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Le Thérret - Château - Département de la Creuse - Province de la Haute Marche |
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2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
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Pour l'étude des décors peints je serai amené à faire appel à d'autres articles de ce blog en plus de la bibliographie d'usage.
(si les liens ne fonctionnent pas en cliquant dessus, en faire un un copier/Coller et le placer sur la barre d'adresses)
Le cadre du plateau historique étant fixé, je n'exclue pas des appels à des exemples antérieurs et postérieurs à ce cadre pour des clartés de démonstrations.
En fait je ne veux pas démontrer, je veux montrer des exemples jamais étudiés qui se manifestent dans le panorama architectural français sans qu'on n'aborde jamais ces particularités qui se greffent parfois avec des éléments plus connus, mais qui toujours sont là comme des questions qui font obstacle à l'approche scientifique de cette période architecturale.
La Chezotte - Hôtel - Département de la Creuse - Province de la Haute Marche - façade avant. |
La Chezotte - hôtel - façade arrière - Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche |
L'étude d 'ancrage de ma démarche demeurant mon étude sur les châteaux de la Creuse (1988-1989, jamais publiée) - Petits Châteaux de la Haute-Marche aux XV° et XVI° siècles - qui me semble fondamentale pour comprendre les mutations du donjon du petit château de la fin de la Guerre de Cent Ans en donjons résidentiels puis hôtels puis maisons civiles communes de notables, préparant l'architecture gothique civile française à recevoir toutes les nouveautés de l'architecture italienne sans les confondre mais au contraire en créant un nouveau panorama architectural original et singulier qui triomphera aux XVII° et XVIII° siècles, après avoir inventé l'art gothique au XII° siècle.
Je commence cette nouvelle page avec des châteaux de la Creuse. Parce que je les aime mais aussi parce que ce sont des témoins exceptionnels encore intacts de ce passage de l'architecture de guerre à l'architecture civile depuis la fin de la guerre de Cent Ans au règne de Louis XI, à l'arrivée de la Renaissance. Parfois il ne suffit que d'ajouter quelques coussins et s'asseoir dans l'ébrasement des fenêtres sur les coussièges, de faire un feu de cheminée, et vous être exactement dans les conditions de vie dans ces bâtiments aux XV° et XVI° siècles. Même les terradis ont parfois été conservés : quand c'est le cas ce sont des châteaux d'un exceptionnel confort. C'est miraculeux, c'est absolument à définir comme secteur privillégié de recherches, à protéger et à sauvegarder.
Je ne vais pas bien sûr reprendre mon article déjà publié sur ce blog, je vais en revanche aborder ces châteaux avec des particularités architecturales que je n'ai pas présentées dans mon article publié sur ce blog au mois d'octobre 2011 et que vous êtres déjà très nombreux à avoir lu.
Ces particluarités ce sont des portails d'acccès aux enceintes fortifiées ou simplement fermées par des périmètres bâtis en murs de cloture, parfois ponctués d'une ou deux tours basses, mais pas toujours.
Je peux commencer, pour faire une nouvelle fois déraper mon sujet, par vous présenter le château de
Montaigut-le-Blanc
à mes yeux aussi précieux que Chamborand mais fort heureusement entretenu
Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche - vers 1455/60/70
(les répertoires ornementaux des cheminées proviennent du Palais Jacques-Coeur à Bourges, construit en 1450)
A Montaigut-le-Blanc lorsque le donjon résidentiel se dégage de cette cour accessible seulement par une puissante porte fortifiée intégrée à son périmètre fermé de hautes murailles articulées par des tours d'angles en maçonneries pleines, il ne reste que le donjon aux quatre tours d'angles habitables et la tour d'escalier en vis hors oeuvre en façade qu'on ne voyait pas puisque la cour était bâtie en bois. Les théories de la valeur ornementale liée à la présence de la tour d'escalier en vis hors oeuvre en façade des bâtiments sont largement à revoir et à rectifier, au moins pour les dynamiques architecurales de leurs genèses. L'apparition des donjons rectangulaires sans périmètres de cours aux allures de fortifications ne suit pas une évolution linéaire autour de 1450. Ce sont des confluents de courant différents qui créent peu à peu ce panorama d'une évolution à tendance liénaire. Chamborand, antérieur à Montaigut le Blanc, n'avait qu'une cour fermée d'un périmètre bas maçonné de simple enceinte ponctuée de seulement deux tours basses à usages domestiques et aucune porte fortifiée n'y est signalée.
C'est ainsi que le "donjon" devenait le "château".
Ce qui apparaît maintenant de portails fortifiés sur les périmètres des cours est une particularité liée aux dispartions des enceintes fortifiées, donc à partir du règne de Louis XI et tard dans le XVI° siècle.
L'exemple du château de
MASSENON
(Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche)
me semble particulièrement significatif pour illustrer ces aspects de cette nouvelle présentation de ces particularités.
Particulièrement saisissante - en contraste saisissant avec Montaigut-le-Blanc - est la distance de la porte fortifiée de l'enceinte du donjon résidentiel
la porte fortifiée est elle-même liée à aucun périmètre fortifié, tout au plus à des constructions domestiques en revers de murailles
la pointe de la tour d'escalier en vis hors oeuvre de Massenon, à côté de l'aile classique très postrieure, et une seule tour basse qui est souvent un pigeonnier construit sur le péimètre des murs de cloture des jardins en terrasses.
Des parentés se retouvent avec l'entrée au périmètre du château de
La CHEZOTTE
appelé "hôtel" (quel beau bâtiment ! d'une pureté, d'un élan ! quasi intact, dans un état de conservation quasi parfait de fond en combles !) dans les archives de sa construction entre 1459 et 1509 pour une datation probable autour de 1480/90. On trouve des vestiges d'archères à la base des tours de flanquement de la façade arrière.
avec portail fortifié à porte cochère et porte piétonne, agrandie en bâtiment de service mis en lien par une passerelle avec une chapelle hors les murs. La route ou chemin qui sert le domaine, passe au milieu des deux bâtiments. A gauche, s'étendaient les anciens étangs et viviers. Le donjon résidentiel étant lui-même construit à l'écart de cette porte foritifiée, sur un tertre entrouré d'eau du marécage où il est construit.
En 1514 pour le château de
Javarzay
dans les département des Deux-Sèvres, sur la commune de Chef-Boutonne, sur la province du Poitou-Charentes
on fait le choix d'une monumentale porte fortifiée, très décorée avec une amplification conséquente des valeurs défensives du château gothique avec ses tours, ponts levis, canonnières, poivrières et mâchicoulis, très hautes toitures à la Française, travées verticale gothique française et fenêtre à traverses et meneaux, et pièces chauffées avec des ouvertures et des armoiries sur lesquels interviennent les répertoires ornementaux de la Première Renaissance Française
La chapelle est construite tout de suite derrière la porte fortifiée qui ferme la cour du château. La chapelle est elle même pourvue d'une bouche à feu, tout comme l'intérieur du passage dans la base de la tour à porte cochère et porte piétonnes, toutes deux équipées d'un ont levis à flèches.
La place de la chapelle tout de suite en arrière de la porte fortifiée en entrant dans le château conserve ses valeurs apotropaïques et donc symboliques en lien avec les défenses guerrières du dispositif pourtant très ajouré et orné.
Pour Vauban une porte bien décorée, voire richement décorée, sera un gage de puissance de la place
Il ne reste du château que la porte fortifiée avec sa chapelle, la courtine construite en revers vers la seule grosse tour subsistante, tardivement percée d'une porte.
La façade en galerie fermée ou portique fermé, est un ajout de logis en avant de la courtine elle-même construite en revers
Pour de plus amples développement sur ces traditions des chapelles liées aux entrées des châteaux voire en aspect différenciés la page de ce blog
Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html
Ces particluarités ce sont des portails d'acccès aux enceintes fortifiées ou simplement fermées par des périmètres bâtis en murs de cloture, parfois ponctués d'une ou deux tours basses, mais pas toujours.
Je peux commencer, pour faire une nouvelle fois déraper mon sujet, par vous présenter le château de
Montaigut-le-Blanc
à mes yeux aussi précieux que Chamborand mais fort heureusement entretenu
Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche - vers 1455/60/70
(les répertoires ornementaux des cheminées proviennent du Palais Jacques-Coeur à Bourges, construit en 1450)
plan reconstitué sans l'ouverture au rez-de-chaussée du donjon résidentiel. La présence d'une simple sappe à la base du donjon, avant restauration, ne permettant pas d'établir avec certitude un accès original en rez-de-chaussée sur cour intérieure, contrairement à Malval (Vallée de la Petite Creuse - Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche) où les ébrasements des portes sont en place.
Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
Voici, ci dessous, l'aspect qu'un archéologue du XIX° siècle a, à mon avis, assez bien restitué, de ce château avec accès par cette porte fortifiée très particulière, intégrée dans le périmètre et callée entre la tour du donjon et la courtine de la cour. Cette porte constitue une sorte de tour plate déprimée en son centre, surmontée d'un logement en encorbellement sur machicoulis avec un accès à l'intérieur de la cour par une tour d'escalier en vis hors oeuvres dont il reste les vestiges du départ, et traduite en élévation plus haute que les autres tours de la cour, par l'archéologue qui en a reconstitué cette élévation ci dessous
..
..
c'était un très beau château sans aucun poste de tir architecturé. La Guerre de Cent Ans était terminée. C'est un des caractères, presque constant ou qui a tendance à se géréraliser, de ces châteaux de la fin de la Guerre de Cent Ans et du règne de Louis XI (Bridiers, Chamborand) que de ne plus posséder de postes de tirs architecturés; Saint-Maixant (département de la Creuse - entre Comté de la Marche et Vicomté d'Aubusson, sur le diocèse de Limoges) qui représente un autre courant architectural bien que voisin mais toutefois différent de ce passage du donjon de guerre au donjon rédidentiel, étant une exception avec ses impressionnants postes de tirs à la base des tours qui sont toutefois de priodes vraisemblablement différentes et en tout cas difficilement datables avec précision au XV° siècle. On ne conserve généralement que les encorbellements, un temps les accès à l'étage par pont-levis à flèches, et les tours liées aux caractères militaires des bâtiments qui se sont déjà largement ouverts de baies à traverses et à menaux. En revanche dans les années 1480, comme au Therret ou au Fressinaud et sur d'autres châteaux de la région et de la même génération les postes de tirs architecturés dans les tours de la façade arrière du donjon résidentiel font leur réappartion en archères/canonières, alors que l'accès ay donjon se généralise par une porte en rez-de-chaussée de la tour de l'escalier en vis hors oeuvre. Les tours postérieruement construites sur les périmètres au XVI° s. sont pour leur part généralement toutes pourvues de bouches à feu réparties sur le périmètre des tours. Au Therret nous allons voir que le châtelet (porte fortifiée) ne conserve aucun vestige de poste de tir architecturé.
C'est ainsi que le "donjon" devenait le "château".
Ce qui apparaît maintenant de portails fortifiés sur les périmètres des cours est une particularité liée aux dispartions des enceintes fortifiées, donc à partir du règne de Louis XI et tard dans le XVI° siècle.
L'exemple du château de
MASSENON
(Département de la Creuse - Province de la Haute-Marche)
me semble particulièrement significatif pour illustrer ces aspects de cette nouvelle présentation de ces particularités.
Particulièrement saisissante - en contraste saisissant avec Montaigut-le-Blanc - est la distance de la porte fortifiée de l'enceinte du donjon résidentiel
la porte fortifiée est elle-même liée à aucun périmètre fortifié, tout au plus à des constructions domestiques en revers de murailles
la pointe de la tour d'escalier en vis hors oeuvre de Massenon, à côté de l'aile classique très postrieure, et une seule tour basse qui est souvent un pigeonnier construit sur le péimètre des murs de cloture des jardins en terrasses.
Des parentés se retouvent avec l'entrée au périmètre du château de
La CHEZOTTE
appelé "hôtel" (quel beau bâtiment ! d'une pureté, d'un élan ! quasi intact, dans un état de conservation quasi parfait de fond en combles !) dans les archives de sa construction entre 1459 et 1509 pour une datation probable autour de 1480/90. On trouve des vestiges d'archères à la base des tours de flanquement de la façade arrière.
En 1514 pour le château de
Javarzay
dans les département des Deux-Sèvres, sur la commune de Chef-Boutonne, sur la province du Poitou-Charentes
on fait le choix d'une monumentale porte fortifiée, très décorée avec une amplification conséquente des valeurs défensives du château gothique avec ses tours, ponts levis, canonnières, poivrières et mâchicoulis, très hautes toitures à la Française, travées verticale gothique française et fenêtre à traverses et meneaux, et pièces chauffées avec des ouvertures et des armoiries sur lesquels interviennent les répertoires ornementaux de la Première Renaissance Française
La chapelle est construite tout de suite derrière la porte fortifiée qui ferme la cour du château. La chapelle est elle même pourvue d'une bouche à feu, tout comme l'intérieur du passage dans la base de la tour à porte cochère et porte piétonnes, toutes deux équipées d'un ont levis à flèches.
La place de la chapelle tout de suite en arrière de la porte fortifiée en entrant dans le château conserve ses valeurs apotropaïques et donc symboliques en lien avec les défenses guerrières du dispositif pourtant très ajouré et orné.
Pour Vauban une porte bien décorée, voire richement décorée, sera un gage de puissance de la place
Il ne reste du château que la porte fortifiée avec sa chapelle, la courtine construite en revers vers la seule grosse tour subsistante, tardivement percée d'une porte.
La façade en galerie fermée ou portique fermé, est un ajout de logis en avant de la courtine elle-même construite en revers
Seuls les programmes peints qui complétaient les programmes sculptés ont disparu.
Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html
(commentaires et compléments d'images à venir)
LE
THERET
à partir du donjon résidentiel des années 1480, construit en fin de croupe en belvédère sur les vallons qui remontent jusqu'au Maupuy, le château a été postérieurement entouré d'un étang artificiel qui fait le tour du château et d'un réseau de canaux qui reliaient cet étang à un autre étang en façade avant du château où subsiste une fontaine de la renaissance qui était peinte
Le périmètre du château, isolé par l'étang périphérique, a son accès gardé par un porte fortifiée dont il reste une tour et le départ de l'arc de la porte
Toutes les façades du château furent au XVII° ou au XVIII° siècle enduites et peintes en faux grand appareil en tracés blancs. Il existe plusieurs couches de ces tracés. C'est donc qu'il ont été refaits à différentes époques depuis le XVII° s. Le châtelet d'accès à la plate forme du château, où s'enchaînent en façade du donjon résidentiel autour d'une cour des bâtiment de services et de réception des XVI° et XVII° siècles, a toutes les caractéristiques d'un système de défense mais il n'est pas contemporain, ou pour le moins, rien ne permet de l'affirmer, du donjon résidentiel. Il est plus vraisemblablement contemporain des tours d'angles dont l'une est une chapelle à droite et l'autre une tour à bouches à feu, au comble aménagé en pigeonnier. Donc un châtelet d'entrée qui pourrait être de la première moitié du XVI° siècle ou de peu postérieur à la construction du donjon résidentiel, avant la construction en revers de courtine de la belle aile des écuries et des communs à fenêtres à lucarnes et amortissements en boules sur socles.
Voilà donc un type de problème archéologique très difficilement appréhendable sans autre trace que la présence des vestiges architecturaux parfaitement imbriqués les uns aux autres, qui eux, en revanche sont plus facilement évaluables par les répertoires défensifs et ornementaux, voir structuraux.
CHANDON
(département de l'Allier - Province du Bourbonnais)
voici un portail qui émerge d'un périmètre de murailles basses. La pote en arc surbaissé donne accès au périmètre du château par un passage planchéié sous un bâtiment en surcroît sans système défensif particulier sauf une petite bouche à feu.
Au fond de la cour, apparaît en profil le donjon résidentiel et sa tour d'escalier pourvue d'une autre tour d'escalier en encorbellement qui fait le lien entre la grande vis hors oeuvre et son comble.
Là aussi, comme au Therret, la donjon construit sur une croupe a été postérieurement entouré d'un étang entièrement construit derrière un remblai
THERET
Donjon résidentiel construit dans les années 1480
(Département de la Creuse - Province de la Haute- Marche)
La chapelle est dans la tour de droite, et au-dessus un pigeonnier.
La chapelle est dans la tour de droite, et au-dessus un pigeonnier.
Le périmètre du château, isolé par l'étang périphérique, a son accès gardé par un porte fortifiée dont il reste une tour et le départ de l'arc de la porte
Toutes les façades du château furent au XVII° ou au XVIII° siècle enduites et peintes en faux grand appareil en tracés blancs. Il existe plusieurs couches de ces tracés. C'est donc qu'il ont été refaits à différentes époques depuis le XVII° s. Le châtelet d'accès à la plate forme du château, où s'enchaînent en façade du donjon résidentiel autour d'une cour des bâtiment de services et de réception des XVI° et XVII° siècles, a toutes les caractéristiques d'un système de défense mais il n'est pas contemporain, ou pour le moins, rien ne permet de l'affirmer, du donjon résidentiel. Il est plus vraisemblablement contemporain des tours d'angles dont l'une est une chapelle à droite et l'autre une tour à bouches à feu, au comble aménagé en pigeonnier. Donc un châtelet d'entrée qui pourrait être de la première moitié du XVI° siècle ou de peu postérieur à la construction du donjon résidentiel, avant la construction en revers de courtine de la belle aile des écuries et des communs à fenêtres à lucarnes et amortissements en boules sur socles.
Voilà donc un type de problème archéologique très difficilement appréhendable sans autre trace que la présence des vestiges architecturaux parfaitement imbriqués les uns aux autres, qui eux, en revanche sont plus facilement évaluables par les répertoires défensifs et ornementaux, voir structuraux.
CHANDON
(département de l'Allier - Province du Bourbonnais)
voici un portail qui émerge d'un périmètre de murailles basses. La pote en arc surbaissé donne accès au périmètre du château par un passage planchéié sous un bâtiment en surcroît sans système défensif particulier sauf une petite bouche à feu.
Au fond de la cour, apparaît en profil le donjon résidentiel et sa tour d'escalier pourvue d'une autre tour d'escalier en encorbellement qui fait le lien entre la grande vis hors oeuvre et son comble.
Là aussi, comme au Therret, la donjon construit sur une croupe a été postérieurement entouré d'un étang entièrement construit derrière un remblai
HAUTSEGUR
(Département de l'Ardèche - Fief de Meyras)
Ce château surplombe la vallée de l'Ardèche. C'est un très joli château construit sur un site signalé au XII° siècle. Le bâtiment a toutes les caractéristiques des bâtiments construits depuis la fin XV° jusque dans le XVI° siècle, en héritage de l'évolution du donjon de guerre du petit château de la fin de la guerre de Cent Ans en donjon résidentiel puis habitat commun gothique noble ou de notable, voire d'ecclésiastique, de la fin du Moyen Age. Très remanié, il conserve l'originalité d'une structure à quatre tours d'angles remplacées par des échauguettes d'angles à deux niveaux (une détruite ayant été récemment reconstruire).
une progression atypique des baies avec une sorte d'étage en galetas dont on retrouvera un peu plus loin sur cette page, une version évolutive en éclairage des pièces hautes du château de Val, une grosse tour d'escalier en vis et une importante tour hors œuvre de conduits de cheminées très particulière à ce ravissant petit château, confère un caractère très pittoresque à ce bâtiment prévu pour le confort et l'agrément de ses habitants avec un programme ornemental intérieur développé autour des cheminées et des plafonds ainsi qu'une vue panoramique sur la vallée pour lesquels les siècles postérieurs apporteront des terrasses en façade. La conservation d'une tour plus ancienne, avant la construction de ce petit bâtiment, pour montrer la noblesse ou le caractère ancien de l'occupation des lieux est probable. D'autant plus probable que le château de fief est celui du château de Ventadour, quelques kilomètres plus bas sur la vallée.
A ne pas confondre avec le château de Ventadour en Corrèze où est né le célèbre troubadour Bernard de Ventadour, dans ce château qui est l'un des trois châteaux où se forma la langue française par la rencontre des troubadours et des trouvères, entre Aubusson (département de la Creuse), Comborn et Ventadour (deux châteaux du département de la Corrèze).
Il faut cependant se réjouir que des bénévoles, même sans toutes les données scientifiques archéologiques et historiques qui leurs seraient nécessaires, œuvrent pour la sauvegarde des ces trésors du patrimoine français.
Si je déplore l'abominable agonie du château de Chamborand sur le département de la Creuse, je me réjouis aussi, sur ce même département de la Creuse, de voir que le château de
MONTLEBEAU
a trouvé de nouveaux restaurateurs avant une ruine radicale.
Situé au nord-ouest du département de la Creuse sur la vicomté de Bridiers, entre Haute et Basse-Marche, ce château était le maillon le plus ancien que j'avais trouvé en témoin de la transition du passage du donjon résidentiel à croupes au donjon résidentiel à pignons.
Certaines parties aujourd'hui écroulées étaient encore intactes du temps de ma recherche en 1988/89 mais l'essentiel va être sauvé.
