Monsieur Jacky Renaudin, Maire de Bors-de-Montmoreau
Monsieur le Révérend Père Eric Pouvaloue, Curé de la Paroisse.
Madame la Secrétaire de Mairie,
Monsieur Benoît Le Grelle, Brocanteur "L'incontournable" à Bors,
Monsieur Eric Petit, auteur de Bors de Montmoreau autrefois. Rioux-Martin 2021.
Monsieur Alain Cheminade, pour un avis archéologique d'appareillages,
Madame Eliane Maussion, chargée de mission auprès de l'église.
Madame Gina Schuster Directrice de la bibliothèque de Parcoul pour une excursion à la Fontaine de Guérison à l'origine de ma découverte de la chapelle Saint-Jean
Monsieur Clément Beuselinck-Doussin, propriétaire de la Chapelle Saint-Jean en ayant autorisé l'exploitation et mes relevés pour ce sujet.
Monsieur Jean Des Courtils pour sa médiation avec son neveu Clément.
Monsieur Yves-Michel Foucaud pour sa médiation avec la famille Des Courtils,
Madame Ghislaine Goudet pour la découverte complète du site de la chapelle Saint-Jean avec la Fontaine de Guérison et l'histoire du lieu, précieux guide sur le site et documentaliste.
Madame Fargeot, propriétaire de la chapelle de Doumarias à Saint-Pierre-de-Colle. Dordogne, Périgord-Vert.
Articles de ce blog pouvant intervenir dans cette rédaction ou en reprise de bâtiments déjà publiés
Châteaux de la Creuse - de la fin du moyen âge - XV et XVI° siècle - Archéolgie Médiévale
http://coureur2.blogspot.fr/2011/09/une-histoire-de-lescalier-en-vis.html
1° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2013/10/archeologie-medievale-aspects-et.html
2° partie - Archéologie Médiévale - Aspects et singularités du château en France à la fin du Moyen Âge (XV° et XVI° siècles)
http://coureur2.blogspot.fr/2014/11/2-partie-archeologie-medievale-aspects.html
3° partie - Archéologie Médiévale - suite des parties 2 et 3 d'Archéologie Médiévale consacrées aux aspects et singularités du château en France autour des XV° au XVI° siècles
http://coureur2.blogspot.fr/2016/04/3-partie-suite-des-parties-parties-1-et.html
Yviers/Charente - Archéologie médiévale - Une synthèse sur l'évolution architecturale du XV° au XVI° et XVII° s. en France - Mutations des donjons et maisons-tours des petits châteaux de la fin de la Guerre de Cent-Ans vers les donjons résidentiels de la fin du XV° siècle au XVI° siècle et des incidences dans le classicisme français.
https://coureur2.blogspot.fr/2018/04/yvierscharente-archeologie-medievale.html
Allemans en Périgord - Manoir du lau - Archéologie Médiévale
https://coureur2.blogspot.com/2018/09/allemans-en-perigord-manoir-du-lau.html
Maisons-tours et donjons-tours - architectures médiévales françaises du XIII°/XIV° au XVI° - Archéologie médiévale
Curac - Les énigmes de son château - Département de la Charente - Archéologie Médiévale
La Tour : un mode architectural français pour la guerre et pour la paix, du XIII° au XVI° siècles. Un exemple à l'Est du département de la Charente.
https://coureur2.blogspot.com/2020/12/la-tour-un-mode-architectural-francais.html
Fonctions religieuses apotropaïques et traditions funéraires en France
http://coureur2.blogspot.fr/2015/08/fonctions-religieuses-apotropaiques-et.html
Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes
http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html
Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
https://coureur2.blogspot.com/2021/04/iconologie-un-couvercle-de-sarcophage.html
Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge- une maison tour - Première Renaissance Française.
https://coureur2.blogspot.com/2021/07/saint-amant-de-montmoreau-sud-charente.html
Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html
Bors-de-Montmoreau - Eglise Notre-Dame - Une introduction aux chapelles de routes - Identification d'une chapelle romane ouverte aux mouvements de fermements des petits sanctuaires du XVII°s. - Charente et versants alpins français.
https://coureur2.blogspot.com/2022/10/bors-de-montmoreau-eglise-notre-dame-un.html
Eglise Saint-Martin à Poullignac - Architecture et décors peints - Une source de recherches pour les églises des diocèses du Sud-Charente et principalement du bassin de la Tude entre Diocèses de Saintes, d'Angoulême et de Périgueux, de leurs origines aux évolutions et modifications du XIX° siècle.
https://coureur2.blogspot.com/2023/06/eglise-de-saint-martin-de-poullignac.html
Cressac, La Genétouze, Chenaud, Pillac. Montignac-le-Coq, Saint-Lurent-des-Combes Aspects atypiques de l'évolution de l'architecture religieuse romane en Sud Charente - Bassin de la Tude : contreforts, avant-chœurs, escaliers en vis et passages :
https://coureur2.blogspot.com/2024/01/cressac-la-genetouze-chenaud-pillac.html
Du médiéval au contemporain, une invention bien avant classement au patrimoine mondial de l'UNESCO :
Claude Peynaud : Le clocher des Frères Perret à Saint-Vaury
http://coureur2.blogspot.fr/2012/01/perret-freres-le-clocher-des-freres_10.html
Aux origines de cet article, quatrième volet du polyptique consacré aux églises du bassin de la Tude et lisières en Sud-Charente sur la transition roman-gothique de ce secteur géographique et principalement par les chevets plats des sanctuaires : quelles questions au regard de la littérature publiée sur les chevets plats de cette période ?De nouveaux liens et parentés culturelles entre Est en Ouest - des secteurs désenclavés.
Iconologie - Un couvercle de sarcophage mérovingien - une corniche de l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau (Charente) - Archéologie médiévale.
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Saint-Amant-de-Montmoreau, Sud-Charente - Des vestiges du Haut-Moyen Âge à la naissance du gothique sur les marches Périgord/Angoumois/Saintonge- une maison tour - Première Renaissance Française.
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Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
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Article élargi à la formation de l'architecture vernaculaire des XIX° et XX° siècles, de la Charente au Périgord Bordelais - Une trajectoire du couple escalier/passage, du monde roman au monde moderne.
Comment situer ce nouvel Article par son intitulé
un préambule
Ce nouvel article est consacré à l'église Notre-Dame à Bors-de-Montmoreau et à la rencontre de la famille des chapelles ouvertes depuis la période de transition roman/gothique sur le bassin de la Tude, dont le point de départ, je le donne en mémoire, est l'étude de la famille des églises à chevets plats sur le bassin de la Tude, entre XII° et XIII° siècles, à partir des questions archéologiques si passionnantes posées par l'église de Saint-Amant-de-Montmoreau dont nous avons vu avec l'article précédent consacré à une autre église de ce secteur géographique - pourtant à chevet semi-circulaire - l'église de Rioux-Martin, tout l'intérêt qu'une première étude en archéologie du bâti peut amener en richesses scientifiques et perspectives modernes d'études élargies et refondues. Les comptes-rendus rédigés des historiens de l'Education Nationale tardivement convertis à l'histoire de l'art sans maîtrise des outils de procédés visuels analytiques introspectifs ne sont plus suffisants; ils appartiennent à une vision passéiste des études en l'histoire de l'art par delà leurs réels mérites et parfois érudition, par delà les très grands auteurs du XX° s. et architectes comme Viollet-le-Duc au XIX° s. dont les publications restent fondamentales. Les sources d'archives restent importantes mais lorsqu'elles font défaut ce ne sont plus des obstacles aux approches scientifiques après prises en compte des littératures et celles des placards non publiées, pourtant parfois essentielles aux progrès scientifiques des sujets, de la recherche.
