de Saint-Aulais, sud Charente, ancien diocèse de Saintes.

(déjà présentée plus haut sur cette page pour l'organisation intérieure de l'élévation de sa tour de cloche au-dessus de la croisée du transept sous coupole sur tambour éclairé de fenêtres, sur pendentifs)
Le plan montre l'état actuel du monument très démoli et une nef reconstruite. C'est une autre église à passages entre la nef et le transept car c'était une église à nef unique, transept et chœur semi-circulaire. Les vestiges en place ne témoignent que d'un seul passage dans l'angle Sud-Ouest de la rencontre transept-Nef (non reporté sur le plan  publié par Jean George). Il n'y avait aucun passage côté chœur et au Nord-Ouest on n'en voit aucune trace. L'escalier en vis démarre donc depuis le niveau du sol de l'église mais dans le croisillon Nord du Transept dans la réserve murale entre le départ du chœur et l'absidiole Est du transept Nord. Cet escalier, dont l'enroulement du départ est inversé sur le plan de Jean George [la logique veut que la cage de l'escalier en vis soit construite dans la réserve murale la plus importante, soit dans celle qui articule le départ du bras du transept au départ du chœur], qui monte très haut n'est pas constitué d'une seule volée en vis continue, mais de trois qui se relayent intra-muros en ressortant de l'angle en tour-hors-œuvre et retour dans le gros œuvre. La dernière volée étant détruite à l'arrivée au sommet de la coupole, elle nous permet de constater qu'il y une continuité à cet escalier et donc qu'il y avait au moins un second étage à ce clocher, comme on en voit quelques uns sur le département de la Charente, hors Bassin de La Tude. 
Les variations des chœurs vont des chevets plats aux chevets semi-circulaires linéaires ou bourgeonnants, voire chevets polylobés, précédés d'une travée droite ou directement articulés par un arc diaphragme sur l'avant-chœur ou la nef. Entre les églises à nef unique sans clocher ni avant-chœur,  les églises simplement à avant-chœur, et les églises aux avant-chœur-tours-de-cloches à nef unique et celles à transepts, les variations sont certes différentes en plans mais peuvent être également assez impressionnantes (parfois aussi avec clocher-porche) en élévations et par leurs modes de liaisons aux combles, quand elles existent, donnent lieu à d'incessantes recherches originales où l'escalier en vis entre généralement en composition de base, qu'il soit hors-œuvre ou en œuvre. Les passages plats et ceux en volées d'escaliers droits, tournants ou rampe-sur-rampe sont particuliers aux modes de liaisons des escaliers aux volumes desservis suivant les églises, et suivant les dispositifs originaux et ceux remaniés. Ce sont de très riches secteurs de recherches des maîtres d'œuvres romans et de ceux qui adapteront ces escaliers à des remaniements postérieurs. Ainsi, des solutions nées sur place sur le bassin de la Tude entrent aussi en composition de celles qui traversent le bassin et de façon plus générale ou par extension le Sud-Charente.
D'autres caractères propre à d'autres secteurs géographiques existent, ce qu'on appelle le vernaculaire. 
Doit-on parler de "vernaculaire" sur le bassin de la Tude et lisières, ou de richesses des recherches et d'applications de solutions monumentales ?

Elévation schématique de l'escalier de l'église de Conzac, documentée par une série de clichés.
L'escalier de Conzac nous permet de donner une première conclusion d'étape, englobant les autres exemples présentés depuis Rioux-Martin, sur les recherches de l'escalier roman sur le bassin de la Tude et bordures, entre le "en-œuvre" (totalement en-œuvre à Rioux-Martin) et le "en-œuvre" alternant avec le "hors-œuvre" à Conzac, 
avec l'apparition des repos sur des hauteurs du monument qui ont tendance à doubler celles de Rioux-Martin où le repos articule déjà le passage de la vis à la volée droite.
 A Conzac repos ou passage plat ?

Avec cet escalier nous sommes entrés dans la complexité au paroxysme des assemblages de plusieurs volées en vis superposées et décalées dont étaient capables les maîtres maçons romans, et sans avoir véritablement recours aux passages plats ni aux volées droites.
C'est le pendant qu'il fallait offrir à l'autre superbe organisation de l'escalier de Rioux-Martin totalement liée à la stéréotomie romane. 
Dans ces deux escaliers des idées de repos se profilent, introduites par des nécessités architecturales de changements de plans des différentes volées.

      Les autres escaliers nous ont montré d'autres recherches à partir d'un logement exclusif de la volée tournante en vis ou rampe sur rampe dans une tour hors-œuvre. Toutefois les liaisons entre la base de l'escalier en vis à la nef et le haut de l'escalier en vis au comble ne sont pas identiques.
      En effet, c'est à partir d'un passage plat que le lien entre l'entrée dans la cage de l'escalier et la base de la vis s'effectue, que ce passage soit au raz du sol ou seulement accessible par une entrée  en hauteur. Lorsqu'on arrive en haut de la volée tournante, en vis, le lien avec la volée droite ou rampe sur rampe d'accès au comble se fait directement par un petit repos à Chenaud, ce repos qu'on retrouve à Conzac mais seulement en articulation des deux volées supérieures alors qu'à Conzac on trouve l'amorce d'un pallier à degrés d'accès à l'étage en extrados de la coupole. La dernière volée semble elle aussi avoir bénéficié d'un aménagement entre ces degrés en pallier et le démarrage de la dernière volée en vis disparue.
                               A Magnac Lavalette, sur un escalier de second chantier, on voit que le comble est utilisé pour faire démarrer la seconde volée d'accès à l'étage supérieur du clocher dans l'angle adjacent à l'arrivée dans le comble de la première volée en vis qui monte de fond sans interruption.
                               Ces principes ne varient guère si l'escalier en vis est logé dans un contrefort oblique à Pillac, ou si l'accès à la cage d'escalier par un passage plat se fait par-dessus un autre passage plat au rez-de-chaussée dans l'angle chœur transept. Dans ce cas c'est seulement l'accès à la volée droite qui est décalé dans le chœur à Pérignac.

                                               Si notre petit territoire exploré ne nous permet certainement pas de faire le tour de toutes les solutions imaginées par les maîtres maçons romans, nous avons déjà des principes directeurs essentiels qui vont survivre jusque dans la première moitié du XV° siècle en gagnant l'architecture civile comme le voit avec la maison-tour d'Yviers dans la bassin de la Tude entre Chalais et Rioux-Martin :
Maison-Tour de plan carré du bassin de La Tude à Yviers.
Les plans sont significatifs d'une organisation d'escalier en ouvre auquel on accède à l'étage par un passage qui sert également le premier étage habitable. 
L'accès à l'escalier se fait par une sorte de pallier en marche plus large que les autres de la rotation de la vis. 
Lorsqu'on arrive aux étages l'accès aux pièces se fait par un passage qui part d'une marche élargie de la rotation de la vis, sans l'interrompre. Ce passage est éclairé en façade.
On peut penser que c'est une survivance des des distributions en œuvre par escalier en vis lié aux volumes fonctionnels par des passages.

Si on suit l'évolution dans la seconde moitié du XV° siècle, on se déplace au nord du département de la Charente aux limites Périgourdines et Limousines.
Les maisons-tours plus imposantes construites d'un seul jet ont également l'accès à l'escalier en vis à l'étage, mais il est hors œuvre en encorbellement sur un angle du plan carré comme à Varaignes.
On passe alors à un accès direct aux pièces à partir de la rotation de la vis.
Nous aurons le même système sur une tour transformée en maison tour au Nord-Est de la Charente
en bordure des ces marches du Parc Régional Périgord-Limousin

Dans la seconde moitié du XV° siècle et en se rapprochant de 1500 les évolutions sont encore plus sensibles. On cherche des solutions pour équilibrer les accès au  même niveau de part et d'autres de l'enroulement de la vis.
Nous retournons sur une autre étape architecturale du château de Varaignes.
On obtient bien des paliers sur l'enroulement à droite de la vis, en élargissant une marche de façon à faire un accès plat confortable à la pièce.
Mais du côté gauche la vis ininterrompue impose un accès plus haut que celui qui aurait pu se trouver au même niveau à droite, et aucune marche n'est élargie.

Nous avons insensiblement basculé vers une autre évolution de l'architecture gothique civile au XV°/XVI° siècles, par la tour de l'escalier en vis.

Une solution var être progressivement trouvée comme on peut le suivre par l'exemple du Manoir du Lau, bordure Est du bassin Tude-Dronne en Dordogne, 
à Allemans en Périgord, où l'escalier en vis sert deux pièces par étage.
Cet escalier est un second escalier en vis élargi pour servir une extension en deux pièces par étage.
Au premier étage on voit qu'il faut encore une courte volée de quatre marches pour arriver à des niveaux compensés entre les deux pièces dont l'établissement des planchers suit l'évolution de la vis.
Au second étage on a résolu le problème différemment car le palier sert sur le même niveau les deux pièces qui n'ont pas le même niveau de plancher. C'est donc un petit escalier de deux marches à l'intérieur à l'ébrasement qui compense les niveaux.
Si on va réussir à équilibrer les niveaux des planchers et à créer des paliers uniques pour les deux pièces, c'est l'arrivée (ou le retour) de l'escalier rampe sur rampe à paliers et repos qui va permettre cet équilibre bien que dans les Alpes occidentales au XVI° siècle (exemple ci-dessous à Guillaumes, Haute-Vallée du Var) on ait mis en place une coopération "passage-volées tournantes" originale mais pas très éloignée d'autres modèles qui sont en place à la même époque dans les hôtels des tissus urbains d'Ouest, de Lyon à Toulouse avec des ou d'autres sources dans les grands châteaux de la sphère royale : Châteaudun, Blois... Ce dispositif c'est aussi celui, avec la courette à ciel ouvert, qui se retrouvera dans certains hôtels baroques des Alpes du Sud dont le Palais Lascaris à Nice. Pour nous la mise à l'écart de l'escalier en extrémité de l'axe du passage, va se retrouver dans l'architecture classique française mais généralement à l'entrée pour basculer au fond du passage dans le premier tiers du XIX° siècle et après, comme nous aurons l'occasion de le constater à la fin de la rédaction de ce chapitre issu de l'escalier roman.
Il était important par cet exemple alpin de cibler des bourgeonnements qui vont donner naissance à des familles, ou réarticuler les progressions des familles,  avant d'en revenir à l'exposé linéaire de l'évolution du couple "escalier-passage".
De toute façon cela suppose une nouvelle évolution interne des  bâtiments pour le logement de l'escalier rampe sur rampe et cette évolution se fait de façon autonome par des combinaisons de volées droites en passages articulés plats ou à degrés entre volées droites ou liées aux volées tournantes et principalement en vis dans l'architecture gothique française d'Ouest. 

Ce sont en fait les dédoublements des murs de refend en passages qui deviennent peu à peu des organes de distribution, de circulations et de liens - reprenant leurs fonctions qu'ils avaient avec les escaliers romans - qui vont bientôt traverser le
 bâtiment de part en part, 
  où va s'installer ici une volée droite et là un escalier en vis en bois,  qui préparent un retour de l'installation en leur sein d'un escalier rampe sur rampe, mais bien sûr faisant appel à d'autres courants architecturaux appelés "renaissance". 


Pour ces petits bâtiments de l'aristocratie de province le passage supplante l'escalier et devient l'organe maître des scénographies qui se mettent en place.
 Cette mutation directe à partir des escaliers en vis et des passages vont créer le terreau fertile de la rencontre de l'architecture gothique française de la fin du Moyen-Âge avec l'architecture italienne de la Renaissance et d'autres étapes qui participent à l'installation de la grande architecture classique française comme on le voit par l'exemple de cet autre château du département de l'Allier
Les Vieux Mélays
construit vers 1660
(Vaux-le-Vicomte début du chantier en 1656)
Le corps de logis appartient désormais à une autre organisation du château et sa relation à la cour fermée et à l'espace agricole et végétal change radicalement : le passage du corps de logis est intégré à la perspective qui gère l'ensemble de la construction du château et de son site entre espaces cachés et espaces dévoilés par des "surprises" architecturales très calculées où cours et jardins jouent avec le bâti : tout est pensé et projeté par l'architecte gestionnaire des perspectives et des symétries.
On commence par une haute courtine de façade percée d'un très beau portail architecturé à ordre. Dans les angles nous retrouvons toutefois la chapelle à valeur apotropaïque et une tour de service agricole, mises en parallèle, en symétrie.
Les constructions sont réalisées en petit appareil irrégulier aux enduits retracés en leurre de grand appareil régulier.
Lorsqu'on arrivait devant le château on ne voyait rien de l'espace intérieur clos dans ses murailles.
Avec les Vieux Mélays nous sommes arrivés sur ces bâtiments qui achèvent l'évolution de la prise d'importance du passage sur l'escalier auquel il est cependant lié dès leurs origines communes, au moins dans l'architecture romane, et principalement religieuse par les exemples que j'ai mis à jour en archéologie du bâti et qui concernent ensuite l'architecture civile au moins dès la première moitié du XV° siècle pour conquérir l'organisation de la distribution centrale des petits donjons résidentiels gothiques à deux pièces par étage et qui perdent des étages au fur et à mesure qu'on s'avance dans le second tiers du XV° siècle pour s'affirmer résolument à deux puis un étage autour de 1500 et achever apparemment cette trajectoire avec l'arrivée de la Renaissance française au XVI° siècle. Et il n'en n'est rien comme le montre l'exemple du Logis du château des vieux Mélays qui est là comme un témoins absolument indiscutable et conséquent.
                              Dire que le logis des Vieux Mélays est passé à un seul rez-de-chaussée est quelque peu abusif. En effet si on suit la progression de l'évolution de cette architecture (voir sur ce blog les châteaux de la Creuse et une nouvelle synthèse autour d'Yviers et d'Allemans en Périgord, toujours sur ce blog) on voit que les rez-de-chaussée socles et caves à un ou deux niveaux - aveugles ou très peu éclairés - des donjons à quatre ou cinq niveaux d'élévations sont progressivement récupérés en pièces à fonctions domestiques et peu à peu intégrées au logis seigneurial en continuant à perdre des étages. A La Faye nous sommes arrivés sur cette première fin d'évolution avec deux pièces de part et d'autre du passage qui devient l'organe maître de la structure du bâtiment, récupérant une fonction double de vestibule et de cage d'escalier. Le bâtiment à toujours un étage sur rez-de-chaussée habitable. Les caves peuvent se creuser sous ces rez-de-chaussée ou disparaître. Au Vieux Mélays le rez-de-chaussée disparu refait une apparition en entresol pour des pièces à fonctions domestiques (cuisines... ). Donc nous sommes sur une version réélaborée au XVII° siècle de La Faye au XVI° siècle et si les tours rondes de flanquement arrière sont devenues carrées est-ce le fait de l'influence de Serlio ou de celle de la systématisation des pavillons d'angles de l'architecture française (co-héritage potentiel des ailes des châteaux terminées par des maisons-tours de plan carré). Entre ces deux tours l'étage en entresol apparaît plus large que le corps de logis supérieur et donne naissance à une terrasse qui entre en complément de la composition perspective étagée de l'ensemble du château, depuis l'entrée jusqu'au canal humide avant la garenne. 
                              Le passage est donc devenu le vestibule du bâtiment et il s'intègre, sans se confondre, aux pièces latérales symétriques toutes en lien en enfilade de salons. Les variations d'ouvertures entre l'entrée dans le vestibule et sa sortie sur la terrasse amorcent ce qui va devenir le grand enjeu de la petite architecture de plaisirs de la grande aristocratie : des entrées resserrées pour des dilations intérieures brutales et lumineuses, tout le contraire de l'architecture palladienne qui renferme les espaces intérieurs.

En 1660 nous sommes au début du règne de Louis XIV, Fouquet démarre Vaux-Le-Vicomte et Versailles n'est pas construit.
A partir de 1710 nous entrons dans la fin du règne du Soleil et bien des expériences architecturales novatrices ont émergées dans la sphère royale dont Marly - dont toute une architecture pouvant être complètement cachée des regards extérieurs par des murs d'enceinte écrin ménageant toutes les surprises imaginables par l'architecte et le roi avec jardin et pièces d'au, voire planètes -  désormais totalement conçue avec les jardins eux-mêmes composés avec le projet architectural du "château".  
Robert de Cotte est un des grands protagonistes du style rocaille et il apparaît tout à fait évident qu'il était un des architectes de la sphère royale les plus disposés à faire évoluer ce qui était déjà bien en place aux Vieux Mélays contemporains de la conception centrale de Vaux-le-Vicomte : aussi le passage devient-il encore l'organe central le plus exposé, surtout lorsque le bâtiment déjà en rez-de-chaussée perd son entresol, et la nécessité d'escaliers intérieurs. En revanche l'idée de positionner le bâtiment sur un socle de valorisation, pouvant être une sorte de périptère ou de terrasse d'implantation, demeure et on n'entre pas de plein pied dans le bâtiment : on y accède par des marches et on en ressort sur l'autre façade aussi par des marches.