Exemple le plus ancien que j'ai trouvé de cette transition qui signe le passage de la croupe au pignon sur un donjon, avec une répartition de fenêtres encore irrégulière en façades et sans progression des ouvertures. Un rez-de-chaussée socle avec un partie aveugle, des latrines seulement sur les tours d'angles et seulement au second étage : un ensemble de conservations d'archaïsmes qui entrait directement en conflit avec l'apparition des pignons et peut-être des charpentes à pannes sur un donjon résidentiel.
En espérant qu'on n'aura pas la très mauvaise idée de coiffer la tour d'escalier de merlons !
Des créneaux sur ce bâtiment seraient une totale ineptie alors que des échauguettes d'angle en façade sont documentées. Il faut penser que des restaurations sont aussi des documents de l'histoire en place et visible par chacun, qu'elles délivrent un message culturel et historique et bien sûr que ce message doit être le plus juste possible, si tant est que les études scientifiques permettent d'en avoir une approche rigoureuse et de façon aux restaurations, bien évidemment.
Comme je l'ai fait sur la première page consacrée aux singularités de l'architecture française de la fin du moyen âge, je vais vous entraîner maintenant non pas en amont mis en aval, dans l'architecture classique française du règne du début du règne de Louis XIV pour pouvoir évaluer tout l'impact qu'a eu cette mutation du donjon de guerre en donjon résidentiel au XV° siècle et jusque dans le XVI° siècle pour des répercussions tout à fait évidente dans le petit château de fief de la seconde moitié du XVII° siècle, puis le l'évolution et des permanences dans l'organisation des cours depuis le Plessis-Bourret, au moins depuis la fin du XV° siècle.
Les Vieux Mélays
Province du Bourbonnais, département de l'Allier - Commune de Neuvy - Classé Monument Historique - Château de Fief en propriété depuis sa construction en 1660 à la famille du comte et de la comtesse Marc Terray actuels propriétaires. Cliché et rédaction de cet article autorisés par Monsieur le Comte Marc Terray qui m'a conduit dans les secrets du château.
L'ensemble reflète tout à fait l'organisation symétrique du château classique. Le château dans son ordonnance et dans la majeur partie de ses composantes est dans l'état de sa construction en 1660. Les entrées de la cour et du logement sont dans le même axe central alors que les ailes se déploient de façon symétrique en avant du logement. La cour était fermée par de hauts murs de façade qui ont été considérablement abaissés, de part et d'autre d'un grand portail sculpté à ordre toscan avec architrave à deux fasces, frise et fronton courbe segmentaire, à l'intérieur vermiculé surmonté d'un pot à feu qui constitue, avec les pommes de pin d'amortissements des parties latérales déprimées et vermiculées, un ensemble d'amortissements construit en pointe qui réunit la dynamique des effets par dessus le portail dans un élan savamment combiné de la conception plastique de cet ensemble, point d'orgue et d'orgueil de l'accès au château dont on ne voyait pas la façade du logis avant d'en avoir franchi la porte, puisque les murs haut en façade de la cour masquaient totalement la vue sur l'intérieur. Ce portail est donc un morceau d'architecture très soigné et signe à lui seul la haute conception architecturale de l'ensemble que nous allons maintenant découvrir.
Au XVII° siècle une porte d'accès à une forteresse ou à un château doit être richement ornée pour montrer l'importance de la place. Vauban conserve ce principe pour les portes d'accès à ses forteresses.
Au XVII° siècle une porte d'accès à une forteresse ou à un château doit être richement ornée pour montrer l'importance de la place. Vauban conserve ce principe pour les portes d'accès à ses forteresses.
Après avoir franchi le seuil de la cour apparaît d'un seul coup le logis. C'est un bâtiment symétrique à un seul niveau sur un étage socle et haute toiture en tuiles plates, qui signe la présence intérieure d'une grande charpente à arbalétriers faisant chevrons et d'une cave voûtée sur toute la longueur du bâtiment. Le logis est ainsi un niveau linéaire compris entre deux morceaux bien spécifiques de la structure du château ayant évolué depuis le donjon résidentiel de la seconde moitié du XV° siècle. Cette substruction de la cave sur voûte était le logement des cuisines, comme c'était l'usage au XVII° siècle. De nos jours la cuisine est sur une extrémité du logis où on a transformé une fenêtre en porte fenêtre sur petit escalier (à gauche sur la photo ci-dessous).
Le plan de ce bâtiment est des plus simple. De part et d'autre d'un vestibule, deux pièces en enfilades dont les plus extérieures donnent chacune sur une tour carrée en façade arrière. L'entre centrale, en large vestibule, traverse tout le bâtiment et donne sur une autre porte en façade arrière sur terrasse ou perron (disparu après agrandissement que nous allons voir) face à une pièce d'eau profondément encaissée dans le vallon. L'axe central est donc traité comme un axe linéaire de scénographie qui va de l'entrée fermée par le portail de la cour, traverse le bâtiment sur un passage rehaussé pour rejaillir en panorama largement ouvert sur la garenne et les étangs, alors que le jardin architecturé et fermé par de hauts murs, comme nous le verrons plus loin, est reporté derrière une aile de la cour.
Schéma de situation : Claude Peynaud |
Revenons sur le plan de ce bâtiment.
Si lors de la visite on prend un plan hâtif du bâtiment sur une page trouvée au fond du sac, sans ses modifications de 1760 d'apport de construction entre les eux tours carrées,
on obtient ceci
on obtient ceci
Plan schématique : Claude Peynaud |
Il est alors aisé de remonter dans ma recherche sur le passage du donjon de guerre du petit château de la fin de la guerre de Cent Ans au donjon résidentiel de la seconde moitié du XV° siècle, au sein de mon inventaire et étude archéologique sur les châteaux de la Creuse aux XV° et XVI° siècles, de puiser deux ou trois des principales étapes qui nous conduisent à ce plan
Château de Saint-Maixant - deux états au XV° siècle, au fond d'une cour rectangulaire fermée de courtines. Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
Montlebeau - à peu près milieu de la seconde moitié du XV° siècle Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
La Faye - fin XV° ou tout début XVI° Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
Nous suivons également l'apparition progressive de l'axe centrale qui va traverser de part en part le bâtiment jusqu'à se dilater et devenir aux Vieux Melays un large vestibule, débarrassé de l'escalier d'accès à l'étage puisqu'il n'y qu'un seul niveau habitable, et qui va servir deux enfilades de pièces symétriques à ce passage, vers les tours carrées de flanquement de la façade arrière.
Le logement de l'escalier pour accéder au comble est reporté en bordure du bâtiment. C'est un escalier très rustique pour un ensemble aussi raffiné
En suivant Monsieur le Comte nous entrons au pied de cet escalier qui lui aussi hérite des traditions de bâtir gothiques, au moins de la seconde moitié du XV° siècle. C'est-à-dire que la grande volée droite démarre par quelques degrés en pierre et ces marches sont ensuite faites en bois, en lourdes et épaisses pièces de section carrée. L'escalier abouti à l'étage de la tour carrée (en vis-à-vis, l'autre tour carrée a une pièce habitable mais non chauffée à ce même niveau)
et une petite échelle de meunier en retour permet d'accès sous la vaste charpente à arbalétriers faisant chevrons, également de tradition gothique.L'échelle de meunier d'accès au comble du logis. La charpente de la tour carrée au dessus de l'échelle de meunier |
Charpente à arbalétriers faisant chevrons du corps de logis et détails sur les lucarnes et le dessous des tuiles. |
Et le plus surprenant c'est qu'à ce stade les nouveautés de la Renaissance n'entrent absolument pas en composantes de ces structures qui sont purement des évolutions de l'architecture gothique française depuis le XV° siècle. C'est comme si, à l'aube de la création de son grand classicisme, l'architecture française avait ignoré la Renaissance.
Pourrait-on voir tout au plus une influence de Serliot dans le choix du plan carré pour les tours ?
(Pour ceux que le sujet intéresse je peux les orienter vers l'article de Jean-Jacques Gloton "Le traité de Serliot et son influence en France". Dans "Les traités d'architecture à la Renaissance - Actes du colloque tenu à Tours du 1° au 11 juillet 1981 - De Architectura" Etudes réunies par Jean Guillaume. Publié avec le concours du Paul Getty Trust; Picard 1988, p.407 à 424)
Ces tours d'angles de flanquement de la façade arrière, qui conservent des forts talus à leur base, héritage des tours rondes ou carrées du XV° siècle. |
Cet ensemble ne semble pas toutefois homogène puisque déjà on repère des variantes d'un cartouche, rocailles trop précoces en 1660, pour une éclosion dans le domaine de l'architecture française autour de Robert de Cotte et de Jacques V Gabriel à peu près cinquante ans plus tard pour des parentés plus précoces en styles organiques chez Guarino Guarini mais elles aussi trop précoces en 1660.
Les armoiries qui réunissent les deux familles de ce fief en titre comtal sont achevées par une couronne de marquis : c'est là une bizarrerie.
Au niveau des appartenances tutélaires de ce fief, il y a donc eu des transformations sur ces récepteurs qui se sont calés dans des sites probablement originellement sélectionnés. Pour l'analyse des différents portails je resterai donc sur l'analyse des seules structures.
Le portail juché en haut de son perron à degrés convexes, est à ordre ionique à bossages un sur deux. Le couvrement de l'entrée en plein cintre est agrafé à un entablement complet mais disproportionné - très faible architrave à deux fasces pour une large bande de frise lisse - qui fait ressaut au droit de chaque pilastre pour donner naissance à deux fragments d'architraves à deux fasces et revers d'eau en base interrompue en son centre du fronton courbe mouluré qui clôture ce premier ensemble. Un mur en bahut prolonge le fronton courbe pour donner naissance à une seconde composition en oculus soutenu par deux ressorts qui soutiennent un corps de moulures profilé en doucine qui couronne l'oculus tout en faisant office d'imposte par-dessus les deux ressorts. Le tout étant terminé en forme de triangle, avatar de gâble sans amortissement.
Cet enchaînement semble assez peu homogène mais le logement de l'oculus dans la charpente intérieure semble tout à fait d'origine. Cette seconde composition qui surmonte le fronton courbe du portail s'inscrit sur le toit mais ne le surmonte pas.
L'ordre ionique des chapiteaux des deux pilastres à bossage surprend. Ils sont taillés dans la même nature de pierre que la composition rocaille.
La différence de maîtrise des vocabulaires entre le portail magnifiquement conçu et maîtrisé de l'entrée au château et celui-ci plus torturé, plus composite sans aboutir à une valeur ornementale décisive, pose certaines questions sur son origine. Toutefois il faut admettre qu'il y a toujours eu ici un beau portail d'entrée, à ordres, surmonté d'un oculus.
D'autres portails sculptés sont visibles.
Celui de l'accès au jardin architecturé par une aile de la cour intérieure est le plus simple. Il est simplement couvert en plate-bande et tout son entourage est ornée de bossages un sur deux, vermiculés.
Visiblement il y a là encore une recherche de contraste des effets entre l'accès un peu austère au jardin et la découverte brutale du magnifique jardin architecturé une fois qu'on ait traversé l'aile par un passage ouvert par un second portail sculpté, plus riche côté jardin. Souvenir pas improbable du Roman de la Rose - dans cette ambiance précieuse (La Princesse de Clèves publié en 1678) - encore très en vigueur en ce début du règne de Louis XIV où le périmètre extérieur du jardin du monde profane ne laissait pas supposer les délices des lieux intérieurs.
Le portail en revers de passage, celui par lequel on sort du jardin pour regagner la cour du château, est plus richement et plus savamment orné.
C'est aussi un portail couvert en plate bande mais à ordre toscan à bossages un sur deux traités en rocaille seulement sur les deux premiers bossages à partir de la base. Le rocaille étant la référence obligée pour l'ornement des jardins depuis la Renaissance. Les mouvements de ressauts des deux pilastres et de leurs chapiteaux surmontées d'un entablement complet à fronton à rampants interrompus, se trouvent absorbés par le jeu périphérique des bossages un sur deux. Tant et si bien qu'une sorte de force presque virile ressort de ce portail pourtant très travaillé tout en gardant une réelle sobriété de l'effet global, ou effet très synthétique. Au milieu des rampants interrompus on a logé un piédouche sur plan rectangulaire, dont il manque le buste ou l'effigie.
Donc un ensemble totalement pensé et réfléchi dans l'ambiance précieuse du début du règne de Louis XIV, mais peut-être pas sur un site vierge car une tour de clôture de cour en façade avant, à l'organisation intérieure aménagée en pigeonnier, dénote une manière de construire différente de celle du château dans son ensemble.
L'accès à la tour est très nettement au dessus du sol. Mai ce n'est pas le seul anachronisme. Ce type de boudin qui entoure les tours est une façon de construire apparue avec les armes à feu autour de 1500. La corniche sous le toit est traité en doucine taillée dans la pierre alors que ces corniches sous le toit sur les autres bâtiments, de 1660 à 1760, sont toutes traitées en rangs de briques ornementales
Cet ensemble de petits détails m'amènent à avancer l'existence d'un premier château démoli dont certains éléments comme une tour signant la noblesse des lieux aurait été conservée. Ce phénomène est fréquent sur des châteaux depuis la renaissance comme à Azay-le-Rideau.
Les tours d'angles des cours des châteaux ont fréquemment été réutilisées en pigeonniers; ce qui était aussi une façon de marquer la puissance terrienne du château puisque les boulins intérieurs, donc l'importance du pigeonnier, signait l'importance du domaine.
Ce château va être occupé à la fin du XVII° siècle et au début du XVIII° siècle par un évêque. Peut-on penser que c'est lui qui a modifié une première fois l'ordonnance du portail d'entrée au logis pour y faire figurer ses armes épiscopales ? Cela semblerait logique d'autant plus que le style correspond à la période. Mais cet évêque est surtout responsable de la modification de la chapelle qu'il a agrandi et dont les murs conservent la trace
Le portail d'entrée de la chapelle dénote aussi une différence de niveau des sols avec le corps des communs. Là encore il faut évoquer une première construction sur le site qui a imposé cette disposition : chapelle ou tour ?
L'accès à la chapelle s'effectue donc par un portail peu orné en haut d'une volée droite en perron. Le chambranle est modestement mouluré et la plate-bande est surmontée d'un simple entablement sans fronton au bénéfice d'une présentation de croix aux rampants déprimés.
L'ornement intérieur est plus ambitieux et voit triompher le trompe l’œil (à la française) mais on a tout de même quelque mal à reconnaître un tel décor pour être du XVIII° s. Le plafond à caisson peint en bleu et les répertoires antiquisants signent plus volontiers le XIX° siècle. Le bleu est une couleur très cher avant l'invention et la diffusion du bleu industriel autour de 1840 et elle n'apparaît que très rarement dans des décors autres que de très onéreux tableaux peints à l'huile ou pour des étoffes très précieuses.
La présence de la croix et des instruments de la passion n'a rien qui puisse surprendre surtout disposés en croix de Saint-André sur la croix du Christ.
Tout au plus la tribune peut ouvrir à débat si on écarte la veine jésuite et la veine des pénitents. Il resterait la tribune seigneuriale dans une chapelle déjà seigneuriale ?
Comme le prétendent certains visiteurs aurions-nous ici une influence maçonnique dans le choix des repertoires du décor ? La Franc Maçonnerie née en 1721/1723 des Constitutions d'Anderson adoptant le "sage roi Salomon" en tant que "Grand maître de la loge de Jérusalem", récupère une iconographie symbolique orientale comme le temple de Salomon dont la décoration fut essentiellement l'oeuvre d'Hiram, envoyé auprès de Salomon par le roi de Tyr Hiram 1° (1 Roi, 7:13), et son arche d'alliance, des images de perfectibilité comme le pyramide ou l'obélisque, dont on trouve une synthèse architecturale substituant presque la pyramide à un rayon de lumière ( dans l'antiquité les pyramides étaient recouvertes de sable doré pour établir le lien par la lumière entre la terre et le ciel) dans un tableau de Louis-François Cassas de 1790 : la fraternité maçonnique étant solidarisée par l'appellation commune " fils de lumière". On ne trouve rien dans cette chapelle qui rappelle cette symbolique si on admet que les croix à quatre branches égales ne sont pas une exclusive symbolique maçonnique, surtout en encadrement des instruments de la Passion du Christ.
Je termine en évoquant les ornements extérieurs.
Les murs du logis étaient peints à badigeon
de jaune et de rouge pour un portail vraisemblablement polychrome, au moins par les armoiries et les cartouches alors que les murs extérieurs du périmètre de la cour étaient traités en faux grand appareil enduit et tracé au fer.
Voir sur ce blog l'ensemble de mes travaux sur la polychromie architecturale.
En article d'accès et en lien avec tous les autres articles sur ce sujet
La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte des édifices civils du sud-ouest des Alpes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html - juillet 2014
Je vous propose maintenant de faire le chemin inverse dans les siècles. C'est-à-dire de revenir aux siècles qui ont initiés ces études : ceux de la fin de la fin du moyen âge en France.
Je vous vous entraîner vers ce prolongement extraordinaire de cette page que j'avais ouvert en 1989 avec les châteaux de la Creuse sur la mutation des donjons de la fin de la guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels et ses incidences dans la manière de construire et d'habiter à la fin de la période gothique jusqu'à la période baroque que nous venons de voir grâce à ce merveilleux château des Vieux Mélays.
Au chapitre des mutations de la fin du XV° siècle au XVI° siècle,
LE CHAUTAY
(Province du Berry - Département du Cher - aucun historique connu - Bâtiment non recensé comme remarquable)
Au fond d'une cour bâtie en périmètre, avec vestige de petite tour ronde isolée, on découvre un de ces bâtiments dont la France pittoresque n'est pas avare mais qui intéressent guère. Ils ne sont liés à aucun guerre, à aucune bataille et pourtant leurs ancêtres furent glorieux, et ils sont le témoignage de cette richesse de la France profonde au temps où les riches seigneurs regardaient vers l'Italie.
Ce sont là des questions sans cesse posées à l'évolution de l'architecture en France en dehors des bouleversements de la Renaissance.
En effet, ces bâtiments ont continué une trajectoire qui se retrouve au XVII° siècle comme nous venons de le voir de façon éclatante aux Vieux Mélays
Le bâtiment du Chautay a été agrandi par sa façade et il a enveloppé la tour d'escalier en vis qui était une bien petite entrée, de face à ce château. Etait-ce une entrée car la porte est bien petite en comparaison de l'autre porte du bâtiment plus moderne. Qui plus est une entrée de face à la tour d'escalier en vis, même sur plan carré, serait au regard de toutes les sources archéologiques mises à jour par mes études, une tour construite après coup, de peu ou de prou (sous réserve). Donc cette porte questionne tout autant que la distribution en quinconce des fenêtres de la cage d'escalier.
Le questionnement sur ce petit bâtiment s'enrichit ou se complique avec la façade arrière
Si on ne regarde que la façade les ouvertures de l'étage sont toutes à traverses et à meneaux (disparus mais dont il reste les traces des arrachements). Donc nous pouvons nous situer au moins au début du XVI° siècle et nous allons voir même autour de 1500.
Si on y regarde de plus prêt une porte à l'arrière du bâtiment, dans l'extrémité d'une aile semble suspecte bien qu'elle semble présenter toutes les caractéristiques d'une porte gothique d'origine
Il serait facile d'évacuer la question en rejetant l'origine de cette porte et en avançant un bricolage postérieur avec des réemplois. Remaniement du XIX° siècle ?
De toute façon remaniement quasi certain car la vraie porte gothique, blasonnée, a été murée et c'est elle qui nous renvoie dans un hypothétique XV° siècle au regard des exemples repérés et datés comme la porte d'entrée au château de Val.
Loin de clarifier une évolution linéaire, ce modeste bâtiment remet en question l'étude méthodique par chronologies typologiques auxquelles les méthodes d'approche de l'histoire de l'art nous ont plus ou moins formatées depuis les écoles du Louvre et autres approches universitaires modernes.
Plus curieux si on se déplace dans ce qui reste d périmètre arrière du bâtiment on découvre un mur d'enceinte avec un portail appareillé de gros claveaux et à l'extérieur de ce périmètre le puits.
Si le portail peut donner lieu à toutes sortes de spéculations on doit toutefois remarquer que c'est avec la porte gothique d'origine que ce portail communique directement (un mur sépare les deux espaces des deux portes contradictoires de l'arrière de ce bâtiment), le puits en revanche est un élément extrêmement fort de la structure organisatrice du château.
Nous avons donc ici un bâtiment extrêmement intéressant qu'il faudrait explorer avec des relevés archéologiques précis puisqu'il présente des éléments de structures et d'organisation de ses façades, voire de ses abords, jusqu'à maintenant jamais repérés dans mes inventaires.
Je poursuis avec un autre château à la lecture archéologique extérieure tout aussi problématique mais qu'il faut présenter bien évidemment, dans cette démarche que je me suis fixée
FORS
(département des Deux-Sèvres - Charente-Poitou - Aucun historique connu - Bâtiment non recensé comme remarquable)
Le bâtiment dont il est question n'apparaît plus de nos jours comme une résidence d'exception. Intégré dans un îlot, rues, garages, jardins, il faut faire un effort réel pour retrouver ici un bâtiment pouvant être assimilé à un château ou à un hôtel particulier, en trace cependant tout à fait intéressante de l'évolution du donjon de guerre en donjon résidentiel puis habitat commun bourgeois ou ecclésiastique.