En thèse doctorale de 3° cycle soutenue à Aix-en-Provence le 26 janvier 2001, j'avais été amené à travailler sur les chapelles ouvertes du sud-est de la France. A cette occasion j'avais inauguré dès 1992 un nouveau chapitre de recherche encore inédit : celui de l'étude de leurs architectures en lien avec les programmes peints qui sont aussi assez souvent des compléments architecturaux amenés par le peintre sur de petites structures apparemment très simples, le plus fréquemment à chevets plats, mais extrêmement intéressantes car évolutives, mouvantes, changeantes et s'inscrivant toutefois dans une réelle famille dynamique originale qu'accompagnait un changement radical de leurs ornementations à partir du milieu du XVI° siècle. Effets du Concile de Trente diront certains. Le Parlement de Paris, en interdisant la représentation des Mystères (1548) qui furent les représentations théâtrales de la mise en scène de la foi au Moyen-Âge, donnait un coup d'arrêt fatal à une veine ornementale de transfert des scènes en programmes peints sur les murs ( G.Sentis, L'art du briançonnais - La peinture au XV° siècle. Préface de Maître Escalier, Président de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes. Gaps, 1970, p.29, reprenant une insertion de Marguerite Roques dans Les peintures murales du sud-est de la France - XIII° au XIV° siècle. Préface de Paul Deschamps,1961, p. 33.- Voire aussi E.Mâle : L'art religieux du XIII° siècle en France - Etude sur l'iconographie du Moyen-Âge et sur ses sources d'inspiration. Paris, 1931. Sur un autre volume E.Mâle établit une chronologie de la disparition des Mystères qui est pour lui l'âme même du Moyen-Âge, comme quoi la fin du Moyen-Âge se situe bien atour du Concile de Trente et non pas avec la découverte de l'Amérique. Mais lisons E.Mâle : " Une des premières conséquences de la Réforme fut de rendre suspect aux catholiques leur vieux théâtre religieux ...Dès 1541, l'échevinage d'Amiens faisait difficulté "à laisser jouer publiquement la parole de Dieu". Sept ans après, le 17 novembre 1548, le Parlement de Paris, par un arrêt célèbre, défendit expressément aux confrères de représenter "le mystère de la Passion Notre Sauveur, ne autres mystères sacrés". L'arrêt du Parlement ne s'appliquait qu'à Paris : l'acte de 1548 ne marque donc pas, comme on l'a dit la fin du théâtre religieux du moyen âge. Les confrères, qui n'avaient pas le droit de représenter leurs Mystères à Paris, allaient de temps en temps les jouer à Rouen. En Normandie, la célèbre confrérie d'Argentan continuait, comme par le passé, à représenter la Passion...Après 1571, l'antique confrérie ...devient muette. Ce n'est plus que dans quelques provinces reculées que l'on s'obstine encore à jouer les Mystères : à la fin du XVI° siècle on représentait encore la Passion dans les Alpes, à Lanslevillard, à Modane, à Saint-Jean-de-Maurienne" Cf. E.Mâle, L'art religieux de la fin du moyen âge en France - Etude sur l'iconographie du moyen âge et sur ses sources d'inspiration. Paris, 1922, p.485 et 486 - Pour ma part j'ai relevé ces mises en scènes théâtrales dont je fais part en deux fois : une fois sur ce blog : Primitifs Niçois - Les chapelles peintes des Alpes Maritimes http://coureur2.blogspot.fr/2012/03/primitis-nicois-les-Chapelles-facades.html et une seconde fois par article publié : C.Peynaud, "Les chapelles à façades ouvertes et peintes des Alpes-Maritimes - XV°-XVI° siècles". Dans, Provence historique - Rencontres italo-provençales Tome LIII. Fascicule 213, juillet-août 2003, p. 315 à 331). Ces scènes nomades de baraques foraines étaient les théâtres de ces représentions des chapitres religieux qu'on jouait devant et dedans les églises à des époques où l'espace intérieur de la cathédrale et de l'église représentait la quasi totalité de l'espace libre des agglomérations intra-muros [cf. Dieter Kimpel et Robert Suckale, L'architecture gothique en France - 1130 à 1270. Munich 1985, Paris 1990, écrivant p.22 "Les grandes fêtes religieuses furent souvent agrémentées par cette forme primitive du théâtre appelés "Mystères", qui était une source d'attraction supplémentaire. Ces mystères étaient généralement joués dans la nef où se tenaient en même temps les spectateurs. En d'autres lieux les églises cathédrales ont été utilisées pour des fonctions bien plus profanes encore...". Au XV° siècle "Les enfants peuvent y jouer à la toupie, mais les adultes n'y pourront pratiquer la paume ni la lutte[...]Profanant en cela les lieux saints et considérant l'église comme une caverne de voleurs". ajoute Michel Aubrun " La paroisse en France des origines au XV° siècle. Paris 1986/2008, p. 169. Sans oublier que ces bâtiments récepteurs de décors peints renouvelés ou renouvelables sont des témoins d'échanges culturels, de brassages culturels, d' échanges et de rencontres, comme, après Louis Hautecoeur, le souligne Elie Lambert, Membre de l'institut, Professeur d'Histoire de l'Art à la Sorbonne, un an avant la publication de la thèse de Marguerite Roques - dans son introduction au catalogue de l'exposition des Primitifs de Nice, Nice 1960, p.5 : "L'exposition des Primitifs Niçois s'attache aujourd'hui à la dernière période du Moyen Âge, et montre à son tour comment le XV° siècle a vu là, non seulement passer des artistes de toute origine, Flamands et Italiens, gens du Nord et du Midi de la France, Avignonais ou Marseillais, Génois ou même Vénitiens..." ]. C'est dire que si on retrouve le peintre organisateur par son décor peint de l'architecture fictive intérieure de ces petites chapelles, que la source architecturale bâtie n'est pas dépendante des objectifs iconographiques car la famille des chapelles de routes, évolue et se différencie, certes, mais constitue cependant une famille architecturale indépendante des décors qu'elle reçoit. Le fait que ces sanctuaires aient été peints ou repeints sur des architectures plus anciennes en est encore un élément qui ne doit guider la recherche que vers des prétextes d'édifications indépendants des fonctions apotropaïques ou curatives des décors peints. Et on remarque que ces chapelles ne sont pas construites intra-muros mais sur les chemins et souvent en bordures extérieures des agglomérations fermées dans leurs enceintes et périmètres. Souvent ou très souvent précédées par un porche à bancs reposoirs - porches pouvant être en bois ou in antis charpentés et plus rarement voûtés en dur, à l'occasion enjambant le chemin ou l'accompagnant, parfois ponctuant le passage d'un cours d'eau (gué ou pont) - on saisit leur fonction d'abri du voyageur sur la route d'autant plus que n'ayant pas d'espace intérieur pour donner des représentations théâtrales avec un public, nous comprenons que ce mécanisme de transposition en décor peint intérieur de la scène théâtrale ne pouvait se produire qu'à partir d'une représentation en façade de la chapelle à condition qu'il y eut un espace extérieur suffisant tant pour la représentation que pour le public... Compte tenu de tous ces paramètres exposés nous avons encore ici une base solide de réflexion pour aller chercher ailleurs l'origine de ces constructions ouvertes en abris.
Les routes de pèlerinages qui se développent tant vers Rome que vers Saint-Jacques de Compostelle, comme l'expose Emile Mâle mais aussi Marcel Durliat [M.Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques - De Conques à Compostelle. Paris 1990, p.29 à 38] ainsi que Louis Hautecoeur [dégageant le rôle des routes de pèlerinages et celui prépondérant des influences culturelles transalpines de la France du XI° au XIV° s.: Louis Hautecœur, "Les primitifs italiens - Les origines - Les influences françaises". Paris, 1931, p. 33 à 39. Suivi de Saint-François d'Assise et l'art italien. et chapitres suivants de la même publication, et les voies commerciales, cols et vallées] ou les circulations liées aux gestions et aux organisations des communautés religieuses étudiées par des auteurs, comme Marc Déceneux, rejoignent les besoins d'abris pour les pèlerins " [Ce dynamisme international est encore servi par l'organisation fortement structurée des bénédictins clunisiens[...]doivent se rassembler régulièrement aux chapitres généraux de la maison mère. C'est là un véritable embryon de gouvernement supranational car au début du XII° s...pas moins de 1184 maisons, dont 883 en France et 301 réparties dans les différents pays européens. Mais si l'expansion de l'ordre clunisien décline dès le milieu du XII° siècle, le relais est pris avec vigueur par l'ordre cistercien [...] l'action des moines du Moyen-Âge a créé une véritable unité européenne, préfigurant celle que notre époque, huit siècles plus tard, a bien du mal à construire...[...]... Les nefs d'aujourd'hui ne peuvent donner une idée de celles du Moyen-Âge...Les chiens y vaquent même librement... de la paille déposée sur les dalles pour que les pèlerins puissent y dormir" Cf. Marc Déceneux, photographies de Hervé Champollion. "Les abbayes médiévales de France". Rennes, 2005, 2007, 2010, p.62, 63 et 98], sont les véritables moteurs et vecteurs de ces architectures sur les chemins des pèlerins et autres usagers. Ces chapelles abris et refuges, lieux d'oboles et de dévotions dont les dédicaces peuvent changer suivant les nécessités du moment, mises en scènes des saints de la Légende Dorée devenus thaumaturges mais encore Evangélistes et autres saints de la Bible appelés en protecteurs du voyage, s'installent en architectures de traditions dont il ne nous reste que quelques foyers et exemples qu'il faut maintenant archéologiquement extraire - de sur-constructions en récupérations de ces petits édifices pour en construire de plus grands - vers un hypothétique et lent inventaire. Petites constructions hors les murs qui, jalonnant les chemins furent aussi des liens qui fixaient les échanges culturels et eurent sans doute une importance beaucoup plus grande pour le monde chrétien que celle qu'on peut imaginer maintenant que mon inventaire s'étoffe d'Ouest en Est en revenant à la rencontre de l'Ouest comme nous allons le voir par ce nouvel article : du chemin à la recherche du miracle au miracle sur le chemin, au simple refuge. Dans le même état d'esprit les oratoires qui jalonnaient les chemins avaient des fonction complémentaires tout comme les croix des croisées de chemin, porteuses et génératrices de légendes.[ "Ces croix qu'on trouve aussi ça et là aux carrefours des chemins et surtout à l'entrée des chefs-lieux de paroisse peuvent être des signes de sauvegarde : en 1095, le concile de Clermont, can.29, le dit expressément : "Si quelqu'un, poursuivi par un ennemi se réfugie près d'une croix de chemin, qu'il demeure libre comme s'il l'était dans une église".". Cf. Michel Aubrun, 1986, 2008 op cit, p. 93] Pour un autre lien avec les oratoires en Limousin pour un retour aux croix de carrefours, voire plus bas avec le préambule à la chapelle des Landes à Saint-Sornin[appellation moderne Saint-Roch].