En 1712 SAS Antoine 1°, Prince de Monaco, commande un projet architectural à Robert de Cotte pour installer son épouse et ses enfants à distance du palais mais sur le Rocher, à l'autre bout. La mesure est prophylactique car il s'agit de tenir la famille princière à l'abri d'une épidémie de petite vérole.
[pour de plus amples exposés sur les relations des Prince Monaco avec les architectures du rgne de Louis XIV, d'où sont extraits les éléments ci dessous exposés,  voir sur ce blog
Versailles - Monaco - Carnolès - Menton: présence de l'art français en Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/versaillesmonaco-larchitecture.html
Le Prince a ramené de Paris à Monaco son architecte personnel : La Tour. Le Prince a lui aussi suivi un enseignement architectural à la cour de Versailles où il était surnommé Goliath vu son tempérament et sa corpulence. La gestion de la polychromie fait intégralement partie des projets architecturaux et appareils de leurres, fausses briques, fausses pierres et faux marbres liés aux couleurs des jardins sont un seul et même ensemble en projets magnifiquement aquarellés, au moins depuis la seconde moitié du XVII° siècle. 

Le bâtiment déjà construit sur le Rocher sur le site de Castelnovo, nous est connu par un relevé de La Tour qui l'envoie à Paris pour que Robert de Cotte l'utilise pour concevoir son projet architectural auquel il doit intégrer une galerie déjà bâtie à la fin du XVII° siècle par le père de SAS le Prince Antoine 1°,  SAS le Prince Louis 1°, ambassadeur de Louis XIV, que nous allons retrouver  plus loin avec son hôtel particulier du périmètre immédiat du château de Versailles.
Nous voyons ici le rôle central du passage en large vestibule qui distribue deux profondeurs d'enfilades de salons. En façade sur jardin le passage est différencié du reste des pièces symétriques par un léger ressaut, sorte d'avant corps discret. La façade arrière est parfaitement plate. La galerie primitive est délaissée du projet de Robert de Cotte.
Nous n'avons malheureusement pas le dessin d'élévation des façades du premier projet.
En revanche nous avons les élévations de la façade avant du second projet, proposé sans environnement.
Les deux façades, arrière et avant, semblent avoir eu la même structure en arcades de portiques surmontées d'une balustrade qui masque partiellement le toit. La façade est grise et le toit est bleu, donc en ardoises, et les armoiries peintes ou sculptées et peintes en écu.
La façade arrière n'a pas d'avant corps latéraux puisque la configuration du site rétrécit sur la face Nord-Ouest du bâtiment au fur et à mesure qu'on s'oriente vers la pointe du Rocher,  sur la face Sud-Ouest la galerie ancienne est récupérée en aile débordante. 
La face Sud-Est plus large est bordée de deux pavillons fortement marqués par des chaînes à refends horizontaux. Avec la traduction par un léger ressaut des deux façades du passage, Robert de Cotte récupère la traditionnelle division en cinq corps de l'architecture classique française depuis Pierre Lescot au Louvre (à partir de 1549) (des divisions des façades en cinq corps existaient toutefois avant la façade de Pierre Lescot dans l'architecture française de la fin de la période médiévale, comme à Durtal dans le le département du Maine et Loire. Mais les dynamiques internes sont différentes). L'idée de la façade de ce bâtiment est bien évidemment issue de la collaboration de Robert de Cotte avec Jules Hardoin-Mansart au Pavillon de Marbre ou Grand Trianon à Versailles (1687-1688).
En ce qui concerne ces toits qui sont partiellement ou totalement masqués par des balustrades, par le fait des perspectives montantes, et que le roi lui-même désignera "à l'italienne", il faut bien remarquer que cette tradition n'est pas l'exclusivité de l'architecture italienne mais qu'elle se rencontre assez fréquemment en France tant en architecture militaire ou pseudo-militaire pour donner des allures de tours de guerre couvertes en terrasse à de petits bâtiments qui sont le plus souvent des lieux de rangements, qu'en architecture religieuse sur les tours de façades, terminées ou en attente de leurs flèches ou toits pointus (voir sur ce blog :
 3° partie - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html ).

                  Si les colonnades en portiques sur façades sont d'inspiration antique, toute cette architecture est bien de tradition française dans ses structures et ornements, même en très beaux projets magnifiquement aquarellés et donc colorés : tout y est, architecture et polychromie de matériaux réels comme de leurres (bien que les refends horizontaux viennent des architectures de Raphaël, mais triomphent à Versailles). Même la distribution des pièces arrières par des galeries symétriques à l'axe centrale sont tout à fait dans l'héritage de l'architecture médiévale française.

Et cette évolution autour du passage continue avec le troisième projet de Robert de Cotte pour Castelnovo.


Le troisième projet est une conception totale du bâtiment composé avec des parterres de broderie, une place extérieure d'accès pour faire tourner les carrosses d'où on descend pour entrer à pied dans le domaine, une conciergerie ou avatar de châtelet d'où démarre la perspective qui traverse le bâtiment pour finir sur un berceau récepteur. Le seul accident du parcoure est le passage surélevé à travers le bâtiment.
Ce troisième projet maintient l'abandon des deux pièces en profondeur et confirme le parti du second projet avec une galerie à arcades de distribution arrière des pièces arrières les plus éloignées, à partir de l'axe central de circulation. 
passage central est donc toujours un axe obligatoire pour gagner par des galeries symétriques les petites pièces de l'arrière du bâtiment alors que les pièces de façade sont toujours distribuées en enfilade de salons à partir  du passage; ce qui est trait pour trait la distribution des deux grandes pièces des Etourneaux, La Faye et bien sûr le logis des Vieux Mélays qui passe de une à deux pièces de chaque côté du passage.

Toutefois des changements importants font évoluer ce plan de base.

D'abord l'axe central se divise en un passage en oeuvre qui se gonfle en plan oval répercuté en un ressaut à trois pans au milieu de la façade d'entrée car même si le plan de base est bouleversé par la présence de l'ancienne galerie récupérée au Sud et par le rétrécissement du profil de la falaise du Rocher au Nord, Robert-de-Cotte compose une façade parfaitement équilibrée sur cinq corps dont les trois avant-corps sont tous rythmés par des refends horizontaux et unis par une balustrade continue ponctuée en son centre par la composition colorée d'armoiries. Le rythme répétitif des amortissements sur leurs socles intégrés aux balustres du garde corps contribue à achever cette architecture mouvementée calmée ou modérée par ce trait régulier du couronnement et du toit affirmant un caractère noble à ce petit bâtiment pensé pour de grands seigneurs car l'épouse de SAS le Prince Antoine 1° est elle-même issue de la grande aristocratie du royaume, née Marie de Lorraine.
D'abord, l'axe central est cette fois-ci dilaté sur plan oval en un premier vestibule à trois entrées sur socle à emmarchement (sorte de périptère à un seul côté) et ouvrant à l'intérieur sur l'enfilade de salon des pièces Est.  On entre directement dans ce plan oval par l'une des trois entrées de l'avant corps. C'est un principe convexe.
Ensuite, le vestibule ouvre sur un porche en oeuvre composé d'un plan en demi-oval, d'où partent les deux galeries symétriques qui distribuent les pièces à l'arrière du bâtiment. Ce demi plan oval, lui aussi juché sur un emmarchement, est ouvert sur le berceau par un portail à fronton triangulaire - orné de motifs sculptés entre les rampants - soutenu par un rythme colonne-pilastre, les pilastres étant sur les bords extérieurs du portail alors que les colonnes font tourner les effets vers l'intérieur du porche. Ce rythme est à deux colonnes pour un pilastre au Grand Trianon (1687/88) mais Pierre Puget l'a déjà utilisé en 1670 en rythmes peut-être plus savamment composés pour l'entrée en profondeur dans l'église de La Vieille Charité à Marseille. 
Nous nous situons là sur la grande école de l'architecture française.
Ce porche en oeuvre donne également accès à deux escaliers en vis logés dans la réserve murale du rétrécissement architectural de passage du plan oval du grand vestibule en oeuvre au plan en semi-oval du porche en oeuvre (Robert de Cotte est un des grands protagonistes de la naissance du style rocaille français).

L'escalier en vis réapparaît, mais pas une seule foi, deux fois, et ces deux escaliers sont liées à la transition de deux passages : celui du vestibule en oeuvre et celui des galeries du services des pièces arrières du bâtiment.
Evidemment on peut se demander à quoi servent ces deux escaliers étroits sur un bâtiment à un seul rez-de-chaussée sans comble ni terrasse utilisable ? Peut-être des escaliers pour l'entretien des parties hautes du bâtiment puisque Robert de Cotte comme nous mêmes à notre époque faisons le constat que les parties hautes des bâtiments prévues sans accès sont les premières qui s'écroulent.
La tradition française des escaliers en vis est donc encore bel et bien vivace aux aurores de l'architecture des Lumières. Mais la positions des vis, bien que liées aux passages, a suivi une mutation.

Revenons alors en arrière vers d'autres formules architecturales conçues pour la grande aristocratie du règne de Louis XIV et restons avec les brillants princes de Monaco, par l'un des ses plus brillants représentant, SAS le Prince Louis 1° (1642-1701) père de SAS le Prince Antoine 1° (1661-1731).

Par dispositions et réserves spéciales le titre de Duc et Pair de France octroyé par Louis XIII à Honoré II Altesse Sérénissime, Prince de Monaco depuis 1612, est héréditaire. Les Prince de Monaco, souverains, ont donc le statut à la cour de Louis XIV de Prince Etranger Duc et Pair de France.
SAS le Prince Louis 1° a de hautes charges à la cour du Roi, dont celle d'ambassadeur. Aussi le Roi désir-t-il que celui-ci s'installe au plus près de Versailles. Et pour les Grands du Royaume le plus près du Roi lorsqu'ils ne sont pas logés au château, le sont dans la ville nouvelle que le Roi fait construire au pied de son château.

La ville nouvelle commence à se construire sur un plan standard dont on voit les premiers bâtiments de part et d'autre du château au premier plan. Ces bâtiments qui sont des hôtels particuliers réservés aux Grands Seigneurs qui les construisent ou les achètent à leur frais sous contrôle du Roi, ne sont pas en brique mais enduits en fausses briques peintes. Les toits à pans brisés nous orientent déjà vers l'auteur des plans de ces bâtiments : François Mansart pouvant être l'architecte pressenti.

L'Hôtel de SAS le Prince Louis 1° n'est pas construit en 1668 au moment ou Patel peint 
comme on le voit sur le plan de situation ci-dessous
Ce n'est pas non plus le Prince qui en est le premier propriétaire. 
En 1880 ce bâtiment est la propriété de l'archevêque de Reims
En 1681 SAS le Prince Louis 1° achète l'hôtel de l'Archevêque de Reims. La transaction est supervisée et validée par le Roi, Colbert et Louvois. 
Versailles devient capitale du Royaume le 6 mai 1682
Ces plans et relevés, colorés avec du brique et pierre en trompe l'œil et fausses fenêtres intégrées pour équilibrer les murs de façade et de croupe récepteur en sa moitié de l'escalier tournant, nous permet d'avancer vers une reconstitution de la façade dans ses lignes principales.
En même temps que le passage conduit sa propre dynamique d'abandon des escaliers sur des bâtiments réduits à des rez-de-chaussée, et dans le meilleur des cas à des rez-de-chaussée sur sous-sol et entresols,
le plan intérieur surprend. Le passage de part en part du bâtiment juché sur terrasse ne s'effectue pas d'un seul trait mais en deux étapes sinueuses avec réduction importantes des entrées sur perron et perron élargi. 
L'avant-corps, site du passage conserve une valeur de vestibule mais il est chauffé et il ne donne accès qu'à une seule pièce en entrant à gauche qui est logement de l'escalier dont les deux fenêtres (au moins au rez-de-chaussée sont aveugles, donc traitées extérieurement en faux sites). La porte entre le vestibule et l'escalier, est double, comme celle de l'entrée dans le bâtiment. Le large emmarchement d'entrée qui prend en compte tout l'avant-corps délaisse les deux volumes symétriques en façade par des fenêtres aux allèges assez basses (dont une est un faux site) que j'ai réglées sur celles documentées du mur de croupe. Ainsi ce vestibule n'est pas en lien avec la pièce à droite . 
Le plan du bâtiment dédouble la fonction du vestibule pour la transmettre à la pièces de l'escalier montant qui n'est éclairé par aucune fenêtre percée puisque ce sont toutes deux extérieurement des fausses fenêtres. C'est de cette pièce secondaire, logement de l'escalier seulement éclairée par les huisseries intérieures, qu'on accède aux appartements privés dont deux seulement sont chauffées.
Les deux pièces chauffées sont celles à l'arrière du bâtiment et elles sont en lien direct par une porte en revers de façade arrière. 
La troisièmes pièce, celle qui borde le vestibule à droite et sans communication et sans cheminée, est seulement accessible par un passage qui conduit de la grand pièce arrière, pièce principale à gauche à la pièce plus petite de l'autre côté, à droite du vestibule, qui a la même proportion que la pièce de l'escalier. Ce passage conduit à l'extérieur de l'hôtel vers les bâtiments domestiques, voire écuries.

Ce plan compliqué, quasi en "escargot" qui joue avec les ombres et la lumière, avec les éclairages naturelles et articficiels, poursuit la distribution intérieure par l'escalier et le passage, mais complètement dissociés, repensés.
Le passage au milieu du bâtiment, mais en sens opposé à l'axe de progression en profondeur, peut s'apparenter au choix qui fut fait à Vaux-le-Vicomte, mais de façon infiniment plus modeste. Quoi qu'il en soit la distribution en enfilade de salons est abandonnée et l'escalier n'occupe plus une position centrale de l'architecture bien qu'il demeure "l'axe central" de la distribution du bâtiment. L'escalier n'est pas non plus "en vis" mais à simple volée tournante.
Nous sommes là face à une recherche de privatisation des appartements et de rejet des escaliers solennels dès l'entrée dans le vestibule chauffé.

Le respect de l'étiquette, pour des bâtiments qui ne doivent pas s'élever sur une hauteur supérieure à la vue que le Roi peut-avoir depuis son château, y est-elle pour quelque chose ? Mais aussi des ostentations qui ne doivent pas s'exprimer directement sur les avenues qui mènent au château. Aussi les bâtiments sont conçus perpendiculairement au mur de clôture de l'avenue et la façade ne se dévoile qu'aux hôtes qui entrent dans la cour. Le frontons et les toits et parties hautes, toutefois perceptibles de la rue, annoncent le train "royal du Roi".
Enfin les deux cours : publique en façade et privée en arrière seulement accessible par un petit perron de la grande salle privée, 

A partir de là nous pouvons comprendre que nous avons atteint un carrefour architectural qui se scinde en deux : 
                     1 - celui de l'évolution quasi linéaire à partir de la fonction maîtresse du passage associé aux jardins, 
2 - celui d'une nouvelle recherche sur des architectures plus intimistes ou moins solennels par les entrées bien qu'ostentatoires en façades, avec des murs simplement ornés à la peinture d'enduits, d'appareils réguliers en briques peintes et grands appareils de pierres dont les textes ne donnent cependant pas la nature, mais qu'on devine également rehaussées de couleurs en frontons et armoiries aux plombs de faitages pouvant continuer à être dorés en héritages des châteaux des grands seigneurs du Moyen-Âge.

Pour concevoir de petits bâtiment comme les folies, casins, pavillons, hermitages, résidences de luxe au champ dans les domaines agricoles, etc... Toutes les variations vont être possibles entre ordonnances d'héritages des l'art français et autres ordonnances "bousculées" qui vont être aussi des sujets d'expériences d'autres scénographies issues de ce seul creuset par des dynamiques architecturales internes pour lesquelles le leurre et le trompe l'œil seront des ressources pour repenser l'ordonnance et l'ornement des façades, la traduction écran des volumes intérieurs et même y remplacer les toits à grands pans et pans brisés par des toits plats dissimulés ou partiellement cachés derrière des gardes corps animées ou des balustrades de couronnement qu'on aura tôt fait d'appeler "à l'italienne" oubliant ce qu'on a déjà sous les yeux, balustres, peut-être?. 
"A rose by any other would smell as sweet"    
                                     William Shakespeare Romeo et Juliette Acte II, scène 2.

Le théâtre et la scénographie
ne sont pas les seuls faits du vers du poète. L'architecte aussi sait très bien en faire des chefs-d'oeuvres comme par cette autre commande de SAS le Prince Antoine 1° de Monaco à Jacques V Gabriel en 1716 au début de la Régence;

1715 le Soleil est Mort. La même année la ratification du Traité d'Utrecht propulse le Duc de Savoie - vainqueur de la bataille de Stupinigi dite de Turin (1706) - au rang royal.

