dimanche 30 octobre 2022

Bors-de-Montmoreau - Eglise Notre-Dame - Une introduction aux chapelles de routes - Identification d'une chapelle romane ouverte aux mouvements de fermement des petits sanctuaires au XVII° s. - Charente et versants alpins français. - Bors-de-Montmoreau - Church of Notre-Dame - An introduction to road chapels - Identification of a Romanesque chapel open to the movements of firmly small sanctuaries in the 17th century. - Charente and French alpine slopes. - Bors-de-Montmoreau - Kirche Notre-Dame - Eine Einführung in die Straßenkapellen - Identifizierung einer romanischen Kapelle, die im 17. Jahrhundert für die Bewegungen fester kleiner Heiligtümer geöffnet war. - Pisten der Charente und der französischen Alpen. -Bors-de-Montmoreau - Chiesa di Notre-Dame - Introduzione alle cappelle stradali - Identificazione di una cappella romanica aperta ai movimenti di santuari saldamente piccoli nel XVII secolo. - Piste alpine della Charente e della Francia. -Bors-de-Montmoreau - Iglesia de Notre-Dame - Una introducción a las capillas de camino - Identificación de una capilla románica abierta a los movimientos de santuarios firmemente pequeños en el siglo XVII. - Charente y pistas alpinas francesas. - Bors-de-Montmoreau - Igreja de Notre-Dame - Introdução às capelas rodoviárias - Identificação de uma capela românica aberta aos movimentos de pequenos santuários no século XVII. - Charente e encostas alpinas francesas. - Борс-де-Монморо - Церква Нотр-Дам - Знайомство з дорожніми каплицями - Ідентифікація романської каплиці, відкритої для переміщення невеликих святилищ у 17 столітті. - Шарантські та французькі альпійські схили. - بورس دي مونتمورو - كنيسة نوتردام - مقدمة عن مصليات الطرق - تحديد كنيسة رومانيسكية مفتوحة لتحركات الأماكن المقدسة الصغيرة في القرن السابع عشر. - شارينت ومنحدرات جبال الألب الفرنسية. - Bors-de-Montmoreau - Església de Notre-Dame - Introducció a les capelles viàries - Identificació d'una capella romànica oberta als moviments de santuaris fermament petits al segle XVII. - Vessants alpins de Charente i Francesos. - Бор-де-Монморо - Церковь Нотр-Дам - Знакомство с дорожными часовнями - Идентификация романской часовни, открытой для движения небольших святилищ в 17 веке. - Шаранта и французские альпийские склоны. -Bors-de-Montmoreau - 圣母教堂 - 道路小教堂介绍 - 罗马式小教堂的识别,对 17 世纪坚定的小型圣殿的运动开放。 - 夏朗德和法国高山斜坡。- Bors-de-Montmoreau - קהילה פון נאָטרע-דאַמע - אַ הקדמה צו וועג טשאַפּעלס - לעגיטימאַציע פון ​​אַ ראָמאַנעסק טשאַפּעל וואָס איז אָפן פֿאַר די באַוועגונגען פון פעסט קליין סאַנקטואַריעס אין די 17 יאָרהונדערט. - טשאַרענט און פראנצויזיש אַלפּיין סלאָפּעס. -Bors-de-Montmoreau - Church of Notre-Dame - Isang panimula sa mga chapel sa kalsada - Pagkilala sa isang Romanesque chapel na bukas sa mga paggalaw ng mga maliliit na santuwaryo noong ika-17 siglo. - Charente at French alpine slope. -Bors-de-Montmoreau - Nhà thờ Đức Bà - Giới thiệu về các nhà nguyện đường - Nhận dạng một nhà nguyện theo phong cách Romanesque mở ra cho sự di chuyển của các khu bảo tồn nhỏ vững chắc vào thế kỷ 17. - Charente và sườn núi cao của Pháp. - Bors-de-Montmoreau - Kerk van Notre-Dame - 'n Inleiding tot padkapelle - Identifikasie van 'n Romaanse kapel wat oop is vir die bewegings van stewige klein heiligdomme in die 17de eeu. - Charente en Franse alpiene hange.

 3° volet 

à partir de la recherche sur les chapelles

peintes à façades ouvertes et peintes des versants alpins, chapelles de routes.

Le 1° volet étant, sur ce blog :

Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html

Le site complet compte à ce jour 148 articles : il est à votre disposition. Toutes les pages sont issues de mes recherches personnelles et universitaires. Les emprunts à des auteurs sont signalées et il n'y a aucun élément qui tombe sous le coup de la protection des données des lois européennes sans compter que je respecte avant tout la tradition de libertés et de démocratie de la république française. En tant que citoyen français je me conforme à la législation française. Toutes les photos publiées l'ont été avec l'accord des personnes à la date de leurs publications. Ces pages ainsi que tous les documents produits sont assujettis à Copyright et droits d'auteur. Il n'y a aucune raison commerciale, ni déclarée ni cachée, pour la construction de ce blog.  Vous pouvez aussi aller sur le moteur de recherche à droite de votre écran sur cette page. Vous pouvez rechercher tout ce qui vous intéresse, du dessin à la peinture, à l'archéologie, à l'architecture, à la poésie, à la sculpture, aux pages magazines, pour votre stricte curiosité ou culture personnelle, et pour toute autre action ne débordant pas le cadre strict de la consultation. Pour les universitaires qui voudraient produire certains de ces travaux, me contacter sur la partie "blogger" en bas de page, en me laissant votre adresse courriel de messagerie. Pour clarifier mes compétences professionnelles, voici le panorama de mes formations. Lycée technique, mécanique, où j'ai appris le dessin industriel que j'ai par la suite appliqué au dessin d'architecture de relevés archéologiques appris à l'université de Poitiers. Formation militaire BMP1 (engagé trois ans dans les Commandos Troupes de Marine - 22° RIMA puis 1° BPCS - Importante formation à la topographie si utile pour mes recherches archéologiques) - Formation d'Infirmier du Secteur Psychiatrique en 28 mois, IDE par Réforme Hospitalière -  Nombreux travaux et nombreuses formations avec des maîtres de la peinture (lithographie, gravure, peinture,...) et de la littérature contemporaine. Doctorat Lettres et Arts  (mention Très Honorable avec Félicitations), Histoire de l'Art et Archéologie, Université de Provence Centre d'Aix à partir d'autres formations de ce cycle à l'Université de Tours (2 ans - Centre d'Etudes Supérieures de la Renaissance), de l'Université de Poitiers (2 ans - Centre d'Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale), et deux ans de formation en lettres à l'université de Nice, et stages divers - Diplôme Inter-Universitaire de la Faculté de Médecine de Lille, "La Santé Mentale dans la Communauté" en lien avec l'OMS/CCOMS. Sur Google "Les budgets aidants..".http://www.ccomssantementalelillefrance.org/sites/ccoms.org/files/Memoire-Peynaud.pdfJ'exerçais au C.H.Cannes en tant que coordinateur/responsable des Ateliers Thérapeutiques-Psychothérapie Institutionnelle du Pôle Santé Mentale en Intra Hospitalier). Au printemps 2017 j'ai été également élu au Conseil de l'Ordre Infirmier des Alpes-Maritimes. Depuis le 1° avril 2018 je suis en retraite.


REMERCIEMENTS

Monsieur Jacky Renaudin, Maire de Bors-de-Montmoreau

Monsieur le Révérend Père Eric Pouvaloue, Curé de la Paroisse.

Madame la Secrétaire de Mairie,

Monsieur Benoît Le Grelle, Brocanteur "L'incontournable" à Bors,

Monsieur Eric Petit, auteur de Bors de Montmoreau autrefois. Rioux-Martin 2021.

Monsieur Alain Cheminade, pour un avis archéologique d'appareillages,

Madame Eliane Maussion, chargée de mission auprès de l'église.

Madame Gina Schuster Directrice de la bibliothèque de Parcoul pour une excursion à la Fontaine de Guérison à l'origine de ma découverte de la chapelle Saint-Jean

Monsieur Clément Beuselinck-Doussin, propriétaire de la Chapelle Saint-Jean en ayant autorisé l'exploitation et mes relevés pour ce sujet.

Monsieur Jean Des Courtils pour sa médiation avec son neveu Clément.

Monsieur Yves-Michel Foucaud pour sa médiation avec la famille Des Courtils,

Madame Ghislaine Goudet pour la découverte complète du site de la chapelle Saint-Jean avec la Fontaine de Guérison et l'histoire du lieu, précieux guide sur le site et documentaliste.

Madame Fargeot, propriétaire de la chapelle de Doumarias à Saint-Pierre-de-Colle. Dordogne, Périgord-Vert.


Articles de ce blog pouvant intervenir dans cette rédaction ou en reprise de bâtiments déjà publiés


Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle - Archéolgie Médiévale
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html


1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html


2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html


3° partie - Archéologie Médiévale - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html


Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html


Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html


Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale


Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/10/curac-les-enigmes-de-son-chateau.html

Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html

La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html

Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France 
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html 

Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html

Bors-de-Montmoreau - Eglise Notre-Dame - Une introduction aux chapelles de routes - Identification d'une chapelle romane ouverte aux mouvements de fermements  des petits sanctuaires du XVII°s. - Charente et versants alpins français.
https://coureur2.blogspot.com/2022/10/bors-de-montmoreau-eglise-notre-dame-un.html

Eglise Saint-Martin à Poullignac - Architecture et décors peints - Une source de recherches pour les églises des diocèses du Sud-Charente et principalement du bassin de la Tude entre Diocèses de Saintes, d'Angoulême et de Périgueux, de leurs origines aux évolutions et modifications du XIX° siècle.
                                    https://coureur2.blogspot.com/2023/06/eglise-de-saint-martin-de-poullignac.html

Cressac, La Genétouze, Chenaud, Pillac. Aspects atypiques de l'évolution de l'architecture religieuse romane en Sud Charente - Bassin de la Tude : contreforts, avant-chœurs, escaliers en vis et passages :
  https://coureur2.blogspot.com/2024/01/cressac-la-genetouze-chenaud-pillac.html

 
Du médiéval au contemporain, une invention bien avant classement au patrimoine mondial de l'UNESCO : 
                                      Claude Peynaud  : Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html



Aux origines de cet article, quatrième volet du polyptique consacré aux églises du bassin de la Tude et lisières en Sud-Charente sur la transition roman-gothique de ce secteur géographique et principalement par les chevets plats des sanctuaires : quelles questions au regard de la littérature publiée sur les chevets plats de cette période ?
De nouveaux liens et parentés culturelles entre Est en Ouest - des secteurs désenclavés. 

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html
Article élargi à la formation de l'architecture vernaculaire des XIX° et XX° siècles, de la Charente au Périgord  Bordelais - Une trajectoire du couple escalier/passage, du monde roman au monde moderne.


 Comment situer ce nouvel Article par son intitulé

un préambule


Ce nouvel article est consacré à l'église Notre-Dame à Bors-de-Montmoreau et à la rencontre de la famille des chapelles ouvertes depuis la période de transition roman/gothique sur le bassin de la Tude, dont le point de départ, je le donne en mémoire, est l'étude de la famille des églises à chevets plats sur le bassin de la Tude, entre XII° et XIII° siècles, à partir des questions archéologiques si passionnantes posées par l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau dont nous avons vu avec l'article précédent consacré à une autre église de ce secteur géographique - pourtant à chevet semi-circulaire - l'église de Rioux-Martin, tout l'intérêt qu'une première étude en archéologie du bâti peut amener en richesses scientifiques et perspectives modernes d'études élargies et refondues. Les comptes-rendus rédigés des historiens de l'Education Nationale tardivement convertis à l'histoire de l'art sans maîtrise des outils de procédés visuels analytiques introspectifs ne sont plus suffisants; ils appartiennent à une vision passéiste des études en l'histoire de l'art par delà leurs réels mérites et parfois érudition, par delà les très grands auteurs du XX° s. et architectes comme Viollet-le-Duc au XIX° s. dont les publications restent fondamentales. Les sources d'archives restent importantes mais lorsqu'elles font défaut ce ne sont plus des obstacles aux approches scientifiques après prises en compte des littératures et celles des placards non publiées, pourtant parfois essentielles aux progrès scientifiques des sujets, de la recherche.

         En thèse doctorale de 3° cycle soutenue à Aix-en-Provence le 26 janvier 2001, j'avais été amené à travailler sur les chapelles ouvertes du sud-est de la France. A cette occasion j'avais inauguré dès 1992 un nouveau chapitre de recherche encore inédit : celui de l'étude de leurs architectures en lien avec les programmes peints qui sont aussi assez souvent des compléments architecturaux amenés par le peintre sur de petites structures apparemment très simples, le plus fréquemment à chevets plats, mais extrêmement intéressantes car évolutives, mouvantes, changeantes et s'inscrivant toutefois dans une réelle famille dynamique originale qu'accompagnait un changement radical de leurs ornementations à partir du milieu du XVI° siècle. Effets du Concile de Trente diront certains. Le Parlement de Paris, en interdisant la représentation des Mystères (1548) qui furent les représentations théâtrales de la mise en scène de la foi au Moyen-Âge, donnait un coup d'arrêt fatal à une veine ornementale de transfert des scènes en programmes peints sur les murs ( G.Sentis, L'art du briançonnais - La peinture au XV° siècle. Préface de Maître Escalier, Président de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes. Gaps, 1970, p.29, reprenant une insertion de Marguerite Roques dans Les peintures murales du sud-est de la France - XIII° au XIV° siècle. Préface de Paul Deschamps,1961, p. 33.- Voire aussi E.Mâle : L'art religieux du XIII° siècle en France - Etude sur l'iconographie du Moyen-Âge et sur ses sources d'inspiration. Paris, 1931. Sur un autre volume E.Mâle établit une chronologie de la disparition des Mystères qui est pour lui l'âme même du Moyen-Âge, comme quoi la fin du Moyen-Âge se situe bien atour du Concile de Trente et non pas avec la découverte de l'Amérique. Mais lisons E.Mâle : " Une des premières conséquences de la Réforme fut de rendre suspect  aux catholiques leur vieux théâtre religieux ...Dès 1541, l'échevinage d'Amiens faisait difficulté "à laisser jouer publiquement la parole de Dieu". Sept ans après, le 17 novembre 1548, le Parlement de Paris, par un arrêt célèbre, défendit expressément aux confrères de représenter "le mystère de la Passion Notre Sauveur, ne autres mystères sacrés". L'arrêt du Parlement ne s'appliquait qu'à Paris : l'acte de 1548 ne marque donc pas, comme on l'a dit la fin du théâtre religieux du moyen âge. Les confrères, qui n'avaient pas le droit  de représenter leurs Mystères à Paris, allaient de temps en temps les jouer à Rouen. En Normandie, la célèbre confrérie d'Argentan continuait, comme par le passé, à représenter la Passion...Après 1571, l'antique confrérie ...devient muette. Ce n'est plus que dans quelques provinces reculées que l'on s'obstine encore à jouer les Mystères : à la fin du XVI° siècle on représentait encore la Passion dans les Alpes, à Lanslevillard, à Modane, à Saint-Jean-de-Maurienne" Cf. E.Mâle, L'art religieux de la fin du moyen âge en France - Etude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration. Paris, 1922, p.485 et 486 - Pour ma part j'ai relevé ces mises en scènes théâtrales dont je fais part en deux fois : une fois sur ce blog : Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html et une seconde fois par article publié : C.Peynaud, "Les chapelles à façades ouvertes et peintes des Alpes-Maritimes - XV°-XVI° siècles". Dans, Provence historique - Rencontres italo-provençales Tome LIII. Fascicule 213, juillet-août 2003, p. 315 à 331). Ces scènes nomades de baraques foraines étaient les théâtres de ces représentions des chapitres religieux qu'on jouait devant et dedans les églises à des époques où l'espace intérieur de la cathédrale et de l'église représentait la quasi totalité de l'espace libre des agglomérations intra-muros [cf. Dieter Kimpel et Robert Suckale, L'architecture gothique en France - 1130 à 1270. Munich 1985, Paris 1990, écrivant p.22 "Les grandes fêtes religieuses furent souvent agrémentées par cette forme primitive du théâtre appelés "Mystères", qui était une source d'attraction supplémentaire. Ces mystères étaient généralement joués dans la nef où se tenaient en même temps les spectateurs. En d'autres lieux les églises cathédrales ont été utilisées pour des fonctions bien plus profanes encore...". Au XV° siècle "Les enfants peuvent y jouer à la toupie, mais les adultes n'y pourront pratiquer la paume ni la lutte[...]Profanant en cela les lieux saints et considérant l'église comme une caverne de voleurs". ajoute Michel Aubrun " La paroisse en France des origines au XV° siècle. Paris 1986/2008, p. 169. Sans oublier que ces bâtiments récepteurs de décors peints renouvelés ou renouvelables sont des témoins d'échanges culturels, de brassages culturels, d' échanges et de rencontres, comme, après Louis Hautecoeur, le souligne Elie Lambert, Membre de l'institut, Professeur d'Histoire de l'Art à la Sorbonne,  un an avant la publication de la thèse de Marguerite Roques - dans son introduction au catalogue de l'exposition des Primitifs de Nice, Nice 1960, p.5 : "L'exposition des Primitifs Niçois s'attache aujourd'hui à la dernière période du Moyen Âge, et montre à son tour comment le XV° siècle a vu là, non seulement passer des artistes de toute origine, Flamands et Italiens, gens du Nord et du Midi de la France, Avignonais ou Marseillais, Génois ou même Vénitiens..." ]. C'est dire que si on retrouve le peintre organisateur par son décor peint de l'architecture fictive intérieure de ces petites chapelles, que la source architecturale bâtie n'est pas dépendante des objectifs iconographiques car la famille des chapelles de routes, évolue et se différencie, certes, mais constitue cependant une famille architecturale indépendante des décors qu'elle reçoit. Le fait que ces sanctuaires aient été peints ou repeints sur des architectures plus anciennes en est encore un élément qui ne doit guider la recherche que vers des prétextes d'édifications indépendants des fonctions apotropaïques ou curatives des décors peints. Et on remarque que ces chapelles ne sont pas construites intra-muros mais sur les chemins et souvent en bordures extérieures des agglomérations fermées dans leurs enceintes et périmètres. Souvent ou très souvent précédées par un porche à bancs reposoirs - porches pouvant être en bois ou in antis charpentés et plus rarement voûtés en dur, à l'occasion enjambant le chemin ou l'accompagnant, parfois ponctuant le passage d'un cours d'eau (gué ou pont) -  on saisit leur fonction d'abri du voyageur sur la route d'autant plus que n'ayant pas d'espace intérieur pour donner des représentations théâtrales avec un public, nous comprenons que ce mécanisme de transposition en décor peint intérieur de la scène théâtrale ne pouvait se produire qu'à partir d'une représentation en façade de la chapelle à condition qu'il y eut un espace extérieur suffisant tant pour la représentation que pour le public... Compte tenu de tous ces paramètres exposés nous avons encore ici une base solide de réflexion pour aller chercher ailleurs l'origine de ces constructions ouvertes en abris. 
                               Les routes de  pèlerinages qui se développent tant vers Rome que vers Saint-Jacques de Compostelle, comme l'expose Emile Mâle mais aussi Marcel Durliat [M.Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques - De Conques à Compostelle. Paris 1990, p.29 à 38] ainsi que Louis Hautecoeur [dégageant le rôle des routes de pèlerinages et celui prépondérant des influences culturelles transalpines de la France du XI° au XIV° s.: Louis Hautecœur, "Les primitifs italiens - Les origines - Les influences françaises". Paris, 1931, p. 33 à 39. Suivi de Saint-François d'Assise et l'art italien. et chapitres suivants de la même publication, et les voies commerciales, cols et vallées] ou les circulations liées aux gestions et aux  organisations des communautés religieuses étudiées par des auteurs,  comme Marc Déceneux, rejoignent les besoins d'abris pour les pèlerins " [Ce dynamisme international est encore servi par l'organisation fortement structurée  des bénédictins clunisiens[...]doivent se rassembler régulièrement aux chapitres généraux de la maison mère. C'est là un véritable embryon de gouvernement supranational car au début du XII° s...pas moins de 1184 maisons, dont 883 en France et 301 réparties dans les différents pays européens. Mais si l'expansion de l'ordre clunisien décline dès le milieu du XII° siècle, le relais est pris avec vigueur par l'ordre cistercien [...] l'action des moines du Moyen-Âge a créé une véritable unité européenne, préfigurant celle que notre époque, huit siècles plus tard, a bien du mal à construire...[...]... Les nefs d'aujourd'hui ne peuvent donner une idée de celles du Moyen-Âge...Les chiens y vaquent même librement... de la paille déposée sur les dalles pour que les pèlerins puissent y dormir" Cf. Marc Déceneux, photographies de Hervé Champollion. "Les abbayes médiévales de France". Rennes, 2005, 2007, 2010, p.62, 63 et 98], sont les véritables moteurs et vecteurs de ces architectures sur les chemins des pèlerins et autres usagers. Ces chapelles abris et refuges, lieux d'oboles et de dévotions dont les dédicaces peuvent changer suivant les nécessités du moment, mises en scènes des saints de la Légende Dorée devenus thaumaturges mais encore Evangélistes et autres saints de la Bible appelés en protecteurs du voyage, s'installent en architectures de traditions dont il ne nous reste que quelques foyers et exemples qu'il faut maintenant archéologiquement extraire  - de sur-constructions en récupérations de ces petits édifices pour en construire de plus grands - vers un hypothétique et lent inventaire. Petites constructions hors les murs qui, jalonnant les chemins furent aussi des liens qui fixaient les échanges culturels et eurent sans doute une importance beaucoup plus grande pour le monde chrétien que celle qu'on peut imaginer maintenant que mon inventaire s'étoffe d'Ouest en Est en revenant à la rencontre de l'Ouest comme nous allons le voir par ce nouvel article : du chemin à la recherche du miracle au miracle sur le chemin, au simple refuge. Dans le même état d'esprit les oratoires qui jalonnaient les chemins avaient des fonction complémentaires tout comme les croix des croisées de chemin, porteuses et génératrices de légendes.[ "Ces croix qu'on trouve aussi ça et là aux carrefours des chemins et surtout à l'entrée des chefs-lieux de paroisse peuvent être des signes de sauvegarde : en 1095, le concile de Clermont, can.29, le dit expressément : "Si quelqu'un, poursuivi par un ennemi se réfugie près d'une croix de chemin, qu'il demeure libre comme s'il l'était dans une église".". Cf. Michel Aubrun, 1986, 2008 op cit, p. 93] Pour un autre lien avec les oratoires en Limousin pour un retour aux croix de carrefours, voire plus bas avec le préambule à la chapelle des Landes à Saint-Sornin[appellation moderne Saint-Roch].

Voilà ce que je vous propose par cet article
Donner une nouvelle dimension architecturale et historique à ce phénomène des chapelles ouvertes et parfois fermées issues de l'art roman et des routes de pèlerinages et de commerces, d'échanges et du voyage, chapelles de routes entre agglomérations, dont la tendance sera un fermement d'abord en claires voies au XVI° siècle - pour celles qui étaient ouvertes - puis en murs et claires-voies au XVII° siècle jusqu'à des constructions de chapelles à façades standards en murs maçonnés, ou le décor intérieur passera de la projection des Mystères - soit par directe récupération d'une représentation théâtrale soit par modèles d'ateliers itinérants mis à disposition suivant les choix des commanditaires, soit à d'autres figurations comme l'exemple ci-dessus publié par Gabriel Sentis dans le Dauphiné - jusqu'aux tableaux d'autels et tabernacles sculptés et peints, puis lourdement enrichis par de gros mobiliers polychromes sculptés et dorés à la période baroque à partir de la seconde partie du XVII° siècle lorsque s'accélère le mouvement de fermement progressif de ces sanctuaires, voire que d'autres modes de fermements apparaissent impulsant de nouveaux modèles architecturaux comme ci dessous à l'aube du XVIII° s. rocaille, en "sentinelle" de l'accès au village en fin de crête de Tourette du Château 
en même temps qu'apparaît une nouvelle vague de constructions de chapelles à façades semi-fermées et fermées en pignons de façades sur un modèle standard d'une porte close ou encore à claire-voie, flanquée de petites fenêtres ou sans fenêtres en façades comme avec les chapelles des stations des chemins de croix et assez souvent des confréries de Pénitents.


Pour des regards pluriels sur les chapelles de route :

              Léon Honoré Labande peut être considéré comme un des premiers auteurs, sinon le premier auteur,  qui amène les chapelles ouvertes alpines dans la famille des chapelles de routes ne citant pas les chapelles encore ouvertes in situ dont les relevés d'Alexis Mossa au début du XX° siècle nous laissent un témoignage qui renforce cette recherche :  "L'architecture de ces édifices religieux...Elles étaient précédées d'un porche où s'abritaient en cas d'intempéries les voyageurs, les pèlerins, même les dévots...; du porche on avait une vue dans l'intérieur, soit par les portes à claire-voie, soit par de petites ouvertures rectangulaires pratiquées à droite et à gauche et munies de barreaux... La chapelle comptait elle-même..." [ Léon-Honoré Labande, "Les chapelles peintes de la région niçoise". Dans, Bulletin archéologique. 1938-39, p.595, Monaco 1943/44].