Côté jardin, une façade est coupée en son milieu par une tour sur plan polygonale, probable tour d'escalier en vis.
Côté rue, une façade plate avec en son milieu une travée verticale de petites fenêtres à partir d'une entrée centrale aux moulures d'ébrasement tout à fait gothique XV° ou XVI° siècles.
Les petites fenêtres hautes en galetas sont aussi en moulure d'ébrasement typiquement gothiques, en accolades.
Cette travée centrale semble d'origine avec sa fenêtre d'imposte éclairant le couloir intérieur, probable passage allant au fond du bâtiment vers l'escalier en vis en façade arrière. De part et d'autre deux grandes baies à traverses et à meneaux signent la fin du XV° siècle ou plus certainement la première moitié du XVI° siècle avec ses jeux de baguettes d'ébrasements qui se recoupent en angles de chaque baie.
La travée centrale est éclairée à chaque étage de petites fenêtres, les unes sous les autres, jusqu'en galetas comme si un doublement de l'escalier en vis hors oeuvre de la façade arrière par des couloirs à chaque étage ou un escalier rampe sur rampe avait été un caractère très singulier de ce bâtiment sur des voies de mutations architecturales de tout premier intérêt. Il faudrait là un relevé archéologique précis pour comprendre ces dispositifs que je ne fais que repérer, cibler et questionner mais que je tiens à faire figurer dans cette recherche tant cela me semble de première importance.
Nous sommes là face à la naissance d'une nouvelle famille de bâtiments avec façades plates et report de la tour d'escalier en vis hors oeuvre sur la façade arrière. Dans le repérage des châteaux de la Creuse un bâtiment avec tour d'escalier en façade arrière et façade plate en façade avant posait un problème de filiation architecturale, avec des réseaux de baguettes d'ébrasements des baies assez proches.
Autre organisation du château ou de la conception du château avec donjon et courtines qui déroute, même dans ces dimensions d'acceptions d'évolutions avec importants avatars.
BEAURIERES
(Département de la Drôme - 26 - Province du Dauphiné - Aucune notice historique sur ce village qui ne répertorie pas son château, seulement son temple et son église au rang des monuments remarquables de sa commune)
En abordant ce bâtiment très hétérogène, étiré entre trois tours d'angle - une devant, deux derrière - on pense à une reconstructions de courtines. Et c'est peut-être le cas. Mais le disposition du pignon entre les deux tours n'est plus dans cette logique d'une courtine longue et bâtie en revers. En restituant l'élévation des mur on pourrait croire, vue sous cet angle, à l'arrière d'un donjon résidentiel flanqué de deux tours avant pour une tour d'escalier en façade avant. Ors il n'en n'est rien, ou plutôt il semble ne rien en être et l'analyse de la façade confirme cette fausse impression..
Ce bâtiment interroge par des dispositions d'élévations en galetas d'un côté, sa travée centrale
qui est pratiquement l'élément de datation principal noyé dans des façades successives sans caractère très avoué mais qui parlent toutefois au moins par deux détails aux caractères très marqués pour des dispositions de souches de cheminées qui ne sont, pour leur part, pas très significatives d'une ordonnance ancienne des pièces.
Le rez de chaussé aurait été construit sur arcades, pour des magasins ou simplement en manière bâtir gothique commune dans le midi de la France, à la rencontre de certaines manières transalpines.
avec le prochain château je mets encore le lecteur face à la diversité et aux paradoxe de ce panorama architectural avec un bâtiment absolument stupéfiant et en très bon état de conservation :
Le Creuzet
Château de seigneurie - Département du Cher - 18 - Province du Berry - Château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques - Une présentation par Olivier Trotignon est disponible sur le net - j'en propose quelques pas en autre lecture extérieure mais pas une nouvelle datation au XV° siècle.
Alors que des plans à quatre tour plus une troue d'escalier en vis hors oeuvre, avec aménagement du
mur de refend vont continuer à apparaître jusqu'à dans le dernier tiers du XV° siècle comme ci-dessous au Fressinaud (Creuse)
Mais quasi contemporain une partie du en oeuvre, dont la tour d'escalier en vis, va aussi continuer à être construite sur des donjons rectangulaires au Chiroux (Creuse) ci dessous
Dans l'étage au-dessus, la cheminée est sur le même site. Il y a donc deux conduits superposés qui constituent une souche d'une valeur de deux épaisseurs de conduits, qui sont maçonnées dans l'épaisseur du mur et qui montent au-dessus de l'arasement supérieur du mur. Sauf qu'en arrivant au sommet le mur de 1 m est réduit d'au moins deux retraites qui supportent les deux planchers en terradis des étages. Donc le mur ne fera plus qu'environ 80 cm d'épaisseur. Le passage sera encore réduit de l'élévation du mur extérieur qui contient les conduits de cheminées qui épaississent ce mur et font ressaut dans le passage déjà étroit.
Pour récupérer de l'épaisseur du mur et permettre une circulation haute en passage qui fait le tour du bâtiment le dernier étage de comble est construit en charpente intérieure à pans de bois.
Alors que les deux murs de refend montent jusque sous le deuxième étage de comble pour un aménagement sous charpente du premier étage de comble en pans de bois derrière les murs de pierre des refends.
des évolutions peuvent être très éloignées de ce que que nous pouvons en percevoir et en conclure en résultats apparents.
C'est donc bien à des recherches de structures auxquelles il faut procéder et non pas à des classements par apparences.
1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html
Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html
Et pour plus de commodité mais moins d'exposé de regarder ces relevés fait au Théret et à Villemonteix
Un autre aspect très singulier de cette composition réside dans le traitement de l'ébrasement qui est sculpté selon la tradition gothique mais ici avec des pilastres, pittoresques comme ceux en chambranles de tradition italienne.
Ces conflits de répertoires et de traditions gothiques qui perturbent la sage ordonnance de l'emploi des ordres à l'italienne, oriente résolument vers une veine de la Première Renaissance Française avec un apport direct transalpin probable mais toutefois pas certain, de la composition de frise en deux profils qui peuvent aussi être issus de la mode des médailles, mode dont l'écho se fait sentir par les besons ou pièces hors pilastres de frise.
De part et d'autre de ce portail nous retrouvons les figures allégoriques ou antiques, en soffite du déroulement des marches de la grande vis.
On arrive à la fenêtre du second étage du déroulement de la vis, puis à la troisième d'où les sculptures en soffite des marches disparaissent
L'image du putto finit par s'imposer à côté de la figure sous la coquille Saint-Jacques qui est une réminiscence des niches des divinités du foyer et votives de la période Gallo-Romaine en transition mérovingienne et carolingienne, comme on le voit sur une pierre de l'ancienne cathédrale de Vence
La présentation de la grande vis ne serait pas complète sans cet ajout archéologique qui fait sens pour une datation un peu tardive dans le XVI° siècle :
Le départ de l'enroulement de la vis en cave, ne repose pas sur une partie pleine mais sur une pièce avec huisserie.
Rendez-vous sur la troisième page consacrée à cette recherche
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Bonnes lectures et bon voyage dans les merveilles de l'art, le plus souvent totalement inédites et toujours parfaitement originales à l'auteur de ce blog.
Sommaire/Editorial
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1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
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Les tours d'angles des cours des châteaux ont fréquemment été réutilisées en pigeonniers; ce qui était aussi une façon de marquer la puissance terrienne du château puisque les boulins intérieurs, donc l'importance du pigeonnier, signait l'importance du domaine.
Ce château va être occupé à la fin du XVII° siècle et au début du XVIII° siècle par un évêque. Peut-on penser que c'est lui qui a modifié une première fois l'ordonnance du portail d'entrée au logis pour y faire figurer ses armes épiscopales ? Cela semblerait logique d'autant plus que le style correspond à la période. Mais cet évêque est surtout responsable de la modification de la chapelle qu'il a agrandi et dont les murs conservent la trace
Le portail d'entrée de la chapelle dénote aussi une différence de niveau des sols avec le corps des communs. Là encore il faut évoquer une première construction sur le site qui a imposé cette disposition : chapelle ou tour ?
L'accès à la chapelle s'effectue donc par un portail peu orné en haut d'une volée droite en perron. Le chambranle est modestement mouluré et la plate-bande est surmontée d'un simple entablement sans fronton au bénéfice d'une présentation de croix aux rampants déprimés.
L'ornement intérieur est plus ambitieux et voit triompher le trompe l’œil (à la française) mais on a tout de même quelque mal à reconnaître un tel décor pour être du XVIII° s. Le plafond à caisson peint en bleu et les répertoires antiquisants signent plus volontiers le XIX° siècle. Le bleu est une couleur très cher avant l'invention et la diffusion du bleu industriel autour de 1840 et elle n'apparaît que très rarement dans des décors autres que de très onéreux tableaux peints à l'huile ou pour des étoffes très précieuses.
La présence de la croix et des instruments de la passion n'a rien qui puisse surprendre surtout disposés en croix de Saint-André sur la croix du Christ.
Tout au plus la tribune peut ouvrir à débat si on écarte la veine jésuite et la veine des pénitents. Il resterait la tribune seigneuriale dans une chapelle déjà seigneuriale ?
Comme le prétendent certains visiteurs aurions-nous ici une influence maçonnique dans le choix des repertoires du décor ? La Franc Maçonnerie née en 1721/1723 des Constitutions d'Anderson adoptant le "sage roi Salomon" en tant que "Grand maître de la loge de Jérusalem", récupère une iconographie symbolique orientale comme le temple de Salomon dont la décoration fut essentiellement l'oeuvre d'Hiram, envoyé auprès de Salomon par le roi de Tyr Hiram 1° (1 Roi, 7:13), et son arche d'alliance, des images de perfectibilité comme le pyramide ou l'obélisque, dont on trouve une synthèse architecturale substituant presque la pyramide à un rayon de lumière ( dans l'antiquité les pyramides étaient recouvertes de sable doré pour établir le lien par la lumière entre la terre et le ciel) dans un tableau de Louis-François Cassas de 1790 : la fraternité maçonnique étant solidarisée par l'appellation commune " fils de lumière". On ne trouve rien dans cette chapelle qui rappelle cette symbolique si on admet que les croix à quatre branches égales ne sont pas une exclusive symbolique maçonnique, surtout en encadrement des instruments de la Passion du Christ.
Je termine en évoquant les ornements extérieurs.
Les murs du logis étaient peints à badigeon
de jaune et de rouge pour un portail vraisemblablement polychrome, au moins par les armoiries et les cartouches alors que les murs extérieurs du périmètre de la cour étaient traités en faux grand appareil enduit et tracé au fer.
Voir sur ce blog l'ensemble de mes travaux sur la polychromie architecturale.
En article d'accès et en lien avec tous les autres articles sur ce sujet
La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte des édifices civils du sud-ouest des Alpes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html - juillet 2014
Je vous propose maintenant de faire le chemin inverse dans les siècles. C'est-à-dire de revenir aux siècles qui ont initiés ces études : ceux de la fin de la fin du moyen âge en France.
Je vous vous entraîner vers ce prolongement extraordinaire de cette page que j'avais ouvert en 1989 avec les châteaux de la Creuse sur la mutation des donjons de la fin de la guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels et ses incidences dans la manière de construire et d'habiter à la fin de la période gothique jusqu'à la période baroque que nous venons de voir grâce à ce merveilleux château des Vieux Mélays.
Au chapitre des mutations de la fin du XV° siècle au XVI° siècle,
LE CHAUTAY
(Province du Berry - Département du Cher - aucun historique connu - Bâtiment non recensé comme remarquable)
Au fond d'une cour bâtie en périmètre, avec vestige de petite tour ronde isolée, on découvre un de ces bâtiments dont la France pittoresque n'est pas avare mais qui intéressent guère. Ils ne sont liés à aucun guerre, à aucune bataille et pourtant leurs ancêtres furent glorieux, et ils sont le témoignage de cette richesse de la France profonde au temps où les riches seigneurs regardaient vers l'Italie.
Ce sont là des questions sans cesse posées à l'évolution de l'architecture en France en dehors des bouleversements de la Renaissance.
En effet, ces bâtiments ont continué une trajectoire qui se retrouve au XVII° siècle comme nous venons de le voir de façon éclatante aux Vieux Mélays
Le bâtiment du Chautay a été agrandi par sa façade et il a enveloppé la tour d'escalier en vis qui était une bien petite entrée, de face à ce château. Etait-ce une entrée car la porte est bien petite en comparaison de l'autre porte du bâtiment plus moderne. Qui plus est une entrée de face à la tour d'escalier en vis, même sur plan carré, serait au regard de toutes les sources archéologiques mises à jour par mes études, une tour construite après coup, de peu ou de prou (sous réserve). Donc cette porte questionne tout autant que la distribution en quinconce des fenêtres de la cage d'escalier.
Le questionnement sur ce petit bâtiment s'enrichit ou se complique avec la façade arrière
Si on ne regarde que la façade les ouvertures de l'étage sont toutes à traverses et à meneaux (disparus mais dont il reste les traces des arrachements). Donc nous pouvons nous situer au moins au début du XVI° siècle et nous allons voir même autour de 1500.
Si on y regarde de plus prêt une porte à l'arrière du bâtiment, dans l'extrémité d'une aile semble suspecte bien qu'elle semble présenter toutes les caractéristiques d'une porte gothique d'origine
Il serait facile d'évacuer la question en rejetant l'origine de cette porte et en avançant un bricolage postérieur avec des réemplois. Remaniement du XIX° siècle ?
De toute façon remaniement quasi certain car la vraie porte gothique, blasonnée, a été murée et c'est elle qui nous renvoie dans un hypothétique XV° siècle au regard des exemples repérés et datés comme la porte d'entrée au château de Val.
Loin de clarifier une évolution linéaire, ce modeste bâtiment remet en question l'étude méthodique par chronologies typologiques auxquelles les méthodes d'approche de l'histoire de l'art nous ont plus ou moins formatées depuis les écoles du Louvre et autres approches universitaires modernes.
Plus curieux si on se déplace dans ce qui reste d périmètre arrière du bâtiment on découvre un mur d'enceinte avec un portail appareillé de gros claveaux et à l'extérieur de ce périmètre le puits.
Si le portail peut donner lieu à toutes sortes de spéculations on doit toutefois remarquer que c'est avec la porte gothique d'origine que ce portail communique directement (un mur sépare les deux espaces des deux portes contradictoires de l'arrière de ce bâtiment), le puits en revanche est un élément extrêmement fort de la structure organisatrice du château.
Nous avons donc ici un bâtiment extrêmement intéressant qu'il faudrait explorer avec des relevés archéologiques précis puisqu'il présente des éléments de structures et d'organisation de ses façades, voire de ses abords, jusqu'à maintenant jamais repérés dans mes inventaires.
Je poursuis avec un autre château à la lecture archéologique extérieure tout aussi problématique mais qu'il faut présenter bien évidemment, dans cette démarche que je me suis fixée
FORS
(département des Deux-Sèvres - Charente-Poitou - Aucun historique connu - Bâtiment non recensé comme remarquable)
Le bâtiment dont il est question n'apparaît plus de nos jours comme une résidence d'exception. Intégré dans un îlot, rues, garages, jardins, il faut faire un effort réel pour retrouver ici un bâtiment pouvant être assimilé à un château ou à un hôtel particulier, en trace cependant tout à fait intéressante de l'évolution du donjon de guerre en donjon résidentiel puis habitat commun bourgeois ou ecclésiastique.
Côté jardin, une façade est coupée en son milieu par une tour sur plan polygonale, probable tour d'escalier en vis.
Côté rue, une façade plate avec en son milieu une travée verticale de petites fenêtres à partir d'une entrée centrale aux moulures d'ébrasement tout à fait gothique XV° ou XVI° siècles.
Les petites fenêtres hautes en galetas sont aussi en moulure d'ébrasement typiquement gothiques, en accolades.
Cette travée centrale semble d'origine avec sa fenêtre d'imposte éclairant le couloir intérieur, probable passage allant au fond du bâtiment vers l'escalier en vis en façade arrière. De part et d'autre deux grandes baies à traverses et à meneaux signent la fin du XV° siècle ou plus certainement la première moitié du XVI° siècle avec ses jeux de baguettes d'ébrasements qui se recoupent en angles de chaque baie.
La travée centrale est éclairée à chaque étage de petites fenêtres, les unes sous les autres, jusqu'en galetas comme si un doublement de l'escalier en vis hors oeuvre de la façade arrière par des couloirs à chaque étage ou un escalier rampe sur rampe avait été un caractère très singulier de ce bâtiment sur des voies de mutations architecturales de tout premier intérêt. Il faudrait là un relevé archéologique précis pour comprendre ces dispositifs que je ne fais que repérer, cibler et questionner mais que je tiens à faire figurer dans cette recherche tant cela me semble de première importance.
Nous sommes là face à la naissance d'une nouvelle famille de bâtiments avec façades plates et report de la tour d'escalier en vis hors oeuvre sur la façade arrière. Dans le repérage des châteaux de la Creuse un bâtiment avec tour d'escalier en façade arrière et façade plate en façade avant posait un problème de filiation architecturale, avec des réseaux de baguettes d'ébrasements des baies assez proches.
Autre organisation du château ou de la conception du château avec donjon et courtines qui déroute, même dans ces dimensions d'acceptions d'évolutions avec importants avatars.
BEAURIERES
(Département de la Drôme - 26 - Province du Dauphiné - Aucune notice historique sur ce village qui ne répertorie pas son château, seulement son temple et son église au rang des monuments remarquables de sa commune)
En abordant ce bâtiment très hétérogène, étiré entre trois tours d'angle - une devant, deux derrière - on pense à une reconstructions de courtines. Et c'est peut-être le cas. Mais le disposition du pignon entre les deux tours n'est plus dans cette logique d'une courtine longue et bâtie en revers. En restituant l'élévation des mur on pourrait croire, vue sous cet angle, à l'arrière d'un donjon résidentiel flanqué de deux tours avant pour une tour d'escalier en façade avant. Ors il n'en n'est rien, ou plutôt il semble ne rien en être et l'analyse de la façade confirme cette fausse impression..
Ce bâtiment interroge par des dispositions d'élévations en galetas d'un côté, sa travée centrale
qui est pratiquement l'élément de datation principal noyé dans des façades successives sans caractère très avoué mais qui parlent toutefois au moins par deux détails aux caractères très marqués pour des dispositions de souches de cheminées qui ne sont, pour leur part, pas très significatives d'une ordonnance ancienne des pièces.
Le rez de chaussé aurait été construit sur arcades, pour des magasins ou simplement en manière bâtir gothique commune dans le midi de la France, à la rencontre de certaines manières transalpines.
Toutefois les deux arcades dont il reste des vestiges en sont pas de même nature : l'une est un ar abaissé dont la gorge en ébrasement est ininterrompue des piédroits à l'arc de couvrement, tandis que l'autre est un arc appareillé en tiers point.
L'arc segmentaire est sous la travée de fenêtre décalée des fenêtres qui s'élèvent au-dessus d'une porte d'accès centrale à l'aile. L'autre arc supporte un mur dont les niveaux des allèges des fenêtres s'accordent avec celles des fenêtres de même proportion et de même type de construction à l'autre bout de l'aile.
de part et d'autre d'une élévation centrale composée de deux travées aux allèges des fenêtres très décalées, en proportion d'un règlement intérieur de ces allèges entre pièces et escalier de service.
Sur cette partie centrale de deux travées de fenêtres décalées il faut encore remarquer que la fenêtre au premier étage - à gauche sur la photo - est ^mus haute que celle de l'étage au-dessus. Cet élément semble signifier que nous avons basculé dans le renversement des proportions des baies qui, dans les châteaux encore attachés aux valeurs défensives, s'élevaient de la plus petite à la plus grande. Toutefois nous ne sommes pas encore sur l'équilibre des grandeurs des baies et des allèges des parties latérales les plus extrêmes de l'aile. On remarque encore que la fenêtre au second étage de la travée élevée au-dessus de la porte d'entrée est , pour une dimension équivalente, ornée d'une accolade en linteau alors qu'en dessous il n'y a qu'une moulure d'ébrasement et bien sûr un appui de fenêtre sculpté. Cette travée est terminée par une toute petite fenêtre carrée alors que la travée à côté est terminée par une lare ouverture en galetas qui est reproduite sur l'élévation la plus à gauche, réglée sur celle la plus à droite, mais sans ouverture en galetas.
La réunion de ces trois étapes de constructions - que la division par les tuyaux de descente des gouttières semblerait nous faire monter à quatre - est confirmée par la division des chantiers en façade arrière.
où on a réussi à rééquilibrer sur un même niveau et dans d'égales proportions les quatre fenêtres centrales répondant aux fenêtres en quinconce de la façade avant.
Sur les massifs latéraux les équilibres sont plus délicats. Sur la photo à gauche deux grandes fenêtres sont bien alignées alors qu'à droite la distribution est lus chaotique. Les latrines ont été réemployées et les systèmes défensifs tant à la base des tours, à droite, qu'au milieu de celle de gauche sont des canonnières.
Nous sommes donc selon toute vraisemblance face à un bâtiment construit en revers de courtine dans un même et unique chantier du début du XVI° siècle.