SAS le Prince Antoine 1° doit rendre l'hommage pour deux de ses seigneuries, Roquebrune et Menton, inféodées au Nouveau Roi Victor Amédée II de Savoie, dont la capitale a été transférée de Chamery à Turin à la fin du XV° siècle pour mettre ses états à l'abri des convoitises des rois de France.
Le Prince de Monaco, au caractère bien trempé ne rendra jamais cet hommage.

Bien au contraire, il renforce ses installations sur ses seigneuries, dont Menton par le biais d'un jardin côtier à Saint-Roch et de nouveaux bâtiments sur son domaine de Carnolès au pied du rocher de Roquebrune.

Il passe alors commande d'un "établissement champêtre" ou "casin" suivant les textes où l'on rencontre cette commande payée de trois tabatières d'or à Jacques V Gabriel.
Nous sommes là sur la création en appartements doubles de la tradition de l'architecture française : un appartement pour le Prince et un appartement pour son épouse, servis chacun par son propre escalier à volée tournante, logés en bordures du vestibule à trois entrées sous balcon. Les volumes ds escaliers reportés de part et d'autre du passage divisé en deux séquences:
- Une entrée obscure sous balcon en porche en oeuvre en façade (contrairement au projet de Robert de Cotte qui avait un dispositif similaire de séquençage du passage à l'arrière du bâtiment)
- Un volume central brutalement dilaté dans la lumière des grandes portes-fenêtres arrières
de part et d'autres les deux appartements sont exactement les mêmes avec leurs propres systèmes de distribution en liens directs des pièces à l'autre sauf au second étage où l'on voit apparaître un embryon de couloir.
L'architecte abondamment recours aux architectures peintes en trompe l'œil sur les façades extérieures. Sur les murs de croupes la travée centrale des fenêtres est un leurre.
Cette architecture qui semble si fantaisiste avec ses effets d'ombres et lumières, ses surprises architecturales savamment orchestrées et rythmées par de vraies rondes bosses et fausses sculptures peintres, est pourtant d'une totale rigueur de structure et de plan.
On peut penser à certaines disposition inspirées de Marly (1679-86, repris de 1696 à 1703) , dont le complet recours aux décors peints de Jacques V Gabriel avec un balcon totalement décoré de scènes mythologiques en tableaux peintes sur le murs au milieu desquels le Prince et son épouse peuvent apparaître, mais nous ne sommes pas sur le plan centré de Maraly qui rappelle à certains Palladio bien qu'il puisse plus aisément rejoindre une inspiration du plan centré de Chambord comme le suggère Louis Hautecoeur après avoir rédigé sa critique de cette prétendue influence palladienne " On a comparé cette disposition à celle de la Rotonde de Palladio à Vicence, mais à Marly la croix ne fait pas saillie et les angles du quadrilatère sont occupés par les appartements du Roi, de Monseigneur (le Grand Dauphin, de Monsieur et Madame. On pourrait songer à une adaptation du plan de Chambord" [ Louis Hautecoeur, Histoire de l'architecture classique en France - Tome II - Le règne de Louis XIV ** . Paris, 1948, 571.]
On peut donc totalement travailler sur ces dispositions de plans entre constantes et variations sans pour autant faire appel à des influences extérieures même d'Androuet du Cerceau

puisque si on prend la peine d'analyser les structures et leurs mises en place nous voyons qu'elles évoluent selon deux grands axes principaux, tout en prenant bien soins de replacer cette étude dans la grande trajectoire de la relation Escalier/passage dans la structuration de l'architecture française que nous suivons depuis la période romane, 
et ce pour une grande diversité des façades
Jusqu'à finalement l'apparition des distributions en couloirs;

Cette étude démarrée avec l'art roman en l'église de Rioux-Martin, redéveloppée à partir de son escalier dans l'évolution de l'architecture religieuse puis civile française jusqu'au XVIII° siècle par les thèmes associés caractéristiques de l'escalier et du passage, trouve une nouvelle suite et articulation transitoire entre les XVIII° et le XIX° siècles avec par l'exemple atypique du Coustal à partir d'une structure agricole remaniée en architecture domaniale de luxe de la seconde moitié du XVIII° siècle au XIX° siècle, voire au XX° siècle, les cheminées en témoins :

Le corps de logis est une reconstruction sur un bâtiments agricole qui réunissait plusieurs services d'étables pour plusieurs sortes d'animaux domestiques. Leu distribution se développait déjà derrière une galerie fermée qui fut progressivement rallongée jusqu'à atteindre l'implantation actuelle du logis.
Ces bâtiments agricoles n'étaient pas enterrés comme ils le sont actuellement en cave perdue sans évacuation pour la plus grande partie. Ce qui fait que ce logis est initialement implanté en défaut de terrain avec une façade initialement dégagée sur les jardin et comblé en partie cave sur l'arrière du bâtiment pour récupérer l'entrée perspective par le passage qui traverse le bâtiment et arrive en belvédère par la terrasse de la façade sur jardins. De cette terrasse la perspective ramenée au niveau des anciennes caves poursuit sa trajectoire en deux terrasses au mur de séparation maçonné et escalier (s), vers le ravin au pied duquel on a bâti un bassin rectangulaire alimenté tant par une fontaine/source que par les eaux de ruissellement (canalisées) des terrasses supérieures avec leurs puits perdus des trop-pleins des fontaines dont l'alimentation semble venir d'un point d'eau qui serait situé dans le terrain en angle Nord-Est du logis.
 De nos jours une canalisation est toujours en place et elle récupère les eaux de pluie des gouttières avec leurs tuyaux de descentes qui n'existaient pas à l'origine du bâtiment car il était couvert d'une toiture en arrière d'une balustrade de couronnement. L'eau des toits s'écoulait sur une gouttière en arrière de la base de la balustrade et était rejetée hors du bâtiment par de simples trous régulièrement percés sur la corniche tout autour du bâtiment.
Ce système en France est hérité de la période médiévale comme on le voit au château de Villemonteix dans le département de la Creuse : ici ce n'est pas une balustrade au droit du mur ou légèrement propulsée en avant par une corniche à la base, mais un petit garde corps ornemental sculpté en encorbellement sur des merlons à effet de parapet en chemin de ronde qui masquent les gouttières en pierre : l'eau était amenée de la gouttière à l'avant du parapet par des gargouilles en place sur le dos des merlons.
 Le  logis est donc construit sur un grand bâtiment agricole dont la façade d'entrée est restée tournée vers le Nord alors qu'on construisait une façade sur jardin exposée plein Sud, dans le sens descendant du vallon vers le ravin en gestions des premiers décrochements des niveaux de terrains, exploités mais réaménagés.
Les constructions agricoles se sont alors progressivement redéployées de part et d'autre du corps de Logis, à partir d'un premier bâtiment qui avait sa base de fondation au niveau de l'ancien bâtiment agricole sous le nouveau logis, c'est-à-dire au niveau de la base de la terrasse de la façade sur jardin : ce bâtiment était celui des cuisines et, bien que séparé du corps de logis à peu de distance du croupe Ouest, il était en lien avec le logis par une porte qui donnait accès à une pièce de dressage des plats dans l'angle arrière Nord du logis (cette porte existe encore et donne accès à l'arrière cuisine d'une cuisine repensée au XIX° siècle). 
En fin de restructuration au XIX° siècle nous aboutissons à un schéma qui est celui inversé des Vieux Mélays : c'est-dire que les bâtiments agricoles et de servitudes, logements domestiques et autres, ne sont pas de part et d'autre de l'allée d'accès au domaine, formant une première  cour fermée (à moins que des bâtiments en cet endroit aient été détruits pour aménager le jardin à l'anglaise ?), mais de part et d'autre du jardin architecturé qu'ils grignotent peu à peu jusqu'à ne conserver que les décrochements en terrasse et les deux fontaines. Le décrochement de la terrasse en belvédère sur le ravin étant lui-même comblé et les nouveau bâtiments principalement construits et reconstruits sur ces nouvelles lignes de sol.
Cependant la structure d'implantation du XVIII° s. est tellement forte qu'elle subsiste et si on donne ce schéma en coupe ci-dessous on en revient au schéma d'implantation des Vieux Mélays mais inversé pour la répartition des aménagements agricoles.
A partir de cette mise en place des éléments structurels du XVIII° au XIX° siècles nous allons pouvoir travailler d'abord sur les plans et ensuite sur l'élévation qui est au Coustal à deux et même trois niveaux, sur des substructions de récupérations en cave,  avec un effet architectural trompe l'œil très original pour intégrer les anciennes habitudes de l'architecture française de loger les domestiques (la maison) dans des pièces en combles sans que cela soit perceptible depuis l'extérieur.
Comme les balustrades sont documentées par les vestiges de corniche et d'écoulement des eaux encore en place, je vais également intégrer ces balustrades aux planches que je vais maintenant dessiner. 
Si ces balustrades de couronnement, avec leurs amortissements,  ont un effet architectonique direct sur les élévations extérieures, elles ont aussi une incidence sur la configuration des plans du XVIII° siècle. En effet ces grosses structures en corniches prennent appuy à la fois sur la corniche et sur toute la largeur du mur : ce qui a pour premier effet de nous faire comprendre qu'il n'y avait pas de conduit de cheminées sur les murs extérieurs dont les souches et évacuations des fumées n'auraient pas pu s'intégrer à une architecture très soignée couronnée d'un garde corps généralement ajouré ou en mur plein redéfini par le décor (peint et autre trompe l'œil). La seconde conséquence concerne bien sûr le confort intérieur. La présence de cheminées sur quelques pièces de logement seulement nous entraîne également vers la compréhension d'un bâtiment construit pour des occupations estivales et non pas permanentes sur toute l'année, contrairement à ce qu'en feront les remaniements du XIX° siècle.
Nous voyons clairement que si les plans entrent dans la famille de l'architecture française qui ne avons vue évoluer, que les organisations des rez-de-chaussée et étages  orientés suivent  les contraintes des structures des bâtiments agricoles antérieurs, et autres, plus anciens, socle de la construction de cette belle et riche demeure que la tradition de langage en France peut appeler "château". 
L'architecte a alors très judicieusement utilisé ces premières structures mais il a dû compléter son plan des premiers volumes par des ailes latérales, uniquement traduites en façade par des ouvertures en portes-fenêtres, dont l'organisation en cave en oriente la lecture, notamment sur cet espace Ouest au sous-sol inaccessible dans l'état actuel du bâtiment (terre-pein ou cave voûtée ?).
En revanche cet architecte aurait pu utiliser le gros socle de la première construction pour créer une séquence sur le passage qu'il supporte au niveau supérieur : en exemple un porche en oeuvre suivi du passage comme les architectes royaux l'ont fait pour créer des passages élargis en salons.
Il n'en n'a rien été. L'architecte à repris l'évolution entre le passage direct à travers le bâtiment que nous suivons depuis la fin de la période gothique, mis en lien avec l'escalier issu de la structure "en escargot" de l'architecture des hôtels du périmètre du château de Versailles.
Les distributions se trouvent doublées sur la profondeur imposée par la prise en compte globale, ou quasi globale des structures agricoles antérieures.
Avant de situer ces plans dans le tableau des évolutions thématiques et volumiques plus haut définis pour l'étude de cette famille de plans, il faut préciser une évolution du thème de la distribution en enfilades de salons. Comme beaucoup de grands châteaux des XVII° et XVIII° s sur la région, sans qu'il y ait pour autant des enfilades de salons, les communications entre les appartements nobles se faisaient par deux portes : une grande porte qu'on ouvrait pour agrandir l'espace de réception, et une petite qui servait au service domestique lorsque les grandes portes étaient fermées. Ceci nous montre que l'enfilade de salons à l'étage n'avait pas qu'une seule fonction de communication entre les pièces mais également une fonction de réception. Les fonctions des pièces chauffées aux rez-de-chaussée ne pouvant pas être définies par leurs seules structures volumiques, nous avons cependant le thème de l'escalier qui s'inscrit dans un de ces volumes (escalier refait au XIX° s.) en place et lieu où il est apparu dans l'exposé d'étude avec l'hôtel de Versailles de l'Archevêque de Reims puis du prince de Monaco, puis repris dans la distribution en appartements double de Jacques V Gabriel symétriques au passage central (les appartements doubles sont eux aussi gérés par un passage central en vestibule). C'est-à-dire que le passage demeure l'axe central d'entrée dans le bâtiment par l'organisation dans la perspective, alors que l'escalier qui semble être relégué à un second rôle demeure en fait l'axe principal, le cœur de la distribution du bâtiment entre les étages comme vu à l'hôtel de Versailles. En plus au Coustal cet axe de l'escalier est d'autant plus essentiel si la salle à manger se trouvait au rez-de-chaussée dans le volume associé à l'escalier, en bordure et en lien direct avec le ou les volumes de la salle de dressage des plats provenant de la cuisine extérieure, pour un accès aux salons de réception à l'étage d'où on avait la belle vue sur les jardins de broderie et le vaste panorama sur le vallon.  Cette scénographie de l'étage doublant celle du rez-de-chaussée par la perspective franchissant la terrasse vers les jardins.
Une conséquence importante émerge de cette nouvelle utilisation des volumes en fonctions redéfinies par la spécialité des thèmes. C'est-à-dire que la cage d'escalier n'a plus d'architecture d'enveloppe spécifique mais prend place dans un volume égal à d'autres et si ce trait de "cage d'escalier", ce thème fort de l'architecture française, était encore présent, ou commençait à se dissoudre à Versailles avec l'escalier en bois à volée tournante [Je pourrais remonter à La Faye, là où ce phénomène apparaît véritablement dans mes réserves iconographiques, en dehors des échelles de meuniers et avatars s'entend. Mais le cas de La Faye ne se résume pas à son escalier car il y avait sur ce petit bâtiment à un seul étage, une charpente très particulière que je n'avais pas pu relever. Il en restait des sablières crénelées liées à des départs de chevrons en une organisation que je n'ai jamais plus rencontrée par la suite. L'escalier en vis en bois, central dans le passage,  était lié par son noyau qui remontait en poinçon jusqu'à une combinaison perdue dans des remaniements sous faîtage. Les vestiges de petites crémaillères conservées dans les deux murs de part et d'autre du passage et du revers d'une façade à l'autre montraient un ancien plancher sur solives qui formait un pallier en revers de façade sur cour, avec son répondait en espace perdu mais éclairé de l'autre côté en revers de façade du périmètre extérieur du château. ces deux planchers étaient éclairé par un fenêtre d'imposte sur les portes d'entrée et de sortie : c'était là déjà un trompe l'œil que nous allons retrouver au Coustal. Malheureusement ces petits trésors archéologiques jamais identifiés peuvent très vite laisser le champ libre à tous les ciments armés les plus désarmants, modifiant aussi les rapports aux cheminées et leurs agencements. Il n'y a pas que pour l'archéologie enterrée qu'il devrait y avoir des relevés obligatoires avant travaux, classement ou pas classement, car c'est notre patrimoine national qu'on détruit à chaque intervention] il se libère progressivement de l'appareillage général de l'architecture en dur et, dans le cadre de cette étude, termine son évolution au Coustal ou on remplacera l'escalier d'origine par une volée tournante en bois qui modifiera certes le service des pièces mais en rien le volume récepteur de l'escalier. Donc dans ce sens le volumique ne bouge pas, c'est le thématique qui se transforme sans toucher à la structure ni même à la fonction d'axe de distribution de l'immeuble de fond en comble, conservant en retour le couple "passage-escalier".
 Et remarquons que le volume du passage au rez-de-chaussée est redistribué à l'étage entre un vestibule de l'escalier et la première salle de l'enfilade de salons : apparaît ici un chevauchement des plans entre rez-de-chaussée et étage qui apparaissait avec le bâtiment de Jacques V Gabriel par un bâtiment construit sur deux niveaux, mais ce chevauchement ne prenait pas en compte le passage central déjà évolué sur deux séquences architecturales - comme avec le 3° projet de Robert de Cotte sur un seul rez-de-chaussée -  c'est-à-dire un porche en oeuvre suivi d'un vaste salon sur plan ovale en revers de façade avant chez de Cotte et carré en revers de façade arrière chez Gabriel.
C'est dire que les contraintes de plans imposées par les récupérations des structures anciennes en sous-sol au Coustal, sont de toute façon inscrites dans cette famille architecturale qui évolue tout en conservant de grandes constantes depuis la fin de la période gothique.