Voilà ce que je vous propose par cet article Donner une nouvelle dimension architecturale et historique à ce phénomène des chapelles ouvertes et parfois fermées issues de l'art roman et des routes de pèlerinages et de commerces, d'échanges et du voyage, chapelles de routes entre agglomérations, dont la tendance sera un fermement d'abord en claires voies au XVI° siècle - pour celles qui étaient ouvertes - puis en murs et claires-voies au XVII° siècle jusqu'à des constructions de chapelles à façades standards en murs maçonnés, ou le décor intérieur passera de la projection des Mystères - soit par directe récupération d'une représentation théâtrale soit par modèles d'ateliers itinérants mis à disposition suivant les choix des commanditaires, soit à d'autres figurations comme l'exemple ci-dessus publié par Gabriel Sentis dans le Dauphiné - jusqu'aux tableaux d'autels et tabernacles sculptés et peints, puis lourdement enrichis par de gros mobiliers polychromes sculptés et dorés à la période baroque à partir de la seconde partie du XVII° siècle lorsque s'accélère le mouvement de fermement progressif de ces sanctuaires, voire que d'autres modes de fermements apparaissent impulsant de nouveaux modèles architecturaux comme ci dessous à l'aube du XVIII° s. rocaille, en "sentinelle" de l'accès au village en fin de crête de Tourette du Château
en même temps qu'apparaît une nouvelle vague de constructions de chapelles à façades semi-fermées et fermées en pignons de façades sur un modèle standard d'une porte close ou encore à claire-voie, flanquée de petites fenêtres ou sans fenêtres en façades comme avec les chapelles des stations des chemins de croix et assez souvent des confréries de Pénitents.
Pour des regards pluriels sur les chapelles de route :
Léon Honoré Labande peut être considéré comme un des premiers auteurs, sinon le premier auteur, qui amène les chapelles ouvertes alpines dans la famille des chapelles de routes ne citant pas les chapelles encore ouvertes in situ dont les relevés d'Alexis Mossa au début du XX° siècle nous laissent un témoignage qui renforce cette recherche : "L'architecture de ces édifices religieux...Elles étaient précédées d'un porche où s'abritaient en cas d'intempéries les voyageurs, les pèlerins, même les dévots...; du porche on avait une vue dans l'intérieur, soit par les portes à claire-voie, soit par de petites ouvertures rectangulaires pratiquées à droite et à gauche et munies de barreaux... La chapelle comptait elle-même..." [ Léon-Honoré Labande, "Les chapelles peintes de la région niçoise". Dans, Bulletin archéologique. 1938-39, p.595, Monaco 1943/44].
Ces éléments précèdent la publication de Raymond Oursel, Les pèlerins du Moyen-âge - Résurrection du passé. Paris, 1963, p. 62 et suivantes " Les relais, chapelles et oratoires routiers. Ainsi cheminait-il fortifié d'espérance, et d'autres pieux relais encore bénissant sa course. La civilisation moderne, grande destructrice d'un passé qu'elle récuse, a rasé sans pitié la plupart de ces oratoires et chapelles plantés jadis à travers les terroirs. Plus conservatrice ou moins éprouvées que d'autres , la Bretagne, la Haute-Savoie, la Provence, en sauvegardent elles des floraisons attachantes. A part les chapelles de hameaux, prévues pour la desserte secondaire des écarts trop éloignés de l'église paroissiale, tous, ou peu s'en faut, répondent à une vocation routière [...] D'autres encore gardent les carrefours, ou bien, postées à l'entrée des royaumes maléfiques des défilés obscurs, des cluses alpines, des gorges entaillées par les torrents, des dures ascensions, où le péril rôde à chaque pas, exorcise la peur: on en érige [...] exhaler dans le silence sa prière de réconfort, avant de se confier à l'étape nouvelle. Toutes pouvaient en cas de besoin, servir au voyageur d'abri provisoire ou de refuge..."
Ce sens de l'abri c'est celui premier qui est donné par Eugène Royer et Joël Bigot dans leur très joli et très documenté Guide des chapelles de Bretagne. Luçon 2000. A la page 5 de '"Ouverture" on lit " "Caput" est un mot latin qui signifie "chef", la "tête". De caput est né le "capuchon" qui recouvre la tête. Au XII° siècle, le manteau à capuchon est parfois appelé "la chape", du latin "cappa" ou "capella". Mais comment est-on passé de la chape à la chapelle ?
La faute à Saint-Martin [...]
Ainsi en fut-il de la "chape" - manteau monastique à capuchon - de Saint Martin de Tours. Il décéda dans le monastère par lui fondé à Candes, près de Montsoreau, au confluent de la Vienne et de la Loire. C'était en 397. Les habitants de Tours vinrent à la hâte chercher le corps de leur évêque...Or le manteau-chape de Martin était , au moins depuis Dagobert (629-638), un des joyaux des trésors des rois Francs. Ils firent construire un oratoire pour abriter la "chape" ainsi désignée en 679. Charlemagne...Le mot "chapelle", d'abord limité dans son usage au "trésor" proprement dit, désigna bientôt l'édifice où les reliques étaient déposées et confiées à la garde des "chapelains impériaux"."
[On peut associer à ce document d'E.Royer et de J.Bigot, le très beau livre de Marc Déceneux composé en collaboration avec le photographe Daniel Mingant La Bretagne des enclos et des calvaires. Rennes 2001.]
La modestie de ces bâtiments qui se présentent à nous de nos jours sous l'appellation commune de "chapelle" est donc une image inversée de leur rôle majeur et déterminant pour les constructions sociales, spirituelles et intellectuelles jusqu'aux coutumes populaires, pour le tissage des liens entre les peuples et la transmission de la foi chrétienne civilisatrice de tout l'occident européen issu du chao barbare en relais de la chute de la Rome polythéiste .
Ce sont ces très humbles monuments en messages de protection, de partages solidaires, de constructions d'amour et de paix sur les chemins de notre histoire séculaire, de l'histoire européenne occidentale en place qu'il nous faut maintenant retrouver.
En poursuivant le chemin ouvert par Léon-Honoré Labande puis par Raymond Oursel nous allons découvrir d'autres horizons, d'autres géographies qui font entrer le grand sud-ouest dans le creux de cette boucle en trajectoire de la Bretagne aux versants alpins et provençaux, d'autres types de conservations qui font que les destructions n'ont pas toutes eu raison de ces petits sanctuaires de routes alors que d'autres ne doivent apparemment leur survie qu'en leurs conversions miraculeuses curatives et préventives par leurs ornementations peintes ou sculptées, évolutives, renouvelées ou perpétuées... par l'attachement à des sources miraculeuses et ruisseaux qui coupent le chemin en gués marécageux où dansent les feux follets pendant les saisons chaudes, lieux de fêtes populaires et célébrations rurales de la foi chrétienne...
La littérature publiée témoigne de chapelles construites pour l'abri des pèlerins, mais avec des commentaires d'auteurs sur la destination spécifique de ces petits bâtiments, même si la fonction d'abri du pèlerin est clairement précisée dans leurs sources écrites. Tel ce texte publié en 1998 par Marie Marie "La chronique de l'abbaye de la Couronne nous apprend qu'en l'an du seigneur 1137, les moines de cette abbaye élèvent une chapelle à l'extrémité nord de la paroisse de Saint-Jean-de-la-Palud, pour loger et protéger les pauvres pèlerins, "ad recipiendum inibi Christi pauperes". Il est très probable que l'église elle-même ne servait pas à héberger les pèlerins, mais qu'un hospice refuge avait été bâti en cet endroit et que l'église fut la chapelle de cet hospice" [Cf. Marie Marie, "occupation du sol de la vallée de la Charente d'Angoulême à Jarnac au Moyen-Âge". Dans, Annales du G.R.E.H - Groupe de Recherches et d'Etudes Historiques de la Charente Saintongeaise - N°17- 1996. Copyright de 1997, publié par le G.R.E.H. en 1998, P. 82.]
L'Eglise Sainte-Marie à Bors-de-Montmoreau
est donc ce monument qui va devenir le témoin encore en place d'une origine romane - ou d'une étape romano-gothique - de sanctuaires de routes dans le Sud-Ouest de la France, à la rencontre des versants alpins, qui survivront ou qui s'adapteront à toutes les veines ornementales, de modes ou de choix de l'Eglise qui de toute façon suivent aussi l'évolution des mouvements de l'art les plus puissants, et qui s'adapteront aussi à des évolutions et à des créations architecturales, jusqu'à finalement disparaître des mémoires en exposant cette nouvelle page du blog, par une modeste recherche des chevets plats sur le bassin de la Tude, à un réveil en liens géoculturels et bibliographiques des pionniers.
D'un point de vue purement historique nous trouvons une première mention en 1275 par un aveu qu'Alo, seigneur de Montmoreau, " avouait tenir d'Hugues comte d'Angoulême, le château de Montmoreau avec sa justice haute-moyenne et basse ainsi qu'à Saint-Eutrope, Aignes, Juignac, Bors et Saint-Amant" (éléments repris par l'auteur deux pages plus loin) [Cf. Mémoires de la Société Archéologique et Historique de La Charente - 1955- 57, op.cit., p. 235 et 237].
1 . Documents
Bors-de-Montmoreau
Ancien diocèse de Périgueux
(la commune est restée autonome avec sa mairie et son propre conseil municipal et maire)
Bibliographie : abbé Michon, op.cit. 1844, p. 313 et p.330, abbé Nanglard, op.cit., t.III, p.117, t.IV, p. 402; Echo Charentais, un article de 1906, Jean George, op.cit., 1933, p.42, Eric Petit, op.cit. 2021, p. 71. à 81.