               Ces éléments précèdent la publication de Raymond Oursel, Les pèlerins du Moyen-âge - Résurrection du passé. Paris, 1963, p. 62 et suivantes " Les relais, chapelles et oratoires routiers. Ainsi cheminait-il fortifié d'espérance, et d'autres pieux relais encore bénissant sa course. La civilisation moderne, grande destructrice d'un passé qu'elle récuse, a rasé sans pitié la plupart de ces oratoires et chapelles plantés jadis à travers les terroirs. Plus conservatrice ou moins éprouvées que d'autres , la Bretagne, la Haute-Savoie, la Provence, en sauvegardent elles des floraisons attachantes. A part les chapelles de hameaux, prévues pour la desserte secondaire des écarts trop éloignés de l'église paroissiale, tous, ou peu s'en faut, répondent à une vocation routière [...] D'autres encore gardent les carrefours, ou bien, postées à l'entrée des royaumes maléfiques des défilés obscurs, des cluses alpines, des gorges entaillées par les torrents, des dures ascensions, où le péril rôde à chaque pas, exorcise la peur: on en érige [...] exhaler dans le silence sa prière de réconfort, avant de se confier à l'étape nouvelle. Toutes pouvaient en cas de besoin, servir au voyageur d'abri provisoire ou de refuge..."  
             
             Ce sens de l'abri c'est celui premier qui est donné par Eugène Royer et Joël Bigot dans leur très joli et très documenté  Guide des chapelles de Bretagne. Luçon 2000. A la page 5 de '"Ouverture" on lit " "Caput" est un mot latin qui signifie "chef", la "tête". De caput est né le "capuchon" qui recouvre la tête. Au XII° siècle, le manteau à capuchon est parfois appelé "la chape", du latin "cappa" ou "capella". Mais comment est-on passé de la chape à la chapelle ?
                  La faute à Saint-Martin [...]

Ainsi en fut-il de la "chape" - manteau monastique à capuchon - de Saint Martin de Tours. Il décéda dans le monastère par lui fondé à Candes, près de Montsoreau, au confluent de la Vienne et de la Loire. C'était en 397. Les habitants de Tours vinrent à la hâte chercher le corps de leur évêque...Or le manteau-chape de Martin était , au moins depuis Dagobert (629-638), un des joyaux des trésors des rois Francs. Ils firent construire un oratoire pour abriter la "chape" ainsi désignée en 679. Charlemagne...Le mot "chapelle", d'abord limité dans son usage au "trésor" proprement dit, désigna bientôt l'édifice où les reliques étaient déposées et confiées à la garde des "chapelains impériaux"."
    [On peut associer à ce document d'E.Royer et de J.Bigot, le très beau livre de Marc Déceneux composé en collaboration avec le photographe Daniel Mingant  La Bretagne des enclos et des calvaires. Rennes 2001.]

La modestie de ces bâtiments qui se présentent à nous de nos jours sous l'appellation commune de "chapelle" est donc une image inversée de leur rôle majeur et déterminant pour les constructions sociales, spirituelles et intellectuelles jusqu'aux coutumes populaires, pour le tissage des liens entre les peuples et la transmission de la foi chrétienne civilisatrice de tout l'occident européen issu du chao barbare en relais de la chute de la Rome polythéiste .
Ce sont ces très humbles monuments en messages de protection, de partages solidaires, de constructions d'amour et de paix sur les chemins de notre histoire séculaire, de l'histoire européenne occidentale en place qu'il nous faut maintenant retrouver.

En poursuivant le chemin ouvert par Léon-Honoré Labande puis par Raymond Oursel nous allons découvrir d'autres horizons, d'autres géographies qui font entrer le grand sud-ouest dans le creux de cette boucle en trajectoire de la Bretagne aux versants alpins et provençaux,  d'autres types de conservations qui font que les destructions n'ont pas toutes eu raison de ces petits sanctuaires de routes alors que d'autres ne doivent apparemment leur survie qu'en leurs conversions miraculeuses curatives et préventives par leurs ornementations peintes ou sculptées, évolutives, renouvelées ou perpétuées... par l'attachement à des sources miraculeuses et ruisseaux qui coupent le chemin en gués marécageux où dansent les feux follets pendant les saisons chaudes, lieux de fêtes populaires et célébrations rurales de la foi chrétienne...

La littérature publiée témoigne de chapelles construites pour l'abri des pèlerins, mais avec des commentaires d'auteurs sur la destination spécifique de ces petits bâtiments, même si la fonction d'abri du pèlerin est clairement précisée dans leurs sources écrites. Tel ce texte publié en 1998 par Marie Marie "La chronique de l'abbaye de la Couronne  nous apprend qu'en l'an du seigneur 1137, les moines de cette abbaye élèvent une chapelle à l'extrémité nord de la paroisse de Saint-Jean-de-la-Palud, pour loger et protéger les pauvres pèlerins, "ad recipiendum inibi Christi pauperes". Il est très probable que l'église elle-même ne servait pas à héberger les pèlerins, mais qu'un hospice refuge avait été bâti en cet endroit et que l'église fut la chapelle de cet hospice" [Cf.  Marie Marie, "occupation du sol de la vallée de la Charente d'Angoulême à Jarnac au Moyen-Âge". Dans, Annales du G.R.E.H - Groupe de Recherches et d'Etudes Historiques de la Charente Saintongeaise - N°17- 1996. Copyright de 1997, publié par le G.R.E.H. en 1998, P. 82.]

L'Eglise Sainte-Marie à Bors-de-Montmoreau
 est donc ce monument qui va devenir le témoin encore en place d'une origine romane - ou d'une étape romano-gothique -  de sanctuaires de routes dans le Sud-Ouest de la France, à la rencontre des versants alpins, qui survivront ou qui s'adapteront à toutes les veines ornementales, de modes ou de choix de l'Eglise qui de toute façon suivent aussi l'évolution des mouvements de l'art les plus puissants, et qui s'adapteront aussi à des évolutions et à des créations architecturales, jusqu'à finalement disparaître des mémoires en exposant cette nouvelle page du blog, par une modeste recherche des chevets plats sur le bassin de la Tude, à un réveil en liens géoculturels et bibliographiques des pionniers.    

D'un point de vue purement historique nous trouvons une première mention en 1275 par un aveu qu'Alo, seigneur de Montmoreau, " avouait tenir d'Hugues comte d'Angoulême, le château de Montmoreau avec sa justice haute-moyenne et basse ainsi qu'à Saint-Eutrope, Aignes, Juignac, Bors et Saint-Amant" (éléments repris par l'auteur  deux pages plus loin) [Cf. Mémoires de la Société Archéologique et Historique de La Charente - 1955- 57, op.cit., p. 235 et 237].



1 . Documents

Bors-de-Montmoreau
Ancien diocèse de Périgueux
(la commune est restée autonome avec sa mairie et son propre conseil municipal et maire)

Bibliographie : abbé Michon, op.cit. 1844, p. 313 et p.330,  abbé Nanglard, op.cit., t.III, p.117, t.IV, p. 402; Echo Charentais, un article de 1906Jean George, op.cit., 1933, p.42, Eric Petit, op.cit. 2021, p. 71. à 81.  

[Pour des repères publiés qui composent l'ancienne construction diocésaine et administrative du département de la Charente, j'utilise les données de recherche de l'abbé J.H.Michon, Statistique monumentale de la Charente. Paris 1844, p. 37 à 48. du Nouvel Atlas illustré de la France et de ses colonies. 1877, Charente et Charente Inférieure. de Jean George Les églises de France - Charente. Paris, 1933 et des éditions du Zodiaque la Nuit des Temps - Abbaye Sainte-Marie de La Pierre qui Vire ; Angoumois 1961, Périgord 1968, Saintonge 1970 - Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Année 1955 - Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique. Angoulême 1957, p. 235, 237. -  Guy Penaud "Histoire des diocèses du Périgord et des évêques de Périgueux et de Sarlat". Préface de Mgr Michel Mouïsse Evêque de Périgueux et de Sarlat. Paris, 2010 - ainsi qu'une petite publication ancienne mais non datée (années 1950/60 ?) et sans numéros de pages, du Comité Intercantonal d'Expansion de la Région Chalais-Aubeterre publiée chez l'éditeur parisien De Plas "...Avant la Révolution Aubeterre dépendait de la sénéchaussée d'Angoulême et du diocèse de Périgueux"]
 


 Avec cette église nous entrons, par sa configuration moderne et avant le voûtement de la nef de 1895/96  dans un type commun en Sud-Charente - beaucoup moins visible de nos jours après les voûtements du XIX°-  pour ainsi-dire jamais signalé par les auteurs : celui des églises romanes à nef unique planchéiée articulée à un chœur  plat ou semi circulaire par l'intermédiaire d'un avant-chœur, couvert en berceau pour des sources archaïques mais plus généralement rencontrés couvert en coupole fermée entièrement appareillée, et plus tard plus fréquemment en blocage ouvert d'un oculus zénithal pour monter la cloche si le clocher est original ou plus tardif. Une travée droite peut sophistiquer cette articulation mais pour un chevet plat l'exemple de Saint-Amant-de-Montmoreau est rare sur le bassin de la Tude (mais voisin avec les articulations de Saint-Romain proche d'Aubeterre en carrefour entre la route de Bors-de-Montmoreau et de Chalais) alors que ce dispositif y est beaucoup plus fréquent pour les églises à chevets semi-circulaires. L'église de Bors-de-Montmoreau va encore enrichir les outils d'étude de ces bâtiments à chevets plats mais pas du tout comme le lecteur ni le chercheur pourraient s'y attendre.
La pierre utilisée à Bors-de-Montmoreau est une suite de grès à plusieurs grosseurs de grains.
          A Bors-de-Montmoreau  il n'y a pas de coupole sous clocher, seulement un berceau articulé à celui du chœur par un arc doubleau épaulé d'un formeret décalé en hauteur, profilé comme une (demi) nervure à ressaut de tores, côté Ouest, à l'identique de celle qui souligne l'arc du berceau sur le mur plat de fond du chœur éclairé par une grande baie en tiers point et une petite fenêtre étroite plein cintre de contre-jour au Sud, ou d'unique éclairage primitif de l'autel.  
         
L'intérieur de la nef de l'église de Bors-de-Montmoreau a été très refait au XIX° siècle et des apports de portails gothiques pour des portails ornés de chapiteaux romans de réemplois,  également très lourdement murés à l'extérieur sur les murs gouttereaux,  font que cette église ne présente à priori que peu d'intérêt pour les chercheurs. De toute façon depuis les repérages de Jean George il n'y a pas eu d'investigations  en archéologie moderne sur cette église bien qu'elles soit très bien entretenue. 
             La publication en 2021 d'Eric Petit apporte de nouveaux éléments d'archives. En cet automne 2021 les toitures ont été refaites. Par cette réfection et par le témoignage des couvreurs (que je remercie), nous savons que les voûtes de la nef sont en briques en conséquence de la restauration du XIX° siècle, en substitution d'un ancien couvrement planchéié dont il reste des vestiges de parquets très anciens dans les combles (inaccessibles) de la nef. 



La figure centrale de la planche ci-dessus représente la façade occidentale avant l'intervention de Pierre Texier : deux jambes de raidissement, plus fortes que de simples lésènes, encadrent une porte simple en plein cintre. Aucune fenêtre d'éclairage de la nef. Cette façade occidentale n'a rien à voir avec une organisation romane; ce que Pierre Texier va "corriger". Du temps de la construction à l'époque romane il n'y a donc eu aucune ouverture sur la façade occidentale.
Pierre Texier est un architecte installé à Chalais au cœur de la vallée de la Tude. Au nombre de ses travaux on signale la réfection de l'église romane de Passirac (1893).

               
 
Le site est une crète de séparation des eaux entre le bassin de la Tude à l'Ouest et celui de l'Auzonne à l'Est (autre affluent de la Dronne au Sud) qui va aller rejoindre le bassin versant du Toulzot au Nord. Une route ancienne part de Montmoreau, suit les crêtes et va se perdre vers Aubeterre (bassin de la Dronne) après avoir dépassé l'église de Bors construite au départ du versant descendant vers la Tude.
Comme vu, la façade occidentale de l'église est un effet des modifications de la nef à la fin du XIX° siècle. Sur le témoignage de Monsieur Eric Petit de nombreuses sépultures et ossements ont été mis à jours lors de l'aménagement de la voie moderne qui contourne l'église par l'Ouest-Sud-Ouest où on peut voir un sarcophage classé aux MNH et ainsi décrit par l'abbé Michon [1944, op.cit., p.330] : "Pierre tombale devant l'égliseayant une croix à ses extrémités, ; les deux côtés sont ornés d'arcades entrelacées formant ogives". Donc, selon toute vraisemblance, une sépulture d'époque médiévale qui a été déplacée : elle était contre la façade occidental mais ceci ne change pas une mise à jour d'ossements dans un cimetière datant au moins du bas moyen âge, à l'Ouest du mur pignon de l'actuelle nef, avant sa transformation au XIX° s.  en façade néo-romane. [ L'observation peut aller plus loin dans ce choix d'avoir orienté la construction cardinale du ou des bâtiments religieux sur le bassin dévalant de la ligne de crête côté Ouest face à La Tude. Carol Heitz (op.cit qui était., p. 227 et 228) citant le paragraphe 14 du livre copte sur l'intronisation de Saint-Michel  écrit : "... saint-Pierre explique au Christ  qu'il est , comme ses compagnons, incapable de se représenter les sanctions qui vont être prise à leur mort, au ciel et appliquées dans les terres d'Ouest que l'on considère comme le royaume de la mort. Le Christ lui répond que les justes seront d'abord embrassés et parés par Saint-Michel qui les conduira  ensuite aux grands fleuves de la vie, ils exulteront dans les éons et le père les accueillera avec les forces de la lumière (les anges et les archanges) , les chérubins et les séraphins". Bien que l'église ne semble jamais avoir été dédicacée à Saint-Michel, elle le fut pourtant à Saint-Pierre (et saint Paul). Si avec l'implantation chrétienne à Bors nous sommes effectivement sur une première fondation cénobitique, cette observation peut avoir son importance et doit être signalée pour avancer vers la compréhension d'une absence de façade occidentale d'origine romane pour un cimetière très ancien au plus près de cette façade occidentale tournée vers la Tude, c'est-à-dire vers le "fleuve" même si la Tude est une rivière; pourquoi le versant Est de la crête en site immédiatement voisin a été délaissé au profit de celui à l'Ouest. On ne peut pas nier qu'il y a eu effectivement un  choix...].   
   Un second document nous renseigne un peu plus sur le projet de restauration de 1896 et sur l'état architectural après ces travaux :


Le document est signé du 1° septembre 1896. Il ne prévoit aucune intervention sur la façade Ouest. C'est le second document déjà présenté, signé et approuvé en date du 23 septembre 1896, qui formalise le projet d'une construction de façade occidentale. Façade néo-romane qui complètera l'installation de piles et doubleaux pour un voûtement de la nef primitivement  planchéiée ou charpentée, pour une reconstruction de l'élévation supérieure de la tour de cloche ne touchant à la structure intérieure à la nef que par une reformulation d'arc en place et lieu du mur épais qui marquait la limite Ouest de l'actuel chœur roman. Nous serons également amenés à considérer la cage d'escalier en vis hors œuvre et sa relation tant avec le chevet plat qu'avec la surélévation en tour de cloche . Le massif oriental ne sera pas d'avantage touché par ce chantier sauf par deux percements de fenêtres en première travée du chevet plat et, après analyse, par un voûtement. Il y aurait là un manque car la sacristie attenante à la face Nord du chœur est signalée construite en 1864 (E.Petit, op.cit., p. 74). Ce qui ferait que le dessin ci-dessous serait un peu postérieur semblant déjà montrer l'essentiel des ajouts : sacristie, chapelle, escalier mais les ouvertures du clocher ne sont pas conformes aux interventions de Pierre Texier; à savoir des fenêtres à couvrements plats très proches du toit, alors que le projet de rénovation est conforme à ce que nous voyons actuellement de couvrements pleins cintres avec une ligne de toit plus haute. Mais aussi une fenêtre rectangulaire à couvrement plat en ouverture occidentale pour un état actuel de baies géminées couvertes en pleins cintres. Ainsi par ce dessin nous aurions un état architectural de la façade Nord de l'église entre la construction de la sacristie et les modifications de Pierre Texier, soit entre  1864 et 1896 avec une trace dessinée du remplage gothique de la grande verrière partiellement bouchée au chevet. Elément des plus importants qui nous ramène déjà vers Saint-Amant-de-Montmoreau. Toutefois nous allons découvrir une originalité inattendue avec le chevet plat à deux travées qui nous allons approcher en essai d'analyse par le relevé archéologique du bâti et synoptique. En revanche le petit bâtiment construit contre la face ouest de la tour d'escalier a disparu et le grand arc qu'on aperçoit en arrière dans le renfoncement a également disparu dans le percement d'une fenêtre qui pourrait dater des remaniements de 1896. Cet arc qui figure en ce site doit-être questionné de multiples façons et il le sera dans l'analyse archéologique détaillée de l'église, tout autant que la seconde fenêtre de la cage d'escalier en vis hors-oeuvre. Donc un dessin très riche qui complète la documentation fournie par les remaniements de Pierre Texier sur la nef et tour de cloche.

C'est par des chantiers antérieurs et postérieurs qu'un plan initial, ou qu'un plan très ancien, sans pouvoir dire s'il fut véritablement le premier projet architectural sur le site,  pourra être approché en modifications successives. La question de l'escalier en vis d'accès au clocher est un débat ouvert quand à sa configuration originale. Dès les premiers relevés en archéologie du bâti, une nouvelle réalité apparaît.
              On remarquera que l'architecte Pierre Texier semble avoir fait des sondages pour mettre à même niveau les fondations primitives et celles de son intervention, ce qui exclu à priori la présence d'une crypte qui, par la pente du terrain orientée vers l'Ouest, rendrait en plus cette recherche très aléatoire sans pour autant abandonner cette éventualité lors de fouilles plus approfondies du site.



2  - Etude archéologique du bâti

Introduction des approches archéologiques
 Les codes couleurs isolent les deux principales périodes de constructions, surchargées des apports postérieurs et modifications jusqu'à la fin du XIX° siècle 


A partir de la mise en place de ces quatre icônes et du réparage des points à étudier
nous pouvons avancer vers les études séparées des deux constituantes majeures de ce monument et de ses incidences.

Le compte-rendu d'étude va se faire en trois étapes et une synthèse

1

Une étude du repère 4 sur le plan

2

Une recherche en introduction sur la famille des chapelles de routes 
Début d'un inventaire raisonné.

3

 Une étude du repère 7 sur le plan

4

synthèse

========================================


1

Etude de la partie Est du monument, repère 4 sur le plan.

 Méthode d'extraction d'une chapelle ouverte par la pratique de l'archéologie du bâti, 

La vue complète du déplié intérieur du massif oriental en lien avec le déplié de deux tiers de ses faces Sud et Est  (la face Nord étant difficilement exploitable pour cette partie de la recherche en exposé) nous entraîne dans des correspondances tout à fait parlantes, en plus de la lecture directe des vestiges de la première construction romane avec ses demi-colonnes sur piles articulées dont celle au milieu du mur sud intérieur qui réapparait en extérieur, à proximité de l'ébrasement fermé des arcs d'ouvertures,  apportant son témoignage d'un projet architectural ou d'une première église beaucoup plus importante que le massif oriental secondairement exploité en édifice fermé à deux travées droites et chevet plat.
Les pierres moulurées d'une bordure profilée en tore, redistribuées dans la maçonnerie, nous informent des états de destructions de certaines piles, voire partiellement de celles encore lisibles et partiellement lisibles, voire d'autres piles totalement disparues et du réemploi de ces pierres pour clore le massif oriental qui arrive jusqu'à nous. Les chapiteaux sculptés encore en place ou redistribués dans le bâtiment au nombre total de 8 (huit + deux autres très vraisemblables enfouis dans le mur qui ferme l'ancien portail Nord-Ouest de la nef en repère 10 sur le plan) nous renseignent encore sur un certain nombre minimum de colonnes ou demi-colonnes adossées prévues, alors que seulement quatre de ces chapiteaux sont encore en place dans le massif oriental roman, dont deux sur des pilastres corniers en angles du fond du sanctuaire et font figure de chapiteaux réemployés.
Ce sont des corbeilles principalement construites sur des structures de rinceaux avatars d'entrelacs nervurés et feuillagés habités de corps qui se cambrent, s'entremêlent, se répètent de chapiteau en chapiteau
comme on le voit entre les figures des repères 9 et 19 et 20, voire 1 et 2. En repère 11 on devine des compositions du même esprit qui semblent orienter vers une même main d'artiste qui fouille profondément la pierre dure peu usée pour celles exposées aux intempéries alors que celles qui sont les plus abîmées ont été taillées ou soumises à des chocs.
Les grandes figures animalières se partagent les sites en angles du passage du plan circulaire des astragales au plan carré des tailloirs, avec les compositions végétales en rinceaux, lianes qui accompagnent l'enchevêtrement des corps, la coopération des animaux et des humains.
Donc une sculpture de grande qualité, fouillée, riche et très animée.
 Peut-on interpréter certaines scènes et isoler certaines mains en prenant en compte que la lisibilité des scènes peut-être très clarifiée par les apports polychromes peints 


- Le chapiteau D du repère 20 pourrait être Daniel et les Lions, personnage accroupi nu mais avec un périzonium, frontal, tenant les deux têtes des animaux qui le cantonnent.
- Les chapiteaux C et D des repères 19 et 20 sont construits à peu près sur la même organisation d'un personnage central flanqué de deux animaux - deux lions. Toutefois en C la figure centrale nue en quart de profil est très cambrée et elle est prise dans les rinceaux .
- Le modèle de cette figure C est repris mais en posture inversée sur le chapiteau F du repère 9. Le chapiteau est toutefois structuré différemment puisque les angles qui cantonnent la figure sont d'une part une sorte de lianes entrelacées, ou d'arbre, dans lesquelles les bras et les jambes du personnages prennent une place fusionnelle, et d'autre part sa jambe est accrochée par le bras du personnage de l'autre angle du chapiteau, qui semble vouloir la tirer ou l'extraire du réseau de lianes tout en participant à la construction entrelacée. 
- Le chapiteau E du repère 9 déplace les rinceaux feuillagés en angle alors que ce qui semble être l'arrière train d'un animal des figures C et D va vers une prise de position centrale de la corbeille.
- Ce déplacement des figures avec des enroulements en amorces d'entrelacs feuillagés semble être le modèle directeur du chapiteau B du repère 2. Ce fragment de chapiteau est un des deux seuls vestiges encore dans une position originelle sur demi-colonne du premier bâtiment avant la constitution de la chapelle à deux travées.

Ces premiers chapiteaux présentés pourraient être de la même main talentueuse n'hésitant pas à des variations de compositions en bifurcations de distributions des thèmes et figures.

Les autres chapiteaux, bien que très difficilement lisibles semblent appartenir à une autre veine ou manière
- En vis-à-vis le second chapiteau A en position d'origine du premier bâtiment (détruit ou inachevé) semble être beaucoup plus économe d'entrelacs et le mode de composition semble d'avantage être de l'ordre de la confrontation ou de l'accumulation verticale de personnages debout plus que de la recherche d'une composition en structures d'entrelacs.
- Les deux chapiteaux H et G récupérés en consoles du repère 11 semblent également appartenir à un autre mode de composition à partir de lianes végétales épanelées en sens inverse juste au-dessus de l'astragale en croisement ou nœud ou foyer central.  Aucune figure humaine ou animale n'y est clairement identifiable. Nous pouvons garder ces chapiteaux comme étant d'une autre veine que ceux en B, C, D et F.

Vers quelles sources de diffusion locale peut-on se tourner pour l'arrivée de ces chapiteaux dans le bassin de la Tude ?