En évolutions volumiques et thématiques nous obtenons le tableau suivant :
On peut reprendre la déclinaison des étapes isolées de la constitution de leurres architecturaux et trompe-l'œil peints à partir de cette planche qui articule plus radicalement les façades du Coustal à celles de la même famille de plans depuis le carré versaillais émancipé pour un retour vers les formations en aval depuis les périodes gothique et classique.
Le Coustal 
ne fait pas que s'inscrire dans les familles des plans et des façades des architectes du Roi et de la Régence.
Il apporte par le leurre architectural principalement, et par le trompe l'œil peint en complément, un élément nouveau : des combles que l'on peut aménager en pièces ou lieux de greniers, mais qu'on ne voit pas depuis l'extérieur, conservant l'idée d'un bâtiment à deux niveaux dont un étage valorisé comme un étage noble par une fenêtre couronnée d'un demi-oculus intégré à l'architecture réelle de la travée des baies. 
Pourtant ces combles sont éclairés.
On va donc décliner façades et coupe pour comprendre
Ces combles en hautes sous-pentes, éclairés au raz du sol, aux murs intérieurs enduits et colorés, voire ornés, avaient des fonctions de rangements et entrepôts mais aussi de logements, et très certainement dans la continuité de la tradition gothique de loger les domestiques sous les toits dans des pièces parfois complètement aveugles, divisées par des pans de bois et non chauffées. Nous allons retrouver ce dispositif encore in situ en comble, dit "chambre de bonnes", avec le prochain bâtiment à Bors de Montmoreau (bassin de la Tude - Sud-Charente) présenté à la suite de celui-ci. La question de l'impôt sur les fenêtres instauré de 1798 à 1926 ne peut pas être appelée pour expliquer ce rejet de lucarnes ou de chiens assis, mais appartient intégralement à l'héritage des toits plats sans combles du règne de Louis XIV à la Régence, à Louis XV avec des répercutions tout a long du XVIII° siècle et nous allons le voir au XIX° siècle. En revanche le logis des Vieux-Mélays (vers 1660) est à comble très développé en arbalétriers faisant chevrons. Les combles des Vieux Mélays sont seulement éclairés par un oculus central plus grand composé avec la travée de la porte d'entrée sur perron [les petits chiens assis sont des ajouts postérieurs mal intégrés au parti architectural initial] : composition centrale des Vieux Mélays qui se répercute en travées systématiques sur deux étages au Coustal
Le trompe l'oeil et le leurre sont des permanences des l'architecture française depuis au moins le XII° siècle. Pour en citer une superbe exemple des lisières du bassin de la Tude, rendez-vous en l'église romane de Passirac et faites votre jeu de piste...
Entre Les Vieux Mélays et Le Coustal l'état d'esprit a changé. Ce qui était exaltation au XVII° siècle devient intégration et triomphe de l'architecture de Leurre et du trompe l'œil au service d'une autre ostentation du Luxe qui atteint des summums de raffinement, d'esprit et de subtilité au XVIII° siècle par delà les rigueurs de l'Académie : c'est le siècle des Lumières, des jeux d'esprit, de Voltaire, du Hameau de la Reine au paroxysme de l'architecture feinte et peinte, de Watteau et de Fragonard, de Vernet, de Greuze...   
Lorsque le domaine est remanié au XIX° siècle c'est le jardin anglais et le romantisme qui triomphent et l'avènement de la culture paysanne bucolique avant celle des réalismes ouvriers et des chansons de rues, des limericks et des non-sens, des portraits-charges et des impressions, de la révolution de l'art contemporain par Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé, toutes disciplines confondues, le Surréalisme bientôt piégé dans les leurres faciles et les trompe l'œil peints et écrits échouant devant Freud, la musique en étant épargnée repositionnée par John Cage confronté à la traduction des sons en musique en filiation avec Dada, alors qu'Henri Chopin rejette le littéraire en poésie (qu'est-ce que la modernité quand Borgès, Robbe Grillet et Courtaud font triompher l'art du faux, que les érudits de la langue n'arrivent plus à faire la différence entre l'art Concret de Campos er le Spatialisme des Garnier ?) : on modifie les combles en abandonnant les balustrades pour transformer le logis en bâtiment de résidence permanent, chauffant presque toutes les pièces (cheminées dans presque toutes les pièces)  sans remettre en question les travées architecturées en leurre des volumes intérieurs,  que les logements domestiques gelés l'hiver et fournaises l'été semblent avoir été au moins partiellement supprimés, on construit une maison-tour confortable pour les fermiers, au bout des bâtiments agricoles. 
Il n'y a ni escalier ni passage architecturé avec l'élévation de la tour : la liaison entre les étages se faisait par le bâtiment agricole contre lequel la maison-tour fut construite en hors oeuvre.

Le beau domaine de luxe et de villégiature du Coustal au XVIII° siècle, a été réorganisé au XIX°, voire repensé en une exploitation agricole avec logis de résidence permanente, intérieurement redivisé en couloir et aménagé en cheminées centrales et sur les murs de croupes et logements domestiques également redistribués sur le périmètre agricole bâti autour des anciens jardins de broderie avec leurs fontaines qui ont été enlevées il n'y a pas très longtemps affirmait un témoin oculaire lorsque j'effectuais les relevés en 2019/20 (décédé depuis). 

Nous reprenons l'évolution de l'architecture du logis du domaine du Coustal en basculant dans le siècle suivant  - XIX° s. - et en revenant dans le bassin de La Tude, point de départ de cette étude.

Le bâti domanial de la famille Le Grelle à Bors-de-Montmoreau, Domaine noble du bassin de la Tude.
Déjà domaine noble dès sa constitution, un membre de la famille Le Grelle qui est une très importante famille noble de Belgique achète ce domaine en 1939.
A partir de 1826, date de construction de l'actuel logis.
Avant de rédiger l'étude archéologie du Logis de ce domaine je vais le resituer dans le créneau historique qui est le sien et qui est très important comme tournant des valeurs ornementales du bâti alors que les plans et volumes intérieurs continuent leur lente et sereine évolution entre passage, escalier et volumes symétriques, ou à tendance symétrique à l'axe du passage central de part en part. 
 Depuis le règne de Louis XVI le gris perlé était peu à peu devenu une couleur à la mode dans des expressions luxueuses scintillantes, de nacres et d'argenteries et autres valeurs très sophistiquées dont l'art de Francesco Goya (1746-1828) atteint au génie dans des combinaisons de couleurs savantes où les déclinaisons de noir se font sans noir et les couleurs éclatantes et chatoyantes triomphent par des rapports de gris savamment composés.
L'architecture souvent traduite dans de nouvelles combinaisons géométriques de totales expressions et d'agencements avait gagné des réputations - souvent fort fausses - d'austérité architecturale et ornementale. Sur ce terrain le jardin à l'Anglaise ou jardin naturaliste élimine peu à peu l'ordonnance classique du jardin à la Française, et, cependant, les habitudes architecturales du XVIII° siècle  vues par l'exemple du Coustal, perdurent et s'affirment dans des expressions structurelles et ornementales sur lesquelles je vais vous proposer d'accompagner ma réflexion, ou de la contester, par ce logis de Bors-de-Montmoreau.
" D'un examen très attentif de ceux des monuments que je classe parmi les tout premiers, et que j'ai eu l'occasion de visiter à plusieurs années de distance ce qui permet d'assurer son jugement, j'ai pu conclure que les plus grands effets de l'architecture étaient toujours obtenus au moyen d'un ensemble de lignes d'une incroyable simplicité. Seulement, une fois cette ossature mise en place, l'architecte avait revêtu les parois, les voûtes, le sol lui-même de tout ce que la rareté de la matière et les ressources de l'art  pouvaient y répandre de splendeur. Bien entendu, plus ce squelette, cette ossature architectonique, était réduite à peu de chose, et plus la proportion de ses lignes rudimentaires était jusqu'à la perfection. C'est le cas...[...]...Hittorf...comprenant toute l'importance des études personnelles qui complètent l'enseignement théorique, avide de voir et de savoir, il n'en partit pas moins pour de longs et fructueux voyages au cours desquels il visité l'Allemagne, l'Italie, et la Sicile tout particulièrement qui devait lui fournir la matière de deux ouvrages qui, par la suite, ont fait autorité : l'un sur "l'Architecture antique et moderne" de cette île (1826-1830), et l'autre sur la "Polychromie chez les Grecs (1831)" [G.Gromort, Histoire générale de l'art français de la Révolution à nos jours - Tome II - l'architecture par Georges Gromort. La Sculpture par MM André Fontainas et Louis Xauxelles. Paris, 1922, p. 8 et 9, 62 et 63]
Louis Hautecœur précise le contexte historique - qui est celui de la construction de ce logis à Bors de Montmoreau - dans lequel l'irruption de Jacques-Ignace Hittorff n'est finalement qu'une première conclusion, toutefois très riche pour l'avenir. [Louis Hautecoeur, Histoire de l'architecture classique en France - Tome VI - La Restauration et le Gouvernement de Juillet - 1815-1848. Paris, 1955, p. 228, 229, 230
" La révélation de la polychromie antique : Dès le milieu du XVIII° siècle, Rome avait cessé d'[être considérée comme le berceau des arts. L'étude de Pompéi, de Paestum, la découverte des monuments de la Grèce propre à l'Ionie, les premières publications de l'Egypte avait changé l'horizon des savants et des artistes [...] Les archéologues, après 1815, constatèrent  que les premiers travaux consacrés aux édifices anciens  avaient été rapides et que certains relevés étaient plus pittoresques qu'exacts. Ce fut de l'Académie de France à Rome que sortirent les artisans de la réforme et, par un singulier paradoxe, ce fut le mémoire de Quatremère de Quincy sur le Jupiter Olympien, paru en 1814, qui déclencha le mouvement chez ces pensionnaires...Dès 1815-1820 des symptômes nouveaux se manifestèrent  : en 1817, Huyot voyage en Asie Mineure, en Grèce, révèle Halicarnasse, essaye de classer les monuments égyptiens d'après le style de hiéroglyphes. A son tour, chargé de transformer le Mont Valérien, il propose non plus une imitation du Panthéon mais une église byzantine.
A la même époque, Hittorff révèle la polychromie des monuments antiques...[...]...Hittorff n'était pas le premier à révéler la polychromie des oeuvres antiques. Choiseul, Fougerot et Fauvel avaient déjà observé des traces de couleurs, en 1811 Cockerell et les savants anglais qui fouillèrent Egine...L'intérêt qu'excitèrent ces travaux chez les jeunes artistes... qui tout comme au temps de la querelle des rubénistes et des poussinistes, redoutaient une offensive de la couleur contre le dessin. Les romantiques applaudissaient cette résurrection d'un passé chatoyant...]  

[Pour une monographie sur Jacques Ignace Hittorff : Hittorff 1792-1867 - Un architecte du XIX° siècle - Musée Carnavalet 20 octobre 1986 - 4 janvier 1987 - Une exposition réalisée conjointement par le Wallraf-Richard-Museum, Cologne et le Musée Carnavalet, Paris. Commissaires d'exposition Thomas Von Joest, Claudine de Vaulchier Historiens de l'art. Assistés d'Uwe Westfehling, Directeur de a Graphische Sammlung du Wallraf- Richartz-Museum, et de Jean-Marie Bruson, Conservateur au Musée Carnavalet. Paris, 1986.]

Le cadre historique est planté  

Cette veine architecturale transitoire du logis par le couple escalier/passage se poursuit en plan et en élévation dans le premier tiers du XIX° siècle mais encore avec une nouvelle organisation du complexe domanial : ici avec l'exemple du domaine noble de la famille Le Grelle à Bors-de-Montmoreau - par lequel nous revenons dans le bassin de La Tude en Sud-Charente - dont l'ensemble corps de logis et dépendances est une première fois achevé en 1826 (archives des propriétaires - documents autorisés). 

Pour le sujet que je me propose de poursuivre, je ne retiens de ce vaste et bel ensemble architectural - qui mériterait une étude "personnalisée" - que le Logis.
Le plan que je produis ci dessous est une mise en calque d'un plan de l'état du logis à sa construction qui ne prend pas en compte les modifications modernes. Il m'a été donné par Monsieur Benoît Le Grelle, antiquaire-brocanteur sur le domaine, pour servir cette recherche.  Les détails de construction de l'escalier sont aussi ceux qu'il m'a fournis. Cet escalier est d'origine sauf le dessous de la volée suspendue qui a été garni d'un placard en bois par le grand-père de M.Benoit Legrelle . L'élévation de la façade est une restitution d'après photo  - y compris le chien assis dont M Benoit Le Grelle m'affirme qu'il est d'origine vu l'état des pièces de charpentes qui ne varient pas d'un organe à l'autre, mais pas les persiennes qui seraient peut-être des ajouts plus tardifs et pour lesquels je vais aussi proposer une reflexion -  et les détails ornementaux sculptés des ordres d'encadrement des portes sont ceux encore en place, in situ. Les vantaux de la porte ont été refaits à l'identique me confirme M Jacques Le Grelle. 
Le plan à l'étage est identique à celui du rez-de-chaussée sauf que ce qui est un passage de part en part au rez-de-chaussée devient un couloir éclairé par deux fenêtres à chaque extrémité à l'étage. Dans les deux cas - rez-de-chaussée et étage - la cage d'escalier prend sur le volume gauche à l'extrémité du couloir et non pas à l'entrée comme au Coustal. Au Coustal nous avions un volume architecturé dans le gros oeuvre pour y loger un escalier qui fut modifié, donc un volume potentiellement récepteur de différentes conceptions d'escaliers dont l'évolution a tout simplement suivi de façon très souple les changements de distributions des pièces du XVIII° au XIX° siècles. Au logis domanial de Bors-de-Montmoreau le volume - un des volumes sur les quatre que comporte le plan - n'est pas fermé par la maçonnerie en gros oeuvre mais par la cage d'escalier en pan de bois qui soutient et reçoit un escalier suspendu, tournant en bois (d'origine) qui sert le bâtiment du rez-de-chaussée au comble. Une cave sous le volume droit au fond du passage, est une nouveauté si on considère qu'au Coustal la cave est le résultat de la récupération d'un bâtiment agricole plus ancien. Cependant ce service de la cave est indépendant et se reporte sur le volume adjacent.


Ainsi on voit peu à peu la dissolution architecturale de la cage d'escalier construite en dur et spécifique au bénéfice d'une architecture non appareillée qui conserve tout de même une place en bordure du passage comme elle était apparue au "carré versaillais" (dans les exemples que je propose en étude sur cette page).
L'autre grande nouveauté de ce type de conception c'est que nous n'avons plus un plan spécifique pour le rez-de-chaussée et un autre pour l'étage. L'aspect rationnel de la construction atteint un premier degré de modernité qui sera celle progressivement systématisée du XIX° au XX° siècle et qu'on retrouvera dans toutes les constructions d'immeubles en ciment armé maillé, ourdis (frères Perret 1904).
Plus de balustrade, les cheminées sont construites dans le gros oeuvre des murs extérieurs.
Tout ceci se répercute directement sur l'organisation de la façade. L'abandon de l'idée d'un étage noble valorisé à l'extérieur par des baies plus ornées à l'étage disparaît et la sculpture se reporte au rez-de-chaussée sur la porte d'entrée alors que les allèges, tant du rez-de-chaussée que de l'étage, définissent des cadres intérieurement garnis d'un enduit de même couleur que l'enduit de la façade. Ces cadres intérieurement  enduits sont là comme des récepteurs potentiels de motifs ornementaux complémentaires peints en redistribution sur la façade des motifs sculptés de la porte sertie de pilastres d'ordre toscan (lisses) à chapiteaux ioniques à guirlandes suspendues et retombantes d'une volute à l'autre. En imposte sous corniche nous trouvons un motif fort original de panier composée dont la corbeille conserve les courbes des motifs du siècle précédent.
 Chaque volume du plan engendre ainsi la fonction qu'on lui attribue après construction pour des valeurs ornementales focalisées sur les entrées et potentiellement redistribuées en décors peints sur les allèges.
Les travées architecturées de la façade se trouvent donc réparties à l'identique, de façon sage et géométrique en excluant apparemment les oculi de combles. Apparemment, effectivement, car ces oculi sont creusés chacun dans un bloc monolithe régulier rectangulaire et tous égaux, qui s'inscrivent dans la continuité de la travée, jouant en quelque sorte un rôle de dissolution en amortissement de celle-ci sous la génoise du toit. D'où la remise en question qui peut-être faite d'une travée centrale originale terminée par un chien assis par-dessus la génoise bien que ce chien assis éclaire la porte d'entrée dans la "chambre de bonne" en comble.
Les valeurs ornementales de la façade sont donc repensées dans le même esprit de régularité répétée d'un étage à l'autre du plan en quatre volumes rectangulaires réguliers uniquement perturbés par l'insertion de la cage en pan de bois de l'escalier suspendu.
L'éclairage des combles par des oculi au plus près du plancher du comble est donc maintenu comme une manière de construire qui s'enracine.
Les travées des fenêtres ainsi que tout l'appareillage des portails ont pu être finis par des enduits qui masquaient les joints des pierre appareillées : par mon dessin j'ai donc représenté un pilastre à joints apparents et l'autre avec un enduit. La conséquence serait bien sûr un probable choix de palette des couleurs différentes de celle des matériaux brut et engage une nouvelle réflexion sur la polychromie; voire un enduit imitant la pierre, et ce de façon totalement indépendante de la révolution ornementale architecturale qui s'engage à Paris à l'époque de la construction du logis de Bors-de-Montmoreau dans le bassin de la Tude, mais constitue une base réceptrice importante évidente des mouvements parisiens.

Les huisseries sont aussi des vecteurs de réflexions ornementales et notamment avec l'apparition et la quasi systématisation des fenêtres à grands carreaux et des persiennes. 