[Pour des repères publiés qui composent l'ancienne construction diocésaine et administrative du département de la Charente, j'utilise les données de recherche de l'abbé J.H.Michon, Statistique monumentale de la Charente. Paris 1844, p. 37 à 48. du Nouvel Atlas illustré de la France et de ses colonies. 1877, Charente et Charente Inférieure. de Jean George Les églises de France - Charente. Paris, 1933 et des éditions du Zodiaque la Nuit des Temps - Abbaye Sainte-Marie de La Pierre qui Vire ; Angoumois 1961, Périgord 1968, Saintonge 1970 - Mémoires de la Société Archéologique et Historique de la Charente - Année 1955 - Ouvrage publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique. Angoulême 1957, p. 235, 237. - Guy Penaud "Histoire des diocèses du Périgord et des évêques de Périgueux et de Sarlat". Préface de Mgr Michel Mouïsse Evêque de Périgueux et de Sarlat. Paris, 2010 - ainsi qu'une petite publication ancienne mais non datée (années 1950/60 ?) et sans numéros de pages, du Comité Intercantonal d'Expansion de la Région Chalais-Aubeterre publiée chez l'éditeur parisien De Plas "...Avant la Révolution Aubeterre dépendait de la sénéchaussée d'Angoulême et du diocèse de Périgueux"]
Avec cette église nous entrons, par sa configuration moderne et avant le voûtement de la nef de 1895/96 dans un type commun en Sud-Charente - beaucoup moins visible de nos jours après les voûtements du XIX°- pour ainsi-dire jamais signalé par les auteurs : celui des églises romanes à nef unique planchéiée articulée à un chœur plat ou semi circulaire par l'intermédiaire d'un avant-chœur, couvert en berceau pour des sources archaïques mais plus généralement rencontrés couvert en coupole fermée entièrement appareillée, et plus tard plus fréquemment en blocage ouvert d'un oculus zénithal pour monter la cloche si le clocher est original ou plus tardif. Une travée droite peut sophistiquer cette articulation mais pour un chevet plat l'exemple de Saint-Amant-de-Montmoreau est rare sur le bassin de la Tude (mais voisin avec les articulations de Saint-Romain proche d'Aubeterre en carrefour entre la route de Bors-de-Montmoreau et de Chalais) alors que ce dispositif y est beaucoup plus fréquent pour les églises à chevets semi-circulaires. L'église de Bors-de-Montmoreau va encore enrichir les outils d'étude de ces bâtiments à chevets plats mais pas du tout comme le lecteur ni le chercheur pourraient s'y attendre.
La pierre utilisée à Bors-de-Montmoreau est une suite de grès à plusieurs grosseurs de grains.
A Bors-de-Montmoreau il n'y a pas de coupole sous clocher, seulement un berceau articulé à celui du chœur par un arc doubleau épaulé d'un formeret décalé en hauteur, profilé comme une (demi) nervure à ressaut de tores, côté Ouest, à l'identique de celle qui souligne l'arc du berceau sur le mur plat de fond du chœur éclairé par une grande baie en tiers point et une petite fenêtre étroite plein cintre de contre-jour au Sud, ou d'unique éclairage primitif de l'autel.
L'intérieur de la nef de l'église de Bors-de-Montmoreau a été très refait au XIX° siècle et des apports de portails gothiques pour des portails ornés de chapiteaux romans de réemplois, également très lourdement murés à l'extérieur sur les murs gouttereaux, font que cette église ne présente à priori que peu d'intérêt pour les chercheurs. De toute façon depuis les repérages de Jean George il n'y a pas eu d'investigations en archéologie moderne sur cette église bien qu'elles soit très bien entretenue.
La publication en 2021 d'Eric Petit apporte de nouveaux éléments d'archives. En cet automne 2021 les toitures ont été refaites. Par cette réfection et par le témoignage des couvreurs (que je remercie), nous savons que les voûtes de la nef sont en briques en conséquence de la restauration du XIX° siècle, en substitution d'un ancien couvrement planchéié dont il reste des vestiges de parquets très anciens dans les combles (inaccessibles) de la nef.
La figure centrale de la planche ci-dessus représente la façade occidentale avant l'intervention de Pierre Texier : deux jambes de raidissement, plus fortes que de simples lésènes, encadrent une porte simple en plein cintre. Aucune fenêtre d'éclairage de la nef. Cette façade occidentale n'a rien à voir avec une organisation romane; ce que Pierre Texier va "corriger". Du temps de la construction à l'époque romane il n'y a donc eu aucune ouverture sur la façade occidentale.
Pierre Texier est un architecte installé à Chalais au cœur de la vallée de la Tude. Au nombre de ses travaux on signale la réfection de l'église romane de Passirac (1893).
Le site est une crète de séparation des eaux entre le bassin de la Tude à l'Ouest et celui de l'Auzonne à l'Est (autre affluent de la Dronne au Sud) qui va aller rejoindre le bassin versant du Toulzot au Nord. Une route ancienne part de Montmoreau, suit les crêtes et va se perdre vers Aubeterre (bassin de la Dronne) après avoir dépassé l'église de Bors construite au départ du versant descendant vers la Tude.
Comme vu, la façade occidentale de l'église est un effet des modifications de la nef à la fin du XIX° siècle. Sur le témoignage de Monsieur Eric Petit de nombreuses sépultures et ossements ont été mis à jours lors de l'aménagement de la voie moderne qui contourne l'église par l'Ouest-Sud-Ouest où on peut voir un sarcophage classé aux MNH et ainsi décrit par l'abbé Michon [1944, op.cit., p.330] : "Pierre tombale devant l'église. ayant une croix à ses extrémités, ; les deux côtés sont ornés d'arcades entrelacées formant ogives". Donc, selon toute vraisemblance, une sépulture d'époque médiévale qui a été déplacée : elle était contre la façade occidental mais ceci ne change pas une mise à jour d'ossements dans un cimetière datant au moins du bas moyen âge, à l'Ouest du mur pignon de l'actuelle nef, avant sa transformation au XIX° s. en façade néo-romane. [ L'observation peut aller plus loin dans ce choix d'avoir orienté la construction cardinale du ou des bâtiments religieux sur le bassin dévalant de la ligne de crête côté Ouest face à La Tude. Carol Heitz (op.cit qui était., p. 227 et 228) citant le paragraphe 14 du livre copte sur l'intronisation de Saint-Michel écrit : "... saint-Pierre explique au Christ qu'il est , comme ses compagnons, incapable de se représenter les sanctions qui vont être prise à leur mort, au ciel et appliquées dans les terres d'Ouest que l'on considère comme le royaume de la mort. Le Christ lui répond que les justes seront d'abord embrassés et parés par Saint-Michel qui les conduira ensuite aux grands fleuves de la vie, ils exulteront dans les éons et le père les accueillera avec les forces de la lumière (les anges et les archanges) , les chérubins et les séraphins". Bien que l'église ne semble jamais avoir été dédicacée à Saint-Michel, elle le fut pourtant à Saint-Pierre (et saint Paul). Si avec l'implantation chrétienne à Bors nous sommes effectivement sur une première fondation cénobitique, cette observation peut avoir son importance et doit être signalée pour avancer vers la compréhension d'une absence de façade occidentale d'origine romane pour un cimetière très ancien au plus près de cette façade occidentale tournée vers la Tude, c'est-à-dire vers le "fleuve" même si la Tude est une rivière; pourquoi le versant Est de la crête en site immédiatement voisin a été délaissé au profit de celui à l'Ouest. On ne peut pas nier qu'il y a eu effectivement un choix...].
Un second document nous renseigne un peu plus sur le projet de restauration de 1896 et sur l'état architectural après ces travaux :
Le document est signé du 1° septembre 1896. Il ne prévoit aucune intervention sur la façade Ouest. C'est le second document déjà présenté, signé et approuvé en date du 23 septembre 1896, qui formalise le projet d'une construction de façade occidentale. Façade néo-romane qui complètera l'installation de piles et doubleaux pour un voûtement de la nef primitivement planchéiée ou charpentée, pour une reconstruction de l'élévation supérieure de la tour de cloche ne touchant à la structure intérieure à la nef que par une reformulation d'arc en place et lieu du mur épais qui marquait la limite Ouest de l'actuel chœur roman. Nous serons également amenés à considérer la cage d'escalier en vis hors œuvre et sa relation tant avec le chevet plat qu'avec la surélévation en tour de cloche . Le massif oriental ne sera pas d'avantage touché par ce chantier sauf par deux percements de fenêtres en première travée du chevet plat et, après analyse, par un voûtement. Il y aurait là un manque car la sacristie attenante à la face Nord du chœur est signalée construite en 1864 (E.Petit, op.cit., p. 74). Ce qui ferait que le dessin ci-dessous serait un peu postérieur semblant déjà montrer l'essentiel des ajouts : sacristie, chapelle, escalier mais les ouvertures du clocher ne sont pas conformes aux interventions de Pierre Texier; à savoir des fenêtres à couvrements plats très proches du toit, alors que le projet de rénovation est conforme à ce que nous voyons actuellement de couvrements pleins cintres avec une ligne de toit plus haute. Mais aussi une fenêtre rectangulaire à couvrement plat en ouverture occidentale pour un état actuel de baies géminées couvertes en pleins cintres. Ainsi par ce dessin nous aurions un état architectural de la façade Nord de l'église entre la construction de la sacristie et les modifications de Pierre Texier, soit entre 1864 et 1896 avec une trace dessinée du remplage gothique de la grande verrière partiellement bouchée au chevet. Elément des plus importants qui nous ramène déjà vers Saint-Amant-de-Montmoreau. Toutefois nous allons découvrir une originalité inattendue avec le chevet plat à deux travées qui nous allons approcher en essai d'analyse par le relevé archéologique du bâti et synoptique. En revanche le petit bâtiment construit contre la face ouest de la tour d'escalier a disparu et le grand arc qu'on aperçoit en arrière dans le renfoncement a également disparu dans le percement d'une fenêtre qui pourrait dater des remaniements de 1896. Cet arc qui figure en ce site doit être questionné de multiples façons et il le sera dans l'analyse archéologique détaillée de l'église, tout autant que la seconde fenêtre de la cage d'escalier en vis hors-oeuvre. Donc un dessin très riche qui complète la documentation fournie par les remaniements de Pierre Texier sur la nef et tour de cloche.