Evidemment je ne donne ici qu'une approche théorique dépendante des éléments archéologiques progressivement isolés en outils scientifiques propres à être utilisés avec une certaine fiabilité pour servir l'analyse typologique de ces bâtiments du XV° au XVI° siècles. Mais il fallait faire cette approche pour enrichir la gamme des observations et peut-être ouvrir la conservation, voire l'étude de ce bâtiment si intéressant pour d'autres chercheurs qui auront le temps de faire des relevés archéologiques précis, voire des recherches d'archives.
Le Creuzet
Château de seigneurie - Département du Cher - 18 - Province du Berry - Château inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques - Une présentation par Olivier Trotignon est disponible sur le net - j'en propose quelques pas en autre lecture extérieure mais pas une nouvelle datation au XV° siècle.
Ce magnifique bâtiment de 40 mètres de haut entre tout à fait dans la typologie de certains donjons rectangulaires ou carrés, sans tour ronde, construits dans la première moitié du XV° siècle dont Chamborand sur le département de la Creuse, en exceptionnel témoins absolument intact dans les parties conservées, m'a permis d'en dégager de nombreux aspects autour de 1440.
Ces donjons rectangulaires ou carrés sont d'une auteur impressionnante jusque vers 1450/60 et montent à trois et quatre étages au-dessus d'un ou deux niveaux de caves en rez-de-chaussée-socle, deux niveaux de combles sous un vaste toit en croupe, pour des accès à l'étage par pont levis à flèche. Ici le dispositif a disparu au profit d'une tour d'escalier en vis sur plan polygonal, qu'on a flanqué sur un des murs de croupe du donjon principal. Ce donjon s'articule avec un autre volume carré, puis un troisième beaucoup plus petit. Il faudrait bien sûr une étude archéologique précise pour déterminer les différents chantiers, d'abord dans la première moitié du XV° siècle, puis après peut-être dans la seconde moitié du XV° ou au XVI° siècle pour la tour d'escalier qui ne monte pas au-dessus du bâtiment comme c'est la coutume jusque vers 1500. La porte en position frontale signe une construction adaptée au bâtiment plus ancien.
Si on en juge par les ouvertures, le principal volume carré ou rectangulaire presque carré, avait deux étages de caves en socle (fenêtre les plus étroites). Les autres fenêtres ont été modifiées mais au moins deux, celle du troisième et au quatrième étage semblent répondre aux sites d'origine. Toutefois une absence de hiérarchie des baies allant croissant au fur et à mesure qu'on monte dans les étages contrarient les observations faites ailleurs. En revanche le renversement de la tendance à partir de la seconde moitié du XV° siècle est bien marquée sur la tour d'escalier.
Les latrines hors oeuvre signent, dans ce type de bâtiment, une datation plus en avant vers 1450 ou 1460. et les mâchicoulis en encorbellements de parapets ouverts de petites fenêtres carrés sont tout à fait de cette période transitoire de la fin de la guerre de Cent-Ans.
Je ne m'exposerai pas à en dire plus faute d'avoir visité le bâtiment qui est tout à fait exceptionnel et sur lequel il faudra absolument lancer une étude archéologique si on veut comprendre certains méandres supplémentaires à ceux que j'ai déjà mises à jour, de la mutation du Donjon de guerre en donjon résidentiel au XV° siècle.
Je viens de parler de méandres, je vous entraîne sur la rivière Alleuze vers un autre vecteur de la mutation du donjon de guerre vers le donjon résidentiel avec un château dans le Cantal.
ALLEUZE
Château de fief épiscopal de la Haute Auvergne - Département du Cantal - sur un site naturellement fortifié entre les méandres de la rivière Alleuze - Château inscrit à l'inventaire.
Les notices historiques que j'ai pu consulter sur le net et ailleurs donnent une première construction du site au XIV° siècle pour une destruction d'un premier château en 1405 suivi d'une reconstruction. Les éléments archéologiques en place sont effectivement en faveur d'un datation au XV° siècle, et probablement dans la première moitié de ce siècle.
Il est par ailleurs évident que ce château avait une mission de défense ou de surveillance de point stratégique et qu'il est conçu pour des tirs d'armes de jet comme les arcs ou les arbalètes. Les meurtrières sont hautes, fines et étroites sans aucune bouche à feu. Si on constate une disparition des postes de tirs des périmètres des donjons qui gagnent en fonction résidentielles dans la première moitié du XV° siècle, il faut tenir compte que des châteaux prévus pour la surveillance de points stratégique seront a contrario conçus comme des outils de "guerre". Le plan de ce château est alors des plus intéressants avec son accès au rez-de-chaussée logé contre une tour puisque c'est le dispositif d'accès aux donjons tours de Juillat de la seconde moitié du XV° siècle sur un plan identique à celui d'Alleuze.
Ci dessous le donjon de Jouillat, département de la Creuse
(voir sur ma page Château de la Creuse - Fin du moyen âge
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html)
La redivision intérieure de la grande et unique pièces est un aménagement postérieur à la construction |
A Alleuze, le site de la roche en place laisse prévoir qu'il y avait là une série de praticables en bois qui établissaient la liaison entre l'entrée au château et la petite basse cour. Les cours construites en bois sont aussi des caractères de la construction du château de la fin de la Guerre de Cent Ans ou du début de la seconde moitié du XV° siècle : Malval, Saint-Maixant (1° état), Montaigut-le-Blanc (trois châteaux de la Creuse).
Seule les sites des ouvertures peut être repéré mais pas leur natures entre grandes et petites fenêtres, latrines et bretèches. Il faut donc nous contenter du peu d'éléments qui restent en place pour avancer vers de nouvelles sources de la mutation du donjon de guerre en donjon résidentiel.
Nous sommes là sur une des bases importantes mais ce n'est pas elle qui sera déterminante. Toutes des formules issues de ce plan se combinent à d'autres évolutions plus déterminantes, notamment dans l'apparition de la tour d'escalier en vis.
Trois des tours sont couvertes en calottes maçonnées/coffrées en rez-de-chaussée. Une seul est planchéié avec un passage du plan circulaire au plan plus carré dans les étages. Ce dispositif des tours voûtées en rez-de-chaussée sur pièces aménagées en postes de tir se retrouvera tard dans le XV° siècle lorsqu'on fera réapparaître des systèmes défensifs sur les périmètres des donjons, comme au château du Théret dans le département de la Creuse (mon étude sur les châteaux de la Creuse, pour ne pas me répéter, sert d'ancrage à toutes ces recherches sur cette question de la mutation du donjon, tant cette population des châteaux en Creuse est un témoins exceptionnel des mutations de l'architecture civile du XV° siècle en France). On trouve aussi une tour dont le sous sol est maçonné en forme de glacière. Glacière ou autre réservoir potentiel. Ce dispositif existe dans une des tours du château de SARZAY dans l'Indre, au pays de George Sand, et à partir nous allons être en mesure de comprendre comme le plan de château a pu brutalement apparaître dans le paysage des château à la date de construction actuellement admise de 1450, contemporain du Palais Jacques Cœur à Bourges, commencé en 1443 et achevé en moins de dix ans. Là encore c'est une des particularité du XV° siècle, de voir brutalement un palais seigneurial brutalement ornée avec toutes les dispositions de circulations modernes en place alors qu'ailleurs le donjon poursuit sa lente mutation ver ce ce qu'il sera au XVI° siècle et qui sera transmis pratiquement inchangé dans la seconde moitié du XVII° siècle comme nous venons de le voir avec les Vieux Mélays.
A partir de là on comprend combien ces recherches que j'ai initié en 1988 pour une soutenance en 1989 sont tout à fait passionnantes et surprenantes. (Uwe Albrecht avait toutefois ébauché dans une publication allemande et très peu de temps avant que je commence mes investigations, une idée de l'héritage de Sarzay pour des châteaux comme Jouillat qui apparaît dans son étude, mais ce qui est développé à partir de mes recherches ne doit absolument rien à cet auteur même si bien sûr des recoupements peuvent parfois apparaître)
Donjon et château se confondent une première fois au XV° siècle.
Ici on rencontre la fusion des deux expressions puisque le donjon est le château, en l'absence de toute autre trace de mur ou système bâti en dur en périmètre du bâtiment existant.
Les systèmes de communications ou de liaison entre les niveaux sont en bois à l'extérieur mais aussi à l'intérieur.
Tout ce vaste rectangle était planchéié et les planchers successifs prenaient appui sur des retraites du mur qui engendraient au sommet des murailles des parties praticables réduite d'autant que les retraites du mur se succédaient. D'où à la bas des murs assez assez puissants pour pouvoir obtenir des chemin de rondes agrandis de mâchicoulis tout an haut du bâtiment.
Autre dispositif d'économie des retraites du murs : les cheminées ne sont pas construites l'une sous l'autre - car le donjon est chauffé au moins sur le rez-de-chaussée et au premier étage - pour éviter d'avoir au sommet des murailles des souches de cheminées trop épaisses qui s'opposeraient de façon conséquence à la circulation dans les mâchicoulis. Dans la seconde moitié du XV° siècle on construira les cheminées les unes sous les autres avec autant de conduits superposés qu'il y aura d'étages, avec en transition une répartition alternée entre mur de croupe de mur de refend lorsque les donjons rectangulaires conserveront encore deux ou trois étages au-dessus-du-rez-de-chaussée socle et qu'ils seront intérieurement divisés par un mur de refend.
Donc nous sommes bien ici dans un dispositif où on a encore besoin de circuler dans les mâchicoulis. Ici les étages ne sont pas divisés par un mur de refend en dur. Peut-on imaginer intérieurement des divisions à pans de bois ? C'est probable, mais ces dispositions n'ont aucune incidence directe sur l'avenir de ces architectures dans lesquelles on passe d'étage en étage par des échelles de meuniers ou des escaliers en vis en bois.
Les sites d'implantations des cheminées au rez-de-chaussée et au premier étage. |
Les accès aux pièces des tours sont bien en place par une porte maçonnée dans l'angle des pièces.
Des systèmes de niches couvertes en segments restent sans réponse à moins d'avancer des niches (à coussièges) ou autre placard ?
ne sommes pas dans la construction extrêmement synthétisé en plein de l'oeuvre de Chamborand et prête à repartir vers les évolutions de Montaigut le Blanc, mais nous sommes dans des étapes où on cherche à réunir toutes les fonctions du donjon entre la mission militaire et l'occupation résidentielle. Les grands donjons de la période avoisinant la moitié du XV° siècle auront souvent une vaste pièce de la totalité de la surface rectangulaire du donjon à leur dernier niveau, appelée ""canonnière" pour des divisions en deux pièces d''inégales grandeur par un mur de refend dans les étages inférieurs.
On voit alors maintenant clairement vers quels enjeux pour l'évolution de l'architecture du XV° siècle, la mise en place d'une tour d'escalier, hors oeuvre sur ce type de bâtiment et passant du "en oeuvre" au ''hors oeuvre " de Chamborand à Montaigut le Blanc, va être au cœur de la question de ce mur de refend qui va diviser cette grande pièce en deux pièces d'inégales dimensions et progressivement donner naissance au sein de ce mur de refend qu va se débrasser des cheminées qui ont u un temps l'encombrer en alternance avec les murs de croupe, à un véritable passage de part en part de la façade avant à la façade arrière où finalement l'escalier rampe du rampe de la Renaissance va pouvoir s'installer directement sans qu'aucune modification ou détournement de cette évolution puisse être sensible. Dans mes repérages lea première volée droite repérée construite au lieu du mur de refend est dans un des châteaux de la Creuse que j'ai étudié : Le Fressinaud alors qu'à La Chezotte premier couloir était maçonné au sein de ce mur de refend pour boutir qux passages de part en part, de la tour d'escalier en vis aux Etourneaux à Montluçon (Bouronnais - Département de l'Allier) et un passage de la cour intérieure au jardin extérieur à La Faye avec la persistance de combinaison du passage avec le logement en son milieu d'une escalier en vis en bois, jusqu'à une installation d'un escalier rampe sur rampe à Josselin (Morbihan- Bretagne) mais dans une autre veine de l'évolution du château gothique.
A partir du moment ou on a identifié un plan comme celui-ci qui réduit l'idée du château à celui de donjon la voie est ouverte avec la rencontre des donjons carrés dépourvus de tours en flanquement des volumes carrés ou rectangulaires mais conservant des périmètres de courtines ponctuées par des tours rondes ou ayant complètement fait la synthèse de ces rencontres avec des cour rectangulaires cantonnées de tours rondes auxquelles le donjon s'est totalement intégré et à dissout ces différents vecteurs en une seule synthèse : exemple de Saint-Maixant et de Montaigut-le-Blanc. Evidemment si on en revient au plan de Montaigut-le-Blanc il y a un conflit des tours, entre celles du donjon-tour sans périmètre et celle du donjon rectangulaire sans tours.
Ce confit des tours sur les donjons qui va aller se hiérarchisant pour une prédominance de la tour d'escalier en vis en façade et montant plus haut que le parapet du bâtiment ne se fait pas tout de suite. C'est-à-dire que le passage du plan de Montaigut le Blanc à celui du Théret
connaît d'autres dynamiques intermédiaires très pittoresques par lesquelles j'ai déjà évoqué Sarzay mais pour lesquelles je vous donne maintenant d'autres exemples.
Bien que je connaisse le Château de Sarzay depuis au moins 1970, que j'ai habité deux ans à seulement quelques kilomètres de ce château, que n'en ai pris d'innombrables photos, je n'ai rien conservé et sur plusieurs récents voyages je n'ai pas eu le temps de retourner à Sarzay refaire les photos perdues. Comme je n'ai pas de photos de Sarzay je comptais présenter ce château après le groupe autour du château de Val dans le Cantal. Mais je change d'avis car je ne rédige pas ces articles sans lire les auteurs - quand il y en a, ce qui n'est pas fréquent - et Sarzay est marqué par un auteur particulièrement important comme Jean Mesqui.
Ayant repris la monographie de Jean Mesqui sur le château de Sarzay (1987)
je crois plus judicieux de vous repiquer des photos du net et faire un nouveau point sur l'apparition de ces plans rectangulaires flanqués de quatre tours à chaque angle, et qui en gagneront ou en perdront tout au long du XV° siècle.
Donc allons à
SARZAY
(département de l'Indre (36) - Province du Berry pour une région du site du château particulière de cette province géologiquement isolée de la Marche granitique et du Berry calcaire par George Sand au XIX° siècle sous le nom de Vallée Noire - château de seigneurie - datations actuellement retenues 1550 - Château des romans de George Sand)
[Château inséré dansl'étude Uwe Albrecht, Von der Burg zum Schloss. Französische Schlossbaukunst im Spätmittelalte
Wörms 1986, et objet d'une Monographie de Jean Mesqui publiée en 1987. Pour ma part ma recherche a commencée en 1988 mais par ma fréquentation de nombreux propriétaires de ces châteaux, et des conversations passionnées que nous avions depuis plusieurs années (au moins 1980) surtout avec Alain de Reynal de Saint-Michel propriétaire du Théret, je peux dire que la mise en route de ma recherche universitaire n'était qu'une conséquence logique de mes expériences de ces bâtiments très nombreux dans la Creuse et dans l'Indre, même sans connaître à l'époque les travaux d'Albrecht ou de Mesqui. Ces châteaux tellement caractéristiques et abondants dans le patrimoine du département de la Creuse, étaient depuis longtemps objets de petites monographies ou petits livrets publiés sous l'appellation de "Châteaux Creusois". ]
en compagnie de la monographie de Jean Mesqui augmentée de celle du même auteur sur le château de Sully-sur-Loire
qui donne une antériorité de ces plans d'un volume rectangulaire coupé en deux par un mur de refend, et flanqué aux quatre angles de grosses tours habitables au château de Sully-sur-Loire construit dans des proportions doubles de celui de Sarzay, en 1396, avec des étages servis par une tour d'escalier en vis hors oeuvre qui coupe la façade en deux parties inégales.
Ci-dessus et ci-dessous Sully-sur Loire - Grand château. La tour d'escalier ne sert qu'une pièce par étage et il faut un assez long passage pour passer des pièces rectangulaires aux tours rondes avec un escalier en vis ménagé dans le plein du mur. Ce sont là des dispositions voisines que nous retrouverons sur les grands donjons circulaires du premier quart du XV° siècle (Bridiers dans le département de la Creuse, aux sources de la distribution du donjon rectangulaire à mur de refend de Chamborand avec escalier en vis en oeuvre, en façade, à quelques kilomètres de Bridiers et dans le même fief de la vicomté de Bridiers).
Pour Chamborand (donjon rectangulaire) : Plan et étude archéologique Claude Peynaud |
mur de refend vont continuer à apparaître jusqu'à dans le dernier tiers du XV° siècle comme ci-dessous au Fressinaud (Creuse)
Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
Plan et étude archéologique : Claude Peynaud |
Alors que les tours rondes, ou donjons ronds semblent vouloir garder le privilège de la tour d'escalier en vis en oeuvre du dernier quart du XV° siècle [Tours résidentielles rondes construites pour la captivité du Prince Zizim (voir ma page sur les châteaux de la Creuse)], voilà que des tentatives de ressorties hors oeuvre de la tour d'escalier en vis sur un donjon rond, apparaissent également de façon quasi contemporaine à ces tours, ça et là comme à Langeron dans le département de la Nièvre (ci-dessous)
A la fin du XIV° siècle, pour des apparences et similitudes de modèles directeurs de plans, nous sommes plus sur l'évolution de structures internes qui amèneront les familles d'évolutions en plan du donjon rectangulaire divisé en deux par un mur de refend. En revanche, pour ma part, je retiens qu'à Sully-sur-Loire un volume rectangulaire divisé en deux par un mur de refend à partir de la fin du XIV° siècle, et qu'une tour d'escalier en vis se met en place, modestement, sur la façade du château mais sans prise en compte des deux pièces par niveau. Cet avant corps hors-oeuvre serait en fait plus une intégration du châtelet d'accès au château qui aurait rejoint la façade d'un donjon surdimensionné, tendant à réunir l'idée du château à celle du donjon. Ce qui expliquerait la présence de cette tour d'escalier sur une des deux tours en façade qui flanquent un accès "fortifié" au donjon en rez-de-chaussée. Nous serions là peut-être plus exactement sur une des bases de la division de la façade en cinq corps, comme à Durtal dans la première page de la rédaction de ce chapitre, qui s'imposera définitivement mais pas de façon toutefois exclusive dans l'architecture classique française, comme nous l'avons vu sur cette page avec les Vieux Mélays, à partir de l'aile Pierre Lescot au Louvre au milieu du XVI° siècle.
Image du net |
La formule serait donc en place dès la fin du XIV° siècle. Effectivement l'envie est grande de dire une bonne fois pour toutes que le plan de Sully-sur-Loire a servi de modèle directeur pour toutes "les grandes salles flanquées de quatre tours", définition que nous pourrions donner pour Alleuze . Hors la découverte de familles et de sous familles, comme je viens de le résumer birèement à partir de ma page sur les châteaux de la Creuse, en plus sur des intentions stratégiques ou de services très variées, si tant est qu'elles soient dépendantes d'une même souche, confronte à des réalités bien différentes et en plus qui rebondissent en ricochets qui vont mourir peu à peu tout aulong du XV° siècle pour en laisser survivre qu'une synthèse mais aussi ouvrir le château à la réception de nouveautés de la Renaissance comme le logement de l'escalier rampe sur rampe traversant le bâtiment de part en aprt . A qui semblerait-il maintenant probable qu'on soit allé chercher le modèle de Sully sur-Loire pour en revenir à Alleuze puis à Sarzay dans des proportions infiniment plus modestes que Sully-sur-Loire ? ça ne tient pas.
Pour ma part je me trouve face à des châteaux et des donjons qui évoluent par sortes de familles parfois très différentes en apparences, dont on abandonne les apparences des différences pour ne conserver que les structures les plus fondamentales et les plus communes à chaque type pour arriver peu à peu à une sorte de synthèse dans la seconde moitié du XV° siècle qui amènera les sources, car elles sont effectivement multiples et peut-être régionales, à cette réduction du donjon de guerre et résidentiel à l'état de petite architecture de la maison gothique du XVI° siècle ou à la reprise de plans plus élaborés mais toujours en perdant des étages jusqu'à une contribution de la construction du panorama du classicisme français de la seconde moitié du XVII° siècle, voire en gagnant une cave alors que ces bâtiments on en souvent perdu deux avec leurs deux étages de combles.
Voici les clichés de Sarzay repiqués sur le net ( en attendant mes propres clichés)
Le château de Sarzay est au milieu de murs d'enceintes. Il n'est donc pas construit sur une muraille du périmètre de la cour, ou sur une courtine : c'est un donjon dans es murs d'enceinte. |
A Sarzay la tour s'est installée en façade sans servir les deux pièces du rez-de-chaussée par lequel on accède cependant au donjon.
De Saint-Victour
Ci dessous le lien de l'église et de la façade arrière du château; les deux bâtiments sont archéologiquement contemporains. Détail dans l'angle de la tour du départ en encorbellement d'un escalier en vis secondaire de passages dans les parties hautes des combles, fenêtre et bouche à feu.