A Bors-de-Montmoreau nous avons la chance de voir les deux systèmes de vitres cohabiter de la porte d'entrée principale en façade avant à celle en façade arrière : par le dessin de la porte arrière on devine sans difficulté un vitrage de petits carreaux en imposte. Sur le portail avant par le dessin le brouillage est total car les grands carreaux d'imposte épousent le motif ornemental sculpté répété de la porte en bois vernis ou peint de losanges et fusées. Ce changement des vitrages ont bien sûr un impact sur l'esthétique de la façade et le menuisier des huisseries sait déjà jouer avec les effets qu'il peut en retirer, mais également avancent vers de plus grands rapports des vides et des pleins, des parties vitrées à l'architecture non appareillée qui sera la grande révolution du XX° siècle.
Les persiennes apparaissent aussi, ou se systématisent au XIX° siècle. Auparavant, dans l'architecture soignée, les volets en bois pouvaient être extérieurs mais aussi communément intérieurs pour ne pas altérer des façades rythmées et structurées par des encadrements sculptés (chaînages, réseaux d'héritages gothiques) et par les ordres d'architectures. Le témoignage de l'architecture peinte et de leurre est en ce sens un précieux document pour l'histoire de l'art dans les limites actuelles de l'hexagone. Monaco est un pays souverain mais l'influence de l'art français y fut très sensible à partir du second tiers du XVII° siècle lorsque le protectorat de l'Empire (Espagne) fut très progressivement remplacé par des accords secrets de coopérations avec la France jusqu'à l'expulsion de la garnison espagnole en 1641, sous le règne de SAS le Prince Honoré II. 
 Rendons nous dans la Cour d'Honneur du Palais Princier.

 En 1656, date de la construction de la chapelle palatiale Saint-Jean-Baptiste, l'actuelle magistrale Porta-Maestra n'est pas encore percée et on entre encore dans le complexe palatial par la porte Est en haut des rampes d'accès au Rocher. C'est une oeuvre de S.A.S. le Prince Honoré II (décédé en 1662).
Comme déjà vu avec la première partie de cette rédaction, les châteaux français utilisent le leurRe architectural et fréquemment de faux grands appareils tracés au fer sur l'enduit frais à la chaux, ou postérieurement peint sur enduit sec. Et ce de façon contemporaine à la réalisation monégasque avec l'exemple du château du Théret (reprise du document déjà produit - dans la mesure du possible ne n'utilise que ma propre documentation iconographique en copyright).
Là encore pas de persiennes
sur cette même période historique du second tiers du XVII° siècle, nous avons également vu l'architecture de leurre du "carré versaillais" de ces hôtels réservés à la grande aristocratie dans la ville nouvelle de Versailles construite en face du château, parterre des courtisans grands seigneurs. Nous avons la preuve des fausses fenêtres, de cet étrange circuit de passage en profondeur par une zone obscure intermédiaire où on loge l'escalier, mais nous n'avons aucune indication sur la garniture intérieure. Pour l'équilibre des façades il semblerait normal que les sites des fausses fenêtres soient peints en petits carreaux...
Pour des informations complémentaires sur la polychromie de ces hôtels versaillais, qui corroborent celles des archives du Palais Princier de Monaco on peut consulter : Katherine Burlen, Jean Castex, Philippe Panerai, Patrick Céleste, Catherine Furet, Versailles, lecture d'une ville. Développement morphologique et typologie architecturale de la ville de Versailles. Paris, 1980.

Les plus anciens documents de détails que nous possédons sur cet hôtel versaillais datent de 1680, qui est une période féconde en projets royaux avec l'invention en 1679 de Marly et la construction en 1680 du Pavillon du Roi sur les plans de Mansart, dont j'ai déjà donné l'observation de Louis Hautecoeur sur l'influence du plan centré en croix grecque très probablement plus proche de Chambord que de Palladio à Vicence. 

En revanche cette architecture exceptionnelle des bâtiments qui forment des planètes de constellation depuis le pavillon solaire du roi, qui rayonne avec son plan en croix vers des perspectives peintes, arrive en fin de parcours, toujours selon Louis Hautecoeur, de la présence des Italiens à la cour de France (rencontrant le goût déjà bien installé des français pour les architectures de leurres et ornées de différents programmes peints en trompe l'œil, tant intérieurs qu'extérieurs, et encore autres leurres depuis la période romane au moins et je n'en donne comme exemples admis par toutes et par tous que les très célèbres façades écrans des pays d'Ouest, alors que se profilent de nos jours les plus sérieuses recherches sur d'autres frontispices et portails peints et sculptures en façades des édifices médiévaux. La réalisation du pavillon en totale architecture de leurre peinte sur calicots du roi d'Angleterre à la réunion du camp du Drap d'Or entre François 1° et Henri VIII, en 1520, est une autre pratique de cet art au service des architectures temporaires - dont celles des jardins et de leurs fabriques -  qui seront un des secteurs importants de l'activité d'architecte de J.I.Hittorff au XIX° siècle et qui passeront dans les réalisations civiles et parfois religieuses, voire militaires, des deux derniers tiers de ce même siècle en se répandant sur toute l'Europe). A Marly tous les intervenants sont des artistes français.  Mais suivons Louis Hautecoeur pour ce qui est de la veine moderne installée à Marly en relais de l'héritage médiéval dans l'architecture française : "La décoration accentuait encore le caractère théâtral de la composition. Les petits pavillons étaient construits sur un plan carré...La décoration, oeuvre de Le Brun, variait de pavillon à pavillon, elle consistait en fresques. La manière italienne, qui avait eue si grande vogue en France pendant la première partie du règne (de Louis XIV), se manifeste pour la dernière fois ; le premier peintre, par une sorte de défi aux doctrines de l'Académie, imite les graffiti ultramontains, que durant tout le XVI° siècle, Baldassare Peruzzi, Pellegrino da Modena, Giovanni da Udine, Piero del Vaga, Giulio Romano et les autres élèves de Raphaël et surtout Polydore de Caravage avaient prodigués sur les façades des palais. Le Brun avait déjà en 1667 peint à fresque sur la façade du vieux château de Saint-Germain l'histoire d'Apollon et de Daphné.
    Le pavillon du Roi et deux des petits pavillons furent les premiers à recevoir la polychromie imaginée par Le Brun...[...]...En 1686, Mansart commença près d'Evreux pour le duc de Bouillon, deuxième duc d'Evreux, le château de Navarre...tel le pavillon royal de Marly, formait une masse cubique, décorée de chaînages et de pilastres, et dont le salon central était éclairé par un lanternon. Ce château fur remanié au début du XIX° siècle, lorsque s'y retira l'impératrice Joséphine." [L.Hautecoeur, 1948, op.cit., p. 569 à 574 et 599.


Les persiennes sont exclues de ce type de composition des façades. Les fenêtres sont réelles à petits carreaux structurés par une huisserie en croix latine, voire chrétienne (révocation de l'Edit de Nantes en 1685. L'appel à la mythologie comme symbolique royal tenant la monarchie absolue à l'écart des querelles des religions). L'esprit de leurre de ces fenêtres sur balcon ou très fort garde- corps ne nous permet pas de trancher entre fenêtre et porte-fenêtre en façade sur ce petit pavillon carré puisque la coupe est celle en revers de façade et semble représenter seulement des ouvertures latérales d'un bâtiment qui aurait été très éclairé à moins que certaines des ces baies soient des leurres architecturés. Et quel regard porter sur la coexistence de deux entrées, l'une d'elle pouvant être un leurre peint sur site réel ou factice puisque la coupe ne nous renseigne encore que sur des fenêtre à allèges en  rez-de-chaussée.
Tout est peint en trompe l'œil et tout le réel y est intégré et très probablement nous dépassons là les inspirations italiennes en relais d'us et coutumes plus anciennes, pour créer un autre sens de l'architecture de luxe à la française.

                           Au tout début du XVIII° siècle, nous retournons dans la Cour d'Honneur du Palais Princier de Monaco où S.A.S. le Prince Antoine 1° - après le décès de son père et au début de la guerre de Succession d'Espagne - vient en Principauté après une complète éducation faite à Versailles, dont une formation à l'architecture militaire par laquelle il nous a laissé de magnifiques plans colorés.
Le Prince amène avec lui un architecte Français La Tour qui sera son architecte personnel tout le long de son règne.
La guère commence en 1701 et c'est l'ingénieur Français Guiraud, qui commande depuis Toulon les nouveaux aménagements des fortifications du Rocher.
Nous sommes donc totalement dans une ambiance de l'art royal français et le Prince commande à La Tour une nouvelle façade peinte dans la Cour d'Honneur, en vis-à-vis de celle da la chapelle Saint-Jean-Baptiste avec laquelle elle doit obligatoirement s'accorder, c'est-à-dire elle aussi réalisée en grisailles.
Deux projets sont proposés au Prince sur la même planche dessinée à l'encre. 
Ici le projet d'architecture en trompe l'œil intervient après le remaniement de l'aile Sud-Est de la Cour d'Honneur, celle qu'on ne voit pas par la nouvelle entrée de la Porta Maestra percée sous le règne de S.A.S. le Prince Louis 1°.
Par la planche ci-dessous je me suis livré à un exercice de reconstitutions d'architectures réelles comparées entre l'intervention de La Tour et celle de la fin du XIX° siècle sans ses décors peints.

La Tour présente deux projets qui sont tous deux des progressions des effets ornementaux graduels depuis le Rez-de-chaussée jusqu'à l'attique suivant en cela l'organisation commune des façades des l'architecture française depuis la fin de la période gothique. Ce schéma est toutefois inversé sur les deux niveaux du pavillon royal de Marly ou toute l'ampleur est donnée au rez-de-chaussée. 
C'est-à-dire que, pas plus Mansart que La Tour n'imprime pas au premier étage de valeur d'Etage Noble, contrairement au "piano nobile" de l'architecture italienne. A Monaco ceci est également traduit par la hauteur des fenêtres plus hautes d'un étage à l'autre, suivant en cela le schéma architectural de la maçonnerie en place avant intervention des décors. Soit La Tour trouve là un schéma architectural déjà en place de fenêtres qui gagnent en hauteur au fur et à mesure qu'on monte dans les étages, soit le projet architectural a été composé pour la réception de ce décor peint ?
Sur la partie la plus réduite de la façade il propose un programme plus chargé et plus varié d'une série de baies à balcons ou à garde-corps couvertes en alternances de frontons courbes et triangulaires où les colonnes à chapiteaux corinthiens (ou composites) vont supporter en attique des compositions à guirlandes, alors qu'au premier étage ce rythme était déjà introduit par des bossages à la Philibert de Lorme en relais des bossages rustiques à chainages du rez-de-chaussée.
Ces mêmes bossages du rez-de-chaussée sont remployés en partie la plus large, à gauche, du passage de Porta Maestra. Ils introduisent cette fois-ci des ressauts de bossages plats a effets de pilastres qui se composent avec les chambranles à crosses des baies. Ce système évolue au second étage et les crosses sont garnies de consoles ou modillons en supports de corniches. Au-dessus, sans transition, les bossages plats reprennent leurs droits en encadrements de fenêtres d'attique élargies ou agrandies.
La division des étages est également différente d'un projet à l'autre. Sue la partie droite la plus chargée nous avons d'abord une corniche d'un corps de moulures simple entre le rez-de-chaussée et l'étage, pour une rangée de balcon ou garde corps entre le premier et le second étage. Entre le second étage et l'attique nous avons un simple bandeau plat uni sans décor.
Sur la partie gauche, la partie la plus large, un simple bandeau plat, large et sans décor, divise les deux étages. Enter le seconde étage et l'attique ce sont les corniches plates des fenêtres qui crée une impression de division par un corps de moulures toutefois discontinue.
Les fenêtres d'attiques sont directement reliée au toit sans continuité du chambranle plat à crosses qui court sur les trois autres bordures.
Si on comprend que les balustres en garde corps sont des trompes l'œil qui donnent encore plus d'importance aux baies du second étage, il devient carrément impossible de comprendre ce qui est de l'ordre du décor et du réel dans la garniture intérieure des fenêtres et des portes au rez-de-chaussée.

En tout état de cause il n'y a à aucun moment d'intervention de volets ouverts ou fermés clairement dessinés sur les deux projets.

Comme le fait remarquer Louis Hautecoeur les architectes français ont eu le génie de contourner les rigueurs de l'académie par le leurre architectural et ils ont ainsi fait avancer l'art français vers le style rocaille notamment.
Nous ouvrons une petite parenthèse pour en donner un exemple avec un des projets de Robert de Cotte dessinés pour Castelnovo, pour le Prince de Monaco, avec l'emploi des ordres d'architecture. Nous sommes en 1712. Je reprends un des projets que Robert de Cotte expédie à Monaco pour Castelnovo (présenté plus haut).

Je reproduis ici un extrait de mon texte de thèse doctorale, soutenue en 2001 à Aix-en-Provence, publiée sur ce blog dans l'article
Versailles - Monaco - Carnolès - Menton: présence de l'art français en Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/versaillesmonaco-larchitecture.html

 Il appartiendra au lecteur intéressé de retourner dans cet article (surligner et faire clique droit "aller à" ou faire un copié/collé sur la barre d'adresse) pour avoir un regard complet sur le contexte de cette rédaction qui est celui de la publication en 1650 par François Blondel des Quatre-livres d'Architecture de Palladio et de la création de l'Académie d'architecture par Colbert (1671) qui interdit le recours aux pilastres pliés. Détail de première conséquence pour la vie des formes qui va conduire les architectes français protagonistes du rocaille à des prouesses de subterfuges illusionnistes.
(l'autre veine italienne qui viendra rejoindre le rocaille français ne sera pas assujettie aux même contraintes et ses expressions en seront différentes)

Le lecteur peut aussi faire l'économie de cette étude historico-technique et dépasser ce chapitre écrit dans la même couleur brune.

  L'architecte tourne ainsi le dos à Azay-le-Rideau et récupère la division de la façade de Pierre Lescot au Louvre. L'appel à Pierre Lescot étant clairement établi, de Cotte en exploite l'effet au rez-de-chaussée socle sans apport très nettement affirmé renvoyant ainsi à une autre veine d'inspiration du modèle vers Jules Hardoin-Mansart à la colonnade du Grand-Trianon couronné par une balustrade.
Pierre Cailleteau , plus connu sous le nom de Lassurances, sorti de l'agence Mansart avait bien déjà utilisé  la double veine Lescot-Mansart quatre ans auparavant (1708) avec son hôtel de Bethune ou de Neufchatel. Mais l'importance que Lassurance donnait aux avant-corps restait dans un esprit architectural de claire définition des ressauts en façade, voir d'accent donné à ces ressauts par le doublement des baies, et n'orientait pas résolument son architecture vers une recherche d'effets trompe l'œil. Avec Robert de Cotte "l'idée" de Lassurance se trouve propulsée au rang de véritable chef-d'oeuvre illusionniste : 

suppression du fronton sur l'avant-corps central, resserrement des avant-corps latéraux à une seule travée par arcade, intégration des arcades au rythme linéaire de la fausse galerie par le défilement des moulures d'impostes donnant l'illusion de passer en arrière de la galerie et repris au niveau des arcades, autre corps de moulures ininterrompu mais rythmé par des agrafes accrochées autant aux archivoltes des arcades qu'aux soffite de la corniche sans traduire les ressauts mais au contraire en diminuant les effets de décrochement, ligne faîtière du toit traditionnellement soulignée par des plombs dorés et des amortissements également dorés, jeu des baies inscrites dans des arcades à allures de portes-fenêtres pour faire presque disparaître les effets de ressauts des avant-corps où se glisse le jeu des arcades, avant-corps latéraux malgré-tout soulignés par des chaînes d'angles en refends horizontaux contraires au traitement de l'avant-corps central plus large mais qui s'efface à son tour presque totalement parce que parfaitement intégré par le rythme de la pseudo-galerie que Robert de Cotte articule et différencie d'une façon simple et prodigieuse avec la récupération du rythme linéaire d'effet de galerie ininterrompue réarticulé aux avant-corps latéraux par seulement deux pilastres dans les angles des ressauts ! 

Les armoiries colorées, libérées de leur cadre architectural en fronton, se promènent sur la balustrade assurant la transition quasi insensible, et pourtant forte, entre la façade et le toit. Ces armoiries sont cependant bien stabilisées au centre du bâtiment. Cette ambivalence entre la mobilité des effets et la rigueur absolue de la construction n'est déjà plus une architecture du XVII° siècle et néanmoins cette imbrication des contrastes et des effets ne doit rien à Michel-Ange ni à Palladio. C'est le mariage génialement orchestré des effets illusionnistes et des rapports polychromes, retenus par un appel à un enduit de façade uniformément gris, qui permet à Robert de Cotte de créer là une des plus parfaites réussites de ce que l'architecture française pouvait donner entre la rigueur académique et le changement d'esprit qui s'opèrent à la veille de la Régence sous la poussée montante du style rocaille. Ce sens de la rigueur absolue, dans une société absolutiste, des effets polychromes contenus et maîtrisés par un appel à un enduit uniformément gris (ou visant les couleurs neutres), cette division intérieure de l'espace en petits appartements : c'est déjà de l'architecture Louis XV dont Jacques-Ange Gabriel, en étroite collaboration avec la réflexion du roi, sera bientôt maître d'oeuvre. 