C'est par des chantiers antérieurs et postérieurs qu'un plan initial, ou qu'un plan très ancien, sans pouvoir dire s'il fut véritablement le premier projet architectural sur le site, pourra être approché en modifications successives. La question de l'escalier en vis d'accès au clocher est un débat ouvert quand à sa configuration originale. Dès les premiers relevés en archéologie du bâti, une nouvelle réalité apparaît.
On remarquera que l'architecte Pierre Texier semble avoir fait des sondages pour mettre à même niveau les fondations primitives et celles de son intervention, ce qui exclu à priori la présence d'une crypte qui, par la pente du terrain orientée vers l'Ouest, rendrait en plus cette recherche très aléatoire sans pour autant abandonner cette éventualité lors de fouilles plus approfondies du site.
2 - Etude archéologique du bâti
Introduction des approches archéologiques
Les codes couleurs isolent les deux principales périodes de constructions, surchargées des apports postérieurs et modifications jusqu'à la fin du XIX° siècle
A partir de la mise en place de ces quatre icônes et du réparage des points à étudier
nous pouvons avancer vers les études séparées des deux constituantes majeures de ce monument et de ses incidences.
Le compte-rendu d'étude va se faire en trois étapes et une synthèse
1
Une étude du repère 4 sur le plan
2
Une recherche en introduction sur la famille des chapelles de routes
Début d'un inventaire raisonné.
3
Une étude du repère 7 sur le plan
4
synthèse
========================================
1
Etude de la partie Est du monument, repère 4 sur le plan.
Méthode d'extraction d'une chapelle ouverte par la pratique de l'archéologie du bâti,
La vue complète du déplié intérieur du massif oriental en lien avec le déplié de deux tiers de ses faces Sud et Est (la face Nord étant difficilement exploitable pour cette partie de la recherche en exposé) nous entraîne dans des correspondances tout à fait parlantes, en plus de la lecture directe des vestiges de la première construction romane avec ses demi-colonnes sur piles articulées dont celle au milieu du mur sud intérieur qui réapparait en extérieur, à proximité de l'ébrasement fermé des arcs d'ouvertures, apportant son témoignage d'un projet architectural ou d'une première église beaucoup plus importante que le massif oriental secondairement exploité en édifice fermé à deux travées droites et chevet plat.
Les pierres moulurées d'une bordure profilée en tore, redistribuées dans la maçonnerie, nous informent des états de destructions de certaines piles, voire partiellement de celles encore lisibles et partiellement lisibles, voire d'autres piles totalement disparues et du réemploi de ces pierres pour clore le massif oriental qui arrive jusqu'à nous. Les chapiteaux sculptés encore en place ou redistribués dans le bâtiment au nombre total de 8 (huit + deux autres très vraisemblables enfouis dans le mur qui ferme l'ancien portail Nord-Ouest de la nef en repère 10 sur le plan) nous renseignent encore sur un certain nombre minimum de colonnes ou demi-colonnes adossées prévues, alors que seulement quatre de ces chapiteaux sont encore en place dans le massif oriental roman, dont deux sur des pilastres corniers en angles du fond du sanctuaire et font figure de chapiteaux réemployés.
Ce sont des corbeilles principalement construites sur des structures de rinceaux avatars d'entrelacs nervurés et feuillagés habités de corps qui se cambrent, s'entremêlent, se répètent de chapiteau en chapiteau
comme on le voit entre les figures des repères 9 et 19 et 20, voire 1 et 2. En repère 11 on devine des compositions du même esprit qui semblent orienter vers une même main d'artiste qui fouille profondément la pierre dure peu usée pour celles exposées aux intempéries alors que celles qui sont les plus abîmées ont été taillées ou soumises à des chocs.
Les grandes figures animalières se partagent les sites en angles du passage du plan circulaire des astragales au plan carré des tailloirs, avec les compositions végétales en rinceaux, lianes qui accompagnent l'enchevêtrement des corps, la coopération des animaux et des humains.
Donc une sculpture de grande qualité, fouillée, riche et très animée.
Peut-on interpréter certaines scènes et isoler certaines mains en prenant en compte que la lisibilité des scènes peut-être très clarifiée par les apports polychromes peints :
- Le chapiteau D du repère 20 pourrait être Daniel et les Lions, personnage accroupi nu mais avec un périzonium, frontal, tenant les deux têtes des animaux qui le cantonnent.
- Les chapiteaux C et D des repères 19 et 20 sont construits à peu près sur la même organisation d'un personnage central flanqué de deux animaux - deux lions. Toutefois en C la figure centrale nue en quart de profil est très cambrée et elle est prise dans les rinceaux .
- Le modèle de cette figure C est repris mais en posture inversée sur le chapiteau F du repère 9. Le chapiteau est toutefois structuré différemment puisque les angles qui cantonnent la figure sont d'une part une sorte de lianes entrelacées, ou d'arbre, dans lesquelles les bras et les jambes du personnages prennent une place fusionnelle, et d'autre part sa jambe est accrochée par le bras du personnage de l'autre angle du chapiteau, qui semble vouloir la tirer ou l'extraire du réseau de lianes tout en participant à la construction entrelacée.
- Le chapiteau E du repère 9 déplace les rinceaux feuillagés en angle alors que ce qui semble être l'arrière train d'un animal des figures C et D va vers une prise de position centrale de la corbeille.
- Ce déplacement des figures avec des enroulements en amorces d'entrelacs feuillagés semble être le modèle directeur du chapiteau B du repère 2. Ce fragment de chapiteau est un des deux seuls vestiges encore dans une position originelle sur demi-colonne du premier bâtiment avant la constitution de la chapelle à deux travées.
Ces premiers chapiteaux présentés pourraient être de la même main talentueuse n'hésitant pas à des variations de compositions en bifurcations de distributions des thèmes et figures.
Les autres chapiteaux, bien que très difficilement lisibles semblent appartenir à une autre veine ou manière
- En vis-à-vis le second chapiteau A en position d'origine du premier bâtiment (détruit ou inachevé) semble être beaucoup plus économe d'entrelacs et le mode de composition semble d'avantage être de l'ordre de la confrontation ou de l'accumulation verticale de personnages debout plus que de la recherche d'une composition en structures d'entrelacs.
- Les deux chapiteaux H et G récupérés en consoles du repère 11 semblent également appartenir à un autre mode de composition à partir de lianes végétales épanelées en sens inverse juste au-dessus de l'astragale en croisement ou nœud ou foyer central. Aucune figure humaine ou animale n'y est clairement identifiable. Nous pouvons garder ces chapiteaux comme étant d'une autre veine que ceux en B, C, D et F.
Vers quelles sources de diffusion locale peut-on se tourner pour l'arrivée de ces chapiteaux dans le bassin de la Tude ?
Si nous prenons comme outil de base l'inventaire et les classements de J.George et Alexis Guérin-Boutaud par Les églises romanes de l'ancien diocèse d'Angoulême Edition de 1928, au chapitre des sculptures, nous rencontrons assez fréquemment ces rinceaux en lianes feuillagées.
Leurs combinaisons avec les personnages et les animaux sont plus discrètes et d'une façon générale moins élaborées même en la cathédrale d'Angoulême. où les scènes sont plus dégagées des entrelacs, plus lisibles. Idem pour les sculptures de Plassac ou de Saint-Amant-de-Boixe. Sur les rapports entre Saint-Pierre d'Angoulême et Saint-Amant de Boixe, Charles Daras écrit "Selon toute vraisemblance les pierres exportées au nord du département furent extraites des carrières environnant Angoulême. A ce sujet, il n'est pas sans intérêt de constater que les sculptures à l'extérieur du croisillon nord de l'abbatiale de Saint-Amant-de-Boixe présentent non seulement de grandes affinités avec celles du rez-de-chaussée de la cathédrale Saint-Pierre mais encore qu'une certaines ressemblance se retrouve dans la nature de la pierre. Toujours est-il que ces sculptures n'auraient pu être réalisées avec autant d'adresse si les artistes avaient employé le calcaire friable de la contrée. On serait tenté d'établir un rapprochement du même ordre à la façade de l'église de Ruffec.