Si nous prenons comme outil de base l'inventaire et les classements de J.George et Alexis Guérin-Boutaud par Les églises romanes de l'ancien diocèse d'Angoulême Edition de 1928, au chapitre des sculptures, nous rencontrons assez fréquemment ces rinceaux en lianes feuillagées.
Leurs combinaisons avec les personnages et les animaux sont plus discrètes et d'une façon générale moins élaborées même en la cathédrale d'Angoulême. où les scènes sont plus dégagées des entrelacs, plus lisibles. Idem pour les sculptures de Plassac ou de Saint-Amant-de-Boixe. Sur les rapports entre Saint-Pierre d'Angoulême et Saint-Amant de Boixe, Charles Daras écrit "Selon toute vraisemblance  les pierres exportées au nord du département  furent extraites des carrières environnant Angoulême. A ce sujet, il n'est pas sans intérêt de constater que les sculptures à l'extérieur du croisillon  nord de l'abbatiale de Saint-Amant-de-Boixe présentent non seulement  de grandes affinités  avec celles du rez-de-chaussée de la cathédrale  Saint-Pierre mais encore qu'une certaines  ressemblance se retrouve dans la nature de la pierre. Toujours est-il que ces sculptures  n'auraient pu être réalisées  avec autant d'adresse  si les artistes avaient employé le calcaire friable de la contrée. On serait tenté d'établir un rapprochement  du même ordre à la façade de l'église de Ruffec.
Au sud d'Angoulême les convois de pierres devaient normalement suivre la route de Saint-Jacques, voie antique fréquentée par les pèlerins, qui reliait la métropole à Aubeterre" [C.f. C.Daras, 1970, op.cit, p.99] et nous sommes sur cette route (voir les cartes plus haut dans la page). Ainsi la question de l'importation de pierres dures résistantes aux intempéries ainsi que faciles à sculpter pour les chapiteaux semble trouver ses sources dans ces convois de transports des pierres de certaines carrières du secteur d'Angoulême alors que le grès de différents grains formés de plusieurs couches de sédiments sablonneux pourraient être d'extraction locale puisque tous les murs de différentes époques sont construis dans ce dernier matériau. Les artistes eux-mêmes pourraient suivre ces circuits.
 Soit une veine qui passerait par le Nord jusque dans le Sud-Charente mais éloignée des productions poitevines si on s'en réfère aux publications de Marie-Thérèse Camus [cf. M.Th.Camus, La sculpture romane du Poitou - Les grands chantiers du XI° siècle. Paris, 1992 - M.Th.Camus, E. Carpentier, J.F. Amelot, Sculptures romanes du Poitou - Le temps des chefs d'oeuvres. Paris, 2009] et, en revanche,  ayant eu selon toute vraisemblance des incidences sur les sculptures des chapiteaux de l'église Saint-Denis à Montmoreau, voire sur celles de Conzac et en poussant plus vers l'Ouest à la rencontre de 
la
 sculpture de la Saintonge
Pierre Bouffard, Sculpteurs de la Saintonge Romane. Introduction de René Crozet, photographies de l'auteur, cartes et dessins Rosemond Bouffard. Paris, 1962.
 (Saint-Eutrope à Saintes, Saint-Pierre à Arces-sur-Gironde)
 Cf. Jacques Lacoste (sous la direction de) L'imaginaire et la foi- La sculpture romane en Saintonge. Tours, 1998.

En allant vers le Périgord
Jean Secret relève des influences croisées des diocèses qui administrent le bassin de la Tude, " Faye (3) [1. S.] ce portail est le seul de tout le Périgord à posséder un tympan sculpté. Il représente le Christ en gloire, encensé par deux anges, assez comparable à ceux qui encadrent l'Arbre de Vie, sur le motif central de la façade occidentale, à la cathédrale d'Angoulême...[...]...Saint-Pardoux-de-Mareuil...L'abside et le clocher sont influencés par l'Angoumois...[...]...Chenaud...A noter que l'abside, très décorée, est influencée par la Saintonge. " . Cf. J. Secret "Les façades à arcatures dans les église romanes du Périgord". Dans, Société Française d'Archéologie - Bulletin Monumental - Dirigé par Marcel Aubert et Francis Salet - Tome CXVIII - 1960 - 2 - Revue trimestrielle publiée avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique". Ps. 91, 94, 98, 108 et 109.] 
 Pierre Pommarède, Le Périgord des églises et des chapelles oubliées - tome II - à l'ombre du clocher. Préface de Maurice Druon de l'Académie Française. Périgueux 2004.

En allant vers le Languedoc
Raymond Rey, La sculpture romane languedocienne. Toulouse, 1936.
Michèle Pradier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc : La sculpture gothique (XIII°-XIV° siècles) Toulouse 1998, 2023.

En allant vers le Limousin
Marie-Madeleine Macary, Sculpture romane en Bas Limousin. Périgueux 1966
Evelyne Proust, Les chapiteaux romans limousins - Typologie et premiers éléments pour une étude morphologique. Mémoire de DEA dirigé par Marie Thérèse Camus, C.E.S.C.M. Poitiers 1990.

En allant sur les routes de pèlerinages
Marcel Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques - De Conques à Compostelle. Mont-de-Marsan, 1990.
Jacques Lacoste, Les maîtres de la sculpture romane dans l'Espagne du pèlerinage à Compostelle. Paris, 2006.

Textes généraux de référence
Henri Focillon, L'art des sculpteurs romans. Paris, 1931.
Eliane Vergnolle et Yolanda Zajuska, "Les problèmes de l'art roman, architecture et sculpture". Dans, Louis Grodecki - Le Moyen-Âge retrouvé - De l'an mil à l'an 1200 - Préface de André Chastel  et Willibald Sauerländer. Paris 1986, p. 31 à 183.
Eliane Vergnolle, L'art roman en France. Paris 1994, 2003, p. 110 et suivantes. 


La lecture des pierres de réemplois (en rouge) nous renseigne encore sur les modifications qui ont été apportées aux murs primitifs, ou plus exactement orientent vers une lecture de murs romans de seconde édification, ou de premier fermement du massif oriental en chapelle ouverte car sans réemplois, et ensuite sur des modifications apportées à ce premier fermement.

1  . A savoir, deux murs de la première modification :

                     1a - le mur Sud-Est qui conserve la seule fenêtre de caractère roman et qui est une fenêtre de contre-jour ou d'unique éclairage de l'autel au fond de la seconde travée droite du sanctuaire lui-même réhaussé de deux marches inscrites dans la pente générale du sol qui est une orientation vers une organisation en chapelle ouverte où l'on trouve assez fréquemment ce dispositif d'évacuation des eaux de pluies et condensation dont le paroxysme est atteint en la chapelle de Tourette-du-Château présentée plus haut, en préambule.
1b - le mur Nord-Ouest dont la disposition originale de second fermement - puisqu'une des piles articulées se voit par les pierres moulurées dans la cage d'escalier extérieure - est avec une grande arcade assez étroite qi dépasse la corniche de réception de la voûte tardive. L'ouverture de cet arc se situe au-dessus du niveau du sol et peut autant orienter vers une ouverture que vers une niche réceptrice d'une grande sculpture ou peinture. Cette double lecture est à conserver puisque sur le plan - périmètre du repère 3 - nous voyons que l'aboutissement d'une hypothétique ouverture sur le mur Nord-Ouest est masquée tant par le percement d'une fenêtre du XIX° s, que par la construction de la tour d'escalier dont nous allons plus bas essayer de situer la construction plus tardive par un autre mode d'analyse.

2 . A savoir deux et trois murs avec des pierres de réemplois :

2a - Le mur Nord-Est où ces réemplois ne sont pas significatifs, d'où pour le moins nous ne pouvons extraire aucun sens particulier, sinon un premier réemploi pour la construction du second état du sanctuaire.
En revanche en angle extérieur Nord, au milieu du mur de soubassement, nous rencontrons un réemploi en angle (voir troisième icône ci-dessous). Ce qui irait bien dans le sens d'un chevet plat fermé pour la construction d'un bâtiment plus petit que celui initialement construit ou prévu.
2b . Le mur plat de fond du sanctuaire autour de la grande verrière a été modifié par le bas comme en témoignent tant l'organisation intérieure que l'organisation extérieure. L'état que nous voyons de cette grande baie n'est qu'un second état ou troisième état (en plus sans les remplages visibles sur le dessin ) dont les réemplois apportent un témoignage qui peut-être complémentaire d'un remaniement dans le périmètre immédiat en plus des dissolutions d'appareils de réajustements.
Cette verrière était à remplages, plus haute, depuis sa base en retrait du mur de soubassement, et de troisième, puis quatrième modification.
Remplaçait-elle une ouverture romane plus petite ?
Dans le cadre des lectures des chapelles ouvertes la fenêtre en fond du sanctuaire n'est pas obligatoire, même assez rare mais pas impossible et parfois présente suivant les régions. Et bien sûr la petite fenêtre latérale au Sud éclairait-elle seule l'autel - car à elle seule cette petite ouverture signe la présence primitive d'un autel - et comment le fond du sanctuaire était-il éclairé puisque l'éclairage intérieur global du bâtiment était assuré en première travée par le grand arc béant mais à angle droit de la pénétration de la lumière. Cette source de lumière était-elle suffisante pour permettre la lecture des registres peints sur le mur  ou fallait-il inciter le pèlerin, le voyageur à acheter de la chandelle "pour y voir clair"  pour découvrir le "Mystère" de la foi, dans ces correspondances mystiques avant celles du Carmel Réformé de Sainte Thérèse d'Avila au XVI° siècle ? Car ce sanctuaire était enrichi d'un revêtement peint dont les fonds ocres-rouges subsistent sur les piles.

A se stade nous comprenons que les sources romanes sont réelles mais qu'elles nous parviennent modifiées par au moins une intervention gothique par la verrière à remplages. 

2c.  le mur  Sud-Ouest est le mur le plus "retravaillé" du massif roman originel.
Tout commence avec un mur construit en grande arcade ouverte qui dépasse les deux piles de la travée primitive bordée par deux piles articulées dont celle à l'Est fait le lien avec une extension prévue qui pourrait avoir été une amorce de bras de transept. 
Ce très grand arc monte presque jusqu'à la hauteur du bord du toit de couvrement du chœur. L'écart entre cette bordure et le haut de l'arcade est une zone en petites pierres amalgamées sans ordonnance particulière comme les vestiges d'un remplissage d'angles qui semblent signer l'arrachement d'une voûte en portique, ou pour le moins en fronton débordant épousant l'arc ? Ce type de maçonnerie n'est pas poursuivi sur les partie latérales du grand arc fermé mais l'intérieur seulement.
On peut donc avancer - même si on n'arrive pas à identifier fermement une ouverture protégée par un abri - vers un arc ouvert sous abri à valeur potentielle de portique (disparu).
La disparition de ce portique pourrait être liée à une réduction de l'ouverture en deux temps. L'icône ci-dessous permet de mieux approcher comment ce massif occidental - ancien porche en oeuvre ouvert d'une grande arcade - fut progressivement fermé en remarquant que l'exacte correspondance des largeurs des arcs entre intérieur et extérieur interdit l'appel à toute insertion de ressaut d'ébrasement propre à contenir une fermeture par huisseries, qui de toute façon ne changerait pas grand chose aux séquences de fermements.
De la droite à la gauche de l'icône ci-dessus, tout comme de la gauche à la droite, nous assistons à des variations de hauteurs et de conceptions architecturales.
Je propose de commencer la lecture de cette icône par le repère I  qui est un ébrasement de porte tourné vers l'intérieur du clocher. C'est-à-dire que la porte s'ouvrait au niveau de l'entrée, à l'horizontale vers l'intérieur du bâtiment et que le plancher auquel elle donnait accès était au niveau des repères FF' qui étaient dans le secteur immédiat en repères GH de l'arc de transition entre le porche en oeuvre et le voûtement plein cintre du sanctuaire. Nous sommes ici sur les valeurs E entre le grand arc extérieur et la partie en tout venant du couvrement en portique ou fragment de portique en fronton (coffré?) alors que la valeur M nous amène au second niveau du plancher consécutif à l'aménagement d'une volée droite là où il y avait un accès de plein pied en valeur I. Nous comprenons que cette valeur M qui est celle d'un appareillage de la fin du XIX° siècle accompagnant un glacis de retraite de la verticale du mur  est une modification de l'empreinte du clocher sur le volume initial du porche en oeuvre qui accompagne un ou des chantiers de construction du clocher qui de toute façon a été reconstruit à la fin du XIX° siècle comme vu plus haut avec le dessin fournit par Eric Petit.
Il faut maintenant lire cette nouvelle élévation avec l'arc intérieur DD' qui a été modifié (sans imposte et arc à claveaux modernes) pour servir l'élévation actuelle du clocher en sous oeuvre. Il y avait ici un arc ou une ouverture percée dans le mur du porche fermé à l'ouest de la chapelle primitive dont les murs en ébrasement issus du premier percement n'ont pas été modifiés.
Si I est inférieur par son plancher initial à M-F' c'est donc que nous avons toutes les chances d'avoir eu un porche en oeuvre sans comble, ou un proche uniquement charpenté, voire planchéié sous charpente.
La moulure d'ébrasement de l'ouverture ou porte d'accès au clocher est amortie d'un abattement terminé en cavet d'angle.
Ces amortissements d'angles sont connus en gorges creusées ou glyphes dans au moins une église romane de la bordure Est du bassin de la Tude : Saint-Pierre à Bellon et en moulures d'ébrasements aux XV° ( XVI° ?) siècle comme au château de Curac (bassin de la Tude).
Ils seront fréquents et même caractéristiques en abattements plats d'entourages de portes du XV° au XVII° siècles sur tout le royaume.
L'escalier a été partiellement démoli mais les tracés tournants sur les quatre murs de la cage d'escalier montent jusqu'aux traces d'un repos à fonction de pallier en relais de la fin de la vis et du début de la volée droite (figs 1, 2, 3, 4), ce qui pourrait être un dispositif apparenté à un mode roman [voir sur ce blog les présentations de quelques escaliers romans du bassin de la Tude sur la page qui précède celle-ci, soit : Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html]
    mais la volée tournante continue est le double en largeur d'un escalier du XII°/XIII° s. et en plus il démarre de fond derrière une porte clairement tardivement percée en angle Nord-Ouest après achèvement de cette partie devenue un chœur à deux travées droites d'origine romane. Dans l'ébrasement du passage en bordure Ouest on repère d'autres traces d'une pile articulée du premier bâtiment roman. En plus, cette tour d'escalier hors oeuvre est épaulée sur sa face Ouest - en alignement de l'ancien mur Ouest de la chapelle ouverte - d'un contrefort d'élévation ancienne du clocher qui n'est pas d'origine à la chapelle ouverte qui n'avait pas besoin d'un tel dispositif. Ce contrefort a son correspondant au Sud-Ouest. Ces deux contreforts épaulent donc une élévation plus tardive que l'escalier du volume du clocher dans son état antérieur à celui actuellement visible. 
La base de l'escalier étant  rongée par le salpêtre, il nous manque ici un repère essentiel de datation d'autant plus que les marches ont été rechargées en ciment et nous ne pouvons donc pas voir comment les premières marches étaient assemblées au noyau au départ du mur d'échiffre.
Cette cage d'escalier était éclairée par deux petites fenêtres percées sur sa face Nord, mais il n'en subsiste que la plus basse dans l'élévation, l'autre étant clairement bouchée.

De toute évidence cet escalier est ajouté tant au premier édifice roman qu'à sa transformation en chapelle ouverte, qu'à des modification postérieures avant construction d'un premier clocher ou simplement d'un grenier. Les recherches historiques d'Eric Petit rendent compte d'une première cloche "bénie en 1667" [E.Petit, 2021, op.cit, p. 75].       .
Nous aurions donc eu une chapelle ouverte avec un porche en oeuvre planchéié ou sous charpente ouvert côté Sud, protégé par un portique couvert d'une voûte coffrée sur piles (?). Avait-on un complément architectural au moment de cette transformation ?

Ce grand arc va être progressivement fermé : repère CC'. Fermé de telle façon que l'arc intérieur est plus haut que ce lui extérieur, donnant lieu à un tympan (ou glacis) intermédiaire entre les deux ouvertures, actuellement pris dans les compensations murales de fermement. On penser à un ébrasement pour une porte s'ouvrant vers l'intérieur dont le haut serait venu butter contre ce tympan puisque les ébrasements sont identiques entre le grand arc et l'arc réduit.
Cet arc fut-il réduit avant l'abattement partiel du mur Ouest des deux travées droites sans rectification des niveaux des sols entre la chapelle ouverte et le nouveau bâtiment en extension Ouest qui devient la nef de l'église à l'origine sans voûtes et aux murs plus fins et décalés de la construction romane. Ce décalage non compensé des niveaux des sols peut-il  signer deux chantiers réalisés à l'aveugle l'un de l'autre, donc avant ouverture du mur Ouest de la chapelle ouverte ? Toujours est-il  que cette différence de niveaux fut le prétexte à la construction d'un garde corps ajouré dont les traces de fixation dans le mur ouvert sont encore bien visibles en symétrie sur les ébrasements Nord et Sud. 
Ces deux travées en chapelle ouverte, puis fermée, conservèrent donc une fonction particulière au sein de l'organisation liturgique du monument comme si cette église fut un temps celle d'une communauté avec une travée droite en avant de la seconde travée droite du sanctuaire proprement dite. Les parties bûchées, notamment sur les bases et les chapiteaux semblent orienter vers cette hypothèse pour l'installation de mobiliers disparus.

A partir de cette nouvelle organisation peut-on réinvestir ces deux travées droites pour essayer d'approcher leurs deux modes de couvrements qui furent bien distincts ne serait-ce que par les niveaux des voûtes actuelles dont celle de l'ancienne travée porche est la plus récente, voire moderne - repère G ? La répartition des contreforts extérieurs peut-elle participer à cette réflexion ?

Le répartition des contreforts est la première indication d'une contrebutée de voûte postérieure à la conception architecturale du massif carré en deux travées de la chapelle. C'est-à-dire qu'il n'y a aucun contrefort en angles est.
Cette remarque est confortée par l'analyse, et analyse comparative avec le voûtement du chœur à chevet plat de l'église de Saint-Romain qui est sur la même route de Saint-Jacques-de-Compostelle entre Aubeterre et Bors-de-Montmoreau, en bordure sud Est du bassin de la Tude avant de s'articuler avec le bassin  de la Dronne.
Avec cette icône nous avons tous les éléments de réflexion qui nous amènent à envisager un voûtement du chœur en plein cintre de Bors-de-Montmoreau quasi contemporain de la réalisation de celui de Saint-Romain, avec les deux modes de voûtement des chevets plats du bassin de la Tude, soit principalement en plein cintre et qui bascule en voûtes sur nervures sur cette transition XII°-XIII° siècle avec des éclairages de sanctuaires qui varient de la grande verrière unique au lancettes groupées par deux et celles groupées par trois, alignées sur le même niveau ou décalées comme à Sérignac entre Chalais et Rioux-Martin mais sur le diocèse de Saintes. 
Sauf que l'éclairage latéral du chœur reste aligné au modèle roman de Sérignac, sans apport de grandes baies sur les murs gouttereaux.
Bors-de-Montmoreau d'abord conçue comme la récupération sans voûte et en chapelle ouverte des vestiges d'un sanctuaire plus ancien - en descendant vers la première moitié du XII° siècle - prend peu à peu sa place dans les églises à chevet plat du bassin de la Tude.
Cet aspect de la question plaide bien pour un premier porche en oeuvre planchéié ou charpenté et peu à peu transformé en clocher par l'ajout de quatre contreforts d'étayage d'élévation et un arc intérieur en reprise sous oeuvre pour renforcer le premier arc de la voûte de l'entrée dans le sanctuaire - en support renforcé de l'élévation du mur Est d'une première version du clocher constitué par dessus un premier grenier probable sur plancher - profilé en demi-nervure comme exposé sur l'icône ci-dessus. 


Nous voici revenus à ce point crucial du passage de cette construction du XII° au XIII° siècle par une chapelle ouverte, chapelle étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Je propose de marquer un temps d'arrêt à l'investigation d'étude de ce bâtiment, avant d'aborder les liens qui ont pu se faire avec une extension Ouest à partir du XIII° siècle, et de quelle nature cette extension a t-elle pu être vers une transformation à fonction de nef du sanctuaire agrandi.


Hélas les éléments en place du bâti ne permettent pas l'approche d'une agglomération ancienne disparue, ou d'une abbaye également disparue, ayant nécessité la construction d'une grande église à piles articulées, presque disparue.

La suite de mon inventaire direct des sources médiévales de transition romano-gothique des chapelles de routes s'enrichit avec la chapelle de Cressac sur le secteur Sud-Ouest du bassin de la Tude mais sur la Charente-Maritime, limitrophe, autour du secteur de la Haute-Lande (Charente) site d'implantation d'un prieuré de Fontevraud, voir sur ce blog :

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html

L'étude complète pour l'identification de cette chapelle, sur ce blog :
Cressac, La Genétouze, Chenaud, Pillac. Aspects atypiques de l'évolution de 
l'architecture religieuse romane en Sud Charente - Bassin de la Tude :
 contreforts, avant-chœurs, escaliers en vis et passages :
  https://coureur2.blogspot.com/2024/01/cressac-la-genetouze-chenaud-pillac.html

Continuons d'investir les aspects de ces découvertes successives majeures et tout à fait par hasard, d'abord en extraction raisonnée à Bors-de-Montmoreau d'une chapelle ouverte de la transition roman-gothique, puis à Cressac avec une restitution simple du parti d'origine mixte roman et gothique, également de la période de transition roman-gothique, pour leur restituer leur véritable place et importance dans l'étude du patrimoine religieux et de ses articulations et incidences sur la culture et l'histoire de la construction séculaire de la civilisation occidentale et principalement française, pour des cheminements de liens avec le reste de l'Europe.

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Premiere suite du plan de compte rendu d'étude et de ses incidences


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                                                      2
               Une recherche en introduction sur la famille des chapelles de routes 

Comme déjà dit et exposé à partir de la reprise d'un inventaire dessiné et aux restitutions documentées et raisonnées commencé par les volets 1 et 2 de cette recherche débutée en 1991/92 - dans un ensemble beaucoup plus vaste consacré à l'étude de la polychromie architecturale et plus particulièrement de la façade peinte depuis la fin du Moyen-Âge/ début de la Renaissance à nos jours sur tous les bâtis du Sud-Ouest des Alpes  - pour la présentation en thèse doctorale de 3° cycle soutenue à Aix-en-Provence le 26 janvier 2001, en introduisant les rapports picturaux et architecturaux à l'étude de ces architectures, car ce sont avant tout des architectures, jusqu'alors étudiées seulement sous le volet de la peinture avec les études scientifiques picturales et géographiques inaugurales élargies au domaine alpin et aux influences du Nord de l'Europe par Marguerite Roques en 1961 et 1963.

Ici, avec ce troisième volet, nous franchissons donc une nouvelle étape, certainement tout autant décisive que les volets 1 et 2 ...