Nous sommes  dans cette ambiance de l'art de Versailles à Monaco, où le Roi à Marly peut se promener dans ses planètes colorées autour de naumachies dans son Olympe.
Est-ce là l'idée qui va conduire S.A.S. le prince Antoine 1°, à créer tout un ensemble polychrome d'architectures peintes sur la place du Palais à Monaco, sur ce Rocher qui domine les éléments maritimes  ?
On a beaucoup jasé sur cette réalisation seulement documentée par deux tableaux peints par Joseph Bressan sous le règne de S.A.S. la Princesse Louise-Hippolyte qui ne régnera  pas toute l'année 1731, après le décès de son père. Elle fut emportée par la maladie.

J'ai cependant découvert dans les archives du Palais une photographie qui en montre quelques bâtiments avant rénovations du XIX° siècle, vers 1860 : cliché detail en composition d'icône avec le tableau de Joseph Bressan.

S.A.S. le Prince Antoine 1° a donc bien fait entièrement peindre en trompe l'œil colorés la place directement articulée à la façade principale de son palais.
Triomphe de l'illusionnisme en trompe l'œil peint de Marly à Monaco sur terrain de réception des projets de Jacques V Gabriel pour Carnoles qui n'ont pas été réalisés mais seulement réinterprétés par La Tour ?
Cette réalisation de place entièrement peinte en trompe l'œil n'a pas d'équivalent connu à cette époque. Elle est donc un témoignage exceptionnel pour l'art français du trompe l'œil et sans doute pour la connaissance de l'oeuvre de La Tour.
Aucun volet ou persienne peinte ou réelle sur ces bâtiments. Les toits plats derrières les murets d'élévation en balustrades, sont tout à fait du modèle de ceux rencontrés par les exemples déjà produits sur cette page.

Ces grandes réalisations royales et princières qui ont abondamment recours aux couleurs, aux trompes l'œil et aux leurres de toutes sortes vont atteindre encore un point culminant au XVIII° siècle avec le
Hameau de La Reine à Versailles
 où tout est en architectures et enduits factices de leurres.
Le modèle directeur étant celui de la ferme normande
Aucun volet ni persienne

La Révolution arrive, 
 intéressons-nous à ce que nous pouvons encore appréhender de cet art dans l'architecture de petite noblesse, bourgeoise, ecclésiastique et du peuple
rural ou urbain.

Sur les petits châteaux des campagnes qui sont souvent des fermes ou pour le moins d'économie agricole on peut par des relevés archéologiques se faire une idée de ce qu'étaient les façades des logis.

Descendre au-dessous du XIV° siècle semble très difficile en matière d'habitat civil.
A partir du XIV° siècle pour l'architecture civile nous avons surtout le témoignage de l'habitat de la petite noblesse qui pouvait être enduit et surtout peint en faux appareils sur enduits de chaux ou réalisé en mélange de matériaux pierres, pans de bois ourdis de brique ou de terre et de paille. 
 Les ornements colorés, outre par les faux appareils ou par les couleurs naturelles des matériaux utilisés, pouvaient apparaître les différentes teintes des huisseries et des poteaux des pans de bois peints. Les enduits, potentiels récepteurs d'ornements peints, pouvaient accueillir divers figures et armoiries qui se retrouveront au siècle suivant, XVI° siècle, comme nous en avons le témoignage par Sylvie Pressouyre avec la maison de Jeanne-d'Arc et autres exemples cités par cet auteur [Sylvie Pressouyre, "l'image de la maison dans la littérature du XVI° siècle". Dans, La maison de ville à la Renaissance - De architectura - Collection dirigée par André Chastel et Jean-Guillaume. Paris, 1983, p. 117 et suivantes.] En dehors des veines ornementales colorées on peut donner quelques exemples de ces façades, en lien avec le début du développement sur ce chapitre :

D'une façon générale le système des fenêtres gothiques ne permet pas l'installation de persiennes ou de volets pleins mobiles extérieurs dans un programme architectural initialement conçu, pour la simple et bonne raison que les ébrasements sont réservés aux sculptures ornementales des portes et fenêtres. Lorsque ces fenêtres évoluent et débordent en riches programmes sculptés sur les murs, l'obstacle est encore plus manifeste :

16° s au Manoir du Lau en Dordogne, 14° s. au Hameau de Beaune en Bourgogne
Toujours pas de volet ni persienne extérieure même lorsque les décors s'appauvrissent comme ci-dessous

La Renaissance précoce ou plus tardive en France reprend les usages médiévaux ou apporte des modes ornementales, architecturales, mais ne laisse pas plus de place aux huisseries extérieures

C'est au XVII° siècle que dans mes répertoires je trouve les persiennes en architecture de leurre. Ce ne sont donc pas des ajouts postérieurs comme sur d'autres architectures de l'époque. 
D'après l'inscription qui est à la disposition du visiteur, le bâtiment est du XVII° siècle et il offre beaucoup de parentés avec le baroque aixois qui n'est pas spécialement connu pour ses huisseries extérieures. Pourtant personne ne peut nier que ces huisseries datent de la construction de l'immeuble. La trace gravée d'une fausse fenêtre nécessaire à l'équilibre de l'architecture en est un témoignage incontournable même si elle a perdu ses couleurs.
Nous sommes à
Vernoux
dans le Vivarais, actuel département de l'Ardèche.
et ce sont des persiennes pleines en petites lames, comme un parquet, assemblées par des fers forgés (leurres) 

En basculant dans ce XVIII° siècle que nous avons vu si riche en évènements ornementaux, en génie architectural de leurre et de trompe l'œil, nous le retrouvons tel qu'en lui même avec son rocaille arrivé à maturité, qui a gagné les rives de la méditerranée mais à 
Lorgues 
en Provence dans le département du Var
ce n'est toujours qu'une illusion 
avec un programme assez extraordinaire au paroxysme de ce que l'architecture fictive française du XVIII° siècle a pu avoir de perfection, hélas en bien mauvais état lorsque je l'ai découvert et photographié. Aujourd'hui il a totalement disparu sauf par son portail sculpté dans la pierre. A t-on cru à des fenêtres postérieurement bouchées ? L'analyse des maçonneries dans les parties qui étaient recouvertes par les stucs en chambranles factices de fenêtres à carreaux peints, prouve que non car il n'y a aucune rupture de maçonnerie correspondant à des ouvertures anciennes. La situation de cet immeuble courbe et étroit avec des baies réelles ouvertes en balcons ou simplement en belvédère sur le panorama en ravin  pour une autre façade de leurre sur la rue au chevet de l'église, est une raison pour avoir donné à cet immeuble une apparence de façade richement architecturée sur rue par laquelle on entre dans le bâtiment par le beau portail sculpté qui fait balcon pour la porte fenêtre de l'étage. A partir de cette combinaison portail porte-fenêtre sur balcon s'enchaînait sur deux niveaux toute une série de fausses fenêtres à chambranles en stucs colorés.

Ici il faut développer l'iconographie pour comprendre

A Lorgues nous n'avons aucune trace de persiennes ni réelles ni fictives sur les ou autour des fausses fenêtres.

Au XVIII° siècle les fausses fenêtres et les fausses portes se rencontrent aussi dans les villages alpins et de préférence par ceux plus tournés vers la France commes les secteurs de la haute vallée de la Tinée et du Var à une époque où ces villages sont intégrés au tout nouveau royaume alpin de Sardaigne, sur les anciens territoires du tout autanttrès artificiel comté de Nice mais plus anciens , en marge de décors peints préférentiellement liés aux baies

Un type d'habitat particulier s'est développé dans les villages alpins surtout construits à partir de la période baroque :
la maison ferme.
 C'est-à-dire qu'un seul bâtiment est à lui seul le lieu des étables, des fenils, des logements agricoles et des lieux de transformation et de séchage/conservation des récoltes, suivant une ordonnance assez immuable des étages sur plan carré, ou préférentiellement carré.
La maison Issautier à Saint-Dalmas-le-Selvage 
1781
sur les bordures sud du Mercantour était certainement particulièrement riche et soignée car elle était extérieurement enduite avec des décors peints
 et des fausses ouvertures, plus un cadran solaire qui est tout de même dans ce régions très fréquent sur ces bâtiments. En revanche le balcon traditionnel des maison alpines de ces régions est absent de cette maison ferme Issautier.
Les persiennes pourraient dater du XIX° siècle car, dans la région, les fameuses persiennes "à la Niçoise" sont une invention de l'administration napoléonienne. Et, ici les persiennes n'ton pas ces deux battants mobiles caractéristiques.

Un autre détail d'ordre ethno-historique est intéressant. A la fin du XVIII° siècle, alors qu'on peint une fausse fenêtre à petits carreaux, on sait, par des témoignages d'auteurs d'époque qui vécurent dans la Haute vallée de la Tinée, que les fenêtres n'avaient pas de vitrage mais qu'on attendait le plus possible dans l'hiver pour garnir ces baies de papiers huilés.
Nous savons aussi que l'unique chambre était réservée "aux vieux" et que le reste de la famille se répartissait dans l'ensemble du bâtiment, voire dans des Nids de bergers aux bonnes saisons, dans les alpages et autour de villages.
Nous avons donc par cette maison-ferme l'exceptionnel témoignage d'un habitat qu'on pourrait qualifier, non sans réserve, de bourgeoisie agricole alpine. Ce qui fait que les autres maisons-fermes ont rarement l'entière configuration architecturale et ornementale associées de la maison-ferme Issautier, sauf le balcon qui manque et qui est généralement le lieu de ventilation des céréales comme on le voit par cet autre document que j'ai photographié dans la haute vallée du Var, également sur les bordures Sud du Mercantour, mais plus à l'Ouest.
En basculant dans le XIX° siècle, dans le même secteur de la haute vallée du Var, sur les bordures Sud-Ouest du Mercantour on trouve à
Péone
 le décor peint et les persiennes associées.
 Le décor peint est un ornement spécifique à ce village et à certains des hameaux environnants. Eux aussi ont tendance à disparaître

Alors qu'en revenant toujours sur les bordures sud du Mercantour, mais en revenant aux sources de la Tinée - affluent du Var - dans la campagne environnante de Saint-Etienne de Tinée nous rencontrons une maison totalement peinte extérieurement en fausses architectures
Cette réalisation - outre le modèle architectural commun avec les campagnes françaises à la même époque comme nous l'avons vu depuis le Moyen Âge depuis Saint-Sulpice-Laurière/ Saint-Sulpice-le-Dunois Yviers jusqu'au Coustal au XIX° s. - est très probablement l'effet de la présence d'un atelier actif dans cette vallée dans la première moitié du XIX° siècle (voire depuis la seconde moitié du XVIII° s. par le témoignage de la maison Issautier un peu plus haut dans la vallée à Saint-Dalma-le-Selvage) où le style et la palette se retrouvent en architectures d'autels peints en la collégiale de Clans, dans la même vallée autour de 1830/40.
Si le trompe l'œil est recherché sans être compris et maîtrisé par l'atelier de la Tinée, à la même époque il l'est tout  fait entre Provence et  Provence Orientale à Saint-Cézaire aux sources de La Siagne, vers la route Napoléon qui conduit en Haute-Provence.

Ces réalisations autour de 1840 dans les Alpes du Sud-Ouest font en quelque sorte transition dans des registres et des styles très différents, voire locaux, entre les décors de Péone (1822) et les avancées d'Hittorf et de Garnier sur un plan national français, avant l'explosion polychrome du dernier tiers du XIX° siècle. 
Mais les persiennes sont absentes des programmes pour des architectures de baies peintes.

On travaille toujours sur les relais de ce qui est localement en place, en traditionnel, avec les modernités parisiennes qui s'installeront de façon beaucoup plus large dans la seconde moitié du XIX° siècle, jusqu'à conquérir l'Europe...

Nous avons vu le domaine français avec la diffusion des veines de l'architecture de grand luxe. Des témoignages similaires dans l'architecture rurale et urbaine plus commune, voire vernaculaire, devraient se rencontrer également dans d'autres régions de l'hexagone et bien sûr en extension dans les pays du croissant alpin où les villages isolés ont développé localement leurs propres sens ornementaux, qui sont hélas souvent en voie de disparition. Des ethnologues ont même pu signaler dans la Maurienne des enduits de maisons à la bouse de vache, qui en fait est un excellent isolant, pouvant être décoré de bouquets de fleurs alpines traduites en décors gravés et peints comme on le voyait encore sur une chapelle de la Haute Vallée du Var au hameau Saint-Pierre mais qui utilise une autre sorte d'enduit local proche d'un gros plâtre rosé,  encore dans le secteur de Péone.
Ces créations de foyers très localisés cohabitent, ou se superposent en strates, avec les grands courants internationaux qui ont traversé l'Alpe du Nord au Sud et d'Est en Ouest, et inversement. Ces échanges qui ont été intenses tout le long du moyen âge jusqu'à la période moderne ont eu de l'importance, ce qui fait que démêler la pelote est un travail de coopération entre l'ethnologie, la géographie, l'histoire, l'histoire de l'art et l'archéologie par des outils iconographiques incontournables comme le dessin (dans ses multiples dimensions) et la photographie qui sont pour les générations qui seront intéressées par ces travaux, les véritables mémoires qui resteront du travail sur le terrain. 
                     Bien sûr j'ai énormément travaillé sur les Alpes et mon travail tout comme mon point du vue s'en ressentent, mais je ne crois pas que la question soit très différente dans les pays d'Ouest. C'est la raison pour laquelle je reprends cette méthode dans mes explorations actuelles pour commencer par essayer de comprendre comment s'est formé le panorama architectural moderne autour de ce bassin de la Tude - axe de pénétration très anciens du Sud-Charente - le plus directement accessible entre dynamiques locales et courants parisiens, courants d'est en ouest, qui sont déjà largement intervenus dans cette étude mais qui viendront aussi se superposer pour clore cette première approche.

Pour une formation vernaculaire des façades caractéristiques du XIX° s. au XX° s. en Charente/Dordogne.
 
Nous avons quitté le Logis du domaine de la famille Le Grelle sur une variante de sa façade avec persiennes alors que des valeurs ornementales architectoniques, sculptées et colorées avait accompagné la poursuite de la veine de l'architecture française principalement par le couple passage/escalier, l'escalier disparaissant, mais pas toujours, lorsque le bâtiment était réduit à un seul rez-de-chaussée sur socle ou sur étage en entre-sole et combles perdus sous des toits qui disparaissaient derrières de façades couronnées de balustrades et qui les perdirent par la suite.

Toutefois le génie architectural avait trouvé les solutions pour maintenir ces évolutions stylistiques dans des voies d'élévations compatibles avec le service attendu des bâtiments.
         La tradition ancestrale française du recours au leurre et au trompe l'œil depuis la période romane, au moins, au moment où le couple escalier/passage naissait ou s'installait résolument pour servir les monuments, et, partant des édifices religieux qui ont été les principaux moteurs de l'invention technologique en matière de bâti dans l'architecture française, nous avons naturellement basculé, toujours par ruptures et retours jusqu'à ce que ces retours aient tendance à se réinstaller dans l'architecture civile. Installation qui se fit par de multiples voies de façon quasi permanentes ou en schémas très forts qui reprirent systématiquement une évolution qui a pu sembler continue ou discontinue des périodes romanes, gothiques jusqu'au monde moderne et ce quelque soit le type d'escalier, jusqu'à la dissolution progressive de la cage d'escalier architecturée en dur pour laisser la place à d'autres souplesses d'adaptations des plans dont le Logis de la famille Le Grelle à Bors de Montmoreau est un aboutissement sur une période qui croit, par ses théoriciens, faire repartir le sens ornemental coloré du bâti alors que la recherche historique par le simple thème de la persienne sur plusieurs points géographiques en démontre tout le contraire, revenant sur la réflexion de Georges Gromort en début de cette expérience que je viens de mener et que j'entraîne ici dans la réflexion de l'histoire architecturale de l'art français.

Le point de vue théorique de reprise des valeurs ornementales exposé par Louis Hautecoeur est donc un point de vue théorique tout autant que le seront les interventions de Charles Garnier à l'Académie en 1850, en relais des travaux de Jacques Ignace Hittorff principalement. Mais ce point fort de Louis Hautecoeur conserve toute sa valeur, tout autant que celui du Charles Garnier, et il nous appartient de nous en emparer pour le comprendre et comprendre pourquoi il a une telle importance pour l'avenir de l'architecture française et européenne du XIX° au XX° siècles.