Au sud d'Angoulême les convois de pierres devaient normalement suivre la route de Saint-Jacques, voie antique fréquentée par les pèlerins, qui reliait la métropole à Aubeterre" [C.f. C.Daras, 1970, op.cit, p.99] et nous sommes sur cette route (voir les cartes plus haut dans la page). Ainsi la question de l'importation de pierres dures résistantes aux intempéries ainsi que faciles à sculpter pour les chapiteaux semble trouver ses sources dans ces convois de transports des pierres de certaines carrières du secteur d'Angoulême alors que le grès de différents grains formés de plusieurs couches de sédiments sablonneux pourraient être d'extraction locale puisque tous les murs de différentes époques sont construis dans ce dernier matériau. Les artistes eux-mêmes pourraient suivre ces circuits.
Soit une veine qui passerait par le Nord jusque dans le Sud-Charente mais éloignée des productions poitevines si on s'en réfère aux publications de Marie-Thérèse Camus [cf. M.Th.Camus, La sculpture romane du Poitou - Les grands chantiers du XI° siècle. Paris, 1992 - M.Th.Camus, E. Carpentier, J.F. Amelot, Sculptures romanes du Poitou - Le temps des chefs d'oeuvres. Paris, 2009] et, en revanche, ayant eu selon toute vraisemblance des incidences sur les sculptures des chapiteaux de l'église Saint-Denis à Montmoreau, voire sur celles de Conzac et en poussant plus vers l'Ouest à la rencontre de
la
sculpture de la Saintonge
Pierre Bouffard, Sculpteurs de la Saintonge Romane. Introduction de René Crozet, photographies de l'auteur, cartes et dessins Rosemond Bouffard. Paris, 1962.
(Saint-Eutrope à Saintes, Saint-Pierre à Arces-sur-Gironde)
Cf. Jacques Lacoste (sous la direction de) L'imaginaire et la foi- La sculpture romane en Saintonge. Tours, 1998.
En allant vers le Périgord
Jean Secret relève des influences croisées des diocèses qui administrent le bassin de la Tude, " Faye (3) [1. S.] ce portail est le seul de tout le Périgord à posséder un tympan sculpté. Il représente le Christ en gloire, encensé par deux anges, assez comparable à ceux qui encadrent l'Arbre de Vie, sur le motif central de la façade occidentale, à la cathédrale d'Angoulême...[...]...Saint-Pardoux-de-Mareuil...L'abside et le clocher sont influencés par l'Angoumois...[...]...Chenaud...A noter que l'abside, très décorée, est influencée par la Saintonge. " . Cf. J. Secret "Les façades à arcatures dans les église romanes du Périgord". Dans, Société Française d'Archéologie - Bulletin Monumental - Dirigé par Marcel Aubert et Francis Salet - Tome CXVIII - 1960 - 2 - Revue trimestrielle publiée avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique". Ps. 91, 94, 98, 108 et 109.]
Pierre Pommarède, Le Périgord des églises et des chapelles oubliées - tome II - à l'ombre du clocher. Préface de Maurice Druon de l'Académie Française. Périgueux 2004.
En allant vers le Languedoc
Raymond Rey, La sculpture romane languedocienne. Toulouse, 1936.
Michèle Pradier-Schlumberger, Toulouse et le Languedoc : La sculpture gothique (XIII°-XIV° siècles) Toulouse 1998, 2023.
En allant vers le Limousin
Marie-Madeleine Macary, Sculpture romane en Bas Limousin. Périgueux 1966
Evelyne Proust, Les chapiteaux romans limousins - Typologie et premiers éléments pour une étude morphologique. Mémoire de DEA dirigé par Marie Thérèse Camus, C.E.S.C.M. Poitiers 1990.
En allant sur les routes de pèlerinages
Marcel Durliat, La sculpture romane de la route de Saint-Jacques - De Conques à Compostelle. Mont-de-Marsan, 1990.
Jacques Lacoste, Les maîtres de la sculpture romane dans l'Espagne du pèlerinage à Compostelle. Paris, 2006.
Textes généraux de référence
Henri Focillon, L'art des sculpteurs romans. Paris, 1931.
Eliane Vergnolle et Yolanda Zajuska, "Les problèmes de l'art roman, architecture et sculpture". Dans, Louis Grodecki - Le Moyen-Âge retrouvé - De l'an mil à l'an 1200 - Préface de André Chastel et Willibald Sauerländer. Paris 1986, p. 31 à 183.
Eliane Vergnolle, L'art roman en France. Paris 1994, 2003, p. 110 et suivantes.
Ces chapiteaux romans sont de la famille de ceux de l'église Saint-Laurent à Saint-Laurent-des-Combes sur le diocèse de Saintes de l'autre côté de la Tude sur l'axe de circulation qui passe au même niveau par Montmoreau : soit de la première moitié du XII° siècle.
[Sur ce blog : Cressac, La Genétouze, Chenaud, Pillac, Montignac le Coq, Saint-Laurent-de-Combes Aspects atypiques de l'évolution de l'architecture religieuse romane en Sud Charente - Bassin de la Tude : contreforts, avant-chœurs, escaliers en vis et passages : https://coureur2.blogspot.com/2024/01/cressac-la-genetouze-chenaud-pillac.html]
Nous avons donc ici une évaluation de date pour l'implantation d'une première église sur le site.
C'est cette église qui va être récupérée avant achèvement ou après importantes destructions
La lecture des pierres de réemplois (en rouge) nous renseigne encore sur les modifications qui ont été apportées aux murs primitifs, ou plus exactement orientent vers une lecture de murs romans de seconde édification, ou de premier fermement du massif oriental en chapelle ouverte car sans réemplois, et ensuite sur des modifications apportées à ce premier fermement.
1 . A savoir, deux murs de la première modification :
1a - le mur Sud-Est qui conserve la seule fenêtre de caractère roman et qui est une fenêtre de contre-jour ou d'unique éclairage de l'autel au fond de la seconde travée droite du sanctuaire lui-même réhaussé de deux marches inscrites dans la pente générale du sol qui est une orientation vers une organisation en chapelle ouverte où l'on trouve assez fréquemment ce dispositif d'évacuation des eaux de pluies et condensation dont le paroxysme est atteint en la chapelle de Tourette-du-Château présentée plus haut, en préambule.
1b - le mur Nord-Ouest dont la disposition originale de second fermement - puisqu'une des piles articulées se voit par les pierres moulurées dans la cage d'escalier extérieure - est avec une grande arcade assez étroite qi dépasse la corniche de réception de la voûte tardive. L'ouverture de cet arc se situe au-dessus du niveau du sol et peut autant orienter vers une ouverture que vers une niche réceptrice d'une grande sculpture ou peinture. Cette double lecture est à conserver puisque sur le plan - périmètre du repère 3 - nous voyons que l'aboutissement d'une hypothétique ouverture sur le mur Nord-Ouest est masquée tant par le percement d'une fenêtre du XIX° s, que par la construction de la tour d'escalier dont nous allons plus bas essayer de situer la construction plus tardive par un autre mode d'analyse.
2 . A savoir deux et trois murs avec des pierres de réemplois :
2a - Le mur Nord-Est où ces réemplois ne sont pas significatifs, d'où pour le moins nous ne pouvons extraire aucun sens particulier, sinon un premier réemploi pour la construction du second état du sanctuaire.
En revanche en angle extérieur Nord, au milieu du mur de soubassement, nous rencontrons un réemploi en angle (voir troisième icône ci-dessous). Ce qui irait bien dans le sens d'un chevet plat fermé pour la construction d'un bâtiment plus petit que celui initialement construit ou prévu.
2b . Le mur plat de fond du sanctuaire autour de la grande verrière a été modifié par le bas comme en témoignent tant l'organisation intérieure que l'organisation extérieure. L'état que nous voyons de cette grande baie n'est qu'un second état ou troisième état (en plus sans les remplages visibles sur le dessin ) dont les réemplois apportent un témoignage qui peut-être complémentaire d'un remaniement dans le périmètre immédiat en plus des dissolutions d'appareils de réajustements.
Cette verrière était à remplages, plus haute, depuis sa base en retrait du mur de soubassement, et de troisième, puis quatrième modification.
Remplaçait-elle une ouverture romane plus petite ?
Dans le cadre des lectures des chapelles ouvertes la fenêtre en fond du sanctuaire n'est pas obligatoire, même assez rare mais pas impossible et parfois présente suivant les régions. Et bien sûr la petite fenêtre latérale au Sud éclairait-elle seule l'autel - car à elle seule cette petite ouverture signe la présence primitive d'un autel - et comment le fond du sanctuaire était-il éclairé puisque l'éclairage intérieur global du bâtiment était assuré en première travée par le grand arc béant mais à angle droit de la pénétration de la lumière. Cette source de lumière était-elle suffisante pour permettre la lecture des registres peints sur le mur ou fallait-il inciter le pèlerin, le voyageur à acheter de la chandelle "pour y voir clair" pour découvrir le "Mystère" de la foi, dans ces correspondances mystiques avant celles du Carmel Réformé de Sainte Thérèse d'Avila au XVI° siècle ? Car ce sanctuaire était enrichi d'un revêtement peint dont les fonds ocres-rouges subsistent sur les piles.
A se stade nous comprenons que les sources romanes sont réelles mais qu'elles nous parviennent modifiées par au moins une intervention gothique par la verrière à remplages.
2c. le mur Sud-Ouest est le mur le plus "retravaillé" du massif roman originel.