à Bort les Orgues
de la Corrèze au Cantal
au
Château de VAL
(château de fief lié à son église Saint-Blaise - Département du Cantal (15) - Province Auvergne -)
La passerelle d'accès au château est un aménagement moderne pour les touristes
Château construit par Guillaume IV d'Estaing né en 1397 - Ce château serait donc dans un premier état le quasi contemporain de Sarzay (1450) pour des dispositions architecturales en plan et en élévation de la même famille. Mais la distribution intérieure est totalement différente. D'autres aspects de ce château en projette au moins les élévations supérieures, à partir du 1° étage, plus loin dans la seconde moitié du XV° siècle. Il faut donc repousser les datations pour en arriver à l'état actuel, soit vers l'extr^me fin du XV° siècle. Ce château sur un haut rez-de-chaussée socle confondu avec l'utilisation de la roche en place, n'a que deux étages. La disposition intérieure est toute à fait nouvelle dans le panorama que j'ai présenté jusque là sur les trois pages de ce blog que j'ai consacrées à ces révolutions architecturales depuis le petit château de la guerre de Cent Ans, au XVI° siècle et jusque dans la seconde moitié du XVII° siècle.
Lors de ma première visite je n'ai pas pu accéder au château de Val, Lors de ma seconde visite en juillet 2015 j'ai fait un relevé schématique du plan avec les cotes principales. Voici ce relevé réalisé lors de cette visite en juillet 2015. J'ai signalé à la réception que j'avais fait ce plan schématique. La réception a approuvé ma curiosité d'autant lus que ce matin pluvieux j'étais seul dans le château. Donc je n'ai gêné personne.
Je vous propose donc ci dessous ce plan schématique remis au propre et côté.
Nous passons là avec cette famille de châteaux de 4 à 5 à 6 tours sur le périmètre rectangulaire par un accès au donjon par la tour d'escalier en vis hors oeuvre qui divise toujours la façade en 1/3-2/3.
Le plan est nouveau. Il est à trois pièces par étage. La tour d'escalier se désolidarise donc de la logique de l'élévation par répartition des pièces de part et d'autre du déroulement de la vis au fur et à mesure qu'on s'élève dans le bâtiment : ici toutes les pièces d'un même étage sont au même niveau, sauf certaines dans les tours.
Quelle est donc cette nouvelle distribution du château à partir de l'escalier en vis et comment accède t-on à ce château par son unique entrée qui demeure liée à l'entrée par la tour d'escalier ?
Tout d'abord il faut remarquer que la porte d'entrée est très soignée avec un arc d'ébrasement en tiers point formant un tympan avec un écu plein en réserve, aux fleurs de lys, qui sont les armoiries de la Maison d'Estaing seigneurs de Val de de 1440 à 1660.
Détail de la porte d'entrée au château, de ses ornements et de son insertion dans la maçonnerie de la tour. Cette porte avec ses ornements date de la construction de la tour d'escalier. |
Les armoiries sont entourées de feuilles sur des rameaux qui pourraient être ceux du chêne. La baguette, seulement interrompue par de discrets chapiteaux, qui forme la base du tympan en couvrement de la porte et qui redescend en ébrasements jusqu'aux masselottes de socles, sont tout à fait conformes à une réalisation tardive dans le XV° siècle.
L'entrée du château est déjà haute du fait du socle en piton rocheux sur lequel le château est bâti. Mais l'accès au premier étage se situe encore plus et la vis démarre dès l'entrés, sans aucune autre ouverture pour aller dans les caves en socle. L'accès à ces caves se situe par une volée droite percée dans le plancher du vestibule d'accès au premier étage
Car on entre dans ce château par un vestibule qui distribue les trois pièces de chaque étage.
Entrée depuis la tour d'escalier dans le vestibule et accès dans la première pièce sud du premier étage. |
Ce qui nous vaut aux deux étages une distribution en galeries sur balcons en bois qui tournent autour du vestibule
Pour amener les marches en seuil des entrées, et pour éviter un passage, on a construit la tour dans l'épaisseur du mur mais comme un élément quasi autonome puisque ce volume de la tour prend sur l'espace intérieur du vestibule
Les m^mes difficultés d'adaptation du déroulement de la vis aux pièces, de fond en comble pourraient témoigner d'un réflexion en cours, d'une recherche de nouvelles distributions.
Les accès dans les pièces étages démarrent tous à droite du noyau de la vis en montant. La partie gauche ne sera utilisée que dans la distribution des deux étages de combles. Ici les paliers d'accès aux pièces intérieures du comble, répondent au niveau de chaque marche dans le déroulement de la vis.
Cette logique des niveaux intérieures était donc connue de ces bâtisseurs. Aussi, ont-ils véritablement recherché des solutions pour obtenir des niveaux intérieurs en passage direct des pièces sans marche intermédiaire. Plus loin la visite des pièces amènera une autre réflexion, celle de la récupération probable d'une ancien bâtiment puisque toutes les pièces à partir du second étage ne sont pas au même niveau. Il n'y a que le premier niveau qu'on a réussi à harmoniser mais pas tout à fait car dans des tours des marches assurent encore le lien entre les planchers.
Parfois l'idée d'une marche en palier dans le déroulement de la vis survient mais ce type de construction du pallier qu'on voit se mettre en place de façon quasi schématique dans les châteaux de la Creuse géographiquement toute proche de Val, avec cette solution intermédiaire des mêmes niveaux récupérés par des marches qui redescendent dans les pièces depuis la vis à La Chezotte, n'est pas encore ici en place en manière de construire.
En revanche, la vis continue pour monter dans la pièce en surcroît de la tour d'escalier
A ce niveau l'escalier en pierre est relayé par un escalier en bois et les parapets des encorbellements sont construits en brique sur corbeaux en pierre. En revanche, les poste de tirs, certainement plus symboliques que réels sont taillés dans la pierre alors que les fenêtres carrées traditionnelles à ces encorbellements de couronnement sont en bois. Les encorbellements de la tour d'escalier ne sont en lien avec aucun dispositif du reste du château.
Cette tour d'escalier en vis hors oeuvre, partiellement engagée en oeuvre servant un seul accès à chaque étage (sauf en comble) et uniquement sur la partie à droite de la vis (sauf en comble) méritait un exposé détaillé quand aux particularités et observations particulières qui pourraient servir d'autres analyses mais que je n'ai pas encore exposé dans les trois pages de ce blog consacrées à ces architectures.
On peut peut-être également une réflexion mise en place à partir d'une modernisation, voire un agrandissement d'un bâtiment plus ancien. Dans ce cas nous sommes toujours dans cette mutation résidentielle des donjons des petits châteaux de guerre.
Au premier étage les trois pièces sont vastes et spacieuses, environ 10 X 7 m chacune pour celles des extrémités, sauf pour celle du milieu qui a sa profondeur réduite par l'espace du vestibule.
Cet équilibre entre les pièces surprend et marque une réelle évolution dans ce type de château.
Ce ne sera pas le seul.
Il faut alors commencer à lire le château de haut en bas, hors vestibule.
C'est à une méthode de lecture architecturale que je vous convie une nouvelle fois.
Si vous regardez la répartition des cheminées, elles sont aménagées dans un mur de croupe, côté sud, le mur de refend nord, côté nord, et le mur de façade nord-est.
Ci dessus la pièce nord au premier étage (étage d'accès au château).Dans l'étage au-dessus, la cheminée est sur le même site. Il y a donc deux conduits superposés qui constituent une souche d'une valeur de deux épaisseurs de conduits, qui sont maçonnées dans l'épaisseur du mur et qui montent au-dessus de l'arasement supérieur du mur. Sauf qu'en arrivant au sommet le mur de 1 m est réduit d'au moins deux retraites qui supportent les deux planchers en terradis des étages. Donc le mur ne fera plus qu'environ 80 cm d'épaisseur. Le passage sera encore réduit de l'élévation du mur extérieur qui contient les conduits de cheminées qui épaississent ce mur et font ressaut dans le passage déjà étroit.
Pour récupérer de l'épaisseur du mur et permettre une circulation haute en passage qui fait le tour du bâtiment le dernier étage de comble est construit en charpente intérieure à pans de bois.
Alors que les deux murs de refend montent jusque sous le deuxième étage de comble pour un aménagement sous charpente du premier étage de comble en pans de bois derrière les murs de pierre des refends.
ET AUSSITÔT JE VOUS PRESENTE LE CHÂTEAU DE
NEUVICQ
(Département des Charentes-Maritimes (17) - Archidiocèse de Poitiers - Province du Poitou - Actuellement province du Poitou-Charente)
dont Monsieur le Maire doit me faire parvenir les plans. Nous aurons ainsi un ensemble très cohérent de variantes de plans tout à fait nouvelles dans la panorama de l'étude de ces châteaux, pour des élévations extérieures également riches en observations puisque nous voici face à la travée verticale sur une structure gothique inédite pour des caractéristiques de l'architecture classique française : (P.Lescot, à partir de 1548) "A Vallery, pour un favori de Henri II...Ici les bossages volumineux ne décrivent pas seulement les arrêtes de construction; à défaut d'ordre de colonnes ou de pilastres, volontairement éliminés, ils garnissent les piedroits des grandes fenêtres et les réunissent d'un étage à l'autre, recréant, par un réflexe inné de la manière française, ces travées verticales qu'avaient tracés auparavant la mouluration gothique puis celle de la Première Renaissance des bords de Loire" Extrait de Jean-Pierre Babelon, Châteaux de France au siècle de la Renaissance. Flammarion/Picard, 1898, p. 407.
Quelles conséquences alors pour le plan intérieur, après les surprises de Val ?
Quelle correspondance entre les baies des deux façades; château transparent dès le 1° étage; étage du côté de l'accès au château par la tour d'escalier en vis, côté cour.
Sauf mention contraire je n'utilise que mes clichés
Pour le plan cadastral de 1840, ci dessous, que j'ai orienté, et pour les principaux repères historiques, j'utilise deux monographies en vente au château
Daniel Duverger, Histoire de Patrimoine - Le château de Neuvicq. Edition de la municipalité de Neuvicq, 2004/2007
Guilaine Baudrit, Images du patrimoine du château de Neuvicq. Edité par l'A.M.A.C.S., avec la collaboration de Didier Martin, juillet 2008
Pour les lectures archéologiques j'en reviens à ma présente étude.
En attendant
je vais vous entraîner vers un autre type de plan du XV° siècle : le plan en "L" ou en "V" très ouvert, apparu dans mon repérage au château de Malval (le château de Mauprat du roman de Geroge Sand, sur la Petite Creuse, Département de le Creuse)
Nous voici dans ce grand et beau château
d'
Ainay-le-Vieil
(département du Cher (18) sur les bords de la rivière Allier - Château de fief - Province du Bourbonnais)
En entrant de face par la porte fortifiée on ne voit que l'autre courtine en vis-à-vis.
Pourtant dès le portail franchit voici ce que nous découvrons
magnifique construction en "L" en deux ailes en revers de courtines, articulées par une somptueuse tours d'escalier en vis hors oeuvre.
La conservation de la division du bâtiment en deux parties d'inégales grandeurs de part et d'autre de la tour d'escalier
est remarquable même sur un plan en "L", comme si on avait en quelque sorte "plié" le plan de l'évolution du donjon avec la seule survivance de la tour d'escalier en façade, aux exigences du site de la cour intérieure de cette enceinte fortifiée très antérieure. Dans ce cas l'appellation à la filiation au plan en "L" de Malval, avec une tour d'escalier en vis hors oeuvre dans l'angle des deux ailes, serait encore dans l'ordre de ces apparences de parentés ou de familles architecturales. Pour des similitudes de plans et d'élévations les raisons et les causesdes évolutions peuvent être très éloignées de ce que que nous pouvons en percevoir et en conclure en résultats apparents.
C'est donc bien à des recherches de structures auxquelles il faut procéder et non pas à des classements par apparences.
Plan d'ensemble du dépliant du château ouvert à la visite avec une vue aérienne |
Le corps de logis gothique, en "L" en revers de courtines, qui nous intéresse a été construit autour de 1500 à l'abri d'une enceinte fortifiée plus ancienne dont certains documents, d'après la monographie du château, tracent l'occupation des lieux depuis les XI° et XII° siècles. Le châtelet d'accès à la cour polygonale serait du XIV° siècle.
En dépassant le pont d'entrée à herse, on trouve une tour d'escalier en vis avec accès au rez-de-chaussée pour servir à la fois le châtelet et l'aile des communs. Ce châtelet avait une distribution intérieure plus ancienne, en revers de l'autre tour du châtelet, comme en témoigne la petite porte peinte en rouge au rez-de-chaussée. Ce sont là des dispositifs communs qui nous renvoient aux observations faites sur le plan de Sully-sur-Loire.
Le beau corps de logis gothique, flamboyant, a une seule tour d'escalier en vis hors oeuvre en articulation des deux ailes, bénéficie du service des tours d'escalier en vis hors oeuvre construites en revers des demies tours de l'enceinte, de part et d'autre de chaque aile. L'une est sur plan polygonal et l'autre est sur plan circulaire. L'ensemble est purement gothique. Ces loges sur balcons, sans être communes, appartiennent à l'architecture gothique française. On les rencontre en de multiples variantes avec ou sans garde corps en encorbellement, depuis les maisons tours du XIV° siècle, les escaliers ouverts en balcons sur escaliers en vis en oeuvre (Châteaudun) sur escalier en vis hors oeuvre (Blois) dans les chapelles seigneuriales, sur des donjons de la seconde moitié du XV° siècle (Le Chiroux), en façades des loges à Blois et à Monaco (sans parenté attestée avec les loges du Vatican).
Ces deux loges en balcons pourraient plutôt signer deux appartements nobles à l'étage, pour l'apparat. Le roi Louis XII et Anne de Bretagne séjournent dans cette aile toute neuve qui porte les armes royales sur la tour d'escalier. Le décor de cette aile n'est peut-être pas neutre...Si les loges eussent été d'inspiration italienne le décor obligé de ces loges d'apparat eut sans doute été préférentiellement la serlienne ou un décor à ordres. Ces loges d'apparat en balcons avec gardes corps en encorbellement existent-elles dans l'architecture italienne ? Je n'en n'ai pas d'exemple. Toutefois le décor en entourage de la loge ne creuse pas l'ébrasement, au contraire la profondeur de la loge est augmentée d'un forte moulure en saillie parfaitement gothique. On remarque également dans la profondeur de la loge l'encadrement d'une baie sculptée pour recevoir des huisseries. Nous ne sommes donc pas du tout dans la définition de la "loggia" qui est "pièce ouverte à l'étage sans huisserie" : Il s'agit d'une porte fenêtre ouverte sur un balcon en oeuvre avec garde corps en encorbellement, ce sont deux loges sur balcon.
Ces loges sur balcons s'inscrivent dans des travées verticales, quasi régulière sur l'aile de gauche et régulière sur l'aile de droite, dont l'apparition est également un fait de la disparition des mâchicoulis et autres parapets de couronnement des bâtiments pour une seule survivance des baies, comme on le voit de façon plus schématique sur les grandes tours à plusieurs niveaux de combles à Durtal ou au Plessis-Bourré, en exemples marquants de pages de ce blog. Après la stabilisation des tendances de hiérarchies des ouvertures en façades sur les donjons de préférence résidentiels - soit passer d'une hiérarchie des baies allant croissant vers le haut du bâtiment dans la première moitié du XV° siècle pour une dynamique inversée dans la seconde moitié - nous avons là une première travée verticale totalement organisée par les répertoires gothiques bien avant l'exemple de Vallery (département de l'Yonne, à partir de 1548) généralement retenu par les historiens d'art pour la mise en place de ce type d'organisation.
Si maintenant on rétablit les niveau des sols intérieurs à partir des départs d'au moins deux des trois vis des tours d'escaliers, nous obtenons ceci. C'est-à-dire qu'il faut dans les deux cas gravir plusieurs degrés pour regagner le niveau du sol intérieur d'un bâtiment qui ne semble avoir de cave que par la traduction de deux fenêtres en soupirail de part et d'autre de la grande vis. Y avait-il un bâtiment antérieur qui aurait imposé ce choix ou serait-ce simplement le choix d'une cave ? Auquel cas aurait-on déjà donné à cette cave une fonction domestique particulière, préparant les aménagements des sous-sols et entre-sols des châteaux de la période classique ?
Regardons maintenant du côté du morceau de prestige, qui complète les travées de loges sur balcons : le grand escalier en vis hors oeuvre qui articule les deux ailes.
L'ordonnance des piédroits qui encadrent la porte et les deux fenêtres jumelées passantes reprennent l'organisation en pinacles des travées de fenêtres. Les couvrements sont en segments dégageant des frontons pour le site des armoiries au-dessus de la porte d'entrée à laquelle on a voulu donner une importance particulière par-delà les contraintes d'ouvertures du déroulement intérieur de la vis. Les fines baguettes en réseaux orthogonaux qui se recoupent ailleurs sur les façades - que j'ai évoquées plus haut - sont ici bien enchâssées dans le programme comme un décor auquel on est particulièrement attaché. La grande porte est à couvrement segmentaire très abaissé alors que les fenêtres jumelées sont à couvrement plat inscrit dans une ébrasement en tiers points qui prend en compte les piédroits (en architecture de la renaissance on parlerait d'ordre géant puisque ces piédroits sculptés montent sur deux niveaux et encore plus haut) comme si le site de la porte et des deux fenêtres jumelées passantes n'était qu'un seul et même ébrasement divisé (ces fenêtres jumelées passantes se retrouvent entre autre, dans la composition de la façade de l'escalier, façade d'entrée d'Azay le rideau. Une statue sous son baldaquin, en avatar de statue colonne, orne le centre des baies par dessus les armoiries royales qui s'inscrivent alors en hiérarchie au dessus des écus seigneuriaux mais au dessous de la figure céleste. Par-dessus cette superbe composition qui a très vraisemblablement été colorée, l'allège de la fenêtre découpée et sculptée en soffite, supporte les deux grosses colonnes torsadées de la très haute fenêtre à deux traverses et un meneau, préfigurant le goût classique très français pour ces très hautes fenêtres comme en verra abondamment dans l'architecture de Mansard, mais dont les sources sont sur les donjons résidentiel devenus "hôtels" par mutation au moins au milieu de la seconde moitié du XV° siècle comme on voit évoluer ces baies à La Chezotte (Châteaux de la Creuse) . Là encore il faut imaginer un autre système de vitrage car celui ci en pleins grands carreaux n'était bien sûr pas possible autour de 1500. Le tout est clôturé par une balustrade, avec gargouilles, très sculptée qui fait effet de balcon au dernier niveau en retrait de la verticale de l'élévation générale. Là encore c'est une ordonnance que nous retrouvons sur d'autres tours d'escaliers postérieures comme celle de l'aile François 1° à Blois, mais beaucoup plus développée.
Voici encore une aile de château, purement gothique, qui nous entraîne encore plus près de la réception de la Première Renaissance Française.
Il faut signaler dans le village des travaux sur l'église paroissiale qui ont été peut-être contemporains
de cette construction du logis du château
Cette église à l'origine à nef unique et chevet polygonal, d'Ainay le Vieil, mérite véritablement qu'on s'y attarde un peu.
Elle semble être du XIII° siècle avec son clocher porche et son beau portail polylobé et colonnettes 0 à chapiteaux en boules et crochets dans un ébrasement à ressauts. Ce clocher porche était entièrement ouvert en véritable porche sans huisserie au XIII° siècle
Une seule travée verticale en gothique flamboyant signe un chantier d'agrandissement de l'église qui a beaucaup de chances d'être contemporain de la construction du logis du château.
Pour établir un contraste saisissant de ces architectures autour de 1500 et au-delà, entre évolutions résidentielles de luxes et forteresses nouvellement bâties avec nouveaux dispositifs défensifs sans raison "guerrière" évidente puisque le pays est largement intégrée en ces régions du centre de la France, je veux vous présenter maintenant, plus que succinctement, mais de façon significative
Saint-Vidal
construit au pied d'un très fort mouvement de terrain, en vallon articulant d'autres reliefs plus bas en pseudo pénéplaine, serti entre une pièce d'eau en fossé et le tissu villageois
Du château fort construit au XVI° siècle au plus curieux des bâtiments du XIV° siècle (?)
Challanges
Je vous fait découvrir maintenant ce bâtiment qu'il est extrêmement rare de rencontrer dans l'état.
Un petit donjon-tour carré (en vérité rectangulaire : dimensions extérieures 10 m x 7,80 m pour des épaisseurs de murs de 1 mètre) à une seule pièce de logis à l'étage sur rez-de-chaussée voûté et comble en galetas entre XIV° et XV° siècle, et apport de four et cheminées au XIX° siècle, vraisemblablement.
Cela fait plus de vingt-cinq ans que je cherche ce type de bâtiment pressenti à chacune de mes recherches mais que je n'avais encore jamais rencontré, surtout dans un tel état de conservation : le donjon de Challanges en bordure d'un périmètre bâti, sinon fortifiée de fossés secs.
BEAUNE
hameau de Challanges
(Province de la Bourgogne - Département de la Côte d'Or - 21)
Je remercie vivement les propriétaires pour leur extrême amabilité et pour la visite qu'ils m'ont autorisée, ainsi que la production de mes clichés pour un compte-rendu de visite sur ce blog. Je remercie également leur voisine qui a su si aimablement favoriser ma rencontre avec les propriétaires de ce bâtiment si rare, aussi rare que nombre de bâtiments produits sur ces pages consacrées à l'archéologie médiévale antre XIV° et XVI°, voire XVII° siècles, dont le donjon de Polignac et d'un même intérêt pour cette recherche.