A partir de ces points de vue théoriques, auxquels participe également de façon parfois contrastée Quatremère de Quincy, de nouvelles voies seront explorées par les architectes parisiens qui vont créer de nouvelles voies esthétiques possibles par le leurre et la couleur mais sur le fond le principe reste le même d'une architecture illusionniste d'apparence, celle que Charles Garnier va diffuser sur la Côte d'Azur à partir de la Bodighera jusqu'à Monte-Carlo  pendant et encadrant en quelque sorte les restaurations du Palais Princier de Monaco qui feront successivement appel à un peintre monégasque (Philibert Florence) puis aux peintres et ornemanistes français (après avoir rejeté la participation du peintre aixois Richaud on passe aux peintre parisiens Murat puis Carbillet) et ensuite allemand (Wagner puis Fröschle et Deschler) n'ayant trouvé personne en Italie pour mener à bien ces restaurations de décors peints extérieurs de la Cour d'Honneur. C'est aussi à partir des restaurations du Palais Princier de Monaco que les premiers magasins de couleurs arrivent sur la Côte à Menton et qu'une main d'oeuvre locale se forme, souvent d'émigrés de la Péninsule -Vénétie et Piémont attirés par la richesse soudaine des dons de Napoléon à la Côte d'Azur (Menton étant rattaché à la France en 1861). A partir de là les veines parisiennes arrivent sur la Côte par la construction de la voie de chemin de fer, l'installation de stations balnéaires avec la clientèle du tourisme d'hiver et d'été, la riche clientèle qui fait construire de belles et somptueuses villas seulement quelques années après le rattachement du comté de Nice et de la Savoie à la France sur fond de création du royaume d'Italie: les populations locales adoptant ces nouvelles voies ornementales de leur nouvelle identité nationale et les transposant dans leur bâti traditionnel enduit, les intégrant aux veines ornementales sporadiques qui étaient les leurs avant ce phénomène, en foyers "populaires" dispersés dans les villages qui avaient déjà amplement adopté les différents courant culturels qui avaient traversé les Alpes depuis le Moyen Âge.

Des architectes niçois comme Biasini qui construira la première villa palladienne avec terrasse à programme peint à Nice, ont été formés à Paris aux écoles ornementales dont celle très idéalisées de la beauté de Quatremère de Quincy. 

Ces phénomènes diffusent aussi par les revues d'architectures qui bénéficient des innovations de l'impression colorée à partir de l'invention de la chromolithographie (la représentation de l'Alhambra à Grenade en étant la toute première) et les publications à l'usage de l'industrie architecturale ornementale, dont celle des céramiques et des papiers peints qui bénéficient des inventions du cercle chromatique de Chevreul pour l'industrie textile. Les modèles de décors sont décryptés en gammes de pochoirs par formes et couleurs pour une utilisation simplifiée des modèles par les ornemanistes du bâti. Ces inventions et ces secteurs d'activités conjugués vont enflammer l'Europe avec des points forts qui vont se créer et qui arriveront à maturité pendant la courte période Art Nouveau qui est aussi le terrain d'éclosion en France des mesures administratives des arts sociaux et de l'art de décorer les maisons.

Cette seconde voie ornementale parisienne, et presqu'aussitôt européenne, va venir aussi s'installer en Charente/Périgord et pour ce qui nous concerne sur cette zone "frontalière" ou d'articulation qu'est le bassin de la Tude : c'est la seconde présence importante de configuration du patrimoine architectural vernaculaire, ou important visible sur cette région.

Mais revenons d'abord à la voie architecturale du couple escalier/passage avec le logis domanial de la famille Le Grelle à Bors-de-Montmoreau. 

D'une nouvelle évolution du plan pour une  nouvelle progression de façades



dernière étape avant la
Formation d'une des voies de l'architecture du XIX° au XX° siècle, 
caractéristiques de la Charente
à la Dordogne

Je vous propose de faire comme moi : au hasard d'une ballade, d'une marche dans cette magnifique campagne du bassin de la Tude articulé avec le Périgord Vert, avec ses beaux villages, en rencontrant des habitants d'une extrême courtoisie, je rencontre par la même occasion des bâtiments et des gens
dont les résidants de L'Houme qui me dirigent vers Françoise et Paul Mauget propriétaires de cette petite maison si intéressante pour la suite de mon sujet et pour son articulation avec les structures et des valeurs ornementales que nous voyons évoluer entre Périgord-Vert et Sud-Charente depuis le XVIII° siècle.
Cette maison sur un domaine privé est présentée avec l'autorisation des propriétaires que je remercie.
J'use de contraste et de continuité, le lecteur l'aura compris, avec Le Coustal en Périgord Vert et le logis de la famille Le Grelle dans le bassin de la Tude à Bors-de-Montmoreau en Sud-Charente.
Si on pousse le sujet plus loin par de petits bâtiments de tradition on remarque, et c'est là le point de plus intéressant de ce sujet, que même si les valeurs murales en façade de comble sont plus développées que les fenêtres, que ces dernières sont toujours articulées par les appareils réguliers de structures de la façade au raz des planchers comme ci-dessous à la ferme du Maine, toujours sur le même secteur géographique. Cette maison est celle d'une ferme d'un domaine seigneurial. Je remercie son propriétaire, Monsieur Clément Beuselink-Doussin pour cette autorisation à accès sur son domaine et à publication de cette maison, ainsi que sa famille et principalement Jean et Margueritte Des Courtils, chevilles ouvrières de cette rencontre, premièrement contactés pour ce sujet par Monsieur Yves Foucaud.
 En allant encore plus loin dans les manières de construire qui se sont installées en coutumes vernaculaires à partir, sur cette page, du vecteur Le Coustal/Logis de la famille Le Grelle/ L'Houme/Le Maine, on en arrive aux bâtiments agricoles
Mais cet exemple n'est pas une fin en soi, puisque les bâtiment à plusieurs étages des champs, des villages et des villes sont aussi de cette famille,
modestes au plus cossus, et même colorés par de beaux enduits comme à L'Houme.
REVENONS DANS NOS CAMPAGNES, 
et laissons ces façades trop blanches que vont bientôt noircir les vapeurs des trains et des automobiles,

avec le "rouge pompeien"
"Un sujet aussi délicat, et aussi neuf en France, que l'histoire de la peinture dans l'antiquité eût exigé de longs développements et l'appareil d'une érudition s'étalant à l'aise ; mais ci la brièveté était nécessaire; il fallait, de plus, s'interdire les démonstrations savantes, tout ce qui rebute le lecteur peu familier avec les instruments et les méthodes de l'archéologie contemporaine"
Ainsi Paul Girard, ancien membre de l'Ecole française d'Athènes, Maître de conférences à la Faculté des lettres de Paris, débute son étude sur la peinture antique.
[cf. Paul Girard, La peinture antique. Paris, 1892. Pour mémoire les études d'Adolphe Reinach sur la peinture antique, terminées en 1914, ne sont publiées qu'en 1921. Cf. reédition moderne: Adolphe Reinach, Textes grecs et latins relatifs à l'histoire de la peinture ancienne - Recueil Millet - Pulbiés, traduits et commentés sous le patronage de l'Association des études grecques - Avant propos de S.Reinach - Introduction et notes par Agnès Rouveret. Paris, 1985.]
Nous voyons par cet exemple que la couleur des bâtiments peut avoir une fonction sociale de référence savante et même une fonction de prestige puisque le "rouge pompéien" qu'on découvre à la fin du XIX° siècle, et qui sera la première couleur intérieure du célèbre hôtel Negresco à Nice dont la construction débute en 1913, fut aussi celle de la première publication en couleur en 1840 : l'Alhambra de Grenade dont le nom signifie "la Rouge"... [La Revue Générale d'Architecture dirigée par César Daly, N° de 1840. Repris par Marc Saboya, Presse et architecture au XIX° siècle - César Daly et la "Revue Générale d'Architecture et des Travaux Publics". Paris, 1991].
La façade à cinq travées
qui déploie tous ses trésors vus et cachés a pu se réduire à celle de trois travées et porte centrale, peut se réduire encore à trois travées avec porte centrale à chambranle à faces de référence ionique,
allant vers
une seule pièce en rez-de-chaussée surmontée d'une petite fenêtre d'éclairage de comble au rez-de-chaussée des habitations villageoises, comme vu plus haut.
Mais si elle peut tout aussi bien se réduire dans le sens vertical en ne faisant plus que trois ou deux travées, la porte peut être repoussée sur une bordure de la façade et principalement vers la droite. Les valeurs ornementales peuvent aussi tourner le dos à la couleur pour retourner vers la très bourgeoise sculpture de pierre sur la rue, là où on la voit quand on est d'une certaine classe sociale
Et, coupée en deux, elle peut se débarrasser de tout ornement coloré ou sculpté et effectuer un nouveau virage vers les classes sociales plus modestes ou aux références culturelles moins ambitieuses


La persistance du bâti vernaculaire intégré aux nouvelles tendances architecturales et ornementales de ruptures




Les modèles diffusés par les revues et les revues d'architecture

La diffusions des revues commence surtout dans la seconde moitié du XIX° siècle, c'est-à-dire à une époque où l'essentiel de l'éclectisme architectural et ornemental du XIX° siècle arrive à un première maturité et que les effets des publications d'Hittorff et des interventions de Charles Garnier ont des échos. Aussi ces revues diffusent-elles à la fois une synthèse de ce qui les précède et de ce qui se fait de façon contemporaine et ce sont plus les textes qui accompagnent les images en noir en blanc que les images elles-mêmes qui laissent libre court aux choix des couleurs et des formes du projet qu'on est en train de projeter si on est l'architecte ou de recevoir si on est le client.

L'église et le château, les deux grands piliers de la construction de la civilisation occidentale et principalement en France, sont bien sûr principalement exposés à la "reconstruction" du royaume après la Révolution et la chute de Napoléon Bonaparte.
Le néogothique principalement, sert autant l'ancien régime à renouer, à rafistoler, les bases de son pouvoir au sein de la société industrielle qui commence à tout bouleverser mais qui porte en haut de l'échelle sociale toute une génération de grands patrons et de financiers qui, s'ils n'ont pas été anoblis par Napoléon 1° comptent bien l'être par Napoléon III.
Cette société qui découvre toute la richesse de son passé et qui rêve d'Olympes à venir, est un chaudron bouillonnant et l'éclosion de la presse va servir toutes ses ambitions, toutes ses déclinaisons, toutes ses révolutions.
Et ses révolutions passant par les symboles de leurs pouvoirs.

Si les premières revues illustrées donnent des gravures des paysans bretons pour représenter toute la classe paysanne et rurale, par J.J. Rousseau depuis le XVIII° siècle, et surtout par George Sand, le monde rural devient un nouvel univers de choix pour la culture de cette nouvelle classe bourgeoise qui en dompte promptement les misères pour en faire un nouvel outil de sa richesse et de sa culture en trompe l'œil : quel écrivain était plus riche au XIX° siècle que l'auteur des Misérables ?

 Le château et le château historique va se trouver prioritairement exposé aux sélections des images des premières revues en noir et blanc
Le brique et pierre est dès lors un matériaux noble puisqu'il a construit les châteaux des Rois.
Vieux ou nouveau nobles peuvent faire construire tous leurs rêves
et les revues diffusent, mais diffusent dans la classe bourgeoise, celle qui sait lire et écrire, celle qui a de l'argent.
Cette classe argentée devient aussi le vecteur de la déclinaison des grands modèles en réalisations plus modestes mais toujours tout autant représentatifs de leur statut social
Alors les classes plus modestes s'en emparent à leur tour et contribuent au succès unilatéral du style, et
 cela va très vite
Le style étant installé dans de nombreuses couches sociales, l'école y contribue indirectement depuis la Loi du 28 mars 1882 sur l'Ecole Publique de Jules Ferry

il peut désormais vagabonder
sur les voies du chemin de fer
 du haut en bas et du bas en haut
Jusqu'à enrichir ses répertoires : les façades deviennent alors les ostentations des jeux ornementaux savants de l'architecte qui commence à collaborer avec l'ingénieur où le trompe l'œil y prend discrètement mais très efficacement sa place. 

Les revues d'architectures contribuent à cette imagination ornementale en ne publiant qu'en noir et blanc, et par l'imagination colorée libérée permettent ainsi de se glisser dans le style jusqu'à la création d'un autre style ou à la récupération de ce qui n'avait pas encore été publié.
La diffusion des modèles par les revues n'intervient pas toujours aux dates des créations des modèles d'architectures - de le problème se pose un peu différemment puisque la photographie a remplacé la gravure  - mais assez souvent de façon rétroactive. C'est un phénomène dont il faut tenir compte, surtout lorsque nous n'avons pas la date de construction du bâtiment ciblé  
Sans avoir la date de construction de cette maison du quartier de la gare à Chalais nous comprenons des enrichissement des sources ornementales que l'industrie est désormais prompt à fournir, et que le peintre est tout aussi prompt à imiter, voire à participer à sa propre évolution
Le château qu'on avait perdu de vue ne s'en laisse pas compter
et réclame lui aussi sa part d'ornements colorés industriels :
et ce qu'il amène avec lui d'appel aux productions industrielles polychromes vient nuancer d'autres sources vernaculaires 
dont celle des ornements de toitures en motifs géométriques aussi traditionnels au Sud-Charente comme on le voit encore sur la petite église de Saint-Avit,
mais ces ornements de tradition en toiture ne sont pas en tuiles vernissées,

Ailleurs au moment où s'opère ces fusions entre traditions et modernités de l'industrie de la céramique ornementale polychrome monumentale de la seconde moitié du XIX° s. c'est Art Nouveau
 qui récupère les procédés de carreaux de céramiques industrielles colorés, en programmes ornementaux de façades complètes 
 préconçues par les bureaux d'études des fabricants. 

Le discours qui doit définir les compétences de l'architecte et de l'ingénieur est engagé dans le numéro du 26 octobre 1889 de la Construction Moderne, mettant en avant des cas observés d'architectes qui oublient les escaliers. Cet article de trois pages sur doubles colonnes d'un grand format de revue (34 x 26), est suivi d'un article sur L'Ecole des Beaux Arts et d'un "jugement de 1° classe" du 17 octobre

L'ingénieur devient donc le nouveau partenaire de l'architecte et si on essaie au départ de définir les taches entre l'artiste et le technicien, les deux fonctions vont vite devenir deux secteurs d'activités indissociables dans le bâti moderne dès le dernier tiers du XIX° siècle, comme Jean-Jacques Gloton l'avait déjà souligné dans un article de 1956 préfacé par André Chastel L'architecture en France autour de 1900 [ repris dans le symposium de l'Association des professeurs d'archéologie et d'histoire de l'art - "Cadres régionaux, cadres interrégionaux en histoire de l'art" IV dans le N°1 de "L'information d'Histoire de l'Art" publié en 1959 ] Les voies ornementales seront de plus en plus élaborées par des productions industrielles, ou des outils de la réflexion industrielle entre les théories de Chevreul sur la couleur, les découpes des interventions colorées en pochoirs/poncifs et les moulages prêts à l'emploi, contribuant très largement à l'explosion des voies de l'architecture colorée standardisée qui alimenteront également les théories des "Arts sociaux" et de "l'art de décorer les maisons" [ qui est bien sûr guidé par les publications et les productions de l'industrie ornementale] de la période Art Nouveau, soit autour de 1900, tout cela éparpillé partout en France et en Europe et massivement réalisé sur la Côte d'Azur qui se construit presque totalement de neuf avec beaucoup de moyens depuis les énormes dotations de Napoléon III après le rattachement du Comté de Nice à la France et l'hégémonie monégasque depuis la Princesse Caroline et son fils S.A.S. le Prince Charles III, dont l'administration recherchait de véritables artistes créateurs et exécuteurs de leurs modèles pour les restaurations de la Cour d'Honneur du Palais à partir de 1857 alors que le comté de Nice n'était pas encore rattaché à la France, pas plus que les villes de Menton et de Roquebrune où les lotissements de maisons, palaces de l'industrie touristique et immeubles colorés vont brutalement ou peu à peu surgir, exploser à partir du dernier quart du XIX° siècle et surtout à partir de 1900.
et ailleurs, toujours sur la même période Art Nouveau, en programmes artistiquement peints en pochoirs et modèles répétitifs linéaires sur un modèle architectural adapté, eux aussi conçus par d'autres mains, peut-être sur d'autres sites, chassant totalement les héritages vernaculaires complètement obsolètes face à la demande de cette nouvelle clientèle qui se diversifie du grand au petit bourgeois aux grandes et petites fortunes, localement enrichies ou venues d'ailleurs.
En étais de recherche scientifique, parmi d'autres, ces décors moulés prêts à l'emploi qu'on peut commander sur catalogues, les premières ventes sur catalogues, et qu'on vous expédie par le chemin de fer où que vous soyez, tout comme Gustave Eiffel vendait ses architectures/structures par "kits" de montages
Plus nous franchissons la période art-nouveau et plus nous entrons dans l'univers industriel des modèles prêts à l'emploi ou des moulages commandés sur mesure, insérés dans la façade sans forcément être intégrés au décor peint, mais pouvant l'être,  et le pochoir suppléé du poncif qui servait à l'ornemaniste à décrypter les modèles du papier peint et autres répertoires de fantaisies ou d'imitations d'appareils [brique et pierre mais aussi bois et pans de bois, céramique et... et leurs sculptures dont la publication du Traité élémentaire d'architecture comprenant l'étude complète des cinq ordres - Le tracé des ombres et les premiers principes de construction de Pierre Esquié en 1897 est un outil descriptif qui fut très largement employé]  pour les reproduire en mètres linéaires répétés, plus les ornements se schématisent, voire changent d'expressions comme ici au lotissement de La Montagne Verte, à Chalais sur la période Art-Déco
 L' architecture civile vernaculaire Charente-Périgord est née au XVIII° siècle de l'évolution du bâti sous la double dynamique de l'escalier et du passage, de l'architecture romane des églises à l'architecture civile de la petite noblesse du XV° siècle. Cette évolution au sein de bien des méandres et vagabondages de l'architecture française, poursuit son inexorable trajectoire jusqu'au XVIII° siècle où elle commence une dernière mutation qui passe par le premier tiers du XIX° siècle pour si installer jusqu'au XX° siècle. Mais cette veine, à peine ancrée partout dans les villes et les bourgs et les campagnes de la Charente au Périgord Vert, a dû peu à peu s'intégrer aux nouveautés des grands architectes parisiens parfois académiciens, aux idées relayées par l'industrie, diffusées par la naissance de la presse illustrée avec ses revues, créant un nouvel état culturel assez brutal mais à prétention impérialiste qui nous amène à croire que le "Street Art" avec ses écritures scandées de la période cubiste dite "brakes" est une création alors que ce n'est qu'une nouvelle répétition d'un art séculaire, commun à toutes les civilisations, chacun la faisant évoluer à sa manière, transformé par l'utilisation de nouvelles peintures transportables en aérosols comme la création des peintures en tubes avait conduit le pleinairisme jusqu'à l'impressionnisme et ses ruptures du XX° siècle. Que devons-nous attendre de tout cela alors que l'architecture de verre triomphe partout depuis les années 1990 ...Les grands carreaux des fenêtres du Logis du domaine de la famille Le Grelle...