Bien évidemment la présence d'une chapelle romane à façade ouverte et intérieur peint (traces évidentes de peintures ocres jaunes et rouges sur les parties les plus anciennes de la chapelle, donc sur les piles articulées et colonnes engagées aux 2/3 sur dosserets aux angles dégagés d'un tore) surprendra certainement. En effet j'ai rencontré ce type architectural dans les Alpes du Sud-Ouest, Sud-Est de la France c'est-à-dire sur les versants provençaux, essentiellement construits aux XV° et XVI° siècles pour des réceptions de décors peints visibles depuis l'extérieur à différents degrés jusqu'au fond des sanctuaires, suivant les variantes de ce type architectural. C'est une période historique pendant laquelle cette partie alpine où on rencontre principalement ce phénomène est peu à peu intégrée au comté, puis duché de Savoie sans autonomie politique et culturelle véritable - sauf des manifestation sporadiques vernaculaires selon les villages, les cols et les vallées et des vagues de constructions religieuses égrenées dans les siècles depuis le Premier art Roman méridional, le Premier art Gothique cistercien, des variations et avatars entre gothique et roman, et à partir du XVII° siècle des directives romaines des Jésuites qui arrivent par le Jésus de Nice au plan repris par les réviseurs et égrenés sur tout le diocèse de Nice, enfin une diffusion de quelques modèles de façades d'églises à frontispices sur portiques à la rencontre des courants des directives Jésuites jusqu'au XIX° siècle; l'architecture civile s'alignant sur les courants provençaux qui se modulent à partir des constructions gothiques amalgamées avec des palais sur arcades dans les périmètres fermés des gros bourgs médiévaux à la rencontre d'adaptations alpines et la création des maisons-fermes contenant à elles seules toutes les fonctions de l'habitat et de lieux et outils de l'économie agricole de chaque domaine - qui deviendra pour sa plus grande part un comté totalement artificiel du non moins artificiel Royaume de Sardaigne alpin (après avoir été royaume de Sicile) par le jeu des couronnes disponibles en Europe après le traité d'Utrecht terminé en 1715.
Ces royaumes tardivement constitués n'ont aucune responsabilité politique sur la construction de ce patrimoine chrétien ouvert aux voyageurs, réparti sur les routes orientales des terres occidentales. 
Les directives des monarchies sardes installées à Turin en Piémont (province du Milanais) tardivement constituées ne modulent véritablement le panorama architectural civil et religieux, et encore assez faiblement, que par les effets du baroque italien du XVIII° siècle transitant par Turin (route neuve dite "route royale" ou "réale strada" construite au XVIII° s pour relier le port de Nice à Turin) et le néoclassicisme qui en revient aux solutions également baroques du XVII° siècle, que sur les périodes 1715-20-1790, puis 1815/20-1860, s'alignant au romantisme européen au XIX° siècle avec une culture néogothique et néo-baroque qui diffuse depuis Turin sur le comté alors que le palladianisme pose ses jalons de puis la Provence Orientale sous l'influence des colonies anglaises et du tourisme d'hiver qui  s'installe en "stations" jusqu'aux sources des vallées alpines, et des écoles d'architecture parisiennes et l'enseignement de Quatemère de Quincy (1755-1849). Charles Garnier commencera son influence polychrome sur la Côte à partir des villas qu'il construisit à la Bordighera sur la Côte Ligure (Italie frontalière) pour passer ensuite à Monaco. C'est à partir des restaurations du Palais Princier de Monaco que la veine moderne des façades peintes et architectures polychromes de la Côte d'Azur est lancée avec l'installation de toute une infrastructure commerciale et artisanale, un peu plus tard industrielle avec les manufactures de céramiques monumentales, débutant par l'ouverture de magasins de couleurs à Menton seulement quelques années après le rattachement du comté de Nice et de deux seigneuries de Monaco à la France (1861).
Le baroque aixois affirmé en Provence Orientale va à la rencontre d'autres courants  dont l'architecture jésuite, s'égrenant jusqu'à Grasse et plus bas dans la vallée de la Siagne jusqu'à celle du Var avec des ricochets tout au long de la Côte, voire un peu au-delà et d'une façon générale difficile d'en isoler les sources vu la minceur de leurs manifestations, alors que les Grimaldi régnant depuis le XIII° siècle sur Monaco, d'abord élevés au rang de marquis par Charles Quint puis autoproclamés Prince (Honoré II dès sa majorité) et reconnus par Louis XIII qui les érigent au rang de Duc et Pair de France, se libérant du joug de l'Empire, c'est-à-dire de l'Espagne, dès les premières décennies du XVII° s., affirmant l'architecture française dans leurs seigneuries - de Monaco à Menton - depuis au moins 1630-1640, dont l'architecture polychrome royale et militaire, avec des artistes aixois, des ingénieurs en garnison à Toulon ou des projets directement commandés au Cabinet des Architectes du Roi et localement mis en œuvre par un architecte français à demeure; le Prince étant lui-même sinon totalement "l'architecte", au moins l'ordonnateur urbaniste et ornemental, le contrôleur et le récepteur commanditaire.
Le modèle de chapelle ouverte à arc grand ouvert en façade Sud du porche Ouest existe dans la Vallée de La Tinée à une bonne heure de marche sur un très étroit et vertigineux sentier alpin au hameau (quartier) de Saint-Jean (chapelle Saint-Jean) à partir du village déjà haut perché de La Tour-sur-Tinée à partir duquel on repère d'autres chapelles anciennement ouvertes : celle hors les murs qui deviendra chapelle des Pénitents et Sainte-Elisabeth sur la route du col qui fait le lien entre les deux affluents Est du cours inférieur du Var : La Tinée et La Vésubie.

(retrouvez plus de précisions et d'études sur ce sujet central aux articulations des courants culturels qui ont traversé les Alpes du Sud de la France à l'Italie et inversement, ici à travers les églises - qui complètent sur ce même sujet mes pages sur l'habitat et les chapelles sur ce blog - à la page
  Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale
                                     http://coureur2.blogspot.fr/2013/02Bib/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html)

La seconde chapelle ouverte que je présente ici de la commune de La-Tour-sur-Tinée est celle de Sainte-Elizabeth avant de produire plus bas l'icône de celle qui, tardivement fermée, est devenue chapelle de Pénitents.

Ainsi, avant d'entrer dans l'inventaire des chapelles ouvertes et des veines de "fermements" je produis cette chapelle Sainte-Elizabeth comme l'exemple d'une autre forme de récupération culturelle de ces monuments au XX° siècle par le phénomène  du Vampirisme du mur commun à des évolutions contemporaines en ornements tagués et graffités qui sont des remontées des projections consécutives à la pulsion rencontrant une organisation particulière du bâti qu'elle conteste ou qu'elle utilise tout simplement (comme les Limericks en Irlande qui sont des formes poétiques qui trouvent leurs sources dans les graffitis des toilettes publiques - connus depuis la période romaine [latrines] et à partir desquels on connait la prononciation phonétique du latin - et qui donneront naissance aux productions littéraires du Non Sens en Angleterre). Ces graffitis modernes sont des témoins d'une récupération culturelle pulsionnelle de vecteurs contestant ou répondant à d'autres constructions raisonnées de la culture occidentale à l'abandon ou à la destruction. Ceci a bien sûr un sens dans notre société dont la laïcité irraisonnée peut entraîner beaucoup plus de dégâts culturels que de bienfaits et ainsi être une ou des formes de contestations de la mémoire et de la présence par le mécanisme psychologique, sans proposer d'autres valeurs que celles du Vampirisme.
Je produis donc cette chapelle comme un des effets progressifs qui accompagnent le mouvement de fermement de ces petits sanctuaires jusqu'au vampirisme du XX° siècle 
qui est in fine le fond puissant de notre forme culturelle du XXI° s.
(voir sur ce blog :  Psychiatrie - Une histoire et des concepts - l'humain et l'art en enjeux
http://coureur2.blogspot.fr/2016/11/psychiatrie-une-histoire-et-des.html, et pour abréger ou pour faire simple se reporter directement au petit texte "Le clair de lune et la poésie" de la seconde partie de la présentation de ce chapitre du blog).

En plus des informations que je donne sur les chapelles peintes et ouvertes des versants alpins du comté de Nice que j'ai relevées pour ma recherche en thèse doctorale de 3° cycle, je dois signaler un très intéressant et indispensable complément d'informations par la publication de Colette et Michel Bourrier-Reynaud Les chemins de la tradition. Chapelles et oratoires au cœur du haut pays niçois. Nice, 1986.  avec des notices historiques illustrées de dessins très parlants comme celui ci-dessous de la chapelle de Saint-Jean-sur-la-Colline (vallée du Var) avec ce commentaire "Le 20 mars 1492, elle était attestée par une acte du notaire pugétois Vicenzo"
La présence d'une claire-voie en demi-soleil de tympan atteste d'un fermement tardif et partiel du sanctuaire,
vraisemblablement à partir de la 2° moitié du XVII° s. (Claude Peynaud).


Voir également les chapelles à façades ouvertes en plein air ou encastrées dans des grottes de la région des
  gorges du Verdon,


La plus ancienne chapelle ouverte du Sud-Ouest des Alpes, datée par son programme peint par Jean Baleison, est celle de

VENANSON
1480

Chapelle Sainte-Claire
avec une image composée autour du martyre de Saint-Sébastien
Alpes-Maritimes, haute vallée de La Vésubie, au pied du Mercantour, affluent de la basse vallée du Var.

Si l'origine de son décor peint conservé ne pose aucun problème dans un contexte d'épidémies contre lesquelles Saint-Sébastien devint un saint thaumaturge, il est certain que sa source architecturale est issue de modèles antérieurs et nous avons vu l'exemple de Villars Saint-Pancrace en Dauphiné publié par Gabrielle Sentis, bien après que nous ayons identifié une chapelle romane ouverte sur le mur sud du chœur de l'église de Bors-de-Montmoreau.
Nous avons également vu que des plans en relents de schémas plus ou moins romans d'inspirations d'Ouest pouvaient servir de modèles directeurs pour construire les enveloppes de certains édifices religieux de la vallée du Var et de chapelles dans les vallées de ses affluents dont de la Tinée.
(J'observe une réelle réserve car beaucoup de ces petits bâtiments semblent avoir disparu et leurs décors peints aussi : des approches statistiques seraient donc purement hasardeuses, voir téméraires et tomber en dehors des champs scientifiques d'études).

Pour Venanson 
 je ne documente pas un éventuel porche, même en bois.
Les porches en bois peuvent encore se rencontrer dans la vallée de la Tinée (Roure, Clans)

[Pour trouver des architectures de chapelles peintes, ouvertes en façades,  à porches maçonnés encore in situ il faut se déplacer plus au sud sur les massifs qui se dédiront peu à peu à la Savoie (chapelles de Lucéram) et à l'Ouest sur les terres frontalières (Sigale - N.D du Bosc) ou restées à la Provence (Vence, Ben Va au nom évocateur "Bon voyage" des fonctions de ces chapelles).]

De premières déclinaisons de transitions depuis des chapelles ouvertes en chapelles peu à peu fermées en claire voies

Les fermements de chapelles ont aussi été en murs pleins avec modifications des plans,
nous ramenant vers la recherche effectuée à Bors-de-Montmoreau
Mougins - Notre-Dame-de-Vie
Les fêtes populaires traditionnelles revivent sur les dehors de la chapelle à l'occasion de réjouissances et de célébrations comme en ce lundi de Pâques 2017




Un retour en Charente au XVII° siècle pour une véritable rencontre entre Est et Ouest
dont je donne ici trois premiers témoins rencontrés.


Chapelle Saint-Jean à la Fontaine de Guérison en bordure du chemin

des Mandoliers issu du carrefour un peu plus bas avec le Petit Chemin de Saint-Jacques

Sud-Charente - Lisières Est du bassin de la Tude

Bibliographie : M.Valette, Pays Poitevin (extraits). Août 1898, p.14. Etudes locales, n° 215 p. 143 et N° 266, p. 156. Repris par  Marc Leproux, Dévotions et saints guérisseurs. Contributions au folklore charentais : Angoumois, Aunis, Saintonge. Préface par Georges-Henri Rivière Conservateur du musée des Arts et Traditions Populaires. Directeur du Conseil International des Musées. Angoulême 1957, p. 184 et 185. "L'église et la fontaine sont placées sous le patronage de Saint-Jean.
La grande Vote a lieu le jour de l'assomption et s'accompagne de la frairie de Laménède (sic) sur le bord de la Beuronne dans une prairie éloignée de toute habitation, bordée de grands bois au nord et à l'ouest. La jeunesse y danse jusqu'à la nuit.
Dans la prairie se trouve une fontaine appelée fontaine de guérison, dont le volume d'eau ne varie point. Toujours limpide et claire, elle guérit les plaies et les douleurs; selon Bertrand, elle guérit les maux d'yeux.
Les pèlerins suivent la foule la veille de l'Assomption, et se plongent dans l'eau jusqu'au cou. Une petite chapelle déserte, située sur le bord de la fontaine, est ornée ce jour là de verdure et de fleurs. Autrefois le curé y récitait des évangiles...
Sur le bord de la fontaine se trouve un poteau de quatre à cinq mètres, gros comme la jambe...le soir de l'assemblée il est criblé d'épingles plantées par les jeunes filles qui désirent se marier...de leur côté les jeune gens les enlèvent avant le coucher du soleil et en piquent deux croix au revers de leur veste ou sur leur blouse afin de trouver une compagne avant la fin de l'année." 


 Lorsque je rencontrais ce petit bâtiment on me le présentait comme une bergerie, mais mesdames Ghislaine Gaudet et Christine Dumora me confièrent en même temps un document extrait des archives du presbytère de Saint-Quentin, recueilli à Chalais : "à 4 h je récitais les 3 chapelets à la fontaine de Guérison, dans ce lieux ...qu'on nomme pour je ne sais quelle raison chapelle à des ruines où la pluie et le vent pénètrent à des murs sales. Le sol de la dite chapelle est en terre. C'est l'étable de Bethléem. Pour le.... famille Lajeunie propriétaire de la fontaine et de la dite chapelle s'évertue de cacher les murs en y étendant les branchages les degrés d'un vieil autel tout couvert d'un vieux tapis. La garniture qu'entoure l'autel au milieu de laquelle est peinte l'image du sacré cœur est ce qu'il y a de plus propre.
Le reste comme... bouquet est vieux et sale. Les pèlerins n'étaient pas nombreux cette année à la récitation du rosaire mais aussi le temps était mauvais et le chemin plein d'eau et de boue.". Suit une date 19/04/1904.


Depuis, la chapelle a été restaurée mais sans excès : le toit a été réparé et a été isolé par un plancher. Le sol est toujours en terre et le vieil autel décrit a été remonté sur un mur, alors qu'un autre autel "plus propre" en boi
s ciré a pris la place de l'ancien.

La façade a été enduite en ciment moucheté mais celui d'origine en chaux a été conservé et on le voit dessous le ciment qui s'écaille. L'enduit de façade semble avoir été reporté sur le mur Est site de l'appentis en préau, pour le moins il reste des traces d'enduits de chaux qui furent colorés, par delà les moisissures de surface.



Le domaine dont dépendait la fontaine de Guérison et la chapelle Saint-Jean était celui du
 château des Dougnes tout en haut de la grande combe dont la fontaine est la pointe basse.
Ce château est du XV°/XVI° siècle.
La famille Lajeunie était propriétaire des Dougnes.
C'est par mariage que la chapelle et la fontaine passent dans le domaine de La Ménècle
propriété de la famille Des Courtils dont l'actuel propriétaire de la chapelle est un descendant
direct, propriétaire du Maine sur le chemin qui conduit à La Ménècle
L'appentis en préau qi accompagnait le chemin a été démoli mais les vieux chasseurs des villages alentours, dont monsieur Gaudet, se souviennent qu'ils s'y abritaient. 
Nous avons donc ici la chance rare d'une chapelle de route semi-ouverte du XVII° siècle  quasi totalement conservée dans son état original avec en plus son autel sculpté et peint, d'une richesse qui tranche véritablement avec la modestie du bâtiment (bénéfices des oboles des pèlerins ou générosité des propriétaires ?)
Sa façade est structurée à moitié en dur et à moitié en bois et claires voies. C'est une organisation absolument originale que je n'ai jamais rencontrée, transitoire entre les façades à claires voies des chapelles du XVI° au XVII° siècles, et l'architecture vernaculaire à pans de bois dont on peut voir un exemple pas très loin à Saint-Aulaye (Dordogne) sur les bords de la Dronne : cette architecture locale à pans de bois est appelée "doublaude" de la Double Saintongeaise qui est une vaste forêt de pins à quelques kilomètres des forêts de feuillus site de la chapelle. Toutefois des repères de constitution de cette façade se trouvent dans les chapelles de l'Est de la France ci-dessus présentées pour montrer le mouvement de fermement de ces petite chapelles. Voire ces repères, en lien avec l'architecture dite de la "doublaude" à la suite de la présentation de cette chapelle. 


Les fonctions apotropaïques et thaumaturges sont  réparties entre la chapelle et la fontaine qui est une résurgence naturelle qui - même en cette année 2022 de très forte sècheresse - n'a jamais été asséchée bien que le niveau de l'eau ait baissé d'environ de moitie.
Une autre légende s'attache à cette fontaine : celle de sa construction par un soldat rescapé d'un massacré de la fin de la guerre de Cent-Ans lorsque les troupes françaises campèrent sur les bords de la Tude et qu'on fit un pont avec les cadavres des soldats tués pour franchir la rivière avant la bataille de
Castillon le 17 juillet 1453.  Le site s'appelle "Pont de Corps" à côté du village de Médillac où on voit une belle église romane en très bon état.
Ce soldat rescapé serait venu se baigner dans la fontaine et il aurait fait le vœux de construire une chapelle sur le site s'il guérissait de ses blessures.
D'autres sources, avec la même histoire du soldat rescapé formulant des vœux à la fontaine pour la construction d'une chapelle,  situent cet épisode à la suite de la bataille de Coutras (1587) qui fut une victoire des protestants d'Henry de Navarre sur les catholiques. 
Il faut préciser que le cours de La Beuronne, à environ quatre cent mètres est le site de ruines de ce qui ressemble fort à une implantation gallo-romaine exploitant le cours d'eau.
Ce site de la fontaine de Guérison pourrait-il être également celui d'un ancien culte païen ?
Incontestablement le site est très riche d'histoire et d'occupations humaines.


L'autel en bois est un assemblage d'éléments sculptés, découpés, et peints.
On reconnaît le "sacré cœur" décrit par le texte de 1904 mais on voit aussi les saints qui sont peints de part et d'autre. On identifie encore Saint-Roch avec son chien et l'ange qui amène des onguents dans des pots minuscules pour soigner le bubon, La Vierge à l'enfant, Sainte-Marie Madeleine et Saint-Jean apôtre.
Au dessus nous avons trois croix et trois colombes : Eucharistie. 
 Les colonnes sont d'un trait d'érudition inattendue : c'est un ordre ionique à fûts canelés présentant un entasis et base en rythme tore-scotie-tore sur plinthe.
Le fronton qui subsiste est à rampants interrompus et figure centrale dont le modèle commence à diffuser vers la fin du XVI° siècle depuis Rome pour devenir plus courant au XVII° siècle.
Ce mobilier semble être réalisé avant la généralisation des colonnes torses
La posture de Saint-Jean surprend et pourrait-elle aussi un éléments de datation. En effet ce vieillard barbu en grande robe qui pointe le ciel de son index n'est pas sans faire penser au Platon de l'Ecole d'Athènes de Raphaël dont les modèles en sont publiés par gravures en 1650.
Mais l'attribut de la main gauche n'est pas un livre et on ne peut savoir comment se termine le bâton qu'il tient dans cette main.
Même si l'autel est un peu postérieur à l'édification de la chapelle on doit pouvoir situer la construction du bâtiment dans la première moitié du XVII° siècle.
C'est une chapelle, originale certes par la conception technique de sa façade, mais qui entre totalement dans le courant des chapelles du mouvement de fermement des petits sanctuaires de routes du XVI° au XVII° s. avec abandon des peintures murales dans l'ambiance post-trentienne pour des iconographies peintes sur un mobilier polychrome à ailettes de tabernacle. Ailleurs ces figures de saints, comme à Bors de Montmoreau, mais plus tard dans le XVII° s., voire au tout début du XVIII° s., sont des rondes bosses en bois polychromes et colonnes torses.


Là encore nous voyons que l'architecture utile au voyageur prime à la construction et à l'iconographie et au décor qui s'inscrit ensuite dans la formation historique d'un nouveau mobilier d'église qui tranche carrément avec la modestie de l'architecture de la chapelle et de son originalité bien qu'appartenant au courant architectural historique propre à ces chapelles de routes d'Est en Ouest et inversement.
On connaît l'architecture savante qu'on emploie pour l'autel mais on s'aligne aux courants et aux évolutions de l'architecture des chapelles de route de l'époque pour construite le petit bâtiment.
Les fonctions d'abri et apotropaïques/curatives sont ici clairement confondues bien que fonctionnant sur l'association source/chapelle. Les saints de l'autel sont deux fois des saints guérisseurs : une fois du corps avec Saint-Roch et une fois des âmes avec Marie Madeleine alors que la Vierge à l'enfant annonce le sacrifice et le martyre de Jésus pour un apôtre qui réunit cet ensemble sous le patronage du ciel, de Dieu : le tabernacle et les symboles de l'Eucharistie distribuant l'ensemble ornemental architecturé en tant que temple de la transsubstantiation par le tabernacle et l'élévation de l'hostie sur le ciboire. C'est une chapelle de route dans laquelle on peut célébrer la messe... Et cette possibilité offerte à la célébration de la Passion accompagnée de saints s'inscrit dans une continuité substitutive des représentations des Mystères.
Ces valeurs sont-elles reportées en iconographies extérieures ?

En haut du vallon qui monte au château des Dougnes - site de plusieurs résurgences en ruisseaux et fontaines - rejoint par le chemin des Mandoliers qui monte à travers bois vers la ferme du Maine du domaine de La Ménècle, nous trouvons une autre résurgence bâtie en fontaine en dur, appelée Fontaine des Mandoliers.
La fontaine des Mandoliers et celle de la Guérison ponctuent le départ et la fin du vallon qui passe par la ferme de Chez Blazy seule occupation humaine agricole bâtie (actuellement ruines) de cette vaste combe bordée par des cluzeaux.
Dans cette grande fontaine, d'après le témoignage de Madame Goudet, on y faisait tremper les tiges d'osiers pour les assouplir afin de les rendre propres à la confection des paniers et des chapeaux.

Le site de la chapelle est également celui où pousse une variété particulière d'osier appelé "Visaube"




Que ceux qui iront voir ce site s'inclinent devant lui avec autant de respect que j'en ai eu à en faire les relevés et à vous les présenter. 
Qu'ils contribuent à sa sauvegarde.


Des repères pour une constitution de la façade de la chapelle Saint-Jean

Jadis les fêtes religieuses populaires - avec comme support le théâtre des mystères -
 avaient lieu à l'extérieur des chapelles dont le décor intérieur a changé
ou a été reporté sur des mobiliers sculptés et peints en  tabernacles à ailettes, ou à tabernacles avec tableaux d'autel, dans l'esprit qui s'est transformé avant et après le Concile de Trente.
Les chapelles privées, liées à une économie seigneuriale de gestions et de circulations sur les domaines, reversaient les bénéfices de l'autel au clergé (Cf. M.Aubrun, op.cit., 1986/2008, p.77)



 Montbron - Seuil Charente-Périgord


Chapelle dite des Lépreux

Ici les repères avec les chapelles alpines de l'Est de la France sont clairs depuis Notre-Dame-de-Bon-Coeur à Lucéram jusqu'à Notre-Dame-de-Protection à Cagnes et Notre-Dame-de-Vie à Mougins.

La chapelle est à un carrefour de routes, dont une qui est un des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, hors les murs du
 village.

La fonction des fenêtres en claire voies n'est pas un dispositif pour tenir en isolement les lépreux, même pour distribuer des repas au travers des claires voies (cf. ces claustras pour distribuer des repas c'est ce qui est publié sur le net) où il n'y a pas assez de place pour faire passer une écuelle sans la renverser  - ce qui serait en plus contraire aux doctrines chrétiennes catholiques -  mais un mode architectural qui a été enrichi d'une travée porche charpentée, rejoignant les modèles provençaux du XV° au XVII° siècles. Sous les fenêtres les bancs reposoirs sont construits avec des fragments de sarcophages anthropomorphes de veine mérovingienne/carolingienne, et autres cailloux taillés.
 D'après l'enquête faite sur le terrain, le site aurait été une sorte de nécropole. En tout cas ce serait un gisement.
Les confréries laïque sont créées au XIII° siècle. Y eut-il une occupation du site par l'une de ces confréries ?
A partir de là on peut orienter des recherches sur plusieurs axes quand à l'occupation ancienne du site. C'est-à-dire  qu'il y a eu d'une part un véritable cimetière qui a peut-être été peu à peu investi par des constructions profanes et qui ont donc repoussé, avant de disparaître elles-mêmes, des constructions liées au culte, aux traditions mortuaires. D'autre part on pourrait essayer de remonter, comme le font certains auteurs, aux persistances romaines d'enterrer les défunts le long des routes. Mais la chapelle dans sa conception actuelle, y compris avant la construction du porche, ne peut guère être antérieure aux mutations architecturales ailleurs constatées, soit un bâtiment construit en deux chantiers à partir du XVII° siècle.

 On voit ce mode architectural évoluer depuis les chapelles alpines et provençales plus haut présentées et celle ci-dessus également en Provence Orientale, à Vence, jusqu'à la chapelle Saint-Jean à la Fontaine de Guérison sur la commune de Saint-Quentin.
Le type architectural poursuit sa carrière et on le retrouve à Viville où les claires voies sont plus larges mais qui ne changent en rien une appartenance à cette famille architecturale des chapelles de routes sans donner d'argument à des claires voies de distributions de repas à des lépreux au XVII° siècle alors que les villageois allaient danser sur les terrains libérés ou libres autour du sanctuaire comme le confirment les textes mis en jour et publiés par Gabriel Delâge pour cette chapelle de Viville dite aussi "des lépreux".


Champniers - Viville chapelle Saint-Roch

agglomération et diocèse d'Angoulême (Charente)


Bibliographie : Gabriel Delâge, Laboureurs d'Angoumois. Illustrations de Raymonde Delâge. Paris 1988, p. 264 : "Une fête importante se tenait autour de la chapelle Saint-Roch de Viville, dans la paroisse de Champniers. On y venait de tous les environs. En 1776 [...] Mais en dehors de ces scènes de violence de courte durée, les témoins s'accordaient tous à dire que "les autres personnes de la frairie se divertissaient en paix"".


En allant à l'Est de la Charente

Deux chapelles à claustras en Périgord - département de la Dordogne - peuvent-elles appartenir à la famille des chapelles de routes du XVI° au XVII° siècles ?
(source publiée : Pierre Pommarède, Le Périgord des églises et des chapelles oubliées - Tome 1. Photographies de Jacques Brachet. Préface de Pierre Rosenberg de l'Académie Française. Périgueux 2002, p. 164-165, 170-171)

Saint-Crépin-de-Richemont - Chapelle Saint-Roch
Dordogne - Périgord Vert



Cette chapelle occupe une position particulière dans un cimetière où on ne repère aucune tombe ancienne antérieure au XIX° siècle mais une abondante présence de chapelles mortuaires modernes assez luxueuses, voire d'un certain luxe architectural à ordres sculptés et frontispices.