En fait de logis serions-nous plus exactement en face d'une loge seigneuriale, d'un bâtiment d'apparat dont le système défensif serait uniquement destiné à protéger l'apparition des seigneurs (ecclésiastiques ou civils) par une baie géminée sculptée et peinte, particulièrement luxueuse, défendue par un grand nombre d'archères périphériques ?
Si nous prenons le soin de pousser plus l'analyse archéologique de cette baie géminée il semblerait que nous ayons le choix entre deux types de baies : soit une fenêtre à allège à l'étage soit une grande baie ouverte sur balcon ou à grade corps.
Il faut alors analyser les vestiges archéologiques en place.
Les pierres utilisées pour les encadrements de baies semblent voisines d'une époque à l'autre. Pour la grande baie géminée le fronton en deux arcs en tiers points sculptés la pierre employée semble plus d'une autre nature, mais toutes les autres sont semblable, au moins en couleur. Le linteau de la baie est un en arc plein cintre surmonté d'un larmier qui fait retour sur les pierres en site d'imposte des ébrasements sans moulures apparentes, sauf un début de chanfrein qu'on devine ça et là (usure ou sculpture ?). La limite inférieure de la baie est marquée par deux rangs de pierres plates non sculptées et ne traversant pas toute la largeur de la baie. Les pierres d'ébrasement s'arrêtent grosso-modo deux rangs au-dessus de ces pierres à la base de l'ébrasement de la baie. Pas tout à fait cependant car la pierre à gauche sur la photo en fin d'ébrasement appareillé, semble avoir été cassée et l'autre en vis-à-vis descend plus bas. Les deux pierres qui semblent former un appui de fenêtre discontinu et non sculpté peuvent être des réemplois des longues pierres d'ébrasement comme on le voit sur l'ébrasement à droite sur la photo. La remarque pourrait valoir pour les pierres à la base de l'ébrasement mais elles sont trop nombreuses et toutes trop longues pour s'intercaler en jeux harpés entre l'arrêt des ébrasements et les pierres dites de seuil. Une allège de cette hauteur paraît en plus tout à fait anormale, en plus avec des pierres de seuil apparentes, au regard de la grande baie à meneau et allège à gauche de la baie géminée.
En fait nous serions là face à une ouverture à l'étage que les scientifiques universitaires prendront l'habitude d'appeler "loggia" alors que ces baies qui sont des ouvertures sans allège, donc des sortes de portes-fenêtres sur balcons en bois ou à gardes-corps, sont beaucoup plus répandues dans l'architecture médiévale française qu'on a coutume de le penser. Rien que dans mon repérage et étude sur les châteaux gothiques de la Creuse j'ai mis à jour deux fois ces types d'aménagements en pièces ouvertes à l'étage, ce qui est la stricte définition de la Loggia. Une fois en haut de la maison tour de Saint-Sulpice-le-Dunois et l'autre au premier étage du petit château du Chiroux. Nous sommes donc là sur l'exploration tout à fait nouvelle d'une veine architecturale totalement ignorée des publications scientifiques et universitaires. Les balcons d'Ainey-le-Viel (plus haut sur cette page) n'ont donc pas de quoi surprendre et par extension les loges de Blois ou de Monaco
(voir sur ce blog :
Palais Princier de Monaco:
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/palais-princier-de-monaco-palace-of.html,
septembre 2012)
Si nous en revenons à Challanges, ce serait là un possible héritage de l'art carolingien. Mais en fait ceci pourrait remonter aux traditions romaines tardives (ou mérovingiennes ?) comme on le voit à Cividale en Italie par la présentation divinisée par la structure de la serlienne.
Puis la loge aurait été transformée en pièce d'habitation, en logis, au XV° mais sans aménagement de chauffage, simplement par le percement de nouvelles baies à coussièges, autant sur le périmètre extérieur que sur le périmètres intérieur de la cour aux proportions tout à fait comparables à celles des cours d'autres châteaux : entre 40 et 50 mètres de côté d'après le propriétaire.
La splendide baie géminée depuis le sol de la pièce, a été murée mais les limites de l'ébrasement intérieur sont toujours là et la reconstitution des niveaux depuis l'extérieur sont parfaitement en accord avec une ouverture depuis le plancher intérieur. Plancher dont le niveau n'a apparemment jamais bougé depuis la construction du bâtiment puisque la pièce en rez-de-chaussée est voûtée en berceau. La voûte est en pierre et donc pourrait interdire une reprise sous oeuvre, surtout dans un aussi petit bâtiment. Toutefois, une installation postérieure de cette voûte pourrait être envisagée si l'analyse de sa construction était un jour possible en la débarrassant de l'enduit de plâtre qui interdit une analyse plus fine de sa construction.
Ce serait effectivement de première importance de connaître le chantier de construction de cette voûte puisqu'à l'étage les niveaux au sol de la baie géminée et du poste de tire sont sensiblement les mêmes et semblent indiquer que le niveau du sol primitif a été abaissé, de peu mais abaissé tout de même, lors du percement des fenêtres à coussièges. C'est une question qu'il faut poser mais ce n'est pas forcément juste d'envisager que ces niveaux de la baie et du poste de tir répondent nécessairement à un niveau primitif du sol de cette pièce. Je suis là, faute d'éléments de comparaisons, d'autres modèles connus, sur de modes spéculatifs de lecture archéologique.
En revanche, les emmarchements présents dans l'accès à la pièce (photo ci dessous), formant un petit vestibule pour le service de la pièce et celui de l'échelle de meunier qui monte au comble en galetas, ne nous renseigne que sur le niveaux actuel du sol de la pièce, couvert en tomettes (carreaux de céramique rouge), et le niveau du seuil d'origine de cette porte d'entrée à l'étage, beaucoup plus bas que les niveau des sols repérés, ou supposés tels, de la baie géminée et du poste de tir.
Si nous avions des précisions archéologiques sur la construction de cette voûte, nous aurions aussi le mode d'édification du bâtiment : soit entièrement planchéié, soit voûté puis planchéié. Une technique d'édification sur voûte en berceau du socle du bâtiment au XV° siècle serait conforme à certains usages du siècle. Une voûte sur nervures, conforme aux voûtements entre 13° et 15° siècles, rehausserait considérablement le niveau du premier étage ou réduirait le volume de cet espace puisque compte tenu des niveaux des baies, une voûte sur nervure - il n'y en n'a de toute façon aucune trace - devrait démarrer très bas dans l'élévation de la pièce en socle ouvert par une porte et éclairé par une fenêtre dès son origine par une petite fenêtre à la base du démarrage du berceau alors que l'autres qui perce le berceau semble très postérieure (semble t-il ?).
Pour la fenêtre en bout de voûte elle a été percée bien après l'élévation et vraisemblablement au XIX° siècle lorsqu'on aménagé cette pièce vouée d'une cheminée et d'un four à pein.
Cette porte d'accès au rez-de-chaussée est d'origine puisque le coussinet du linteau de porte est armorié tout les comme ceux de la porte d'accès à l'étage. Ce fut pendant longtemps la seule ouverture de cette pièce voûtée. Donc une pièce obscure. On ne décèle aucune fenêtre murée ancienne, contrairement à l'étage où la construction du conduit de cheminée en brique de la cheminée de cette pièce voûté a obturé une fenêtre ancienne de l'étage.
Ce petit bâtiment pose véritablement des questions importantes quand aux techniques de construction de ces petits volumes "carrés" ou rectangulaires à une seule pièce à l'étage en loges ou logis et comble en galetas, sur une période que j'avancerais prudemment au XIV°siècle et non pas au XIII° siècle comme l"idée en est localement retenue vis-à-vis d'un bâtiment aussi précieux et qui semble retenir bien peu l'attention des scientifiques et des conservations.
Compte tenu du style de la baie géminée une datation au XIII° siècle serait-elle envisageable ?
Si nous revenons à des baies aux compléments ornementaux peints nous tombons sur des sites tout à fait récepteurs d'ornements que gothique rayonnant au gothique flamboyant, même discret. En plus le type de bâtiment, bien que sans base talutée, a des chaînes d'angles en grand appareil sans pénétration dans le plein du mur qui est immédiatement traité en petits appareil plat. Si on suit le schéma de dissolution des appareillages de murs des demeures nobles depuis la période dite romane jusqu'au XV° siècle, nous sommes plus proches du XV° que du XIII° siècle. Je serais donc enclin à donner une date de construction de ce petit bâtiment assez tard dans le XIV° siècle avec des remaniements en fenêtre à coussièges, meneaux sans traverse au XV° siècle.
Les cheminées en place de la pièce voûtée et du premier étage sont vraisemblablement du XIX° siècle, avec leur conduits en brique qui s'installent en saillie sur le mur de pierre épais d'un mètre. En revanche le foyer à l'étage est maçonné dans le mur épais et la présence de niche aménagée dans le mur de pierre à côté du foyer semble orienter vers un premier système de cheminée à l'étage mais que serait devenu le conduit primitifs ? Le linteau armorié serait-il un réemploi pour un manteau hors oeuvre à corniche en doucine, soutenu par de grosses consoles profilées en talon et des piédroits traités en pilastres ?
La pièce aurait été chauffée par une cheminée en oeuvre, dès sa construction. Il s'agirait alors à la fois d'une loge et d'un logis seigneurial dont les armoiries sont taillés sur les pierres d'impostes des linteaux des deux portes extérieures, celle du rez-de-chaussée et celle de l'étage
Le comble était à deux niveaux.
De plus, les souches de cheminées montrent des entourages de cheminées haut perchés au-dessus du toit. Ces solins sont ceux d'un couvrement en chaume. Le type de couverture a peut-être changé au cours des siècles mais assurément il fut en chaume à l'époque où on installas ces souches de cheminées qui sont le prolongement des conduits intérieurs en briques et ce n'est en rien le toit qui a changé de niveau malgré un remaniement évident de la charpente (pour ce type de couvrement sur les donjons ou demeures seigneuriales, voir le Château de Villemonteix sur la page de ce blog sur
les châteaux de la Creuse :
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html
septembre 2011)
Pour ce qui du couronnement de ce bâtiment par des fenêtres percées sans linteau ni plate bande de couvrement, en manière d'ouvertures entre des merlons pourvus de postes de tir, je n'ai aucune orientation pour un couvrement par dessus ce dispositif. Je dois imaginer une toiture puisqu'il n'y a avait pas de terrasse sommital mais un plancher. J'ai retrouvé cette même façon de couronner une tour carrée dans la petite ville de Lorgues dans le département du Var (Provence). Sauf que les postes de tir (un seule est visible) sont plus bas dans l'élévation.
Voir sur ce blog :
3° partie - suite des parties 2 et 3 d' Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html
Le parti-pris de rédactions de ces pages n'est pas d'offrir des monographies complètes des bâtiments présentés mais de les montrer, de les sortir de leurs isolement géographiques, pour les questionner en approches de cette période très complexe et pratiquement pas encore abordée de nos jours, de l'histoire architecturale française de la fin de la Guerre de Cent-Ans au XVI° siècle, en ne s'interdisant aucun débordement ni en aval ni en amont tant la question du passage du donjon de guerre au petit château résidentiel est riche, complexe et cependant ancrée dans une évolution pyramidale qui aboutit au moins à une synthèse - et ce n'est probablement pas la seule compte tenu des éléments découverts - dont une première approche par l'étude archéologique et historique de ce groupe des petits châteaux de la Creuse que j'ai mis à jour et étudiés en 1988/89 d'un point de vue universitaire (province seigneuriale du comté de la Marche et plus précisément sur sa partie territoriale la plus importante dans les territoires administrés par le diocèse de Limoges, soit la Haute-Marche, aujourd'hui intégrée au Limousin) demeure un point de repère essentiel, sinon indispensable.
Regrouper un inventaire qui n'a jamais existé est indispensable. Mettre à jour les difficultés qui vont s'opposer à tous les travaux antérieurs, y compris les miens, l'est tout autant.
Ceci eut mérité l'ouverture d'un section spéciale que j'aurai pu diriger vu que j'étais le seul français autant avancé sur cet inventaire en approche méthodique, historique et scientifique.
Evidemment, seul, sans aucun appui ni lien d'aucune sorte dans le monde archéologique ou universitaire et encore moins politique, je ne peux compter que sur moi. Et comme je ne peux compter que sur moi je vous propose de me rejoindre sur mes amours et sur mes découvertes en avançant avec audace parfois et souvent mais toujours avec la raison des matériaux scientifiques mis à jour et essentiellement par mes propres recherches.
Pourquoi ce nouveau préambule ?
Parce que je vais franchir un nouveau pas en m'aventurant un peu plus que je ne l'ai fait jusqu'à présent sur le monde méditerranéen et principalement à partir de cette grande Provence dont l'Occitanie en dépasse largement les frontières politiques à l'est (vallée de la Roya au-dessus de Vintimille) pour aller jusqu'aux confins des cultures italiotes à partir de Gènes et de Turin.
CHÂTEAU-ARNOUX-SAINT-AUBAN
(Un des châteaux de fief de la famille de Glandèves - Provence - Département des Alpes-de-Haute-Provence (04) - sur la rive droite de la Durance)
Les très rares insertions historiques sur ce château donnent une construction dans l'état entre 1510 et 1530 avec une représentation des seigneurs de Glandèves bâtisseurs de ce château, sculptée à l'intérieur du château.
Une brêve notice historique est publiée dans : Annales de Haute-Provence - Bulletin de la Société Scientifique et Littéraire des Alpes-de-Haute-Provence (reconnue d'utilité publique par décet du 6 juillet 1981)- Château Armoux". N° 303, 1° trimestre 1987. Voir également le livret édité par l'Office du Tourisme du Val de Durance : Le parc du château - Sentier découverte
Tous les éléments archéologiques repérés sont cohérents avec ce créneau historique de construction.
Toutefois une analyse serrée fait apparaître une premier donjon résidentiel probable, postérieurement remanié en plusieurs étapes et périodes enveloppant ce créneau historique 1510/1530.
Le bâtiment, même en première approche extérieure, est riche et pose de très nombreuses questions sur l'évolution architecturale en Provence au moment où cette grande région bascule dans le domaine de la couronne de France après le décès sans héritier du Roi René en 1480.
La question du plan
J'utilise ici le plan d'évacuation au premier étage - étage de la belle porte sculptée - de la mairie car ce bâtiment est maintenant celui de la mairie de Château-Arnoux.
Que voit-on ?
Un plan massé sans vide intérieur, flanqué de deux tours rondes d'inégales proportions en façade arrière et de deux tours carrées équivalentes en façade avant. Sur une proportion d'un tiers/deux tiers la tour d'escalier en vis est construite en façade conformément aux dispositions de cette tour dans les donjons résidentiels du XV° siècle. La filiation par la position du service du bâtiment de fond en comble nous rattache encore à l'évolution du donjon de guerre du petit château de la Guerre de Cent Ans vers le donjon résidentiel puis la maison de notable du XVI° siècle de tradition gothique.
La filiation avec les autres éléments de ma recherche est donc établie.
Au sujet des tours, Jean-Jacques Gloton nous dit : "...les tours rondes sont toujours d'usage courant, bien que le pavillon carré soit apparu précocement dès le début du XVI° (pavillons d'angle de Château Arnoux)" [J.J.Gloton, 1979, op.cit. p.47] . Voici isolé un caractère particulier de ce château, isolé par le maître du XV° siècle à l'âge baroque dans le sud-est de la France.
Le plan massé du logis n'est plus tout à fait dan la droite ligne de l'évolution du donjon résidentiel. Où plus exactement il pourrait s'inscrire dans ces filiations de recherches de plans compacts des grosses tours rondes qui offrent par étage des appartements complets comme voit en apparaître la veine à partir de la grosse tour de Bourganeuf construite en 1481 pour la captivité du prince Zizim, frère du sultan de Constantinople Bajazet, par les chevaliers de Rhodes dont Pierre d'Aubusson était à cette époque le Grand Maître et responsable de la captivité de ce prince qu'il avait fait prisonnier par stratagème (Voir sur ce blog la page consacrée aux châteaux de la Creuse) jusqu'à Chambord. Ici c'est le plan rectangulaire qui est traité dans de plus amples proportions qui donne naissance à la maison forte flanquée de tours. Ce plan, comme nous allons pouvoir le questionner, pourrait toutefois être le résultat d'un récupération d'un bâtiment plus ancien sur un projet de construction d'un donjon résidentiel plus conventionnel et du fait plus moderne. Toutefois ce résultat de ce type de d'édification aura des conséquences sur la construction des châteaux provençaux aux services des escaliers qui réintégreront le plan intérieur. Ici, le service de l'escalier, contrairement aux tours rondes - mais ce n'est pas une règle absolue en soi comme le montre le donjon rond de Langeron sur la 1° partie de cette étude sur l'archéologie médiévale sur ce blog, et aussi Bois-Lamy, première tour construite en Creuse pour la captivité du prince Zizim - n'est pas en oeuvre mais hors oeuvre conformément à l'évolution du service des bâtiments rectangulaires lorsque l'escalier en vis passe du "en oeuvre" (Chamborand) au "hors oeuvre" (Montaigut-le-Blanc) par deux exemples des châteaux de la Creuse.
Avec cette remarque que l'escalier en vis en oeuvre des massifs rectangulaires de la fin de la Guerre de Cent-Ans sert généralement le bâtiment de fond en comble alors que lorsque l'escalier passe en hors oeuvre il ne sert plus les caves, nous abordons la difficile intégration de cet organe à la façade pour le service de tous les étages. Il faut aller plus loin dans le XV° siècle et surtout au XVI° siècle pour que le déroulement de la vis hors oeuvre se fasse de nouveau de fond en comble, comme à Château-Arnoux, avec en transition des volées droites qui établissent la liaison directe entre la grande vis et la ou les caves (Tour Zizim à Bourganeuf ou La Chezotte, deux exemples des châteaux de la Creuse).
La façade arrière est une élévation en trois travées quasi régulières de trois fenêtres par étage depuis le rez-de-chaussée. Chaque travée est amortie par une fenêtre surmontée d'un gâble (tradition gothique) qui entre en fusion avec l'idée du fronton de la Renaissance Italienne.
Je reviendrai en fin de présentation sur l'originalité des façade latérales ou murs de croupes puisque le bâtiment est couvert en croupe de tuiles vernissées à motifs géométriques ornementaux de tradition à la fois française (hautes toitures à charpentes en arbalétrier faisant chevrons pour des toitures en croupes des donjons résidentiels du XV° siècle) et tuiles vernissées ou plychromes ornementales de la Bourgogne à la Provence.
La question de la tour d'escalier en vis hors oeuvre
Il faut être attentif à chaque élément pour comprendre ce qui s'est passé.
D'abord examinons le plan d'évacuation, qui n''est certes pas un relevé archéologique mais qui me semble très parlant
Nous avons un plan polygonal parfaitement plaqué contre la façade et l'entrée dans la grande salle s'effectue par un passage de toute l'épaisseur de la muraille de la façade et la partie plaquée contre la façade est moins large que celle en vis-à-vis sur l'extérieur du bâtiment.
Bien sûr cette construction non intégrée au plan de masse annonce déjà une tour construite après coup.
Peut-on en avoir confirmation ? Oui. A travers de multiples éléments.
D'abord un volume polygonal qui prend sur la fenêtre de la grandes salle (pas représentée sur le plan) mais très visible en élévation sur la photo ci-dessous.
Ce simple détail montre encore clairement que le projet initial de la façade a été bousculé une fois la façade construite.
Ensuite nous avons l'indication d'une entrée en façade par la base de tour d'escalier, et non pas sur une face latérale de la tour. Ici la tour étant polygonale nous pourrions avoir une adaptation en fonction du choix du plan de la tour. En fait le choix du plan de la tour permet une agrandissement intérieur de la tour sans boucher les ouvertures de façade.
Nous voici donc confrontés à la recherche structurale qui a engendré cette tour polygonal pouvant accueillir un vaste escalier en vis avec entrée solennelle en façade.
L'entrée par la tour de l'escalier en façade de la tour annonce déjà une tour conçue dans un second temps ou second chantier. En effet les tours d'escaliers en vis hors oeuvre conçues dans le plein du chantier global ont leur entrée par une face latérale de la tour, contre la façade.
Cette première piste, ajoutée à celles déjà énumérées, est d'importance et nous entraîne dans les caves du bâtiment pour voir comment la grande vis s'articule avec la cave, car il y a une cave voûtée sous ce bâtiment.
Voici l'arrivée de la grande vis en cave. La porte à gauche sur la photo ferme seulement l'espace sous les premiers degrés de l'escalier. La porte à droite est plus intéressante car c'est elle qui donne accès à la cave voûtée, mais de façon bien particulière que je vous expose avec les montages ci-dessous
Donc voici les degrés d'articulation du bas de l'escalier en vis avec la volée droite qui conduit à la cave bien au-dessous du niveau du départ de la grande vis. Mais ce n'est pas tout, comme je vous l'expose avec ce second montage et croquis
Il est donc tout à fait évident de comprendre qu'un second projet ou état s'est substitué à un premier projet ou état.