Tout commence avec un mur construit en grande arcade ouverte qui dépasse les deux piles de la travée primitive bordée par deux piles articulées dont celle à l'Est fait le lien avec une extension prévue qui pourrait avoir été une amorce de bras de transept.
Ce très grand arc monte presque jusqu'à la hauteur du bord du toit de couvrement du chœur. L'écart entre cette bordure et le haut de l'arcade est une zone en petites pierres amalgamées sans ordonnance particulière comme les vestiges d'un remplissage d'angles qui semblent signer l'arrachement d'une voûte en portique, ou pour le moins en fronton débordant épousant l'arc ? Ce type de maçonnerie n'est pas poursuivi sur les partie latérales du grand arc fermé mais l'intérieur seulement.
On peut donc avancer - même si on n'arrive pas à identifier fermement une ouverture protégée par un abri - vers un arc ouvert sous abri à valeur potentielle de portique (disparu).
La disparition de ce portique pourrait être liée à une réduction de l'ouverture en deux temps. L'icône ci-dessous permet de mieux approcher comment ce massif occidental - ancien porche en oeuvre ouvert d'une grande arcade - fut progressivement fermé en remarquant que l'exacte correspondance des largeurs des arcs entre intérieur et extérieur interdit l'appel à toute insertion de ressaut d'ébrasement propre à contenir une fermeture par huisseries, qui de toute façon ne changerait pas grand chose aux séquences de fermements.
De la droite à la gauche de l'icône ci-dessus, tout comme de la gauche à la droite, nous assistons à des variations de hauteurs et de conceptions architecturales.
Je propose de commencer la lecture de cette icône par le repère I qui est un ébrasement de porte tourné vers l'intérieur du clocher. C'est-à-dire que la porte s'ouvrait au niveau de l'entrée, à l'horizontale vers l'intérieur du bâtiment et que le plancher auquel elle donnait accès était au niveau des repères FF' qui étaient dans le secteur immédiat en repères GH de l'arc de transition entre le porche en oeuvre et le voûtement plein cintre du sanctuaire. Nous sommes ici sur les valeurs E entre le grand arc extérieur et la partie en tout venant du couvrement en portique ou fragment de portique en fronton (coffré?) alors que la valeur M nous amène au second niveau du plancher consécutif à l'aménagement d'une volée droite là où il y avait un accès de plein pied en valeur I. Nous comprenons que cette valeur M qui est celle d'un appareillage de la fin du XIX° siècle accompagnant un glacis de retraite de la verticale du mur est une modification de l'empreinte du clocher sur le volume initial du porche en oeuvre qui accompagne un ou des chantiers de construction du clocher qui de toute façon a été reconstruit à la fin du XIX° siècle comme vu plus haut avec le dessin fournit par Eric Petit.
Il faut maintenant lire cette nouvelle élévation avec l'arc intérieur DD' qui a été modifié (sans imposte et arc à claveaux modernes) pour servir l'élévation actuelle du clocher en sous oeuvre. Il y avait ici un arc ou une ouverture percée dans le mur du porche fermé à l'ouest de la chapelle primitive dont les murs en ébrasement issus du premier percement n'ont pas été modifiés.
Si I est inférieur par son plancher initial à M-F' c'est donc que nous avons toutes les chances d'avoir eu un porche en oeuvre sans comble, ou un proche uniquement charpenté, voire planchéié sous charpente.
La moulure d'ébrasement de l'ouverture ou porte d'accès au clocher est amortie d'un abattement terminé en cavet d'angle.
Ces amortissements d'angles sont connus en gorges creusées ou glyphes dans au moins une église romane de la bordure Est du bassin de la Tude : Saint-Pierre à Bellon et en moulures d'ébrasements aux XV° ( XVI° ?) siècle comme au château de Curac (bassin de la Tude).
Ils seront fréquents et même caractéristiques en abattements plats d'entourages de portes du XV° au XVII° siècles sur tout le royaume.
L'escalier a été partiellement démoli mais les tracés tournants sur les quatre murs de la cage d'escalier montent jusqu'aux traces d'un repos à fonction de pallier en relais de la fin de la vis et du début de la volée droite (figs 1, 2, 3, 4), ce qui pourrait être un dispositif apparenté à un mode roman [voir sur ce blog les présentations de quelques escaliers romans du bassin de la Tude sur la page qui précède celle-ci, soit : Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude. https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html]
mais la volée tournante continue est le double en largeur d'un escalier du XII°/XIII° s. et en plus il démarre de fond derrière une porte clairement tardivement percée en angle Nord-Ouest après achèvement de cette partie devenue un chœur à deux travées droites d'origine romane. Dans l'ébrasement du passage en bordure Ouest on repère d'autres traces d'une pile articulée du premier bâtiment roman. En plus, cette tour d'escalier hors oeuvre est épaulée sur sa face Ouest - en alignement de l'ancien mur Ouest de la chapelle ouverte - d'un contrefort d'élévation ancienne du clocher qui n'est pas d'origine à la chapelle ouverte qui n'avait pas besoin d'un tel dispositif. Ce contrefort a son correspondant au Sud-Ouest. Ces deux contreforts épaulent donc une élévation plus tardive que l'escalier du volume du clocher dans son état antérieur à celui actuellement visible.
La base de l'escalier étant rongée par le salpêtre, il nous manque ici un repère essentiel de datation d'autant plus que les marches ont été rechargées en ciment et nous ne pouvons donc pas voir comment les premières marches étaient assemblées au noyau au départ du mur d'échiffre.
Cette cage d'escalier était éclairée par deux petites fenêtres percées sur sa face Nord, mais il n'en subsiste que la plus basse dans l'élévation, l'autre étant clairement bouchée.
De toute évidence cet escalier est ajouté tant au premier édifice roman qu'à sa transformation en chapelle ouverte, qu'à des modification postérieures avant construction d'un premier clocher ou simplement d'un grenier. Les recherches historiques d'Eric Petit rendent compte d'une première cloche "bénie en 1667" [E.Petit, 2021, op.cit, p. 75]. .
Nous aurions donc eu une chapelle ouverte avec un porche en oeuvre planchéié ou sous charpente ouvert côté Sud, protégé par un portique couvert d'une voûte coffrée sur piles (?). Avait-on un complément architectural au moment de cette transformation ?
Ce grand arc va être progressivement fermé : repère CC'. Fermé de telle façon que l'arc intérieur est plus haut que ce lui extérieur, donnant lieu à un tympan (ou glacis) intermédiaire entre les deux ouvertures, actuellement pris dans les compensations murales de fermement. On penser à un ébrasement pour une porte s'ouvrant vers l'intérieur dont le haut serait venu butter contre ce tympan puisque les ébrasements sont identiques entre le grand arc et l'arc réduit.
Cet arc fut-il réduit avant l'abattement partiel du mur Ouest des deux travées droites sans rectification des niveaux des sols entre la chapelle ouverte et le nouveau bâtiment en extension Ouest qui devient la nef de l'église à l'origine sans voûtes et aux murs plus fins et décalés de la construction romane. Ce décalage non compensé des niveaux des sols peut-il signer deux chantiers réalisés à l'aveugle l'un de l'autre, donc avant ouverture du mur Ouest de la chapelle ouverte ? Toujours est-il que cette différence de niveaux fut le prétexte à la construction d'un garde corps ajouré dont les traces de fixation dans le mur ouvert sont encore bien visibles en symétrie sur les ébrasements Nord et Sud.
Ces deux travées en chapelle ouverte, puis fermée, conservèrent donc une fonction particulière au sein de l'organisation liturgique du monument comme si cette église fut un temps celle d'une communauté avec une travée droite en avant de la seconde travée droite du sanctuaire proprement dite. Les parties bûchées, notamment sur les bases et les chapiteaux semblent orienter vers cette hypothèse pour l'installation de mobiliers disparus.
A partir de cette nouvelle organisation peut-on réinvestir ces deux travées droites pour essayer d'approcher leurs deux modes de couvrements qui furent bien distincts ne serait-ce que par les niveaux des voûtes actuelles dont celle de l'ancienne travée porche est la plus récente, voire moderne - repère G ? La répartition des contreforts extérieurs peut-elle participer à cette réflexion ?
Le répartition des contreforts est la première indication d'une contrebutée de voûte postérieure à la conception architecturale du massif carré en deux travées de la chapelle. C'est-à-dire qu'il n'y a aucun contrefort en angles est.
Cette remarque est confortée par l'analyse, et analyse comparative avec le voûtement du chœur à chevet plat de l'église de Saint-Romain qui est sur la même route de Saint-Jacques-de-Compostelle entre Aubeterre et Bors-de-Montmoreau, en bordure sud Est du bassin de la Tude avant de s'articuler avec le bassin de la Dronne.
Avec cette icône nous avons tous les éléments de réflexion qui nous amènent à envisager un voûtement du chœur en plein cintre de Bors-de-Montmoreau quasi contemporain de la réalisation de celui de Saint-Romain, avec les deux modes de voûtement des chevets plats du bassin de la Tude, soit principalement en plein cintre et qui bascule en voûtes sur nervures sur cette transition XII°-XIII° siècle avec des éclairages de sanctuaires qui varient de la grande verrière unique au lancettes groupées par deux et celles groupées par trois, alignées sur le même niveau ou décalées comme à Sérignac entre Chalais et Rioux-Martin mais sur le diocèse de Saintes. Sauf que l'éclairage latéral du chœur reste aligné au modèle roman de Sérignac, sans apport de grandes baies sur les murs gouttereaux.