Passons directement à la présentation de l'église de
Bors-de-Montmoreau avec un nouvel article, une nouvelle page de ce blog

Pour reprendre cette évolution voir sur ce blog 
Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html

Pour les autres études du blog qui accompagnent cette progression de fin d'étude de l'escalier de Rioux-Martin, voir sur ce blog :

Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle - Archéologie Médiévale
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html

Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html

Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale

La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html 

Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html

Autour de 1500 et sur les premières années du XVI° siècle on retrouve ces escaliers
 en emploi en l'église d'Yviers
Mais d'un côté l'escalier en vis avec un accès par un petit passage démarrant à l'intérieur de l'avant-chœur-tour-de-cloche, et de l'autre la volée droite intra-muros pour accéder à une tribune en revers de façade occidentale à portail de la Première Renaissance Française..


Fin d'étude




Prochaines articles



Bors de Montmoreau






Poullignac




_ Pour un retour en lien
avec quelques articles sur les 148 de ce blog, qui présentent des œuvres, des approches d’œuvres et des artistes
For a return to links
with some 148 articles on this blog, which exhibit works of art and the artists approaches
Pour aller directement sur les articles ou pages, vous pouvez utiliser deux chemins, le clic direct ne fonctionnant pas :
1: Surlignez la ligne http ou le titre de l'article qui vous intéresse, puis faites un copier/coller sur la barre d'adresses en haut de page;
2 : surlignez la ligne http, puis clique droit, et sur la boite de dialogue qui s'ouvre allez à la ligne " accédez à la http..."

c'est simple et vous pouvez le faire avec autant d'articles que vous le souhaitez. 
Pour les autres articles encore non inscrits sur la liste ci-dessous vous pouvez allez à droite de la page sur "moteur de recherches" ou "archives du blog" en cliquant sur l'année et le mois qui vous intéressent. 

Bonnes lectures et bon voyage dans les merveilles de l'art, le plus souvent totalement inédites et toujours parfaitement originales à l'auteur de ce blog.
C'est aussi un blog d'informations, de culture et de voyages

Sommaire/Editorial
(le blog est sous copyright) 

Les Mots d'Azur au château de Mouans-Sartoux - Saison 2017-2018
https://coureur2.blogspot.fr/2017/10/les-mots-dazur-au-chateau-de-mouans.html

  Les mots d'azur au printemps des muses - suite 2016/2017 des soirées au Château de Mouans-Sartoux
    http://coureur2.blogspot.fr/2017/05/les-mots-dazur-au-printemps-des-muses.html

Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie
saison 2016-2017
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/des-poemes-sur-la-riviera-aux-couleurs.html

Festival du Livre à Mouans-Sartoux avec les Mots d'Azur
 - 6-7-8 octobre 2017
https://coureur2.blogspot.fr/2017/10/festival-du-livre-de-mouans-sartoux.html

Festival du Livre à Mouans-Sartoux - 7-8-9 octobre 2016 - avec Les Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/10/festival-du-livre-de-mouans-sartoux-7-8.html

Rencontres maralpines de Poésie - Mots d'Azur 2015-2016
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Marie Gay - Pierre-Jean Blazy - Auteurs et Editions - Fondateurs des Mots d'Azur - Marie Gay -
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Psychiatrie - Une histoire et des concepts - l'humain et l'art en enjeux
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Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie
saison 2016-2017
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Jean-Marie Bouet - Fresselines/Larzac - de la poésie aux planches au festival de Fresselines, au Larzac
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Renata- Sculpture contemporaine
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Renata - Pierre Cardin Lacoste - Moulin de Sade - Lubéron 2015
http://coureur2.blogspot.fr/2015/07/renata-pierre-cardin-lacoste-moulin-de.html

Renata - Akira Murata - Espace Auguste Renoir à Essoyes
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Renata chez Pierre Cardin - Le regard de Lydia Harambourg Historienne et critiques d'art, correspndans de 'Institut des Beaux Arts de l'Académie de France
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Mag-Bert ou la peinture mnémonique de gestualité figurative
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Claude Peynaud - Clichés et antithèses...
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Claude Peynaud - Jogging - Méthode d'élaboration d'un Jogging
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Claude Peynaud - Le don de l'aïeule
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Claude Peynaud - Une théorie de Construction
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Alliot - Vincent Alliot - Visite d'atelier
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Rémy Pénard - Art et souvenirs autour de Pierre Courtaud
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Sally Ducrow l'année 2018 - en suivant le chemin de l'aventure internationale de Sally Ducrow
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CREPS - Boulouris-Saint-Raphaël - Land Art - Sally Ducrow invitée d'honneur
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Sally Ducrow : poésie plastique contemporaine
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La pochade - Pierre Marchetti et l'art de la pochade.
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L'impressionnisme tardif par les souvenirs de Pierre Teillet - Du plainarisme romantique au
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Sophie Marty Huguenin, sculpteur et le marché de Noël à Biot - Les crèches de Cannes - Le partage du pain du père Guy Gilbert
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Aux aurores de la peinture moderne et contemporaine occidentale - Giorgione - Les Trois Philisophes
http://coureur2.blogspot.fr/2017/03/aux-aurores-de-la-peinture-moderne-et.html

La décoration intérieure ou la démocratie de l'art
https://coureur2.blogspot.fr/2012/11/wall-painting-fast-track-collection-une.html

Magda Igyarto - Vibrations et expériences de la matière : du visible à l'indicible et de l'indécible au dicible - Peintre, poète et sculpteur
https://coureur2.blogspot.fr/2018/01/magda-igyarto-vibrations-et-experiences.html

Pour ceux qui aiment jouer aux experts 

Vrai ou faux - Houdon ou Houdon
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/houdon-ou-pas-houdon-jouez-lexpert-en.html

Vrai ou faux - Un tableau inconnu de la Renaissance
https://coureur2.blogspot.fr/2013/01/un-tableau-inconnu-de-la-renaissance.html

Vrai ou faux - Traduction originale du manuscrit de Qumram sur la mer morte ( en cours)
https://coureur2.blogspot.fr/2015/01/vrai-ou-faux-traduction-originale-du.html

Pour ceux qui aiment la recherche en académies de nus - modèles vivants
Nus 2015
https://coureur2.blogspot.fr/2015/03/nus-2015-nackt-2015-nude-2015-2015-2015.html
Nus 2014-2015
https://coureur2.blogspot.fr/2014/09/nus-2014-2015-abac-modeles-vivants-nus.html
Nus 2013-2014
https://coureur2.blogspot.fr/2013/09/nus-2012-2013-abac-nus-2012-2013-2012.html 
Nus 2012-2013
https://coureur2.blogspot.fr/2012/10/nus-abac-20122013-associations-des.html

Et pour ceux et celles qui aiment l'archéologie et l'architecture
voici encore un échantillon de mes recherches sur ce blog
And for those who love archeology and architecture
Here again a sample of my research on this blog

L'ancienne église Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/monaco-ancienne-eglise-saint-Nicolas-le.html

Techniques et vocabulaires de l'art de la façade peinte
http://coureur2.blogspot.fr/2012/08/un-tour-dans-le-massif-central.html

Les Vecteurs Impériaux de la polychromie occidentale
http://coureur2.blogspot.fr/2012/06/philippines-les-Vecteurs-imperiaux-de.html

Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html

Histoire de la Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/07/histoire-de-la-principaute-de-monaco.html

Le Palais Princier de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/palais-princier-de-Monaco-palais-of.html

Versailles - Monaco - Carnolès - Menton: présence de l'art français en Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/versaillesmonaco-larchitecture.html

Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html

Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale
http://coureur2.blogspot.fr/2013/02/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html

Des cérémonies et des fêtes Autour de Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/des-cérémonies-et-des-fêtes-Autour-de.html

Langages de l'art contemporain - répétition, bifurcation, ...
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html

La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte (1° partie) - des édifices civils dans les Alpes-Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html

Façades peintes - édifices civils du sud-ouest des Alpes - 2° partie - XX° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2015/01/facades-peintes-edifices-civils-du-sud.html

Aspects de l'évolution des seigneuries historiques de la Principauté de Monaco à travers quelques 
exemples d'architectures polychromes ponctuelles.
http://coureur2.blogspot.fr/2016/01/aspects-de-levolution-des-seigneuries.html

                                                                  
Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html


1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html

2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html


3° partie - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html

Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et  des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html

Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html

Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/06/maisons-tours-et-donjons-tours.html

Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/10/curac-les-enigmes-de-son-chateau.html

Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html

La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html


Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France -
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html 

Maisons alpines d'économie rurale (Alpes-Maritimes)
https://coureur2.blogspot.com/2011/11/maisons-alpines-deconomie-rurale.html

Pour ceux qui aiment l'iconologie, et l'iconographie
For those who like iconology, and iconography

         Autour du rocaille. Dessin préparatoire d'étude - Le jugement de Pâris
             https://coureur2.blogspot.com/2011/07/dessin-preparatoire-pour-une.html  

La Véronique - Image ou non de la représentation
http://coureur2.blogspot.fr/2012/12/la-veronique-de-la-legende-lart.html 

Langages de l'art contemporain - Répétition ordinaire - Bifurcations - Translation...
https://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html

Fête de la musique à Nice - Place Garibaldi à Nice - Exposition d'artistes Polonais
https://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-fete-de-la-musique-expositions.html

La Mourachonne à Pégomas (exercice de recherche iconographique)
https://coureur2.blogspot.fr/2012/05/la-mourachone-pegomas-nouvelles.html

Cannes en 4 perspectives albertiennes recomposées - dessin panoramique à la mine de plomb
       https://coureur2.blogspot.fr/2018/02/cannes-en-4-perspectives-albertiennes.html 

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Pour ceux qui aiment la poésie et qui en plus, comme moi, la reconnaisse comme la mère de tous les arts y compris de l'art contemporain
For those who love poetry and more, as I recognize it as the mother of all arts including contemporary art

Rencontres maralpines de Poésie - Mots d'Azur 2015-2016
http://coureur2.blogspot.fr/2015/09/rencontres-maralpines-de-poesie-et.html

Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie 2016-2017
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/des-poemes-sur-la-riviera-aux-couleurs.html

Pierre Courtaud - Magazine - Un écrivain, un éditeur un poète, un chercheur en écritures - Un spécialiste de nombreux auteurs.
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/pierre-courtaud-magazine-un-ecrivain-un.html

Henry Chopin et la bibliothèque de Valérie Peynaud
http://coureur2.blogspot.fr/2013/12/henri-chopin-et-la-bibliotheque-de.html

Cannes -1° nuit de la poésie et de la musique au Suquet - 21 juin 2014
http://coureur2.blogspot.fr/2014/06/cannes-1-nuit-de-la-poesiefete-de-la.html

 2° nuit de la musique et de la poésie - Cannes 21 juin 2015
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/2-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-au.html

3° nuit de la poésie et de la musique  au Suquet- Cannes Moulin Forville le 21 juin 2016
http://coureur2.blogspot.fr/2016/06/3-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-du.html

Golf-Juan - Performance poétique - Brigitte Broc - Cyril Cianciolo
http://coureur2.blogspot.fr/2015/03/golf-juan-performance-poetique-brigitte.html

Marie Gay - Pierre-Jean Blazy - Auteurs et Edition(s) - Fondateurs des Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/marie-gay-pierre-jean-blazy-auteurs-et.html

De Vallauris à Cannes - Le Printemps des Poètes sur la Côte d'Azur avec Les Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/de-vallauris-cannes-la-cote-dazur-en.html

 Christophe Forgeot : Poète  - Poésie - Poème
http://coureur2.blogspot.fr/2014/09/christophe-forgeot-un-poete.html

Zorica Sentic - Poète-romancière Franco-Serbe
https://coureur2.blogspot.fr/2012/09/zorica-sentic-poete-romancier.html

La Corse des poètes
https://coureur2.blogspot.fr/2015/08/la-corse-des-poetes-porticcio-village.html

Magda Igyarto - Vibrations et expériences de la matière : du visible à l'indicible et de l'indécible au dicible - Peintre, poète et sculpteur
https://coureur2.blogspot.fr/2018/01/magda-igyarto-vibrations-et-experiences.html

Pour ceux qui aiment les légendes
For those who love legends

The Woodcutter and the Revenant - Sedimentary Memory - Essay - Creuse
Http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html

La Creuse - Le Bûcheron et le Revenant - Mémoire sédimentaire - Essai - Creuse
http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html

Les routards de la baie d'Halong dans la tourmente https://coureur2.blogspot.fr/2013/10/les-routards

Vietnam - La légende du Dieu des montagnes et du Dieu de la mer
https://coureur2.blogspot.fr/2014/05/vietnam-la-legende-du-dieu-des.html

Pour ceux qui aiment les voitures de collection
Vis-à-vis de Dion-Bouton type E 452 - La voiture emmurée aux enchères à Lyon
https://coureur2.blogspot.fr/2015/09/1900-vis-vis-de-dion-bouton-type-e-452.html

Pour ceux qui aiment l'art lyrique et la musique
Elzbieta Dedek - Pianiste virtuose internationale
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/pianiste-virtuose-internationale.html

Pour ceux qui aiment le cinéma
68° festival du cinéma - Alexandra Robin - Léopold Bellanger  - Cédric Bouet
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/68-festival-cinema-cannes-2015.html

Pour ceux qui aiment la danse
 48° Congrès Mondial de la Recherche en Danse - Avignon du 9 au 13 novembre 2016 - Fabienne Courmont présidente -  UNESCO-CID partenaires 
http://coureur2.blogspot.fr/2016/11/48-congres-mondial-de-recherche-en.html  

Festival d'Avignon à Mouans-Sartoux - Danser Baudelaire - Bruno Niver - Marina Sosnina - Répétition générale
https://coureur2.blogspot.fr/2015/02/du-festival-davignon-mouans-sartoux.html


Pour ceux qui aiment s'habiller et sortir
Eliane Horville - soirées - ville - élégance - conseils - coach
https://coureur2.blogspot.fr/2016/01/soirees-ville-elegance-every-wear.html

Sortir - Manifestations -Performances - Expositions...2012/2017
https://coureur2.blogspot.fr/2013/02/evenements-expositions-manifestations.html


Pour des participations citoyennes


Ordre national infirmier - Recommandations sanitaires
http://coureur2.blogspot.fr/2017/06/ordre-national-infirmier-recommandations.html

Pour ceux qui aiment les multiples beautés de la France 

Les oliviers fantastiques de Lucette
https://coureur2.blogspot.fr/2012/10/les-oliviers-fantastiques-de-lucette.html

Carnet de voyage - Ombres et Lumières - L'eau et les Sables, architectures de villégiatures
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/ombres-et-lumieres-leau-et-les-sables.html

2 - La France en vrac
https://coureur2.blogspot.fr/2014/10/visiteurs-des-pages-pour-voir-le-site.html

1 - CP La France en vrac 1
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/la-france-en-vrac-france-in-bulk-franca.html








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