Aux origines architecturales de la chapelle qui nous intéresse nous rencontrons une première construction gothique datable du XV° siècle avec une première travée d'entrée qui fut voûtée, dont il reste les deux contreforts d'angles en façade. Ce premier bâtiment fut agrandi et une pierre tombale a été déplacée et réinstallée en pierre de seuil de la plate-forme d'un autel projeté contré le mur de fond éclairé d'une lancette, qui, à l'extérieur s'enfonce sous le niveau le plus haut du sol en pente. Une fenêtre de contre-jour complète le dispositif d'éclairage de l'autel.


Deux claustras sont aménagées sur les murs gouttereaux d'un prolongement en mur courbe de cette première travée.


Le choix d'un portail monumental gothique de caractère XV° siècle est motivé par les moulures des ébrasements de portes
Ce qui oriente vers un traitement particulier d'un frontispice de dédicace, et notamment vers un programme iconographique peint.
Le choix d'un portail monumental richement sculpté à la mode du gothique flamboyant en vigueur au XV° siècle, s'imposait donc mais sans les pinacles dont certains de ces grands portails sont assez souvent enrichis puisqu'ils auraient pris la place du programme peint de dédicace sur le frontispice.

Nous aurions donc ainsi un premier tombeau gothique - si on associe la pierre tombale à la première travée dont il ne reste en trace de voûtement que les contreforts de façade - récupéré et agrandit en chapelle à dévotions extérieures par deux claustras en vis-à-vis faute de pouvoir les installer en façade à cause des structures qui régissent l'ancienne façade, ci-dessus exposées. Ces claustras sont aménagées en avant de l'autel, c'est-à-dire sur une position qui place les fidèles extérieurs au niveau des fidèles à l'intérieur de la chapelle, au plus près autorisé des marches qui montent à l'autel avec en pierre de seuil la pierre tombale déplacée du défunt pour lequel une première chapelle fut construite en tombeau (hypothèse de travail la plus plausible)
Il est bien évident que le bienheureux honoré par cette première chapelle à la pierre tombale déplacée et conservée en  piédestal de l'autel dans le remaniement d'agrandissement - qu'il soit un personnage de haut rang ou un saint local sanctifié par les miracles pour lesquels on venait le prier - ne peut pas être Saint-Roch qui est un saint de la Légende Dorée de Jacques de Voragine, un saint apocryphe 

Est-ce le tombeau tardivement réalisé de Saint-Crépin, saint éponyme du site associé à la colline où est située la chapelle-tombeau ?
[Saint-Crépin n'apparaît pas dans les grands répertoires usuels des saints. A savoir : La légende dorée de Jacques de Voragine (XIII°s.),  La vie des saints et bienheureux nouveaux du père Giry (1864), Iconographie de l'art chrétien - Iconographie des saints de Louis Réau (1958)]

Nous devons également remarquer que la construction de l'église, d'après les commentaires qui en sont faits, tourne autour d'une datation probable du premier état de cette chapelle-tombeau, soit sur la fin de la période gothique, entre XIV° et XVI° siècle.

 Toujours est-il que la chapelle-tombeau - sans qu'on puisse affirmer qu'elle fut liée à un cheminement hormis à celui de son accès depuis le village - n'a certainement pas été implantée au hasard et pas pour n'importe qui. La vénération de ce défunt s'est certainement progressivement diffusée, attirant des pèlerins, d'où cet agrandissement en profondeur, avec des claustras latérales de vénérations extérieures. Claustra qui ne purent être installées en façade, mais sur la pente du terrain bordant les murs gouttereaux, comme déjà exposé, vu la conservation de la base de façade gothique et de ses contreforts qui maintiennent les limites initiales de la façade en extension et l'accompagnent en élévation.

Il y aurait là un beau travail de recherche à faire pour les historiens désireux de réattribuer ce tombeau transformé en chapelle de vénération extérieure sur le modèle emprunté des ouvertures en claustras des chapelles de routes. La frontière entre chapelles de routes ouvertes en claustras et chapelle-tombeau, ouverte en claustras, qui attire les pèlerins, est ici 
peu évidente mais ces nuances sont de celles qui enrichissent cette famille architecturale avec ses objectifs et ses vocations spirituelles.

Spiritualité et architecture atteignent ici une valeur pleine et entière au service de la même ferveur populaire.

Cette chapelle c'est toute une part importante de l'histoire de ce village, sinon de son identité...à retrouver.


Saint-Pierre-de-Côle - Doumarias
Dordogne - Périgord-Vert

Chapelle sur un domaine privé - Clichés et relevés archéologiques autorisés en publication sur ce blog par Madame Fargeot (Mme et M Fargeot propriétaires)

Le château de Bruzac (commune de Saint-Pierre de Côle) bénéficie d'une importante notice dans le Dictionnaire des châteaux du Périgord de Guy Penaud (Paris, 1996). A la page 56 on lit "La première forteresse élevée en cet endroit date des premiers temps de la féodalité ...elle était le siège d'une châtellenie dont relevait au XIV° siècle, 12 paroisses.../...Le château haut entouré d'une douve sèche, démoli à la fin du XIII° siècle et reconstruit au XV° siècle sur les ruines, parfaitement dissymétrique, offre, au N..., une façade du XV° siècle entre des tours circulaires..."
En préambule de bibliographie générale on peut encore citer André Chastel : "Le Périgord a connu deux moments de construction intense : le XII° où se multiplient les églises conçues comme de fortes murailles d'où leur capacité de défense éventuelle mais certainement tardive -, sans qu'on sache très bien ce qu'il en est des châteaux ; les années de la "reconstruction", 1460-1560, où les châteaux sont remaniés, modernisés, sans que l'architecture religieuse suive. Le résultat est étonnant et encore mal expliqué:...". Cf. André Chastel, "Le château et l'église". Dans, 23,24,25 septembre 1988. Actes de l'Association Culturelle de Commarque épée de Sireuil - 24620 - Les Elysées Sireuil. Sous la Direction d'André Chastel. 1988, p. 17.
                     On comprendra, dès lors - compte-tenu des repères donnés par les reconstructions du château dont dépendait la chapelle - que des recherches de sources architecturales de la dite chapelle à la fin du moyen-âge ne pourront pas surprendre. (pour mémoire on situe la fin du Moyen-âge à la fin du Concile de Trente en 1563 (1545-1563). En 1495 on situe l'arrivée en France des premiers accents de la Renaissance architecturale en Val de Loire à Amboise : il y eut une période de chevauchement de soixante ans pendant laquelle l'art gothique fut tout compte fait plus présent en France - et jusqu'au XVII° siècle - que les accents renaissants malgré la formation de l'architecture classique française au Louvre de Pierre Lescot 1546-1551).[Sur ce sujet, en complément des travaux terrains plus anciens ou contemporains publiés sur ce blog, on peut lire : Art sacré - Cahiers de Rencontre avec le Patrimoine Religieux - 14 - Du gothique flamboyant à l'art de la Renaissance. Poitiers 2000-01. / Dans la collection De Architectura - Le gothique de la Renaissance - Actes des quatrièmes Rencontres d'architecture européenne - Paris  12-16 juin 2007 - Collection fondée par André Chastel et Jean-Guillaume. Paris 2011.
Remarque : En travaillant sur les rapports des constructions aux peuplements et us et coutumes entre Est et Ouest je cible par cet article qu'il n'y a pas de rupture entre les pays d'Ouest et les versants Alpins provençaux et ceux anciennement au comté puis duché de Savoie et Dauphiné sur le sujet des filiations architecturales de ces petits bâtiments de routes : les chapelles dont les études méthodiques de chaque bâtiment semble bien montrer qu'il y a eu véritablement la création d'une famille architecturale à part entière, même si des ramifications et émancipations avec bifurcations ont été inévitables. Ce qui n'est pas le cas pour les bâtiments plus importants sauf les organisations monastiques dont le modèle fondateur et imité reste celui de Saint-Gall en Suisse Alémanique. Et ceci est d'autant plus remarquable que l'histoire des peuplements et des organisation politiques et politico-ecclésiastiques sont radicalement opposées. En effet le peuplement de l'Alpe et l'histoire de sa structure politique ou administrative est le fait d'implantation de petites et même minuscules évêchés comme on peut encore en voir par l'exemple de Senez sur la route Napoléon entre Grasse et Digne sur le département des Alpes-de-Haute-Provence [Pour plus de détails voir sur ce blog Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale http://coureur2.blogspot.fr/2013/02/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html ] alors que dans les pays d'Ouest : "En dépit de la faible mainmise de l'Eglise sur les forteresses, c'est bien le château qui est au centre de la réorganisation ecclésiastique du XI° siècle et de la mise en place des structures d'encadrement religieux. Cette emprise se note aussi bien dans l'implantation des archiprêtrés et doyennés que dans les fondations castrales, prieurés, collégiales  et chapelles" écrit André Debord : "L'église, le château et l'organisation de l'espace dans l'ouest de la France, X°-XIV° siècles". Dans, L'église et le château. 1988, op.cit., p. 30. 

 En reprenant la remarque de la propriétaire de la chapelle, Madame Fargeot qui attire notre attention sur tout un ensemble de grosses nervures de voûtes découvertes à l'arrière du petit bâtiment et aujourd'hui conservées à l'intérieur de la chapelle, tout semble indiquer que la dite chapelle a été implantée soit en bordure soit sur le site même d'une construction gothique antérieure, détruite. Nous devons en tenir compte pour l'analyse des appareils qui entrent progressivement en composition de cette très originale et très jolie chapelle toutefois parfaitement inscrite dans tout l'historique des chapelles de routes comme nous allons le découvrir maintenant. 

La courette fermée d'un mur bas et le sanctuaire sont deux organes totalement solidaires dès la construction, comme le montrent les analyses des appareillages. C'est un seul et même projet architectural. Toutefois il se pourrait que le sanctuaire ait été plus élevé mais je n'en n'ai aucune preuve archéologique; en plus les proportions du sanctuaire et de la cour sont les mêmes. En conséquence je ne modifie rien en élévation et je conserve l'unique couvrement en pavillon irrégulier.
Les éléments qui constituent une preuve de projet architectural unique sont les suivants


Pour la recherche des valeurs ornementales nous avons également des éléments d'archéologie pertinents avec l'analyse des colonnes
L'icône ci-dessus se décompose en trois documents
autour de l'ordre toscan (dorique à fût lisse et avec une base) qui aurait pu être utilisé à Doumarias (fig.2)

Que je compare à deux documents extraits de  De Architectura - Les traités d'architecture de la Renaissance - Actes du colloque tenu à Tours du 1° au 11 juillet 1981 - Etudes établies par Jean Guillaume (André Chastel et Jean Guillaume directeurs de la revue). Paris, 1988;

1. Roland Recht, "Codage et fonction des illustrations : "l'exemple de l'édition de Vitruve de 1521", planche page 65 (extrait)

3. Dora Wiebenson, "Guillaume Philander's Annotations to Vitruvius", planche page 73 (extrait).


En planche 1 nous avons la traduction des règles d'architecture selon Vitruve, publiées en 1521. Et nous remarquons
- une base au rythme conventionnel tore-scotie-tore sur plinthe.
- Un fût lisse en entasis terminé par un astragale qui définit un gorgerin lisse sous l'échine décomposée en baguettes, et tailloir récepteur de l'architrave de l'entablement. Le tailloir est lui même décomposé en deux séquences de baquettes : une en quart de rond et une plate au-dessus.
Cet ordre est sans socle ni piédestal.

En planche 3 nous avons un ordre sur piédestal. 
      - une base au rythme conventionnel tore-scotie-tore,
- un fût lisse en entasis terminé par un astragale en deux corps de moulures en encorbellement l'un de l'autre qui définit un gorgerin lisse sous l'échine en deux versions décomposées : un en multiplication de baguettes sans bandeau plat en tailloir, et l'autre avec deux baguettes en encorbellement l'une de l'autre, support d'un bandeau pat plus qui forme tailloir couronné par deux baguettes l'une sur l'autre,
- Une architrave des répertoires de l'ordre dorique en alternance de métopes et triglyphes à mutules.

En planche 2 nous avons l'ordre de la chapelle de Doumarias qui est un ordre sur angle d'un muret, couronné d'une corniche à corps de moulures,  à valeur de piédestal.
- une base composée d'une plinthe en large bandeau plat et un autre bandeau plat plus petit en support du fût de la colonne. Colonne composée d'un empilement de tambour en profil qui pourrait avoir été en entasis, si cet effet de bombement n'était pas principalement le résultat du bousculement de tambours lors du remaniement avec le mur de remplissage.
- un chapiteau à corbeille épanelée dans les angles, lisse ( qui n'est pas caractéristique du dorique mais qui peut s'assimiler à une variante pittoresque, compte tenu des modèles).
- un tailloir pris dans le même bloc que le chapiteau, composé de deux baguettes superposées dont celle du dessous fait effet de bandeau plat introduit depuis la corbeille par un quart de jonc en soffite.

Nous comprenons alors qu'il ne nous reste qu'une partie de l'ordre de Doumarias. A savoir :
- les rythmes de la base,
- l'astragale de définition du gorgerin,
- un probable complément ornemental du chapiteau, qui sera d'abord envisagé appartenant à l'ordre dorique et dans une second temps en ordre corinthien.

Cet ordre de Doumarias est le vestige d'un ordre soigné qui a perdu des répertoires d'organisation. Ceci est caractéristique des ordres qui étaient finis en stucs et marmorini (marmorino = faux marbre : voir sur ce blog  Techniques et vocabulaires de l'art de la façade peinte http://coureur2.blogspot.fr/2012/08/un-tour-dans-le-massif-central.html). Ce type de finition se répartissait sur toutes les valeurs murales externes en complément des iconographies d'iconostases intérieures. 

Le vocabulaire à consonnances italiennes est essentiellement celui transmis par les auteurs italiens et notamment par Giorgio Vasari et ses Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes publiées à Florence en 1550. Premiere histoire de l'Art qui met en valeur les peintres florentins de la transition gothique-Renaissance en Italie. (j'utilise l'édition Chastel de 1983).
En effet les techniques de stucs, de faux marbres et de trompe l'œil sont connues et utilisées dans la France médiévale. Je peux en donner trois exemples issus de mes recherches, que j'ai inventés pour utiliser un terme consacré lorsqu'on identifie et qu'on porte à la connaissance des éléments auparavant inconnus.

- en étudiant le château et l'église de Varaignes - Dordogne - Périgord Vert - je peux commencer par un faux marbre peint (intérieur) qui peut dater de la période romane ou de transition romano-gothique. Sur ce blog Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html)


En remontant sur le XV° siècle l'exemple en revêtement des murs extérieurs de l'église de Saint-Ilpize dans la vallée de l'Allier, département de la Haute-Loire.
Eléments publiés deux fois sur ce blog  Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html., et Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale http://coureur2.blogspot.fr/2013/02/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html
En basculant sur le XVI° siècle avec la chapelle de Roubion, en revêtement de façade , publiée sur ce blog sur Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html.
On peut ajouter la tradition des portails extérieur sculptés et peints en France, au moins depuis la période romane jusqu'à la Renaissance Française. Publiés sur plusieurs pages de ce blog, notamment des exemples de la Charente et de du Périgord.

Pour donner une idée de ce qu'ont pu être les valeurs ornementales de cette chapelle il faut réunir plusieurs paramètres de probabilités, sachant que ces restitutions ne sont que des hypothèses qui donnent des orientations ornementales parfaitement plausibles et cohérentes avec une chapelle de route ouverte dont le porche aménagé de bancs maçonnés en périmètre intérieur (ou péristyle) est autant une introduction au repos du voyageur qu'à la restitution projective et symbolique d'une représentation du théâtre des Mystères encore de règle lorsque ces chapelles sont encore majoritairement ouvertes jusqu'aux approches du Concile de Trente et bouleversement des valeurs ornementales pendant la Contre-Réforme (en admettant que la Contre-Réforme se situe historiquement uniquement sur la fin du XVI° siècle et sur la première moitié du XVII° siècle, ce qui n'est pas l'avis de tous les auteurs. En revanche si l'article d'Anne-Marie Coccula-Vallières ne concilie pas tous les avis sur le sujet il donne des repères très importants et scientifiquement fiables et exploitables (Anne-Mrie Coccula-Vallières, "L'église et le château en Périgord et dans les régions voisines  XV°-XVIII° siècles". Dans, L'église et le château, 1988, op.cit, p. 45 à 57) ). Par l'analyse complémentaire de l'ordre des colonnes combiné au style "chapelle ouverte" nous avons beaucoup de chances de nous trouver sur une chapelle construite et décorée sur le premier tiers du XVI° siècle.

En conséquence ma proposition de reconstitution ornementale se fait en trois temps :

1 - La recherche de l'architecture de la chapelle fait apparaître le porche  fermé par un mur bas en courette (pronaos) avec un toit soutenu par un ordre sur muret (forme de piédestal). Sur une recherche aussi soignée sur un aussi petit bâtiment aux références antiques aussi fortes (voir par exemple l'organisation de la chapelle de Diane à Vernègues - bouches du Rhône - par l'étude qu'en a faite Sandrine Augusta-Boularot  Le sanctuaire augustéen de Vernègues (Bouches-du-Rhône, France) : antécédents et  transformations, Ministère de la culture 2007) il faut amener une corniche supportée par les deux colonnes; issue du sanctuaire. Cette corniche est un entablement - au moins une architrave - qui ne peut pas être en pierre appareillée (plate bande) sur des structures aussi légères. Comme nous avons identifié une finition ornementale par stucs et faux appareils (leurres) nous pouvons imaginer une architrave en bois enduit et leurre ou trompe l'œil.
2 - une recherche de programme iconographique connexe aux habitudes de représentations projectives peintes sur les murs de scènes ou saints de la représentation des Mystères. Dans le cas d'une chapelle de route qui est un abri pour le voyageur et un gage de "bonne espérance" ou de "bon voyage" je propose en fond de sanctuaire plat une Vierge de Protection (Vierge au manteau) montée en triptyque entre deux saints thaumaturges de la fin de la période gothique : Saint-Roch et Saint-Sébastien. Sur les murs latéraux je propose à droite une image du géant Saint-Christophe qui est le saint protecteur de la "malemort" en plus d'être celui du "passage" (nous sommes près d'un gué) et en vis-à-vis sur le mur de gauche je donne une Sainte-Marguerite qui fait partie des saints thaumaturges invoqués par les femmes enceintes. Cette composition de Saint Christophe en face de Sainte Marguerite est canonique depuis le XI° siècle (Cf. André Grabar, La peinture romane. Genève 1958, p. 42 et 43). Saint-Christophe étant représenté barbu en héritage de l'iconographie byzantine du saint. Des baguettes, frises et ordres ornementaux complémentaires isolent et relient les registres.
3 - Habituellement ces chapelles n'ont que leur façade enduite. Mais nous l'avons vu avec l'exemple de Roubion, un mur latéral peut être enduit et orné. A Doumarias nous avons une petite architecture assez exceptionnelle compte-tenu de l'inventaire actuellement disponible de ces petites chapelles de route - et un apport ornemental sur au moins les murs gouttereaux extérieurs semble inévitable. Aussi je propose, comme c'était l'usage sur d'autres monuments, des murs enduits retracés au fer ou au cordeau d'un décor imitant le grand appareil régulier (Cette pratique se faisait aussi sur des murs déjà traités en grand appareil régulier, aussi surprenant que cela puisse paraître).
 
Icône de proposition de restitution des valeurs ornementales et iconographiques

De façon à ne pas surprendre le lecteur par mes reconstitutions qui associent le dessin des figures dans le style du gothique international, voire de la veine médiévale vers les apports renaissants
sur cette période de la première moitié du XVI° siècle de chevauchement de la fin de la période médiévale et du début de la Renaissance française, je donne cette icône ci-dessous issue de mes relevés effectués dans les Alpes-Maritimes, versants alpins provençaux passés au comté de Nice.
Pour plus d'authenticité historique je réutilise certaines figures de ces chapelles peintes pour mes restitutions ornementales et iconographiques de la chapelle de Doumarias, puisque le gothique international est par définition "international".


Première icône pour une première approche des valeurs architecturales, iconographiques et ornementales
de la chapelle dans le premier tiers du XVI° siècle.
Ordre architectural de référence sélectionné : l'ordre dorique et par déclinaison romaine toscan.


Seconde proposition pour le couvrement de la chapelle, en poussant plus avant les références à l'emploi des ordres, en remettant en question l'ordre dorique (toscan) de l'architecture, et en faisant appel à d'autres veines ornementales contemporaines, avec la même iconographie du mur de fond du sanctuaire.,
[Sur ces questions de conformités à l'arrivée de la Première Renaissance en Périgord et de la conformité à l'emploi canonique des Ordres d'Architecture, on peut consulter Paul Roudié, "Les châteaux du Périgord de la fin de la Guerre de Cent Ans à la fin du XVI° siècle. Constructions, reconstructions, modifications." Dans, Châteaux et société du XIV° au XVI° siècle - Actes des premières rencontres internationales d'archéologie et d'histoire de Commarque - Sous la direction d'André Chastel. Périgueux 1986, p. 65 à 7&, article complet p. 37 à 74]

Remarque : le fait de pousser plus avant le langage des ordres d'architecture nous entraîne vers une remise en question de l'ordre dorique ou Toscan dans sa version avec bases et fût lisse (cependant toujours possible) pour un rapprochement avec un ordre corinthien ou composite. 
La raison en est simple.
Les chapiteaux ne sont pas du profil attendu de l'ordre dorique, ou toscan, vu qu'il sont taillés pour passer du plan circulaire au plan rectangulaire. C'est-à-dire que des parties chanfreinées, ou des angles abattus, comme on voudra, amortissent le plan carré des tailloirs pour venir épouser le plan circulaire du gorgerin. Les angles supérieurs des chapiteaux sont de potentiels récepteurs de crosses.
Il faut donc envisager dans la continuité d'un ordre stuqué et peint, la forte probabilité de chapiteaux peints, imitant les ordres soit corinthien, soit composite et pourquoi pas en trompe l'œil dont la technique ornementale appartient aux héritages médiévaux de la région comme vu plus haut (Varaignes - Périgord Vert). L'ordre ionique étant exclu de ce mécanisme. En revanche se pose la question du traitement du fût de chaque colonne car dans les ordres plus "riches" comme le composite ou le corinthien les fûts sont cannelés, voire cannelés et rudentés. Pour suivre la logique du parti-pris de cette seconde proposition de reconstitution par les ordres d'architecture il nous faut présenter un dessin avec des colonnes à fût cannelés, soit en stuc ou en faux marbre mouluré, soit en rainures peintes en trompe l'œil. En traduction dessin sans les ombres portées il n'y a pas de différences de transmissions d'informations. Le lecteur peut donc faire son choix à partir d'un dessin unique.

Ces nouveaux choix ornementaux des chapiteaux - qu'on peut également attribuer à un modèle ou à un réemploi des chapiteaux du bâtiment gothique dont il nous reste les nervures - nous amène à changer le rythme de l'entablement et d'en donner une version à trois fasces sous un bandeau plat potentiel récepteur d'une frise (peinte), mais une version qui appartient canoniquement en premier chef à l'ordre ionique grec pour être adopté par l'ordre corinthien, apparu en Grèce à la fin du V° siècle sous les ciseaux de Callimachos (d'après Vitruve), et enfin adopté par l'ordre composite romain combinant les structures des chapiteaux ioniques et corinthiens. Ces rythmes étant par ailleurs ceux qui seront responsables de très nombreuses variations des chapiteaux romans. D'où, dans l'état de conservation des chapiteaux de la chapelle de Doumarias, des hypothèses toujours possibles de réemplois médiévaux.