Qu'elle en est la raison et comment avancer sur ces voies ?
De toute évidence, compte tenu de la place de la grande fenêtre à traverse et meneau en façade, coincée derrière le volume polygonal de la tour d'escalier, le plan de la première tour d'escalier devait être avec des murs perpendiculaires à la façade, soit une tour carrée qui devait mal se distinguer des autres tours carrées de la façade ou qui posait un problème d'intégration de volumes préexistants ? Ce manque probable de solennité d'entrée dans la demeure à motivé une transformation de l'ampleur de la tour d'escalier en vis sans toutefois nécessiter la démolition de la façade déjà construite avec sa grand et belle fenêtre dont on a voulu garder le bénéfice ou récupérer le site d'une ouverture antérieure. La seule solution pour concilier ces nécessités a bien sûr été de plaquer en façade une grande tour, plus grande que les tours latérales, avec obligation d'un plan polygonal pour ne pas obstruer la fenêtre. Bien sûr avec l'arrivée d'Italie des escaliers rampe sur rampe ce problème des entrées solennelles sera traité autrement et avec plus de souplesse. Pour l'instant nous en sommes à la tradition française des grandes tours d'escalier en vis, orgueil des façades nobles.
Nous avons un autre repère de cette difficulté d'associer cette seconde tour avec le projet initial, dès le rez-de-chaussée, déjà plus haut que le seuil de l'entrée par la belle porte sculptée en façade de la tour.
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L'entrée dans le bâtiment se fait de façon frontale au déroulement de la grande vis
En entrant dans la cage d'escalier la question de la largeur de la marche se pose car elle ne prend pas en compte toute la largeur de la porte d'entrée. Donc on agrandit partiellement le degré en évasant la marche à sa rencontre avec le seuil de la porte. Cet absence de palier dans le déroulement de la vis, dans le premier quart du XVI° siècle est un archaïsme ou une contrainte technique.
La vis règle le niveau intérieur des pièces qu'elle doit servir et on le voit avec les deux premières entrées des pièces au rez-de-chaussée qui sont en tout point conformes aux distributions des pièces des donjons résidentiels issus du donjon de guerre dans son évolution tout au long du XV° siècle en France vers le "château résidentiel",et ici ce qui peut être presque appelé "maison forte" mais qui est bel et bien un des aspects de l'évolution du donjon résidentiel gothique qui va s'enrichir des ornements de la renaissance. Mais seulement de ses ornements.
Le montage ci dessus est éloquent quand à l'incohérence des distributions des entrées par la grande vis et les niveaux intérieurs des pièces. A ceci il faut ajouter qu'on a essayé, dès ce premier service des pièces, de corriger l'entrée par une seule grande marche mais pour une seule des deux entrées. La seconde entrée plus petite ne bénéficie pas d'une tel traitement, sauf un élargissement de la marche, comme en entrée principale à la vis, par un apport évasé de cette marche à la rencontre du seuil. Qui plus est, il semblerait que cette seconde porte ait été réduite de hauteur par sa base primitive, soit par l'ajustement de l'escalier en vis au seuil de cette porte.
Ces difficultés de cohérences des niveaux intérieurs des pièces au regard des possibilités de services par la grande vis est encore tout à fait évidente avec le montage ci-dessous.
En progressant vers le premier étage
on rencontre les deux fenêtres d'éclairage au-dessus de la porte
On remarque alors que si les coussièges ont disparu des ébrasements de fenêtres, que l'habitude de "monter sur la fenêtre" persiste puisque des marches compensent les différences de niveaux avec ceux du déroulement de la vis. De part et d'autre à des niveaux également différents on voit les percements des bouches à feu dont les emplacements sont eux aussi plus ou moins dépendants des niveaux des marches de la vis. Cette tour, organe de prestige de la façade du château, est également porteuse des valeurs défensives symboliques modernes du château en trait de conservatisme des valeurs guerrières apportées aux châteaux et aux tours. Nous verrons plus bas quelles jeux ornementaux on avait pu retirer de ces percements de défenses avec les petites archères canonnières percées dans l'alignement des fenêtres des autre tours et façades.
En montant, on accède à la première pièce de l'étage, et là c'est une entrée unique que nous rencontrons. On a déjà abandonné la traditionnelle distribution par la vis de deux pièces par étage, de l'évolution ordinaire du donjon gothique. Nous franchissons un pas sur la distribution intérieure. Toutefois l'accès à la latrine conserve l'idée d'une double communication en cet endroit.
Arrivé à ce niveau là on pourrait croire que tous les problèmes de distribution du bâtiment sont désormais résolus et il le sont certainement par le choix d'une entrée unique dans une grande salle. Mais la hauteur de ce niveau d'accès à cette grande salle ne dépend pas d'un projet neuf global. Non, il dépend des niveaux intérieurs des pièces récupérées aux rez-de-chaussée. Ce qui veut dire que toute les incohérences de niveaux réglés à partir du déroulement de la vis ont leur explication dans les niveaux imposés au service de la vis dont le déroulement est plus difficilement modulable que la récupération des niveaux intérieurs des pièces par des volées supplémentaires de lien entre les les pièces et la vis.
Il faut donc maintenant faire une incursion dans les pièces au rez-de-chaussée pour bien comprendre à quel problème les bâtisseurs de la vis - du premier au second projet - ont été confrontés (malheureusement je n'ai pas pu entrer que dans la pièces à droite de la vis, mais c'est suffisant pour avoir un aperçu du problème).
Nous voici dans la cuisine aménagée dans l'ancienne partie gauche en socle aveugle du bâtiment (qui a ici également une fonction de compensation des niveaux des terrains entre l'avant et l'arrière du bâtiment, comme une crypte en quelque sorte, tel que nous le découvrons maintenant, mais en fut-il ainsi au moment de la construction des ces projets ?); ces socles aveugles, même sans fonction de compensation des niveaux des sols, sont traditionnels dans les donjons résidentiels jusque vers 1480 mais exceptionnels dans une génération de bâtiment du premier quart du XVI° siècle. En plus une élévation sur trois étages au-dessus d'un rez-de-chaussée socle oriente plus, avec toutefois une rigueur un peu aléatoire, un bâtiment du troisième quart du XV° siècle (je reviendrai sur ce détail. Au XVII° siècle, aux Vieux Melays - ci dessus sur cette page - il ne subsiste plus qu'un seul niveau sur une cave voûtée où sont logées les cuisines à la rencontre des plans de Robert de Cotte au début du XVIII° siècle) . On voit apparaître des aménagements de ces pièces en socle de l'élévation du château par des cheminées de pignons, ou de croupe, dans les années 1480 (Le Théret - Le Chiroux - châteaux de la Creuse). La cuisine dans les parties basses du château, deviendra canonique dans le château français au XVII° siècle comme à Chavagnac (Château du Marquis de La Fayette) où on retrouve, au fond d'une pièce voûtée d'arêtes, la porte liée à la cheminée vers les aménagements entre le mur pignon et l'arrière de la cheminée (ici un couloir de liaison entre la tour d'angle et un escalier vers les étages).
De retour à Château-Arnoux-Saint-Auban, ci-dessous :
une vaste cheminée appareillée en longue plate-bande s'articule directement avec le linteau en segment de la porte qui donne accès à la pièce en arrière, également voûtée d'arêtes. Ce dispositif d'une porte liée à l'appareillage d'une cheminée apparaît dans mon inventaire dès la première moitié du XV° siècle (Chamborand - Château de la Creuse). Mais ici cette longue plate-bande sans piédroit avec son oblique de manteau s'enfonçant dans la voûte d'arête appelle plus un aménagement du XVII°s qu'une manière issue des façons gothiques de construite la cheminée, et en plus sur ce site.
Le voûtement en arêtes de la pièce appelle le XVII° siècle, ou un voûtement postérieur à l'édification du château car les rez-de-chaussées socles des donjons résidentiels rectangulaires n'étaient jamais voûtés mais planchéiés. Le motif de l'imposte ainsi que le motif ornemental de la fontaine, en avatar pittoresque sur cœur du chapiteau corinthien, du culot de réception des voûtains, sont aussi probablement postérieurs ou en réemplois car l'imposte n'est absolument pas de celles qu'on rencontre au début du XVI° siècle. Il peut y avoir discussion sur cet avatar du chapiteau corinthien où les crosses sont remplacées par des phylactères en "S". Ces phylactères (d'après Marguerite Roques) appartiennent aux répertoires venus du Nord de l'Europe jusque dans le sud-est des Alpes aux XV° et XVI° siècles. Ces motifs sculptés en rubans ondulants était peints et porteurs de devises. En principe ce simple motif ornemental signe le créneau historique d'installation des voûtains puisqu'il les supporte et à mon avis, malgré une fleur d'abaque excessivement développées au-dessus des deux rangs de feuillages de la corbeille sans caulicole, nous ne sommes pas dans les répertoires de la 1° Renaissance Française ni dans les répertoires de la Renaissance Italienne. Donc nous sommes ailleurs...et au moins dans la seconde moitié d XVI° siècle. Comme cet ornement sculpté est à la base du château il semble peu probable qu'il fit réalisé tout près du début (admis) de la construction du château, soit de 1510.
Cette pièce est éclairée par une fenêtre haute qui ne m'a pas semblé appartenir à un chantier postérieur à celui du premier quart du XVI° siècle. Ce pourrait être un percement postérieur pour éclairer cet aménagement probable en cuisine au XVII° siècle ou pour le moins autour de 1600 ?
Si effectivement il y a eu une reprise en voûtements des pièces du rez-de-chaussée-socle, au moins sur cette partie du rez-de-chaussée divisé en deux par un mur de refend, après édification du château avec sa nouvelle tour d'escalier en vis qui a conservé cette ancienne division d'un premier état vraisemblable, nous devons remettre en question l'originalité du plan actuel tant en rez-de-chaussé qu'au premier étage. Avec les éléments repérés voici quel pourrait être l'idée du plan du premier donjon résidentiel de la seconde moitié du XV° siècle, avec toutefois réserve de l'entrée par l'escalier en vis ou par une porte à l'étage plaquée contre la tour d'escalier en lieu de la grande fenêtre actuellement logée derrière la tour de plan hexagonal :
Dès 1510 le château est remanié avec une nouvelle tour d'escalier sur plan hexagonal, plaquée contre la façade, contrairement à l'ancienne qui pénétrait le plan rectangulaire en conséquence du passage du "en oeuvre" au "hors oeuvre" de la cage d'escalier qui devient une tour de façade (toujours ce schéma de Chamborand à Montaigut-le-Blanc dans les châteaux de la Creuse) . Le plan au rez-de-chaussée est conservé. A l'étage on fait le choix d'une entrée unique, très ornée, sur une pièce qui a déjà toutes les chances de coiffer le mur de refend, à moins que cette entrée ne donne accès qu'à une seule des deux pièces par étage ou dans un vestibule proche de celui du château de Val, voire de la distribution de Neuvicq. Les solutions se multiplient pour varier les plans à l'étage de ces donjons résidentiels dont la typologie extérieure est assez bien fixée à partir d'un volume rectangulaire et d'une tour d'escalier en vis hors oeuvre au 1/3-2/3 de la façade jusqu'à gagner progressivement le rapport de 1/2. Après, le nombre des tours d'angles et leurs dispositions, ainsi que leurs plans, peuvent varier et à Château Arnoux nous avons l'apport de deux tours carrées en flanquement de la façade avant entre 1510 et 1530, tout en conservant les deux tours rondes de flanquement de la façade arrière de la construction primitive de la seconde moitié du XV° siècle.
Si nous poursuivons l'analyse des deux pièces de ce seul côté de la vis nous découvrons d'autres éléments en faveur de ce remaniement du rez-de-chaussée. je vous propose ce nouveau montage à partir de la pièce située derrière la cheminée à laquelle on accès par la volée droite bordant le foyer de la cheminée.
Cette pièce est également voûtée d 'arrêtes. Dans l'angle on devrait trouver la liaison avec la base de la tour ronde, mais le remaniement par la voûte d'arête a supprimé ce passage pour en ouvrir un autre par une porte qui donne sur l'escalier qui articule cette pièce et la tour aux nouveaux volumes qui enveloppent la tour ronde en angle du bâtiment. La présence d'un four maçonné dans le plein du mur surprend. Il pourrait s'agir là du vestige de l'ancienne combinaison four/cheminée qui apparaît dans une des pièces du rez-de-chaussée socle de ces donjons autour du milieu de la seconde moitié du XV° siècle. Le réaménagement en deux pièces voûtées, dont une avec vaste cheminée, a donc isolé cet élément qui apparaît très obsolète de nos jours. Le niveau du sol a été tardivement changé lorsqu'on a voulu percer une porte au niveau du sol extérieur en forte pente.
Retournons dans la vis et pénétrons dans la grande pièce au premier étage.
La fenêtre A nous aide à comprendre où nous en sommes de l'extension de la grande pièce au premier étage vers la façade F1. Une petite porte gothique, qui est toute à fait conforme à celles de la génération 1510/1530 nous montre l'accès à la tour carrée. La grande porte fenêtre est celle en retour que nous voyons sur la façade extérieure F1 en rez-de-chaussée du mur de croupe, compte tenu de la pente du terrain qui masque le rez-de-chaussée socle visible de part et d'autre de la grande vis. L'autre fenêtre, dont rien ne peut à priori remettre l'authenticité en question, éclaire la pièce en arrière de la grande salle, par laquelle on accède avec l'autre petite porte gothique. A ce niveau là nous voyons une nouvelle organisation de l'espace en profondeur avec une recherche de logements, voire une première réflexion en terme d'appartement. Le confort est recherché. Toutefois cette pièce subira de nouveaux aménagements, ne serait-ce que par sa cheminée qui appelle plus le XVIII° siècle, voire le XIX siècle mais qui a gardé son emplacement d'origine en revers de la façade F1, aveugle à cet endroit puisque réceptrice de la cheminée.
Le revers de la façade F3 est tout aussi éloquent quand à un réaménagement de l'espace et on comprend pourquoi on a tenu à garder le bénéfice de cette fenêtre bien que "coincée" derrière la tour de la grande vis.
A ce niveau là les étages sont de nouveau uniquement planchéiés.
Mais ce qui marque un tournant important dans l'évolution stricto-sensu du donjon résidentiel de structure française ou gothique, c'est, à château-Arnoux, l'ouverture des fenêtres sur les murs de croupes, engendrés par les conquêtes en profondeur du plan d'habitation des étages, sans pour autant engendrer une multiplication des cheminées dans ces nouveaux espaces, contrairement à ce qui s'était passé dans les aménagements des pièces des tours d'angles des donjons résidentiels dans le dernier quart du XV° siècle, et peut-être un peu avant. Une seule pièce à l'arrière du bâtiment semble avoir été pourvue d'une cheminée... et les coussièges disparaissent des ébrasement des fenêtres qui demeurent très vastes, à traverses et à meneaux et d'importance équivalente à tous les étages:
le château s'ouvre, s'équilibre, s'embellit considérablement mais ne se réchauffe pas beaucoup...
Le château s'ouvre à trois fenêtres par étage en travées verticales quasi régulières, en façade arrière alors que la façade avant garde son aspect un peu guerrier avec tous ses postes de tirs qu'ils soient pour armes à feu ou mixtes, alors que les façades de croupe, enfin, s'ouvrent à leur tour et les tours carrées jouent les médiateurs des nouveaux jeux ornementaux en leurres des héritages défensifs.
En effet
Le parti architectural de ce château est celui commun en Provence Gothique, de diviser chaque étage par un corps de moulures discontinues. Ce corps de moulures, ailleurs, se conjugue avec des réseaux verticaux et créé un système de quadrillage orthogonal de la façade. Ici nous n'avons que le réseau horizontal qui passe par les allèges des fenêtres. Tant et si bien qu'une illusion d'optique résulte de ce dispositif au regard de la place des archères canonnières au-dessus des fenêtres, à la verticale axiale sur les tours carrées et décalées de la verticale des fenêtres sur les tours rondes. En fait ces archères canonnières sont aménagées dans les allèges des fenêtres supérieures, sur les tours carrées et en des sites voisins sur les tours rondes. Comme les tours rondes ne sont pas des mêmes chantiers de constructions que les tours carrées ces différences de sites semblent logiques. Ceci vaut pour les tours qui flanquent la façade F1, alors que le mur de croupe n'a aucun système défensif de type canonnière ou archère canonnière.
Si nous nous déplaçons en façades F3/F4 le dispositif des baies change et devient très compliqué.
Les dispositifs ornementaux sont complètement bousculés mais leurs rapports aux archères canonnières demeurent sur les tours. En revanche nous voyons le corps de moulures jouer en décalés avec les appuis de fenêtres des tours carrées et du mur de croupe , mais par sur la tour ronde, et seulement au premier étage, juste au-dessus des pièces qui furent postérieurement voûtées d'arêtes. Ces baies au premier ne sont donc pas du chantier des années 1510/1530 mais très vraisemblablement du XVII° siècle, tout comme la fenêtre en rez-de-chaussée-socle. La porte fenêtre étant moderne.
Si nous remontons dans les étages nous trouvons seulement au second étage un dispositif de fenêtres cohérent avec celui de l'autre mur de croupe en F1, sauf en façade de la tour carrée par les structures ornementales des baies. Cette façade F4 est la plus complexe mais aussi la plus ornée. Si nous franchissons le troisième étage et si nous en restons au mur de croupe, ajouté de l'élévation de la tour ronde, nous trouvons de nouveaux couvrements de baies en fronton segmentaires et des chambranles en répertoires de la Première Renaissance Française sur des fenêtres gothiques à traverses et meneaux : ces fenêtres que Jean-Jacques Gloton date autour de 1520.
Nous sommes ici dans la datation la plus moderne de la demeure, avant les remaniements du rez-de-chaussée-socle.
Il faut toutefois regarder vers ce pigeonnier, à double piste d'envol, orné de carreaux de céramiques vernissées ou en enduits peints, comme on en rencontre fréquemment en Provence.
L'ornement principal de ce pigeonnier est des plus curieux. Il associe un système ornemental de chambranle en deux pilastres jumelés qui supportent une composition en chapiteau atypique qui pourrait être tout autant rayonnant que flamboyant. Aucun couvrement en architrave ou linteau ne complète la composition. Au-dessus des gargouilles semblent signaler une récupération des eaux de pluie en terrasse ou en gouttière (je vais revenir sur ce détail très important du couvrement du château gothique et caractéristique à Châteaux-Arnoux).
Ce dispositif en pigeonnier n'est pas d'origine pour de multiples raisons et la principale en est le peu de capacité de boulins (nids de pigeons) au regard de l'étendue du domaine dont ce château devait être l'épicentre. Alors pourquoi ce traitement si particulier de cette partie haute ? Agencement néogothique ou fantaisie d'un autre siècle qui ne se reporte pas en façade avant de la tour carrée où apparaît néanmoins un autre encadrement en céramiques colorées ?
Les parties hautes au-dessus des dernières fenêtres à effet passants par les gâbles et frontons - en tournant sur chaque façade autour du château - ne sont certainement pas d'origine et les tours au moins ont perdu leurs encorbellements. Les toits en croupe "aplatissent" ce bâtiment et le prive de son élan gothique original.
Pour avoir une idée d'un premier et d'un second couvrement probable de ce château je vous propose de produire ici des relevés archéologiques effectués sur les châteaux de la Creuse entre le Théret et Villemonteix, mais aussi de vous reporter à la 1° page de cet exposé sur ce blog des singularités et aspects du château en France au Bas-moyen, où je développe plus que sur cette 2° page, cet aspect de l'évolution des parties hautes du passage du donjon de guerre au donjon résidentiel.
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html
ou carrément sur ma page des châteaux de la Creuse
Et pour plus de commodité mais moins d'exposé de regarder ces relevés fait au Théret et à Villemonteix
Coupes, faces et profils : deux systèmes de combles à arbalétriers faisant chevrons.
Ci dessus sur poteaux de bois qui définissent un premier étage derrière un chemin de ronde sur mâchicoulis.
Ci dessous en retrait d'une gouttière en pierre et gargouilles, derrière un parapet sur mâchicoulis.
L'évolution des parties du château pourrait se situer dan une mouvance de ces deux systèmes de couvrement, voir passer de l'un à l'autre depuis le premier état du donjon dans la seconde moitié du XV° siècle, à son second état dans le premier tiers du XVI°siècle, avec des couronnements de tours en encorbellement, sans lien avec le ou les combles du massif rectangulaire du château ou de la grande croupe de couverture.
Ainsi on comprendrait mieux ce château qui serait beaucoup plus élancé et élégant, car la recherche de la beauté, de l'apparence fait partie des choix architecturaux de ces châteaux. L'aspect maison-forte (appellation contemporaine) s'évanouit d'autant.
Qu'il y ait eu des construction en surcroît de l'état actuel, c'est évident. Et je n'en donnerai pour preuve que ce gros culot d'encorbellement sur lequel on a installé un gros conduit de cheminée rond.
Ces gros conduits ronds surprennent. C'est d'ailleurs étonnant qu'une conservation MNH ait accepté cette solution.
Ce culot qui apparaît derrière une tour carrée est bien sûr le vestige du petit escalier en vis qui permettait d'accéder aux combles, tant de la tour que du corps de bâtiment car la tour de l'escalier en vis ne le permettait pas, se terminant en magnifique ombelle très décorative mais qui ferme l'accès à l'accès à la pièce en surcroît et en encorbellement qui achevait quasi obligatoirement ces grandes tours d'escaliers en vis.
La absences ou les difficultés d'accès à ces pièces en surcroîts sur mâchicoulis étant généralement difficiles d'accès, sans utilité particulière et particulièrement exposées aux intempéries, on n'apporta que difficilement l'entretien qui en aurait permis la maintenance. On préféra laisser ces parties très ornementales et hautement symboliques s'écrouler lorsque le symbole perdit de l'intérêt ou créait des frais inutiles lorsque les modes changeaient. La conservation étant une position architecturale contemporaine depuis le XIX° siècle.
La grande vis, et l'accès au château par elle, est aussi le lieu de l'ostentation tant intérieur qu'extérieur,
malgré un accès réduit en proportions à cause du déroulement de la vis. C'est le morceau d'architecture le plus soigné, le plus décoré, le plus porteur des valeurs symboliques nobiliaires et allégoriques où les répertoires de la renaissance vont commencer à modifier l'esprit ornemental sans en changer la structure puisque la grande porte d'accès aura des répertoires antiques de feuilles d'acanthes sculptées en ébrasement (qui sont d'un esprit tout à fait différent du culot sculpté vus dans la cuisine) pour des apports progressifs en ébrasement et chambranle à l'étage, et un retour plus sage aux anciennes conceptions pus proches du gothique dans les étages supérieurs. La grande vis de Château-Arnoux - très ornée dès l'extérieur - contraste violemment avec l'esprit militaire des postes de tirs. Il y a là une sorte de création de façade avec un rythme de fenêtres qui étire la composition dans les étages à partir du portail surmonté d'une table sculptée de rinceaux (bûchés) où les armoiries et répertoires flamboyants en pinacles et mouchettes pouvaient naguère trouver une place de choix.
La finesse et la qualité de la sculpture, en sorte de dentelles de frises feuillagées et effet de ruban enroulé ou tore à perles, est beaucoup plus près de l'esprit gothique que de la renaissance italienne voire même française. Dans toute ces régions du sud-ouest des Alpes, et principalement sur l'actuel territoire des Alpes-de-Haute-Provence, les châteaux du XVI° au XVII° siècles vont s'enrichir de programmes sculptés, depuis l'extérieur du portail à l'intérieur de la vis et des pièces en entourage des cheminées et murs porteurs, d'une qualité et d'une profusion tout à fait remarquables
[voire à ce sujet : comtesse de Chaffaut , " gypseries en Haute-Provence - Cheminées et escaliers . Dans, Vieilles Maisons Françaises . 1995 - Se reporter sur ce blog à l'exemple du château du Castellet-Saint-Cassien sur la page La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte (1° partie) - des édifices civils dans les Alpes-Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html]
Passons à l'intérieur pour suivre le déroulement de la vis au noyau sculpté d'un tore feuillagé dès l'entrée mais pas vers les caves
Puis, dans le déroulement des étages des figures avec des cartouches suspendu sur des clous, en leurres sculptés dans la pierre, ornent le périmètre extérieur de la vis sous les marches délardées.
Si ces figures font référence à la culture humaniste ou antique, voire italienne, et sont d'une facture bien peu en accord avec la finesse de l'art gothique, le principe de ces sculptures en est purement gothique comme on en voit fréquemment en fausses fenêtres extérieures des immeubles ou dans les églises et cathédrales gothiques. Je n'ai repéré aucun rehaut peint à moins que certaines altérations de la pierre, rendant la lecture difficile voire aventureuse des inscriptions, soit due à des pigments ou autres facteurs d'altération. .
du bas en haut de la vis voici à peu près l'ordre d'apparition de ces sculptures.
Un ruban peut venir enrichir l'attache du cartouche au clou.
Le cartouche peut brusquement prendre des découpes des cuirs à l'antique que les artistes italiens (Rosso puis Primatice) apporteront à Fontainebleau à partir de 1530. Si le vecteur des répertoires de la Renaissance est celui de la sphère royale, ce simple détail pourrait faire remonter dans le XVI° siècle la réalisation de la grande vis de Château-Arnoux, bien que le cuir reste plat et non enroulé. Les datations des chantiers pourraient donc être à revoir et la grande vis aurait pu effectivement être construite dans une chantier de reprise du château assez loin de la date avancée de 1510 en début de reprise du bâtiment du XV° siècle, tel que l'analyse des liens de la vis avec les caves et avec les pièces du rez-de-chaussée a commencé à le mettre en évidence.
d'écoinçon en écoinçons les sculptures semblent être des portraits véritables avec des traduction réalistes comme ci-dessous des rides pour le front d'Achille au front puissant et au cou puissant et creusé ou musclé. Les coiffures et les habits sont également personnalisés du vêtement commun du XVI° siècle à la toge antique à la cotte de maille du guerrier, ornée d'une fleur en six pétales et un pistil.
On a déjà passé le rez-de-chaussée et ses deux portes décalées par le déroulement de la vis, i,e tête bûché et une autre intacte
Les figures de la mythologie antique, des héros d'Homère se mélangent aux personnages célèbres romain, aux héros militaires de l'histoire des guerres punique avec Hannibal le célèbre général carthaginois qui marcha sans succès sur Rome, partant de l'Espagne, traversant les Pyrennées et les Alpes.
On monte vers le premier étage
et on trouve deux figures de part et d'autre la grande fenêtre à baies jumelées un cartouche encore en avatar de cuir. A chaque fois un effort est fait pour trouver de nouveaux mouvements aux attaches des cartouches au clou factice.
Iic c'est la belle Cassandre fille de Priam roi de Troie.
Et c'est Hercule qui fait pendant à Cassandre, alors qu'Achille est en un autre site.
Puis on arrive à la belle porte sculptée en unique entrée au premier étage
Les ordres d'architecture entrent dans la demeure. La Renaissance fait un entrée triomphale par un portail qui, s'il est structuré par des pilastres sous entablement et fronton, demeure toutefois très lie aux répertoires gothiques. Le conflit des répertoires et des manières est réel.
Les pilastres en chambranles sont traités par des faisceaux de trois colonnettes sur hauts piedestaux à base pas encore à ordre mais plus du tout en masselottes. Le chapiteau lui même n'est qu'un bourgeonnement en protubérances de deux bourgeonnements sous tailloir et abaque. On peut effectivement ici faire comme les médiévistes qui utilisent ces deux mots quasi synonymes pour désigner un abaque double ou un tailloir double, toutefois traités différemment puisqu'un abaque ou tailloir fait transition par sa sculpture entre les bourgeonnements des chapiteaux des colonnettes et l'abaque sous architrave ornées de trois moulures sculptées de répertoires antiques. Cet architrave fait encore ressaut au droit des tailloirs, supportant une frise sculptée de deux profils affrontés liés par des rinceaux qui forment une sorte de monogramme où j'ai toutefois du mal à retrouver le "G" des Glandèves . Ces deux profils sont-ils des portraits ou des images plus conventionnelles issues des répertoires diffusés notamment par les gravures ou les majoliques de Faenza dont les modèles se répercuteront jusqu'en pays albigeois [fresque Fabre dans le vieil Albi que j'ai identifiée en 1979 comme la grisaille d'une fresque sur jardin sur le thème de la bataille d'Amalec et des Amalécithes dont les Juifs furent vainqueurs (Ex 17.8-16)] Ces deux figures sont encadrées de deux petits pilastres plats à candélabres sur lesquels s'appuient les culots des ressauts qui passent par-dessus une rangée de métopes alternés rentrants et sortants, tous ornées d'une fleur..
Au-dessus une corniche sert de base à une composition d'armoiries présentées par des rinceaux habités, dont la découpe de l'écu est une sorte d'avatar de cuir. Travaillé dans une pierre différente du reste du portail, avec un sens très différent des l'emploi des rinceaux, beaucoup plus proche des modèles italiens, laisse une impression très forte de pièce ajoutée quasi sculptée à grotesques Les répertoires des chapiteaux qui soutiennent l'architrave sont repris sur ces culots de corniche qui font ressaut sur les deux organes sculptés supérieures : la rangée de métopes en carrés alternés sortants et rentrants et la corniche proprement dite. En extension de la frise, de part et d'autre des petits pilastres, des besons forment des sortes de médailles plates. L'entablement est donc des plus pittoresques et la question posée à l'origine contemporaine du fronton demeure. Ce fronton fut-il peint ? Ce qui est probable puisque les armoiries étaient identifiables par un code de couleurs, de divisions et de motifs. La devise étant hors de l'écu, des inscriptions auraient-elles été peintes ?
Un autre aspect très singulier de cette composition réside dans le traitement de l'ébrasement qui est sculpté selon la tradition gothique mais ici avec des pilastres, pittoresques comme ceux en chambranles de tradition italienne.
Ces conflits de répertoires et de traditions gothiques qui perturbent la sage ordonnance de l'emploi des ordres à l'italienne, oriente résolument vers une veine de la Première Renaissance Française avec un apport direct transalpin probable mais toutefois pas certain, de la composition de frise en deux profils qui peuvent aussi être issus de la mode des médailles, mode dont l'écho se fait sentir par les besons ou pièces hors pilastres de frise.
De part et d'autre de ce portail nous retrouvons les figures allégoriques ou antiques, en soffite du déroulement des marches de la grande vis.
On arrive à la fenêtre du second étage du déroulement de la vis, puis à la troisième d'où les sculptures en soffite des marches disparaissent
L'image du putto finit par s'imposer à côté de la figure sous la coquille Saint-Jacques qui est une réminiscence des niches des divinités du foyer et votives de la période Gallo-Romaine en transition mérovingienne et carolingienne, comme on le voit sur une pierre de l'ancienne cathédrale de Vence
La présentation de la grande vis ne serait pas complète sans cet ajout archéologique qui fait sens pour une datation un peu tardive dans le XVI° siècle :
Le départ de l'enroulement de la vis en cave, ne repose pas sur une partie pleine mais sur une pièce avec huisserie.
Rendez-vous sur la troisième page consacrée à cette recherche
3° partie - suite des parties 1 et 2 d' Archéologie médiévale sur ce blog - Aspects et singularités du château en France autour des XV° et XVI° siècles.
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Les Mots d'Azur au château de Mouans-Sartoux - Saison 2017-2018
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Les mots d'azur au printemps des muses - suite 2016/2017 des soirées au Château de Mouans-Sartoux
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Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie
saison 2016-2017
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Festival du Livre à Mouans-Sartoux avec les Mots d'Azur
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La décoration intérieure ou la démocratie de l'art
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Magda Igyarto - Vibrations et expériences de la matière : du visible à l'indicible et de l'indécible au dicible - Peintre, poète et sculpteur
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Pour ceux qui aiment jouer aux experts
Vrai ou faux - Houdon ou Houdon
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Vrai ou faux - Un tableau inconnu de la Renaissance
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Vrai ou faux - Traduction originale du manuscrit de Qumram sur la mer morte ( en cours)
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Vrai ou faux - Un tableau inconnu de la Renaissance
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Pour ceux qui aiment la recherche en académies de nus - modèles vivants
Nus 2015
https://coureur2.blogspot.fr/2015/03/nus-2015-nackt-2015-nude-2015-2015-2015.htmlNus 2014-2015
https://coureur2.blogspot.fr/2014/09/nus-2014-2015-abac-modeles-vivants-nus.html
Nus 2013-2014
https://coureur2.blogspot.fr/2013/09/nus-2012-2013-abac-nus-2012-2013-2012.html
Nus 2012-2013
https://coureur2.blogspot.fr/2012/10/nus-abac-20122013-associations-des.htmlEt pour ceux et celles qui aiment l'archéologie et l'architecture
voici encore un échantillon de mes recherches sur ce blog
And for those who love archeology and architecture
Here again a sample of my research on this blog
L'ancienne église Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/monaco-ancienne-eglise-saint-Nicolas-le.html
Techniques et vocabulaires de l'art de la façade peinte
http://coureur2.blogspot.fr/2012/08/un-tour-dans-le-massif-central.html
Les Vecteurs Impériaux de la polychromie occidentale
http://coureur2.blogspot.fr/2012/06/philippines-les-Vecteurs-imperiaux-de.html
Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html
Histoire de la Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/07/histoire-de-la-principaute-de-monaco.html
Le Palais Princier de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/palais-princier-de-Monaco-palais-of.html
Versailles - Monaco - Carnolès - Menton: présence de l'art français en Principauté de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2012/09/versaillesmonaco-larchitecture.html
Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html
Eglises du sud-ouest de la France A travers l'art de la polychromie architecturale
http://coureur2.blogspot.fr/2013/02/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html
Des cérémonies et des fêtes Autour de Saint-Nicolas de Monaco
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/des-cérémonies-et-des-fêtes-Autour-de.html
Langages de l'art contemporain - répétition, bifurcation, ...
http://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html
La polychromie architecturale et l'art de la façade peinte (1° partie) - des édifices civils dans les Alpes-Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2014/07/la-polychromie-architecturale-et-lart.html
Façades peintes - édifices civils du sud-ouest des Alpes - 2° partie - XX° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2015/01/facades-peintes-edifices-civils-du-sud.html
Aspects de l'évolution des seigneuries historiques de la Principauté de Monaco à travers quelques
exemples d'architectures polychromes ponctuelles.
http://coureur2.blogspot.fr/2016/01/aspects-de-levolution-des-seigneuries.html
Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html
1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html
2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html
3° partie - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html
Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html
Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html
Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale
Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2019/10/curac-les-enigmes-de-son-chateau.htmlVaraignes - Le château de Varaignes, le village et son église. Un site rural d'écologie et de culture sur le département de la Dordogne en Périgord Vert. Archéologie Médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html
https://coureur2.blogspot.com/2020/03/varaignes-le-chateau-de-varaignes-son.html
La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html
Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html
Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge- une maison tour - Première Renaissance Française.
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html
Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html
Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France -
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html
Maisons alpines d'économie rurale (Alpes-Maritimes)
https://coureur2.blogspot.com/2011/11/maisons-alpines-deconomie-rurale.htmlPour ceux qui aiment l'iconologie, et l'iconographie
For those who like iconology, and inconography
Autour du rocaille. Dessin préparatoire d'étude - Le jugement de Pâris
https://coureur2.blogspot.com/2011/07/dessin-preparatoire-pour-une.html
La Véronique - Image ou non de la représentation
http://coureur2.blogspot.fr/2012/12/la-veronique-de-la-legende-lart.html
Langages de l'art contemporain - Répétition ordinaire - Bifurcations - Translation...
https://coureur2.blogspot.fr/2013/09/repetition-ordinaire-bifurcation-art-du.html
Fête de la musique à Nice - Place Garibaldi à Nice - Exposition d'artistes Polonais
https://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-fete-de-la-musique-expositions.html
La Mourachonne à Pégomas (exercice de recherche iconographique)
https://coureur2.blogspot.fr/2012/05/la-mourachone-pegomas-nouvelles.html
Cannes en 4 perspectives albertiennes recomposées - dessin panoramique à la mine de plomb
https://coureur2.blogspot.fr/2018/02/cannes-en-4-perspectives-albertiennes.html
Pour ceux qui aiment la poésie et qui en plus, comme moi, la reconnaisse comme la mère de tous les arts y compris de l'art contemporain
For those who love poetry and more, as I recognize it as the mother of all arts including contemporary art
Rencontres maralpines de Poésie - Mots d'Azur 2015-2016
http://coureur2.blogspot.fr/2015/09/rencontres-maralpines-de-poesie-et.html
Des poèmes sur la Riviera aux couleurs des Mots d'Azur : suite des rencontres maralpines de poésie 2016-2017
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/des-poemes-sur-la-riviera-aux-couleurs.html
Pierre Courtaud - Magazine - Un écrivain, un éditeur un poète, un chercheur en écritures - Un spécialiste de nombreux auteurs.
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/pierre-courtaud-magazine-un-ecrivain-un.html
Henry Chopin et la bibliothèque de Valérie Peynaud
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Cannes -1° nuit de la poésie et de la musique au Suquet - 21 juin 2014
http://coureur2.blogspot.fr/2014/06/cannes-1-nuit-de-la-poesiefete-de-la.html
2° nuit de la musique et de la poésie - Cannes 21 juin 2015
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/2-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-au.html
3° nuit de la poésie et de la musique au Suquet- Cannes Moulin Forville le 21 juin 2016
http://coureur2.blogspot.fr/2016/06/3-nuit-de-la-poesie-et-de-la-musique-du.html
Golf-Juan - Performance poétique - Brigitte Broc - Cyril Cianciolo
http://coureur2.blogspot.fr/2015/03/golf-juan-performance-poetique-brigitte.html
Marie Gay - Pierre-Jean Blazy - Auteurs et Edition(s) - Fondateurs des Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/marie-gay-pierre-jean-blazy-auteurs-et.html
De Vallauris à Cannes - Le Printemps des Poètes sur la Côte d'Azur avec Les Mots d'Azur
http://coureur2.blogspot.fr/2016/03/de-vallauris-cannes-la-cote-dazur-en.html
Christophe Forgeot : Poète - Poésie - Poème
http://coureur2.blogspot.fr/2014/09/christophe-forgeot-un-poete.html
Zorica Sentic - Poète-romancière Franco-Serbe
https://coureur2.blogspot.fr/2012/09/zorica-sentic-poete-romancier.html
La Corse des poètes
https://coureur2.blogspot.fr/2015/08/la-corse-des-poetes-porticcio-village.html
Magda Igyarto - Vibrations et expériences de la matière : du visible à l'indicible et de l'indécible au dicible - Peintre, poète et sculpteur
https://coureur2.blogspot.fr/2018/01/magda-igyarto-vibrations-et-experiences.html
Pour ceux qui aiment les légendes
For those who love legends
The Woodcutter and the Revenant - Sedimentary Memory - Essay - Creuse
Http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html
La Creuse - Le Bûcheron et le Revenant - Mémoire sédimentaire - Essai - Creuse
http://coureur2.blogspot.fr/2013/07/la-creuse-memoire-sedimentaire.html
Les routards de la baie d'Halong dans la tourmente https://coureur2.blogspot.fr/2013/10/les-routards-de-la-baie-dhalong-dans-la.html
Vietnam - La légende du Dieu des montagnes et du Dieu de la mer
https://coureur2.blogspot.fr/2014/05/vietnam-la-legende-du-dieu-des.html
Pour ceux qui aiment les voitures de collection
Vis-à-vis de Dion-Bouton type E 452 - La voiture emmurée aux enchères à Lyon
https://coureur2.blogspot.fr/2015/09/1900-vis-vis-de-dion-bouton-type-e-452.html
Pour ceux qui aiment les voitures de collection
Vis-à-vis de Dion-Bouton type E 452 - La voiture emmurée aux enchères à Lyon
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Pour ceux qui aiment l'art lyrique et la musique
Johanna Coutaud (prochainement)
Chanteuse lyrique - Soprano
Elzbieta Dedek - Pianiste virtuose internationale
http://coureur2.blogspot.fr/2016/09/pianiste-virtuose-internationale.html
Pour ceux qui aiment le cinéma
68° festival du cinéma - Alexandra Robin - Léopold Bellanger - Cédric Bouet
http://coureur2.blogspot.fr/2015/05/68-festival-cinema-cannes-2015.html
Pour ceux qui aiment la danse
48° Congrès Mondial de la Recherche en Danse - Avignon du 9 au 13 novembre 2016 - Fabienne Courmont présidente - UNESCO-CID partenaires
http://coureur2.blogspot.fr/2016/11/48-congres-mondial-de-recherche-en.html
Festival d'Avignon à Mouans-Sartoux - Danser Baudelaire - Bruno Niver - Marina Sosnina - Répétition générale
https://coureur2.blogspot.fr/2015/02/du-festival-davignon-mouans-sartoux.html
Pour ceux qui aiment s'habiller et sortir
Eliane Horville - soirées - ville - élégance - conseils - coach
https://coureur2.blogspot.fr/2016/01/soirees-ville-elegance-every-wear.html
Sortir - Manifestations -Performances - Expositions...2012/2017
https://coureur2.blogspot.fr/2013/02/evenements-expositions-manifestations.html
Pour des participations citoyennes
Ordre national infirmier - Recommandations sanitaires
http://coureur2.blogspot.fr/2017/06/ordre-national-infirmier-recommandations.html
Pour ceux qui aiment les multiples beautés de la France
Les oliviers fantastiques de Lucette
https://coureur2.blogspot.fr/2012/10/les-oliviers-fantastiques-de-lucette.html
Carnet de voyage - Ombres et Lumières - L'eau et les Sables, architectures de villégiatures
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/ombres-et-lumieres-leau-et-les-sables.html
2 - La France en vrac
https://coureur2.blogspot.fr/2014/10/visiteurs-des-pages-pour-voir-le-site.html
1 - CP La France en vrac 1
https://coureur2.blogspot.fr/2014/01/la-france-en-vrac-france-in-bulk-franca.html
http://coureur2.blogspot.fr/2017/06/ordre-national-infirmier-recommandations.html
Pour ceux qui aiment les multiples beautés de la France
Les oliviers fantastiques de Lucette
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2 - La France en vrac
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1 - CP La France en vrac 1
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