Cette veine des remontées des ornements antiques via les arts romans et gothiques qui peuvent se retrouver dans les procédés ornementaux utilisés dans la première renaissances française  - 1° quart ou 1° moitié du XVI° siècle, suivant les auteurs - est encore une veine ornementale que je vais utiliser dans le sens du gothique international en fusion avec les nouveaux répertoires antiques de la Renaissance Italienne apportés en France à partir des retours premières Guerre d'Italie (Amboise 1495).
Je donne comme exemple ce décor peint gothique de l'église de Berneuil dans le Sud-Charente - bordures Ouest du bassin de la Tude (il s'agit là encore du travail d'exploration et d'invention des décors peints que je conduis dans le but de présenter la prochaine église sur ce blog, celle en voisine de Poullignac vers un retour sur l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau sur le bassin de la Tude dans le diocèse de Périgueux)

 La seconde proposition de reconstitution va donc jouer de ces éléments entre exploration plus fine d'un héritage antique et présence gothique-renaissance, entre architecture de structure et références ornementales sculptées et peintes.
La référence au plan entre pronaos à bancs maçonnés péristyles et naos en scène ouverte : évocation d'un théâtre où se jouent les mystères aux scènes fixées sur les murs par le peintre, étant encore un point d'appui très fort.
Enfin, cette seconde exploration des éventails potentiellement possibles de reconstitutions doit faire apparaître un dernier point : la séparation usuelle ou quasi de règle des couvrements entre naos et pronaos, entre porche et sanctuaire; d'où l'insertion possible d'une façade à ordre complet avec fronton à rampants continus et tympan timbré, comme le montre l'icône ci-dessous qui achève en fait, ou donne un aboutissement à l'étape de la première reconstitution sous un seul toit (icône ci-dessus). 
Un toit à deux pans relayant celui en pavillon du sanctuaire, et terminé en croupe étant encore une possibilité que le lecteur pourra aisément restituer s'il en souhaite l'expérience : il suffit de remplacer le fronton par un brisis de façade, bien que ceci ressemble peu à un projet architectural complet ou en accord avec l'ensemble très soigné de ce petit monument aux évidentes références aux sources antiques, ne serait-ce que par le plan et les organisations encore visibles en élévation, pour une expression théâtrale en quasi fabrique de jardin d'un domaine seigneurial très important au château essentiellement reconstruit et terminé au début du XVI° siècle sur la période évaluable d'édification de cette chapelle de route. On remarque que les répertoires ornementaux encore visibles dans le château à la ruine assez avancée, semblent être totalement de la veine gothique de la transition XV/XVI° siècle sans expressions véritablement flamboyantes mais en surcharges de baies aux ébrasements en baguettes intersectées et masselottes de bases, parfois contenues dans des accolades également en moulures d'ébrasements (pont-levis à flèches - type diffusé à partir du Louvre du troisième tiers du XIV° siècle).

Si le luxe raffiné de ce petit monument surprend, ouvert sur le chemin du pèlerin en théâtre, abri et recueil de la foi, il n'est en fait que la rencontre, certes certainement moins courante que d'autres versions, de l'iconostase du gothique international par le décor peint et de l'architecture à ordres aux répertoires en découpes et proportions par les ordres de l'architecture antique revenus s'installer sur une structure architecturale de base qui répond à l'organisation du temple antique en une version abrégée mais complète par les références.

Cette iconostase caractéristique de l'art gothique jusqu'au XVI° s. du décor peint est celle des Livres d'Heures, du pré fleuri, ciblées par des auteurs. Mais d'autres traditions ornementales françaises plus anciennes sont aussi à l'origine de cette transfiguration de l'architecture par le décor peint. Si le vitrail et son importante utilisation dans l'art français a quelque peu occulté d'autres très importants recours aux décors muraux comme les tapisseries et les peintures (même en manifestations ornementales extérieures pour signer des demeures par des armoires et compositions, pour pavoiser les rues où passent les cortèges et les sites, plus tard les places des cérémonies et des fêtes ainsi que dans l'architecture des jardins et de la mise en scène de la demeure par les jardins) il faut en revenir à cette tradition de la demeure française, ce luxe qui étonnait l'Italie, en parallèle à "l'aisance des rapports qui existent entre figures, architecture, espace et lumière" dont les valeurs ornementales des chapelles ouvertes sont, comme à Doumarias, autant de traces en échos et ressources - tout comme les chapelles des versants alpins provençaux en sont encore un indiscutable témoignage. Valeurs ornementales séculaires qui remontent en étapes les traditions ornementales françaises, ainsi que certains de leurs répertoires antiques et la rencontre avec les artistes de la péninsule tant pendant la période médiévale qu'au sein des premiers courants de la Première Renaissance Française avant l'arrêt brutal des transpositions en décors peints sur les murs des sanctuaires des scènes des Mystères autour du Concile de Trente [Cf. Jacques Dupont et Césare Gnudi, La peinture gothique. Genève 1954 et 1979, p. 56, 71, 78, 102, 135, 190]

La fin du XVI° siècle est une période de profonds bouleversements esthétiques sur fond de diffusions d'importants courants religieux comme la mystique des nuits du Carmel Réformé de Sainte Thérèse d'Avila en puissant support des nuits, ténébrismes, clair obscurs... qui envahirent l'Europe sous l'éclosion d'une effervescence architecturale libérée par les bouleversements du Baroque confrontés aux freins du classicisme français dont l'exemple des  rejets des projets de Bernin (1666) pour le Louvre est significatif [Cf. Louis Hautecœur, Histoire du Louvre - Le château - Le palais - Le musée - des origines à nos jours - 1200- 1940. p. 57,58,59].

La chapelle de Doumarias, probablement fort éprouvée par ces bouleversements, se réduit et se renferme derrière des claustras suivant le mouvement de fermement des sanctuaires d'Est en Ouest et inversement.

En 1804 la chapelle est utilisée pour un tombeau avec une plaque funéraire datée et installée à l'entrée de la chapelle.

A la fin du même siècle l'intérieur de la chapelle est entièrement repeint avec un nouveau décor d'autel en accord avec les nouveautés de la Contre-Réforme qui survivent jusqu'à la réforme liturgique de 1964  [Inter oecumenici du 26 septembre 1964] .


Les vitraux sont modernes des années 1987-88
Les décors peints ont été exécutés par Eugène Bourdon autour de 1900.
(Sources - Mme et M. Fargeot propriétaires)

Pour une approche du site avec la 2° reconstitution de la chapelle :
c'est véritablement l'idée de l'ouverture du chemin à toutes et à tous de la charité chrétienne et
du royaume des Saints serviteurs des prières adressées à Dieu.



Conclusions et liens

Cette chapelle est là plantée sur la route du pèlerin, de l'usager du chemin vers le lieu seigneurial. Elle y demeure depuis environ cinq cents ans : en 2023 nous pourrions fêter son anniversaire...

Fut-t-elle précédée par une autre chapelle à l'architecture gothique affirmée - comme le tombeau de Saint-Crépin-de-Richemont - voûtée, détruite dont subsistent les nervures  soigneusement conservées en son sein ?

Cette dernière question au site et au monument nous ouvre vers les chapelles suivantes 

En continuant sur la publication de Pierre Pommarède, op.cit., 2002, pps. 206 et 207 

La chapelle Saint-Mandé
Commune de Celles - au lieu dit l'Hôpital sur un carrefour qui s'appelle
La boucle Saint-Mandé
Tous ces éléments nous prouvent, hormis la porte de simples planches, que l'ensemble est d'origine mais peut-être pas véritablement du XVII° siècle, peut-être un peu plus tard avec le couvrement de porte en anse de panier (arc déprimé) surmonté d'un oculus oval. Le style de la sculpture de l'effigie du saint peut-elle être rapportée à un piédouche ou à un hermès ? Toujours est-il  qu'elle fut peinte.

On peut compléter le raffinement de cette petite chapelle par l'analyse des rapports des enduits aux pierres d'appareillages des angles et de  la porte.

Le lieu dit où se situé la chapelle Saint-Mandé - l'Hôpital - nous amène naturellement vers la construction sanitaire et le rôle associé des abbayes et prieurés associées qui complètent cette organisation sociale médiévale d'accueil des voyageurs sur les routes de pèlerinage et sur les routes tout simplement. L'ordre de Saint-Augustin étant un exemple important de cette vocation mixte du recueil des religieux et du service rendu aux pêcheurs.


L'extension de la chapelle ouverte de Bors de-Montmoreau pourrait-elle s'inscrire dans cette voie de recherche des extensions monumentales ?

Dans ce chapitre ouvert par Saint-Mandé de la gestion sanitaire des pèlerins, avant d'aborder le grand exemple architecturale de Pons, je voudrais faire avancer le sujet par un état qu'en donne E.Delaruelle pour la ville de Toulouse " Toulouse...Pareille évolution suppose une immigration...L'Hôpital dont nous avons vu...Il y avait donc à Toulouse, à la saison des pèlerinages, bon nombre de pèlerins. Ils étaient hospitalisés dans des conditions que l'on connaît assez bien pour l'époque...On n'oubliera pas que le Croisé est essentiellement un peregrinus; c'est ainsi qu'il est nommé dans la première partie de la Chanson de la Croisade...à la croisade de Louis VII en terre sainte, à côté des combattants, il y a Aliénor...Ces pèlerins, on le sait, constituaient un ordo spécial ; c'est dire qu'à Toulouse, quoi qu'il en soit de leur docilité aux règlements de la cité, ils jouissaient d'un statut spécial [Cf. E.Delaruelle, "La ville de Toulouse vers 1200 d'après quelques travaux récents". Dans, Saint-Dominique en Languedoc - Cahiers de Fanjeaux - Collection d'Histoire religieuse du Languedoc au XIII° et au début du XIV+ siècle. Volume 1, Toulouse 1957, p. 116 à 119 - Article complet p. 107 à 122

Pour finaliser ces approches pas à pas regardons alors vers le grand exemple 
de
 Pons
 en
 Charente-Maritime
sur la route des pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle
(bibliographie : Pons - L'hôpital des pèlerins - De sa construction à son classement au Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Ecrit par Anne-Marie Molinié, sociologue, dans le cadre de l'Université d'été de Jonzac. Pons, juin 2015)
Avant d'aborder ma présentation de Pons je voudrais d'abord évoquer quelques traits de l'article de Delphine Renoux [Cf. D. Renoux, "Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en Poitou-Charente". Dans, Annales du G.R.E.H. - Groupe de Recherches et d'Etudes Historiques de la Charente Saintongeaise. 1999 - N°20 - p. 23 à 32 - Copyright de 2001- Ségonzac] qui pourrait s'inscrire dans la suite de l'article de Charles Daras [" Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Route de l'Art en Angoumois". Dans, Supplément au Bulletin Mensuel N°9 de 1971 de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Mémoires pour l'année 1971 . Angoulême 1972, p. 431 à 440]. Delphine Renoux s'en tient aux itinéraires des pèlerins appelés "Jacquets" : un itinéraire principal et des secondaires pas toujours faciles à reconstituer de nos jours. Elle évoque les établissements relativement importants qui peuvent à la fois héberger les pèlerins et leurs prodiguer des soins, voire leur procurer le "baume du pèlerin". L'hébergement est prévu. Des églises peuvent servir de refuge et de lieu de repos tout autant que des établissements plus modestes sur la route comme des chapelles. D'autres chapelles, celles intérieures bourgeonnantes du "plan octogonal à huit chapelles rayonnantes" (sic) de Saint-Michel d'Entraygues édifié en 1137, pouvaient servir d'abris aux pèlerins. Ce dernier exemple et cet article dans son ensemble nous permettent d'élargir le concept de "chapelles de routes" et de désigner tout abri modeste sur les routes qu'elles soient de pèlerinage ou non, pourvu qu'elles soient sur le chemin, qu'elle rejoignent de peu ou de prou l'évolution générale, développée dans cette article, de leurs architectures ainsi que de leurs ornements.
En reprenant le fil du récit de Delphine Renoux (p.25): "La dernière étape principale dans ce "roman de Compostelle" est la ville de Pons. Elle est construite sur un promontoire qui domine la vallée de la Seugne...Celle-ci s'est développée en deux ensembles...L'hôpital des pèlerins...fut construit à l'extérieur de la ville, sur la route de Bordeaux...porche qui enjambe la route...bancs en pierre , disposés pour le repos des marcheurs..."

A Pons nous ne sommes pas dans une structure hors les murs pensée pour une construction en deux ailes de part et d'autre d'un passage sous porche. Nous sommes plus exactement dans une sorte d'église à porche abri de sépultures en enfeus, rappelant en cela certaines dispositions des chapelles castrales comme à Villebois-Lavalette en Charente.
[Voir sur ce blog : Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France -http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html]
 Ces porches couverts en "tunnels" liés à des constructions de contrôle du passage sont aussi ceux qu'on rencontre sur certains châteaux de gués comme à Malval (département de la Creuse, ancienne région frontalière au  nord du département entre la Haute-Marche et le Berry, sur la rivière Petite-Creuse affluent de la Grande-Creuse un peu avant le site des impressionnistes à Fresselines où Claude Monet allait peindre et rejoignait son ami le poète-musicien Maurice Rollinat,  où George Sand un peu avant emmenait Frédéric Chopin en excursion sur un âne autour des ruines du Château de Crozant, sur le même secteur géographique du concluent des deux Creuse).

A Pons; ce n'est que dans un second temps que les enfeus du centre du porche à l'Est vont être détruits pour loger le grand portail qui donnera accès au grand dortoir en pièce unique et arrière sous préau pour les structures d'hygiène prolongées par un grand jardin fermé à vocation de culture de plantes médicinales.
Néanmoins le porche enjambe la route dès sa conception et nous devons en retenir une vocation routière déplacée des fonctions votives et apotropaïques des constructions seigneuriales vers celle d'un impact religieux sur le chemin réapproprié. Y a t-il là un témoignage des récupérations des structures et valeurs seigneuriales par les abbayes sur fonds de grands conflits royaux ?
L'ensemble de la construction liée à un domaine agricole conséquent avec moulins et terres cultivables, témoins de l'enrichissement du siècle dont le développement des moulins est un des vecteurs [ cependant à la fois cohérent et à contrecourant de la règle de SaInt-Benoit / Cf. Jacques Le Goff, La civilisation de l'occident médiéval. Paris 1984, p. 240 et 241], situe effectivement sur cette période de la reconstitution des pouvoirs féodaux dans les premières décennies du XIII° siècle sur territoires occupés par l'Anglais depuis le XII° siècle et qui reviennent à la couronne de France dans les premières années du XIII° siècle.
Si nous avons deux chantiers bien distincts, l'un commençant après que le premier fut terminé, les différences stylistiques n'en sont pas flagrantes mais plutôt imitatives.


LORGUES
Département du Var - Provence Occidentale -
Sur l'ancienne route entre Lorgues et Entrecasteaux

Ces porches qui enjambent la route se déclinent sur des chapelles plus petites en chapelles portant la dédicace "Bon Voyage", traduction de "Ben Va" en provençal, l'Occitanie allant jusqu'à Gènes et Turin.


Les porches en bois sur le chemin se déclinent aussi sur des façades appareillées et ouvertes comme nous l'avons vu avec la chapelle de Roure, mais encore
 en la chapelle Saint-Antoine à 
Clans
(Moyenne Vallée de la Tinée - Département des Alpes-Maritimes sur les territoires détachés de la Provence Orientale et peu à peu constitués en comté de Nice par dédicace au duc de Savoie, gibelin)

Bibliographie : Monseigneur Denis Ghiraldi Les chapelles champêtres de Clans. Nice, 1996.

Les territoires des Alpes du Sud (Sud-Est de la France - Provence Orientale et territoires détachés pour constituer le comté de Nice), sont des sites propices à d'autres scénographies hors les murs sur le chemin du pèlerin, du voyageur.
Sigale 
dans la haute vallée de l'Estéron avant la clue de Saint-Auban où une chapelle creusée dans le rocher sur le profond et tumultueux ravin du torrent permet un repos et un abri entre hautes terres de la Provence Occidentale et hautes terres de la Provence Orientale, comté de Nice - Estéron affluent Ouest du cours inférieur du Var - et Notre-Dame-du-Bosc au départ de la vertigineuse montée au village de
La Roquette-sur-Var
 depuis le lit du fleuve sur la rive orientale de la basse vallée du Var, sont deux chapelles qui jouent avec leurs porches sur leurs sites, comme Ben-Va qui se hissait sur la pente en bordure de la route. 
On trouvera d'autres exemples de chapelles des routes alpines de la vallée de l'Estéron dans :
Marie-Hélène Froeschlé et Guy Feynerol,  Images de montagne : Villages, églises et chapelles des communes des "Monts-d'Azur. Avec la collaboration de J.Jobert et de D.Thiéry. Paris 2008...
chapelles Saint-Joseph, Notre-Dame de Pitié, Sainte-Marthe... ou ces deux autres chapelles publiées par les auteurs de ce très beau livre cité

Les scénographies peuvent varier, passer de la mise en scène spectaculaire haut-perchée ou au départ d'une rude ascension, à des implantations sur les pentes qui bordent les routes, à des mises en scènes en creux, à plusieurs degrés, qui vont servir la lecture du registre du fond du sanctuaire au fur et à mesure qu'on descendra du "pronaos" (suivant le modèle directeur de Doumarias, plus haut dans cette page de recherche et présentation raisonnée) dans la cella pour remonter en lecture du programme peint du registre inférieur au registre supérieur,
comme ci-dessous en la chapelle Saint-Sébastien à
Entraunes
où l'implantation de la chapelle dans un coude du Var est un véritable défi qui, à ce stade de son cours, est encore un redoutable torrent alpin serti de massifs friables responsables de plusieurs changements de sites pour les villages environnants.

La scénographie architecturale préfigure celle des registres peints, ou les registres peints exploitent les scénographies architecturales.
Tout comme dans le fermement de la chapelle de la Vierge au Manteau (ou Notre-Dame-de-Protection sur les haut de Cagnes aux portes du village médiéval) le décor peint ne se laisse pas percevoir d'un seul regard puisqu'il faut descendre en deux fois dans le sanctuaire : une fois par la courette (pronaos vraisemblablement sous abri) et une seconde fois par des marches intérieures à la chapelle, en plus d'une réduction du volume intérieur par un arc sur murets en encadrement de la porte qui finira en claire-voie (1894) après avoir accompagné la claustra complète qui fut installée en un second temps dans le mouvement de fermement des sanctuaires. La porte devenant elle-même - comme en la chapelle Saint-Grat à Lucéram - un tronc pour les oboles.



En revenant vers l'Ouest sur le département de la Dordogne la question de la 
chapelle 
Notre-Dame de Bonne Espérance 
actuellement en carrefour de routes à
 Azerat 
dans le Périgord Noir
doit être évaluée.

On retient une construction de cette chapelle au XIII° siècle par la légende qui s'y attache, partageant en ce sens nombre d'estimations de constructions invérifiables, auxquelles l'archéologie du bâti peut peut-être apporter certaines réponses ou pour le moins certains questionnements. Il est donc particulièrement intéressant de faire figurer cette chapelle dans le cadre de cette recherche, d'autant plus qu'elle s'articule assez bien et de façon pertinente à celle de Doumarias .

Le cadre de la légende fondatrice nous est donné par Pierre Pommarède avec sa publication déjà exploitée pour les deux chapelles périgourdines précédentes. (P.Pommarède, 2002, op.cit., p.178-179) : je le cite "Dans le vallon de Lacoste, aux berges du Cern, est bâtie une des plus petites chapelles du Périgord : sa superficie ne dépasse pas cinq mètres carrés - d(où la nécessité de l'agrandir par un auvent  comme pour d'autres sanctuaires (N.D. de Perdux, N.D.de Bon Secours). L'origine de ce sanctuaire est due, affirment les traditions à un vœu formulé, lors d'une tempête, par un chevalier appelé de Souillac de Montmège, lequel revenait de la troisième croisade. Le croisé, arrivé saint et sauf, fit bâtir une chapelle à laquelle il donna le nom de Bonne Espérance (Cf. Chanoine Lavialle, N.D. de Bonne Espérance, Alençon 1907).
Ce pèlerinage était déjà connu au XVIII° siècle et l'on y venait d'Auvergne et du Limousin..."  
                        "Bonne espérance", "Bon secours", "Ben va", "de la route" une série de dédicaces communes à ces chapelles de routes...

                        D'une manière générale pour ces petits bâtiment , on se rend très vite compte que les auteurs passent facilement de la légende médiévale à des sources historiques qui ne prennent une réalité scientifique qu'à partir du XVIII° siècle pour s'étoffer au XIX° siècle, quand le XIX° siècle n'est pas tenu pour responsable de nouvelles organisations, dégradations et transformations. Remarquons les dates de la troisième Croisade : 1189-1192.

                        D'autres auteurs situent cette construction à partir du XIII° s. avec la même légende en source non documentée. Dans ce cas la chapelle aurait été construite au minimum 8 ans après la fin de la troisième croisade...? Un évènement traumatique du XIII° siècle est également à questionner. C'est le siècle de la création de la cour des saints apocryphes de la martyrologie scolastique, sur fond historique de guerres et de conflits sanglants pour la suprématie des couronnes entre France et Angleterre, entre Chrétienté et Orient par la fin des croisades (7° et 8° croisade) sur trame d'hégémonie des Chevaliers du Temple avant leur chute brutale par Philippe le Bel, de 1307 à 1312. 
                        
                        Puis, dans les comptes-rendus s'installe un vide historique, ici toutefois modéré par la présence des armes des Souillac en clé de voûte de la chapelle. Dans cet énoncé nous avons deux informations historiques : la famille Souillac et le voûtement sur nervures de ces petits sanctuaires, déjà évoqués avec la chapelle de Doumarias. Une troisième insertion est-elle à prendre en compte : celle du manque d'abri pendant une tempête, qui motive le héros d'en construire un sous forme d'une chapelle ? Manque à la légende la raison pour laquelle cette petite chapelle attire les pèlerins au XVIII° siècle et pas avant, alors que le XIX° siècle qui, après la chute de Napoléon et son Concordat, est un siècle de reprise en main de l'histoire religieuse à travers le Romantisme généreux créateur ou repreneur de légendes en ce siècle qui tente une nouvelle assise de la légitimité de la monarchie royale et impériale à travers les mouvements néo-médiévaux, néo-romans et néogothiques - sur fond d'arrivée de la peinture d'histoire entrainée par David avec la mort de Socrate (1787) qui sera Le grand genre de l'Académie - inventant même des familles de divisions stylistiques qui n'existèrent jamais dans le vocabulaire avant les Romantiques et les restaurations. Le Romantisme pénètre en France en 1904 par Le génie du christianisme  de Châteaubriand.

Quel matériel scientifique pour aborder une tentative d'approche historique, en archéologie du bâti, de la construction de la chapelle d'Azerat ?


Suite, photos et icônes






Saint-Sornin

En revenant vers les bordures Limousin-Périgord, au  Nord-Est de la Charente,
la chapelle des Landes avec une appellation moderne en dédicace à 
Saint-Roch

Avant d'arriver au sommet d'un massif boisé, de vignes et de prairies, une série de deux carrefours de chemins. Sur la croisée des chemins la plus élevée sur la colline on a bâti une chapelle isolée qui n'avait d'autre dédicace que celle de sa situation géographique "des landes". 
(Lorsqu'il n'y a pas de chapelle en ces carrefours, une croix est érigée. Cette croix a symboliquement la même valeur de protection que la chapelle - Je donne pour la seconde fois ce texte suivi d'un autre texte sur une origine supposée des oratoires en Limousin avec les "ouradours" vers une autre origine des croix de carrefours) 
"Ces croix qu'on trouve aussi ça et là aux carrefours des chemins et surtout à l'entrée des chefs-lieux de paroisse peuvent être des signes de sauvegarde : en 1095, le concile de Clermont, can.29, le dit expressément : "Si quelqu'un, poursuivi par un ennemi se réfugie près d'une croix de chemin, qu'il demeure libre comme s'il l'était dans une église".". Cf. Michel Aubrun,
 1986, 2008 op cit, p. 93)

Voir aussi Pierre Pommarède, Tome II - op.cit 2004  

En revenant vers le Limousin d'où Saint-Sornin est quasi parent nous pouvons citer cette émouvante publication de l'association Nature et Patrimoine de la Mairie de Laurière 87370 (Haute-Vienne, commune de la Montagne Limousine qui fait le lien avec le département de la Creuse et ses articulations avec les bordures Nord-Ouest du Plateau de Millevache au Sud-Est). Dans Cette très modeste publication de l'année 2000 intitulée "Rites et architectures funéraires" nous pouvons lire à la page 6/16 " 2.4.Les ouradours et croix de carrefours. L'origine de leurs emplacements remonterait à l'occupation romaine, période où les sépultures consacrées au dieu Mercure étaient souvent situées aux carrefours et servaient également de borne.
Les chrétiens, ensuite, y construisirent des  "Ouradours" (chapelle rudimentaire à quatre piles et toits à pente raide). Ils sont à l'origine  des Oratoires. Puis vinrent les croix de carrefours , symbole définitif de substitution du nouveau culte à l'ancien."

Là encore les appellations modernes trahissent la véritable fonction de cette chapelle, qui était une chapelle de route dont l'auvent ou porche a disparu (en façade ou sur un des murs latéraux)
 C'est une chapelle fermée d'une porte sans vitrage mais avec une grande ouverture protégée par un motif en fer forgé, souvenir d'une ancienne porte à claustra, comme on en rencontre (rencontrait) encore sur les chemins escarpés des versants alpins provençaux et comme en témoigne la restitution moderne de la chapelle de La Lande sur la commune de Celles en Dordogne (prochaine chapelle) .
Chapelle à chevet plat à une seule fenêtre d'éclairage de l'hôtel.
De part et d'autre de la porte "ouverte" les fenêtres ont été réduites. Une niche complète l'organisation de cette façade, également commune aux modèles provençaux.


Une autre chapelle de La Lande
la chapelle Saint-Jean-de-La-Lande,
sur un carrefour de chemins dans les bois au somment d'une colline qui domine la Dronne en Périgord Vert, 
sur la commune de Celles rejoint architecturalement la chapelle de
 La Lande à Saint-Sornin en Charente
mais seulement par évolution d'une chapelle de route qui pourrait avoir des sources romanes nouant la boucle avec la chapelle ouverte de Bors-de-Montmoreau et certains chevets plats ouverts en lancettes (deux ou trois, voire une seule, voire seulement éclairé par une petite fenêtre en mur Sud ou Nord avant le mur plat du chevet)  du bassin de la Tude sur la transition XII°/XIII° siècles. En effet nous sommes ici sur les terres du Ribéracois tel que Jean Secret les regroupe en communes et cantons pour sa très belle étude - très documentées avec 50 plans de sa main et 52 de ses photographies - sur les Eglises du Ribéracois publié en 1958 (le Ribéracois est frontalier du Sud-Charente). Il fixe les limites de son étude à Parcoul et Chenaud aux abord mêmes du confluent de la Dronne et de la Tude alors que le diocèse de Périgueux va remonter sur la rive Est de la Tude jusqu'aux secteur Bors-de-Montmoreau - Saint-Amant-de-Montmoreau autour du vallon du Toulzot et des sources de la Tude, à la rencontre du diocèse d'Angoulême. Depuis Jean George ce secteur Est du bassin de la Tude se trouve dans la forclusion des réserves de références architecturales en lien avec les influences des diocèses de Saintes et d'Angoulême. Nous ne pouvons donc pas admettre une fracture culturelle entre les secteurs géographiques des limites départementales qui en plus portent souvent les mêmes noms de sites ou en noms composés comme le montre la carte que Jean Secret à dressé du cadre de son étude

 L'analyse archéologique partielle pourrait également permettre de se rapprocher d'une influence des chevets bernardins, à une époque ou les Cisterciens prennent le relais des Bénédictins, comme le précise Marc Déceneux.

Mais reprenons ce que Pierre Pommarède écrit sur ce sujet en empruntant à un autre chercheur (p.208) : "...documents retrouvés par Louis Grillon : autorisation donnée par le pape Clément VI à l'abbé de Boschaud - dont Saint-Jean était un prieuré-grange, le 17 décembre 1344, d'affermer les terres et loger un moine au prieuré durant deux ans; nous savons aussi que le 15 septembre 1595, les terres de Boschaud furent échangées contre d'autres plus proches de l'abbaye : l'abbaye se réservait la chapelle de Saint-Jean et le terrain environnant pour "y faire le service divin accoutumé". Le prieuré est mentionné en 1772".
Un autre texte est cité par Pierre Pommarède sur la même page :
"Pèlerins de Saint-Jean
Ici dans sa chapelle
Pèlerins de Saint-Jean
Mettons-nous sous ta sainte tutelle".

Nulle doute que cette chapelle est fort ancienne, qu'elle appartenait ou dépendait d'une abbaye et qu'au travers de ses multiples appartenances et affectations qu'elle eut une fonction d'accueil des pèlerins et de leur protection, de gestion économique des terres de l'abbaye depuis vraisemblablement sa fondation dont il nous reste ce petit chevet plat à triplet et petite fenêtre de contre-jour sur l'autel.
 


Aux relevés archéologiques du bâti la question n'est cependant pas si simple.
Déjà il faut remarquer qu'en plus du chevet seules les faces Nord et Ouest sont percées des mêmes fenêtres en lancettes à couvrement plats et aux angles extérieurs largement abattus pour de grands ébrasements intérieurs. Le mur sud à part sa fenêtre de contre-jour et l'ancien percement de la porte signalée est totalement aveugle. En vue intérieure depuis la porte en claire voie - flanquée de ses deux lancettes de même facture que celles de l'extension du mur Nord, nous avons une impression de construction en trois chantiers principaux plus les vestiges d'un porche ouvert hors oeuvre comme un souvenir des pronaos dont il a largement été débattu avec la chapelle de Doumarias. 
Le rituel complet se termine par l'obole (pièce) qu'on jette dans la fontaine.
Ici les miracles exhaussés font partie de la mémoire ancestrale de tradition et contemporaine.
L'ancienne propriétaire du bois de la fontaine - sur la photo - me raconte que son frère qui ne marchait pas à l'âge de
 deux ans fut plongé dans la fontaine et qu'il se mit alors miraculeusement à marcher.
Une autre dame me raconte que sa fille très gravement dépressive eut son état de santé très nettement
amélioré après un pèlerinage à la fontaine.
Un autre monsieur me raconte qu'on amenait les animaux malades boire à la fontaine et qu'il y eut nombre de guérisons miraculeuses.
Pour une plus grande efficacité, pour les humains le rituel doit s'effectuer la veille de la Saint-Jean une fois le soleil couché.


Il n'est pas courant que le chercheur en histoire de l'art et archéologie en fasse appel aux traditions et coutumes populaires. L'Ethnologie nous permet cependant des liens et nous autorise à puiser dans cette littérature parfois riche en informations. Les publications sur le sujet peuvent nous rapporter des fonds culturels puissants et nous l'avons déjà approché avec ce texte liée à la chapelle de Guérison à La Ménècle (bassin de la Tude) et ceux publiés par la commune de Laurière en Haute-Vienne (montagne limousine) liés aux sources et aux remontées des cultes romains qui construisaient des oratoires dédiés à Mercure sur le chemin. Puisque les sources accompagnent souvent les miracles chrétiens, et Lourdes en est un vibrant témoignage contemporain, je voudrais vous citer ce passage puisé dans une publication moderne liée aux pratiques cultuelles des solstices,  de la Saint-jean et autres fêtes religieuses chrétiennes : " Les Celtes et les Germains prenaient des bains rituels au solstice d'été. A la fin du XVI° siècle  cette coutume était encore usitée dans le bassin des eaux thermales de Niederbronn. Comme le rapporte Roesslin dans une description minutieuse de ces bains datée de 1593, tous les ans à la Saint-Jean, les paysans des environs arrivaient en bandes nombreuses et s'immergeaient dans le bassin où ils restaient 24 heures consécutives. Ils étaient convaincus que ce bain prolongé les garantissait de toutes les maladies pour toute une année. Les Germains nommaient ces eaux  thérapeutiques  des solstices "Heilawâc". Jadis, en Alsace, pendant la nuit de Noël, le prêtre bénissait les fidèles avec l'eau consacrée. On appelait le rituel le Heilwog. Ce terme désignait également le long carillon des cloches qui appelait les fidèles à la messe de minuit. C'est au son des ces cloches que chaque famille envoyait un de ses membres puiser de l'eau ; les paysans quand à eux sortaient leurs animaux pour les faire boire aux fontaines du village" [Cf. Adolph Landspurg, Sourciers et science traditionnelle. Paris, 1996, p. 137]. 

En Charente et sur les bordures limousines les guérisseurs et les prêtres exorcistes désignaient les puits desquels l'eau était liée à un saint spécifique guérisseur des maux dont souffraient les personnes.
Un temps l'accès à ces puits fut cadenassé...La clé n'en n'étant distribuée que pour des circonstances curatives.
Cette pratique, et d'autres sont publiées par L. de la Bastide [ "De la survivance des cultes antiques. Dans les croyances et les coutumes populaires". Dans, Bulletins et mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente Fondée le 22 août 1844 - Année 1929 - Angoulême. P. 43 à 56 ]. Je vous donne simplement cet extrait en guise de confirmation des traditions transmises oralement par ma voisine Madame Annie Duflot, Professeur d'Histoire à la retraite "Arrive t-il un malheur dans une maison, accident, maladie d'hommes ou d'animaux, on ne se demande pas le nom de la maladie survenue, mais bien "de quel saint on est malade"...Il s'agit de savoir quel est ce saint. Cette recherche est du domaine du sorcier. Il va tirer à la fontaine un seau d'eau suivant un rite secret et il jette au fond de l'eau des épingles en disant certaines paroles. Il observe de façon dont les épingles descendent et arrivent au fond et en diagnostique le lieu où règne le saint qui peut-être celui de telle ou telle paroisse, ou bien de telle fontaine qui se spécialise dans telle ou telle maladie... Le saint de cette fontaine est imploré pour la surdité...En outre de ces divinités, les petits dieux champêtres ont laissé de vivants souvenirs. Il y en a de toutes sortes..." (p.51). C'est dire à quel point ces chapelles de routes peuvent être associées - en héritages des rites païens - aux pratiques miraculeuses et sanitaires par lesquelles le sorcier est l'allié du saint...
                              Surprenante position à laquelle Auguste-Jacques Rougier donne un sens sinon une réponse, voire une explication après un exposé entre paganisme (culture paysanne) et christianisme (sans induire pour autant que le travailleur agricole soit athée, animiste ou dénué de culture ni de foi chrétiennes). Je cite "Le piétin, l'engorgement, la langueur, la toux...Ces perturbations sanitaires portent  immédiatement l'attention  de l'exploitant sur la cause occulte dont elles sont, en son esprit, le correspondant sensible...Ce n'est pas le vétérinaire homme de science qu'on appelle mais bien le "dévi" (le devin) ou "lu surché" (le sorcier) - le devin est souvent le sorcier - en vue de réactions magiques devant atteindre et contrecarrer promptement la cause à manifestation maléfique en ses profondeurs secrètes.  
  Cette manifestation à apparences d'envoûtement, de sortilège (surcilhèjhé), est l"oeuvre par influences d'un sorcier. Elle ne peut être combattue et "détornèdo" (déboutée) que par le pouvoir d'un autre sorcier capable  de "désurcilhèjhè", c'est-à-dire de lever, également par influence, le sortilège.
    Ou alors, si on en est convaincu (on a des raisons de l'être, d'après certains indices), c'est d'une "Ta§o de Sain" (le "§" est un élément linguistique de phonétique se prononçant un peu comme le 'th" anglais)  intersigne émanant d'un saint qu'il s'agit...
   Le domaine...confine même, car la puissance sourde, redoutable, aboutit par l'entremise du sorcier d'un côté, du saint de l'autre, à des résultats ostensiblement identiques. Sorcier et saints  sont considérés par l'homme imbu de croyances primitives, avoir à peu près même emprise sur le monde sensible, sans toutefois pouvoir confondre leurs moyens ou se les opposer". [Cf. Auguste-Jacques Rougier, "Aspects sociologique et archéologique de la Dévotion de la Saint-Jean à Chassenon (Charente)". Dans, Mémoires de la Société Archéologique et Historique de La Charente - 1962-1963. Angoulême 1964, p. 232 et 233. Article complet p. 221 à 284]


Le sermon de Monseigneur l'Evêque, en cette célébration de Saint-Jean-Baptiste du 24 juin 2023 sur le site et en la chapelle de la Lande sur la colline boisée de Celles,
eut pour thème central la rencontre de Marie et de Sainte-Elisabeth chez qui Marie resta trois mois.

"Mon Dieu est plénitude"

Elisabeth femme issue des filles d'Aaron, parente de Marie , épouse de Zacharie et mère de Saint-Jean-Baptiste 

(Ex 6,23; Lc 1,5.7.13.24.36.40.41.57)

Lc 1, 5 : Du temps d'Hérode roi de Judée, il y avait un sacrificateur nommé Zacharie, "de la classe d'Abia: sa femme était d'entre les filles d'Aaron, et s'appelait Elizabeth".
Lc 1,7 : Ils n'avaient point d'enfant, parce qu'Elizabeth était stérile; et ils étaient l'un et l'autre avancés en âge.
Lc  1,11 : Alors un ange du seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout  à droite de l'autel des parfums.
Lc 1,13 : Mais l'ange lui dit : Ne crains point, Zacharie; car ta prière a été exhaussée. Ta femme Elizabeth t'enfantera un fils, et "tu lui donneras le nom de Jean.
Lc  1,30 : L'ange lui dit . Ne crains point Marie; car tu as trouvé grâce devant Dieu.
Lc  1, 31 : "Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui donnera le nom de Jésus.
 
Lc 1.59 : "Le "huitième jour, ils vinrent pour circoncire l'enfant, et ils l'appelaient Zacharie, du nom de son père;
Lc 1,60 : "Mais sa mère prit la parole et dit : Non, "il sera appelé Jean."

Et ici commence le sermon de Monseigneur

Visite de Marie à Elizabeth.
Cantique de Marie

Lc 1, 41 Dès qu'Elizabeth entendit la salutation de Marie, son enfant tressaillit dans son sein, et elle fut remplie du Saint-Esprit
Lc 1,46 : Et Marie dit : Mon âme exalte le seigneur,
Lc 1,47 : Et mon esprit se réjouit en Dieu, mon sauveur
Lc 1,48 : parce qu'il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante.
Car voici désormais toutes les générations me diront bienheureuse
Lc 1,49 :  Parce que le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses.
Son nom est saint.
Lc 1, 50 : "Et sa miséricorde s'étend d'âge en âge"

et comme métaphore celle du troupeau uni qui se défend mieux contre les lions

La journée commence avant la messe

et se poursuit après la messe par la procession
 de la statue de Saint-Jean-Baptiste autour de la chapelle avec la croix portée par les enfants et Monseigneur en fin de cortège en signe d'humilité.

Si nous voulons remonter aux origines des processions c'est très compliqué et les auteurs ont tous des avis différents sur la question.
L'étymologie du mot c'est la marche, la marche en avant. Pour certains auteurs les sources des processions sont liées aux pèlerinages, ce qui bien sûr intéresse ce sujet mais je ne m'aventurerais pas à le tenir pour exclusif... mais c'est vrai qu'il s'agit dans les pratiques chrétiennes d'une marche pendant laquelle on porte la statue du saint ou de la sainte sur des épaules, entouré du clergé, et rejoignant ce qu'on appelle les ostensions qui sont par la présentation valorisée du saint une façon de montrer les saintes-reliques dans des cortèges de rues suivant des itinéraires précis. C'est aussi une fête ou se mêlent chants, musiques et danses.

Autour de la chapelle Saint-Jean-de-La-Lande l'itinéraire consiste en une marche avec la statue de Saint-Jean-Baptiste - déjà déplacée de l'intérieur de la chapelle au pied de l'autel en plein air - portée et précédée de la croix pour une suite du cortège des membres du clergé et pour cette année 2023 par la présence exceptionnelle de Monseigneur l'évêque et de sa suite de prêtres auxquels se rallient les populations.

Le cortège avec la statue de Saint-Jean Baptiste va redémarrer mais cette fois-ci la croix de tête de la procession c'est le Saint-Sacrement porté par un prêtre. Le Saint-Sacrement était resté sur l'autel de la chapelle et il va être installé sur l'autel en plein air;  une cérémonie spécifique lui sera consacrée avant la fin de la journée sanctifiée. 
Le Saint-Sacrement est le pain et le vin qui se transforme en sang et le corps du Christ par le dogme de la Transubstantiation qui est une opération spirituelle de transformation sans changement de forme, par l'opération du Saint-Esprit. 
Le lieu de cette opération est le tabernacle auquel l'image de la Sainte-Face, c'est-à-dire de la Véritable Icône, sera peu à peu associée. Sous Louis XIV le miracle de l'Epine scellera par une gravure ce procédé mystique pour lutter et détruire les théorises de Jansénius évêque d'Ypres  - Jansénisme prêché à partir de Port-Royal -  qui, détournant les doctrines des grâces de Saint Augustin, représentait un danger à la fois pour l'église et pour le pouvoir monarchique. Sous Louis XIV une gravure est crée pour illustrer par des artifices de trompe l'œil, et donner une réalité à cette opération mystique par l'intervention du Saint-Esprit, appelée transsubstantiation. Cette association de la Véronique au tabernacle se retrouvera dans certaines compositions des autels de la fin du XVII° siècle, voire du XVIII° siècle comme ci-dessus à Bors-de-Montmoreau.
 

Ainsi par les Vêpres se termine cette journée si riche qui nous a permis plus que toute autre de retrouver nos racines culturelles profondes entre croyances, miracles, fonds et héritages culturels et spirituels. 
L'Esprit triomphant de la matière.

 A la richesse chargée d'histoire de ce lieu signalons que la chapelle fut aussi un lieu de recueil et de recueillement pour la Résistance et les maquisards du Périgord pendant l'occupation 1940-45 (remarque faite pas un périgourdin de la région).

Quittons les vertes prairies et les frais bosquets de la Dordogne et de la Charente et retrouvons les vertigineux massifs arides des Alpes-du-Sud sur ces territoires de la Provence Orientale désormais intégrés au département des Alpes-Maritimes (1861) mais restés à la France pendant la constitution des frontières définitives (avant démentiellement en 1861) du Royaume alpin de Sardaigne (1815/16, depuis 1821)
et rendons nous

sur les drailles

depuis les temps médiévaux avec les organisations des chemins de transhumance  jusqu'au service des épopées de Napoléon Bonaparte débarquant à Golf-Juan le 1° mars 1815 et remontant les Alpes vers Paris.

L'histoire très mouvementée de la chapelle des bergers et de leurs troupeaux à l'empereur Napoléon.


La chapelle Saint-Martin

à Escragnolles

Cette chapelle sur son chemin de pierres bâties a des origines médiévales provençales bien avant la dédition de Nice à la Savoie en 1388.
Destin très compliqué d'une chapelle qui offre toutes les caractéristiques d'une étape sur la route, sur un site qui laisse très peu de place à un petit carré de terre cultivable serti dans la rocaille toujours présente, ou à un terre-plein naturel ou artificiel propre à parquer les moutons le temps d'un repos sous abri ou d'une dévotion et qui, éloigné de toute présence humaine, aurait cependant été "Eglise paroissiale"...puis abandonnée, restaurée mais les auteurs ne donnent pas de variations de plan avec une ouverture directe sur le chemin sur une façade prolongée par une abside semi-circulaire. Chapelle qui est d'un plan assez commun en Provence depuis au moins la fin de la période romane avec un chevet plat ou semi-circulaire, et entrée latérale, voire avec deux entrées sur le même mur gouttereau (Taradeau - Var).
Un préau ou un auvent ne serait pas incongru sur cette façade devant laquelle passent le berger et son troupeau entre étable d'hiver et pâturages d'été.


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Seconde suite du plan de compte rendu d'étude de l'évolution de l'église de Bors-de-Montmoreau et des questions qu'elle soulève

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                        3 -  La question de la transformation architecturale de la chapelle ouverte de Bors-de-Montmoreau en église paroissiale

"Le processus amenant à l'émancipation d'une chapelle vis-à-vis de son église mère est connu : "Le degré le plus humble est celui de la simple chapelle qui accueille les fidèles de passage. Puis l'église retient des fidèles pour la messe dominicale , plus tard pour les grandes fêtes. Elle obtient alors un clergé propre, acquiert tout ou partie des dîmes, se fait reconnaître le droit de sépulture. Finalement, le dernier privilège de l'ecclésia matrix, le droit de baptiser, est transféré. La nouvelle paroisse jouit alors de sa pleine autonomie". Encore faut-il pouvoir observer un tel phénomène."  [Cf. Jean-Marc Allard "Le contrôle des paroisses, un enjeu entre les ordres militaires et l'épiscopat : le cas aquitain". Dans, Cahiers de Fanjeaux - Collection d'histoire religieuse du Languedoc au Moyen Âge - 41 - Les ordres religieux militaires dans le Midi (XII°-XIV°) Paris, 2005, p. 28]   
"Les plus souvent, le clergé collateur entretient le chœur et les habitants la nef, d'où les nombreux décalages chronologiques entre ces deux parties.[...] L'église est avant tout un symbole et si elle est le plus bel édifice du village, c'est qu'elle préfigure le ciel." [Cf. Michel Aubrun, 1986/2008, op.cit, pps 144 et 145]

Ces deux citations d'auteurs vont guider l'esprit de l'étude de cette seconde partie de l'église de Bors-de-Montmoreau, à partir d'une reprise de l'étude archéologique du bâti sur le site.  

Un autre apport qui anticipe l'étude qui va suivre à partir de l'église de Poullignac, est celui déjà signalé sur cette page d'architectures d'églises très fréquentes dans la bassin de la Tude et qui sont les églises à nefs charpentées-Avant-Chœur-Chœur sans clocher bâti identifiable. L'émergeance haute d'un clocher n'est systématique même s'il existe comme on le voit avec cette magnifique photo de Gilles Souveton.
Cette église à l'architecture intérieure complexe est entièrement voûtée et sa "tour de cloches" très forte intérieurement est "noyée" dans les communications entre les bas côtés de la nef qui se prolongent sur les chapelles du chœur.
Les nefs charpentées pour des chœurs voûtés répondent aux règles architecturales des ordres mendiants mais à la période gothique, alors que cette règle architecturale se repère dans le bassin de la Tude et bordures dès la période romane, nous n'avons pas non plus de nefs doubles originales au XIII° siècle [ Pour la période gothique voir Marcel Durliat, "Le rôle des ordres mendiants dans la création de l'architecture gothique méridionale". Dans, La naissance et l'essor du gothique méridional au XIII° siècle - Cahiers de Fanjeaux - 9 - Ouvrage publié avec le concours du Centre national de la Recherche Scientifique. Toulouse 1974, p. 71 à 85]

C'est principalement le XIX° siècle qui est responsable d'un panorama d'églises généralisées à nefs voûtées et clochers très émergents construits sur l'avant-chœur ou en bordure en hors oeuvre des murs gouttereaux, voire des articulations avant-Chœur-Chœur.

Si nous suivons l'étude de Charles Daras (déjà appelée deux fois en étais scientifiques sur cette page, publiée en 1970 par la Société Archéologique et Historique de la Charente) le premier clocher de la région construit sur une coupole sur pendentifs en avant-chœur d'une nef unique sans transept, serait celui de Porcheresse à la fin du XI° siècle, sur les territoires de transition entre les bassins de la Tude et du Né. Hélas les études et inventaires en 1970 - sauf la publication de Jean George - ne signalent que de très très rares églises sur le Sud-Charente dans le bassin de la Tude, alors qu'il y en a beaucoup et toutes avec un ou des caractères très particuliers, dont la question des accès aux parties supérieures des édifices qui n'est pas le sujet le plus facile à aborder ni à présenter dans l'analyse historique de la construction des monuments. Travail très long et onéreux mais indispensable pour amener ces bâtiments, jamais étudiés depuis la publication de Jean George en 1933, dans un patrimoine historique et archéologique d'études modernisées et modernes par l'archéologie du bâti que je pratique depuis l'année 1986/87 avec des diplômes universitaires  intitulés "Histoire de l'Art et Archéologie".




Ainsi, par cette seconde partie de l'étude de l'église de Bors-de-Montmoreau, je me trouve tributaire des méthodes de rédactions par lesquelles les caractères des architectures servent en aval et en amont sans que les études en aval soient encore présentées [sauf premières approches comme avec les relevés d'Edouard Warin pour l'église de Curac dans le compte-rendu de l'étude de l'église de Rioux-Martin, deux églises voisines du bassin de la Tude]  ce qui était aussi le handicap du premier parti pris du début de cette recherche avec le très grand préambule en ouverture d'une recherche sur les églises à chevets plats de transition XII°/XIII° s.  sur le bassin de la Tude à partir de Saint-Amant-de-Montmoreau [sur ce blogSaint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html]



Déclinaison de la planche 2° synoptique

3.1. : un retour sur le massif oriental - chapelle ouverte


Nous avons laissé l'étude de archéologique dans ses grandes étapes de construction par un petit bâtiment à deux travées : une travée ouverte sous porche en oeuvre en face Sud-Ouest précédant un accès à angle droit dans un sanctuaire voûté en berceau et au niveau su sol surélevé de deux marches dans la pente générale du sol de la chapelle. Au dessus de l'arc d'entrée avec des vestiges doubles d'appareillage d'arcs nous avons repéré des arrachements de maçonnerie en appareil dissolu, sinon de "remplissage", qui nous avaient orienté vers une maçonnerie coffrée sur voûte appareillée, de protection de cette entrée. J'ai matérialisé cet élément par un auvent en léger encorbellement avec face décorée d'un ange (de l'annonciation) bordé de feuillages (ou nuées) en préfigure d'une image de la Vierge à l'Enfant qui aurait pu être le thème de la grande sculpture nichée en face de cet arc béant d'accès à l'a chapelle.
Ayant repéré dès l'entrée dans le sanctuaire des vestiges de polychromie j'ai dessiné un programme possible d'ornement intérieur mis en scène pas les "Mystères" mais sans faire appel aux apocryphes de la fin du XIII° siècle et encore moins à ceux postérieurs, mais toutefois de veine romano-gothique.

Pour expliquer ce choix ornemental je voudrais revenir sur les phases d'élaboration du sanctuaire voûté en berceau.

Il s'agit d'un chevet plat dont la construction ne répond en rien aux organisations des chevets plats intérieurement voûtés en berceau sur le bassin de la Tude. Voutements prévus dès le projet de construction - comme à Sérignac - soit adaptés en cours de construction comme à Saint-Amant-de-Montmoreau.

En effet sur ces périodes de transition entre XII° et XIII° siècles, de chevauchement et de coexistences sans définitions stylistiques particulières des tendances qu'on appellera gothiques - qu'elles soient d'Ouest ou du Nord - er romanes dans la même ambiance romantique du XIX° siècle, les manières de construire du XII° au XIII° siècles évoluent suivant des habitudes et des nouveautés qui s'accordent, entre en combinaisons les unes des autres ou s'évacuent peu à peu. Cas exemplaire des façades de transepts, voire des faces Nord et Sud des avant-choeur en cas de nef unique sans transept, autre originalité des bordures périgourdines du bassin de la Tude, Tude-Dronne, qui essaiment en Saintonge.

Lorsqu'on veut voûter en berceau la travée droite d'un sanctuaire on organise les angles extérieurs du chevet avec des contreforts plats, possibles avatars de lésènes, comme sur le plan du chevet de Saint-Amant-de-Montmoreau ci-dessous. 
Voir sur ce blog : Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge
 à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour - 
 Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html



Les solutions de voûtement sont bien différentes à Bors-de-Montmoreau

Tout d'abort on part des piles articulées du premier projet ou du bâtiment détruit et on les incorpore dans le défilement des murs Nord et Sud. Ce qui fait que nous avons déjà les contreforts incorporés dans le mur, ce qui, en prolongeant ces murs en chapelles intérieures constitueront l'essentiel des voûtements des églises gothiques du Sud de la France, de la basilique Sainte-Cécile à Alby aux églises provençales des Maures et de l'Estérel; solutions qui se retrouvera dans l'église déjà présentée de Puget-Théniers dans la vallée du Var qui sera voûtée à la période baroque.


Le sanctuaire reçoit donc dans un second temps une voûte en berceau montée sur des nervures en plein cintre en guise d'arc formerets portés par les colonnes sur dosserets des piles articulées conservées dans la masse murale en transition du porche en oeuvre au sanctuaire, et sur des piles carrées en angles Nord-Est et Sud-Est du sanctuaire. Ces nervures sont, comme nous l'avons vu, tout à fait comparables à celles de veine gothique du voûtement sur nervure du chœur de Saint-Romain à quelques kilomètres de là ( 8,7 km; soit deux lieues). Ces quatre organes de supports sont couronnés de chapiteaux romans sur plans circulaires : deux sont sur leur place d'origine et deux sont des éléments de réemplois (piles carrées).
Les traces de polychromies sur les piles nous orientent vers un programme intérieur peint.
Y eut-il une première polychromie lorsque le sanctuaire n'était pas voûté ?
C'est impossible de répondre à cette question.
 En revanche on doit imaginer un programme peint qui aurait accompagné le percement de la grande baie à remplage du mur plat du sanctuaire. Cette verrière était d'une très grande ampleur vu l'aspect réduit du sanctuaire ; installation d'un remplage récupéré sur un autre chantier ou taillé pour un autre chantier mais refusé par le commanditaire ? Les cas de figures, là encore, se diversifient mais ce qui est certain c'est que la grande verrière inondant le chœur de lumière par son chevet plat a bel et bien existée avant qu'on la réduise par le bas vraisemblablement lorsqu'on a installé un bel autel baroque polychrome contre le mur de fond, déplaçant l'autel du niveau de la première fenêtre romane vers le fond du sanctuaire au plus près de la verrière réajustée en hauteur, laissant au dessous un vide intérieur agrandi en niche perdue.
La symbolique de la lumière reprend ici ses droits alors que l'art gothique depuis le réaménagement du chœur de Saint-Denis par l'abbé Suger a influé un nouveau souffle tant architectural que symbolique.
La lumière c'est l'avènement de Dieu. Pour l'abbé Suger cette lumière doit être la plus riche possible en écho de la richesse de la foi chrétienne.
Il y a une autre voie antérieure à la mystique de l'abbé Suger pour donner à la lumière son plein sens de l'avènement de Dieu. C'est à Cividale en l'église Santa Maria in Valle, vers la fin du huitième siècle, que nous rencontrons dans la culture occidentale la symbolique de l'arrivée de la lumière célébrée par des saintes. Les deux qui sont le plus près de la baie "portent le costume des moniales et leur attitude est celle des orantes" nous précise Marcel Durliat produisant en support l'icône ci dessous
Il s'agit d'un revers de façade mais d'autres exemples liés à des ornement en mosaïques existent en baies de chevets dans l'art byzantin.

C'est fort de cette tradition de la célébration divine par la pénétration de la lumière dans le monument des prémices de l'art romano-byzantin jusqu'à la naissance de l'art gothique à Saint-Denis que j'ai imaginé une iconographie des Séraphins - les seuls à pouvoir voir la face de Dieu -  présentant la lumière (la verrière) entourée sur les murs Nord et Sud d'anges et d'anges musiciens de l'iconographie gothique, alors que le porche en oeuvre ne conservait que la sculpture polychrome, nichée de la Vierge à l'enfant




3.2 : L'extension Ouest

Par le second synoptique ce qui frappe c'est le conflit des architectures : les deux voies romanes et gothiques y sont évidentes. La constitution intérieure de la chapelle ouverte par deux travées dont une postérieurement voûtée en berceau et l'autre sous charpente et peut-être un peu plus tard sous plancher formant un grenier et une amorce de clocher, ne laisse aucun doute sur la nature de ce premier bâtiment constitué sur les vestiges de piles articulées qu'on retrouve intégrées dans les murs épais de cette première chapelle.
Ces vestiges ne se retrouvent absolument pas dans l'extension Ouest, sauf deux chapiteaux extérieurs en réemplois ; construction en murs fins mais peut-être pas construits d'un seul jet si on en juge par les différences d'appareillages qui contribuent aux élévations des murs Nord et Sud. Toujours est-il qu'on se trouve brutalement en face d'un bâtiment long, plus large que la chapelle initiale, et mal ajusté tant en longueur que par les niveaux des sols, avec au moins trois ouvertures enrichies de sculptures. La quatrième ouverture  en façade ouest pouvant être postérieure, voire très postérieure entre ses deux lèsénes ou jambes de raidissement sans valeur de contreforts puisque ne recevant aucune poussée de voûte. La cinquième ouverture de cette extension est également tardive sous une fenêtre d'origine et bouchée, en vis-à-vis de l'ouverture en porte piétonne et porte cochère.

Quel sens donner à cette combinaison en porte piétonne et porte cochère construite en grandes arcades en tiers points et à ressauts de fasces plates, à chapiteau à boules et corbeille finement épanelée qui n'est pas sans rappeler la famille des chapiteaux du premier niveau de la Sainte-Chapelle achevée en 1248 pour abriter la relique de la couronne d'épines acquise en 1239 ? Mais sans oublier influences probables sur la première moitié du XIII° siècle du gothique cistercien qui s'implante dans la région de Toulouse, dont les influences dans le bassin de la Tude se font sentir au plus près de Bors-de-Montmoreau avec l'église de Saint-Romain (Pour une étude sur le gothique cistercien implanté dans la région toulousaine cf. Jean-Louis Biget, Henri Pradalier, Michèle Pradalier-Schlumberger, "L'art cistercien dans la Midi Toulousain" . Dans, Cahiers de Fanjeaux - Les Cisterciens du Languedoc - N° 21. 1986, pp. 313 à 370].
 
Si les modèles ou les source d'inspirations stylistiques pouvaient être tenues nous aurions certaines chances d'avoir un bâtiment construit, ou achevé, à partir du second tiers ou de la seconde moitié du XIII° siècle ? De toute façon d'un gothique de veine parisienne ou française, opérant une rupture radicale avec les influences gothiques angevines et de leurs diffusions à l'Est.

Nous nous rapprocherions d'une reprise en main par une abbaye avec une aile agrandie qui répondrait à l'observation de Marc Déceneux au sujet des insertions des salles capitulaires dans les périmètres des cours des cloîtres; à savoir des salles capitulaire postérieurement ajoutées au plan directeur de Saint-Gall avec au centre d'un des côtés une ouverture "par une façade décorée d'arcatures" [M.Déceneux, op.cit.  2005, 2007, 2010, p. 108 et 109].
L'ensemble en une seule aile est effectivement atypique et les ouvertures en extrémités ouest des façades Sud et Nord laissent présager des liens avec d'autres circulations qui n'ont rien d'une nef d'église, mais plus d'un bâtiment complémentaire ou de services ajoutés. Il faut toutefois remarquer que l'église de Passirac dans le diocèse de Saintes - bordure Ouest du bassin de la Tude - dans la gamme des leurres qui ont servi à sa construction, présente une fausse entrée en extrémité Ouest de sa façade Sud, pour un véritable portail plus modeste en façade Ouest. Ce leurre architectural d'importance reprend-il une organisation en architecture réelle qui a sans doute une incidence sur l'organisation plus tardive de la nef de Saint-Amant-de-Montmoreau ?

De toute façon sur ces églises aux portails en leurre ou en ouvertures réelles reportées sur une des fasces en extrémité Ouest des nefs n'ont qu'un seul site et non pas deux et même trois comme à Bors-de-Montmoreaux. Il n'est pas non plus fait état d'arcatures en porte cochère et porte piétonne.
Est-il possible qu'à l'instar d'une réalisation plus modeste qu'à Pons nous soyons là sur un bâtiment construit pour des raisons sanitaires, de soins donnés au pèlerins, voire de simple dortoir ?

Nous sommes là sur une construction atypique qui n'a pas été construite en lien avec la chapelle ouverte, mais dans son prolongement sans tenir compte des niveaux des sols ni de la régularité des alignements des murs Sud et Nord.
Toujours est-il que ces deux bâtiments sont entrés en concurrence des façades au détriment de la façade ouverte qui fut progressivement réduite et fermée. Puis on a lié les deux deux structures en récupérant la travée de porche en oeuvre pour en faire une travée droite où l'on voit que les saillies des anciennes piles du tout premier édifice roman ont été d'une part bûchées et d'autres part intégrées dans des épaississements de murs. 
Donc très vraisemblablement une travée droite aménagée avec des stalles pour les besoins d'une petite communauté religieuse, avec percement du mur Ouest de la chapelle ouverte et installation d'un avatar de jubé en galerie de balustres dont il reste les points de scellements dans les murs.

Et c'est dans ce mouvement que la partie supérieure sous charpente du porche en oeuvre aurait été aménagée en grenier puis en premier clocher avec construction d'un escalier en vis hors oeuvre en façade Nord, lui-même construit en feux fois : une fois en lien plat avec le plancher du grenier, une autre fois avec un escalier qui aurait surélevé le plancher (ou une première voûtes sans lien avec celle du sanctuaire puisqu'en perpendiculaire) au-dessus du départ de la voûte du chœur avec construction des contreforts qui épaulent une nouvelle élévation du massif du clocher par l'extérieur, par dessus le mur ouest et à l'intérieur par-dessous la reprise en sous oeuvre de l'arc formeret primitif de la voûte en plein cintre du sanctuaire.

 Suivant les recherches d'Eric Petit la première cloche installée sur ce monument fut bénie en 1667 et le monument est au moins une église paroissiale depuis le XVIII° siècle puisqu'en 1789 Madame de Lageard, propriétaire du château des Plassons, propose de "laisser son banc" contre une parcelle de terrain pour construire un sanctuaire. Une nouvelle cloche est installée et le clocher fut "totalement reconstruit en 1963" précise encore Eric Petit [cf. E.Petit, op.cit., p 71 à 81] . En somme toutes les transformations de cette église après une lente mutation depuis le XII° siècle, avec différentes affectations, datent principalement en sa configuration actuelle du XIX° siècle, contemporaine de l'aménagement du cimetière sur la face Sud, qui pourrait être la récupération des terrains laissés libres par la destruction définitive d'un cloître déjà disparu et construction des murs qui obturent les ouvertures de la nef puisque des chapelles mortuaires et des tombes privées sont construites au plus près du mur Sud extension Nord du cimetière clos par des murailles, et aujourd'hui déplacé hors les murs. Ce qui est assez étonnant à Bors de Montmoreau c'est que la construction du cimetière contre la face Sud de l'église se situe à partir du second tiers du XIX° siècle puisqu'il ne figure pas sur le cadastre de 1831. C'est-à-dire que cette construction dans le village a été réalisée après les mesures de salubrité publique du 23 prairial de l'an XII renouvelé par l'ordonnance royale du 6 décembre 1843.   

Si nous suivons l'historique proposé à l'entrée de l'église nous lisons 

Si une datation de fondation ou de début de construction d'une église semble être cohérent avec les  vestiges des piles articulées et chapiteaux d'un monument détruit ou jamais achevé, isolés par l'étude archéologique, les auteurs donnent une appartenance de Bors de Montmoreau au Diocèse de Périgueux, tel Jean George : " Bors de Montmoreau - arrondissement d'Angoulême, canton de Montmoreau...L'église, dédiée précédemment aux Saints-Pierre et Paul, relevait de l'ancien diocèse de Périgueux; elle a été reconstruite en grande partie à la fin du XIX° siècle".
A la lecture de Jean George nous avons juste avant "Bors de Baignes - Arrondissement de Cognac, canton de Baignes...elle dépendait de l'ancien diocèse de Saintes, et appartenait à l'abbaye de Baignes, qui la fit construire en 1120" (bibliographie abbé Nanglard). 
La proximité des notices produites entre Bors de Montmoreau et Bors de Baignes questionne... d'autant plus que la localité de Bors de Montmoreau s'est longtemps appelée tout simplement "Bors" ?

Conclusion 

Dans le cadre de cette recherche sur l'origine et la manifestation des églises à chevet plat du bassin de la Tude il était de première importance d'aborder les originalités architecturales qui ont donné naissance à ce panorama entre XII° et XIII° siècles.
Cette Mise à jour des transitions roman-gothique continue...

Avec cette église, avant d'aborder Poullignac nous avons marqué une étape importante qui va se poursuivre avec l'enrichissement raisonné de l'inventaire des chapelles de routes.

Les surprises se succèdent et nous ont ramenées ici vers l'origine d'une vague de constructions de chapelles de routes - premièrement principalement ouvertes et à chevets plats - en conséquences du développement de la circulation entre XI° et XII° siècles sous l'impulsion d'une restructuration du territoire au sein de conflits armés entre la France et l'Angleterre, dont l'administration religieuse confondue avec des fonctions seigneuriales par les Bénédictins relayés par les Cisterciens puis par les ordres mendiants semble avoir été le moteur et le ciment des grandes organisations territoriales tout en créant une nouvelle richesse économique et spirituelle, voir artistique et culturelle à l'aube de la reconquête, de l'hégémonie et de la suprématie du Roi de France face à l'Empire vaincu à la bataille de Bouvines (27 juillet 1214). 

Sans faire l'impasse sur le rôle seigneurial qu'on joué les abbayes et les constructions des ordres religieux militaires sur fond de 1° à la 8° croisade, de la fin du XI° siècle à la fin du XIII° siècle, avec Bors de Montmoreau, je ne prétends pas avoir épuisé le sujet mais j'ose espérer l'avoir élargi, affirmé, et
interrogé de telle façon à le faire avancer, de telle façon à avoir introduit ou réintroduit le rôle déterminant de la petite architecture religieuse de construction des liens socio-culturels historiques de la France. Bref à l'avoir résolument installé dans l'étude de l'histoire, de la construction économique et sociale étroitement liée à l'histoire de l'art au moins en France.

Cet héritage qu'on avait trop tôt enfoui et qui ressurgit peu à peu et avec force dans toute son importance au fur et à mesure que la recherche se perfectionne et qu'elle pénètre dans ses jachères, qu'elle ose les aborder par des approches et des méthodes modernisées en lien avec la richesse des études du passé. 


Je vais ouvrir la page sur l'église Saint-Martin à Poullignac mais cette page sur Bors de Montmoreau demeure en construction et va continuer à évoluer avec la mise à jour raisonnée de probables nouveaux documents et de l'inventaire des chapelles de routes, pas de toutes bien sûr mais de certaines avec parfois des publications qui seront des points de repères régionaux pour le lecteur et le chercheur : les provinces françaises et leurs campagnes vont refleurir, retrouver de leur âme et de leur vie perdue en chemin.



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Vrai ou faux - Un tableau inconnu de la Renaissance
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Vrai ou faux - Traduction originale du manuscrit de Qumram sur la mer morte ( en cours)
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Pour ceux qui aiment la recherche en académies de nus - modèles vivants
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Nus 2012-2013
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Et pour ceux et celles qui aiment l'archéologie et l'architecture
voici encore un échantillon de mes recherches sur ce blog
And for those who love archeology and architecture
Here again a sample of my research on this blog

L'ancienne église Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/monaco-ancienne-eglise-saint-Nicolas-le.html

Techniques et vocabulaires de l'art de la façade peinte
http://coureur2.blogspot.fr/2012/08/un-tour-dans-le-massif-central.html

Les Vecteurs Impériaux de la polychromie occidentale
http://coureur2.blogspot.fr/2012/06/philippines-les-Vecteurs-imperiaux-de.html

Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html

Histoire de la Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/07/histoire-de-la-principaute-de-monaco.html

Le Palais Princier de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/palais-princier-de-Monaco-palais-of.html

Versailles - Monaco - Carnolès - Menton: présence de l'art français en Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/versaillesmonaco-larchitecture.html

Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html

Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale
http://coureur2.blogspot.fr/2013/02/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html

Des cérémonies et des fêtes Autour de Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/des-cérémonies-et-des-fêtes-Autour-de.html

Langages de l'art contemporain - répétition, bifurcation, ...
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html

La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte (1° partie) - des édifices civils dans les Alpes-Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html

Façades peintes - édifices civils du sud-ouest des Alpes - 2° partie - XX° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2015/01/facades-peintes-edifices-civils-du-sud.html

Aspects de l'évolution des seigneuries historiques de la Principauté de Monaco à travers quelques 
exemples d'architectures polychromes ponctuelles.
http://coureur2.blogspot.fr/2016/01/aspects-de-levolution-des-seigneuries.html

                                                                  
Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html


1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html

2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html


3° partie - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html

Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et  des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html

Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html

Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/06/maisons-tours-et-donjons-tours.html

Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/10/curac-les-enigmes-de-son-chateau.html

Varaignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html

La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge-  une maison tour -  Première Renaissance Française. 
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html

Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html


Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France -
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html 

Maisons alpines d'économie rurale (Alpes-Maritimes)
https://coureur2.blogspot.com/2011/11/maisons-alpines-deconomie-rurale.html

Pour ceux qui aiment l'iconologie, et l'iconographie
For those who like iconology, and iconography

         Autour du rocaille. Dessin préparatoire d'étude - Le jugement de Pâris
             https://coureur2.blogspot.com/2011/07/dessin-preparatoire-pour-une.html  

La Véronique - Image ou non de la représentation
http://coureur2.blogspot.fr/2012/12/la-veronique-de-la-legende-lart.html 

Langages de l'art contemporain - Répétition ordinaire - Bifurcations - Translation...
https://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html

Fête de la musique à Nice - Place Garibaldi à Nice - Exposition d'artistes Polonais
https://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-fete-de-la-musique-expositions.html

La Mourachonne à Pégomas (exercice de recherche iconographique)
https://coureur2.blogspot.fr/2012/05/la-mourachone-pegomas-nouvelles.html

Cannes en 4 perspectives albertiennes recomposées - dessin panoramique à la mine de plomb
       https://coureur2.blogspot.fr/2018/02/cannes-en-4-perspectives-albertiennes.html 

Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html

Pour ceux qui aiment la poésie et qui en plus, comme moi, la reconnaisse comme la mère de tous les arts y compris de l'art contemporain
For those who love poetry and more, as I recognize it as the mother of all arts including contemporary art

Rencontres maralpines de Poésie - Mots d'Azur 2015-2016
http://coureur2.blogspot.fr/2015/09/rencontres-maralpines-de-poesie-et.html

Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie 2016-2017
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/des-poemes-sur-la-riviera-aux-couleurs.html

Pierre Courtaud - Magazine - Un écrivain, un éditeur un poète, un chercheur en écritures - Un spécialiste de nombreux auteurs.
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/pierre-courtaud-magazine-un-ecrivain-un.html

Henry Chopin et la bibliothèque de Valérie Peynaud
http://coureur2.blogspot.fr/2013/12/henri-chopin-et-la-bibliotheque-de.html

Cannes -1° nuit de la poésie et de la musique au Suquet - 21 juin 2014
http://coureur2.blogspot.fr/2014/06/cannes-1-nuit-de-la-poesiefete-de-la.html

 2° nuit de la musique et de la poésie - Cannes 21 juin 2015
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/2-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-au.html

3° nuit de la poésie et de la musique  au Suquet- Cannes Moulin Forville le 21 juin 2016
http://coureur2.blogspot.fr/2016/06/3-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-du.html

Golf-Juan - Performance poétique - Brigitte Broc - Cyril Cianciolo
http://coureur2.blogspot.fr/2015/03/golf-juan-performance-poetique-brigitte.html

Marie Gay - Pierre-Jean Blazy - Auteurs et Edition(s) - Fondateurs des Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/marie-gay-pierre-jean-blazy-auteurs-et.html

De Vallauris à Cannes - Le Printemps des Poètes sur la Côte d'Azur avec Les Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/de-vallauris-cannes-la-cote-dazur-en.html

 Christophe Forgeot : Poète  - Poésie - Poème
http://coureur2.blogspot.fr/2014/09/christophe-forgeot-un-poete.html

Zorica Sentic - Poète-romancière Franco-Serbe
https://coureur2.blogspot.fr/2012/09/zorica-sentic-poete-romancier.html

La Corse des poètes
https://coureur2.blogspot.fr/2015/08/la-corse-des-poetes-porticcio-village.html

Magda Igyarto - Vibrations et expériences de la matière : du visible à l'indicible et de l'indécible au dicible - Peintre, poète et sculpteur
https://coureur2.blogspot.fr/2018/01/magda-igyarto-vibrations-et-experiences.html

Pour ceux qui aiment les légendes
For those who love legends

The Woodcutter and the Revenant - Sedimentary Memory - Essay - Creuse
Http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html

La Creuse - Le Bûcheron et le Revenant - Mémoire sédimentaire - Essai - Creuse
http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html

Les routards de la baie d'Halong dans la tourmente https://coureur2.blogspot.fr/2013/10/les-routards

Vietnam - La légende du Dieu des montagnes et du Dieu de la mer
https://coureur2.blogspot.fr/2014/05/vietnam-la-legende-du-dieu-des.html

Pour ceux qui aiment les voitures de collection
Vis-à-vis de Dion-Bouton type E 452 - La voiture emmurée aux enchères à Lyon
https://coureur2.blogspot.fr/2015/09/1900-vis-vis-de-dion-bouton-type-e-452.html

Pour ceux qui aiment l'art lyrique et la musique
Elzbieta Dedek - Pianiste virtuose internationale
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/pianiste-virtuose-internationale.html

Pour ceux qui aiment le cinéma
68° festival du cinéma - Alexandra Robin - Léopold Bellanger  - Cédric Bouet
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/68-festival-cinema-cannes-2015.html

Pour ceux qui aiment la danse
 48° Congrès Mondial de la Recherche en Danse - Avignon du 9 au 13 novembre 2016 - Fabienne Courmont présidente -  UNESCO-CID partenaires 
http://coureur2.blogspot.fr/2016/11/48-congres-mondial-de-recherche-en.html  

Festival d'Avignon à Mouans-Sartoux - Danser Baudelaire - Bruno Niver - Marina Sosnina - Répétition générale
https://coureur2.blogspot.fr/2015/02/du-festival-davignon-mouans-sartoux.html


Pour ceux qui aiment s'habiller et sortir
Eliane Horville - soirées - ville - élégance - conseils - coach
https://coureur2.blogspot.fr/2016/01/soirees-ville-elegance-every-wear.html

Sortir - Manifestations -Performances - Expositions...2012/2017
https://coureur2.blogspot.fr/2013/02/evenements-expositions-manifestations.html


Pour des participations citoyennes


Ordre national infirmier - Recommandations sanitaires
http://coureur2.blogspot.fr/2017/06/ordre-national-infirmier-recommandations.html

Pour ceux qui aiment les multiples beautés de la France 

Les oliviers fantastiques de Lucette
https://coureur2.blogspot.fr/2012/10/les-oliviers-fantastiques-de-lucette.html

Carnet de voyage - Ombres et Lumières - L'eau et les Sables, architectures de villégiatures
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/ombres-et-lumieres-leau-et-les-sables.html

2 - La France en vrac
https://coureur2.blogspot.fr/2014/10/visiteurs-des-pages-pour-voir-le-site.html

1 - CP La France en vrac 1
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/la-france-en-vrac-france-in-bulk-franca.html