Bors-de-Montmoreau d'abord conçue comme la récupération sans voûte et en chapelle ouverte des vestiges d'un sanctuaire plus ancien - en descendant vers la première moitié du XII° siècle - prend peu à peu sa place dans les églises à chevet plat du bassin de la Tude.
Cet aspect de la question plaide bien pour un premier porche en oeuvre planchéié ou charpenté et peu à peu transformé en clocher par l'ajout de quatre contreforts d'étayage d'élévation et un arc intérieur en reprise sous oeuvre pour renforcer le premier arc de la voûte de l'entrée dans le sanctuaire - en support renforcé de l'élévation du mur Est d'une première version du clocher constitué par dessus un premier grenier probable sur plancher - profilé en demi-nervure comme exposé sur l'icône ci-dessus.
Nous voici revenus à ce point crucial du passage de cette construction du XII° au XIII° siècle par une chapelle ouverte, chapelle étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Je propose de marquer un temps d'arrêt à l'investigation d'étude de ce bâtiment, avant d'aborder les liens qui ont pu se faire avec une extension Ouest à partir du XIII° siècle, et de quelle nature cette extension a t-elle pu être vers une transformation à fonction de nef du sanctuaire agrandi.
Hélas les éléments en place du bâti ne permettent pas l'approche d'une agglomération ancienne disparue, ou d'une abbaye également disparue, ayant nécessité la construction d'une grande église à piles articulées, presque disparue.
La suite de mon inventaire direct des sources médiévales de transition romano-gothique des chapelles de routes s'enrichit avec la chapelle de Cressac sur le secteur Sud-Ouest du bassin de la Tude mais sur la Charente-Maritime, limitrophe, autour du secteur de la Haute-Lande (Charente) site d'implantation d'un prieuré de Fontevraud, voir sur ce blog :
Rioux-Martin - L'église romane - L'implantation de l'abbaye de Fontevraud à la Haute-Lande - Les interventions d'Edouard Warin et de Paul Abadie au XIX° s. - Une approche des escaliers romans dans le bassin de la Tude.
https://coureur2.blogspot.com/2022/06/rioux-martin-leglise-romane.html
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L'étude complète pour l'identification de cette chapelle, sur ce blog :
Cressac, La Genétouze, Chenaud, Pillac. Aspects atypiques de l'évolution de l'architecture religieuse romane en Sud Charente - Bassin de la Tude : contreforts, avant-chœurs, escaliers en vis et passages : https://coureur2.blogspot.com/2024/01/cressac-la-genetouze-chenaud-pillac.html |
Continuons d'investir les aspects de ces découvertes successives majeures et tout à fait par hasard, d'abord en extraction raisonnée à Bors-de-Montmoreau d'une chapelle ouverte de la transition roman-gothique, puis à Cressac avec une restitution simple du parti d'origine mixte roman et gothique, également de la période de transition roman-gothique, pour leur restituer leur véritable place et importance dans l'étude du patrimoine religieux et de ses articulations et incidences sur la culture et l'histoire de la construction séculaire de la civilisation occidentale et principalement française, pour des cheminements de liens avec le reste de l'Europe.
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Premiere suite du plan de compte rendu d'étude et de ses incidences
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2 -
Une recherche en introduction sur la famille des chapelles de routes
Comme déjà dit et exposé à partir de la reprise d'un inventaire dessiné et aux restitutions documentées et raisonnées commencé par les volets 1 et 2 de cette recherche débutée en 1991/92 - dans un ensemble beaucoup plus vaste consacré à l'étude de la polychromie architecturale et plus particulièrement de la façade peinte depuis la fin du Moyen-Âge/ début de la Renaissance à nos jours sur tous les bâtis du Sud-Ouest des Alpes - pour la présentation en thèse doctorale de 3° cycle soutenue à Aix-en-Provence le 26 janvier 2001, en introduisant les rapports picturaux et architecturaux à l'étude de ces architectures, car ce sont avant tout des architectures, jusqu'alors étudiées seulement sous le volet de la peinture avec les études scientifiques picturales et géographiques inaugurales élargies au domaine alpin et aux influences du Nord de l'Europe par Marguerite Roques en 1961 et 1963.
Ici, avec ce troisième volet, nous franchissons donc une nouvelle étape, certainement tout autant décisive que les volets 1 et 2 ...
Bien évidemment la présence d'une chapelle romane à façade ouverte et intérieur peint (traces évidentes de peintures ocres jaunes et rouges sur les parties les plus anciennes de la chapelle, donc sur les piles articulées et colonnes engagées aux 2/3 sur dosserets aux angles dégagés d'un tore) surprendra certainement. En effet j'ai rencontré ce type architectural dans les Alpes du Sud-Ouest, Sud-Est de la France c'est-à-dire sur les versants provençaux, essentiellement construits aux XV° et XVI° siècles pour des réceptions de décors peints visibles depuis l'extérieur à différents degrés jusqu'au fond des sanctuaires, suivant les variantes de ce type architectural. C'est une période historique pendant laquelle cette partie alpine où on rencontre principalement ce phénomène est peu à peu intégrée au comté, puis duché de Savoie sans autonomie politique et culturelle véritable - sauf des manifestation sporadiques vernaculaires selon les villages, les cols et les vallées et des vagues de constructions religieuses égrenées dans les siècles depuis le Premier art Roman méridional, le Premier art Gothique cistercien, des variations et avatars entre gothique et roman, et à partir du XVII° siècle des directives romaines des Jésuites qui arrivent par le Jésus de Nice au plan repris par les réviseurs et égrenés sur tout le diocèse de Nice, enfin une diffusion de quelques modèles de façades d'églises à frontispices sur portiques à la rencontre des courants des directives Jésuites jusqu'au XIX° siècle; l'architecture civile s'alignant sur les courants provençaux qui se modulent à partir des constructions gothiques amalgamées avec des palais sur arcades dans les périmètres fermés des gros bourgs médiévaux à la rencontre d'adaptations alpines et la création des maisons-fermes contenant à elles seules toutes les fonctions de l'habitat et de lieux et outils de l'économie agricole de chaque domaine - qui deviendra pour sa plus grande part un comté totalement artificiel du non moins artificiel Royaume de Sardaigne alpin (après avoir été royaume de Sicile) par le jeu des couronnes disponibles en Europe après le traité d'Utrecht terminé en 1715.
Ces royaumes tardivement constitués n'ont aucune responsabilité politique sur la construction de ce patrimoine chrétien ouvert aux voyageurs, réparti sur les routes orientales des terres occidentales.
Les directives des monarchies sardes installées à Turin en Piémont (province du Milanais) tardivement constituées ne modulent véritablement le panorama architectural civil et religieux, et encore assez faiblement, que par les effets du baroque italien du XVIII° siècle transitant par Turin (route neuve dite "route royale" ou "réale strada" construite au XVIII° s pour relier le port de Nice à Turin) et le néoclassicisme qui en revient aux solutions également baroques du XVII° siècle, que sur les périodes 1715-20-1790, puis 1815/20-1860, s'alignant au romantisme européen au XIX° siècle avec une culture néogothique et néo-baroque qui diffuse depuis Turin sur le comté alors que le palladianisme pose ses jalons de puis la Provence Orientale sous l'influence des colonies anglaises et du tourisme d'hiver qui s'installe en "stations" jusqu'aux sources des vallées alpines, et des écoles d'architecture parisiennes et l'enseignement de Quatemère de Quincy (1755-1849). Charles Garnier commencera son influence polychrome sur la Côte à partir des villas qu'il construisit à la Bordighera sur la Côte Ligure (Italie frontalière) pour passer ensuite à Monaco. C'est à partir des restaurations du Palais Princier de Monaco que la veine moderne des façades peintes et architectures polychromes de la Côte d'Azur est lancée avec l'installation de toute une infrastructure commerciale et artisanale, un peu plus tard industrielle avec les manufactures de céramiques monumentales, débutant par l'ouverture de magasins de couleurs à Menton seulement quelques années après le rattachement du comté de Nice et de deux seigneuries de Monaco à la France (1861).
Le baroque aixois affirmé en Provence Orientale va à la rencontre d'autres courants dont l'architecture jésuite, s'égrenant jusqu'à Grasse et plus bas dans la vallée de la Siagne jusqu'à celle du Var avec des ricochets tout au long de la Côte, voire un peu au-delà et d'une façon générale difficile d'en isoler les sources vu la minceur de leurs manifestations, alors que les Grimaldi régnant depuis le XIII° siècle sur Monaco, d'abord élevés au rang de marquis par Charles Quint puis autoproclamés Prince (Honoré II dès sa majorité) et reconnus par Louis XIII qui les érigent au rang de Duc et Pair de France, se libérant du joug de l'Empire, c'est-à-dire de l'Espagne, dès les premières décennies du XVII° s., affirmant l'architecture française dans leurs seigneuries - de Monaco à Menton - depuis au moins 1630-1640, dont l'architecture polychrome royale et militaire, avec des artistes aixois, des ingénieurs en garnison à Toulon ou des projets directement commandés au Cabinet des Architectes du Roi et localement mis en œuvre par un architecte français à demeure; le Prince étant lui-même sinon totalement "l'architecte", au moins l'ordonnateur urbaniste et ornemental, le contrôleur et le récepteur commanditaire.
Le modèle de chapelle ouverte à arc grand ouvert en façade Sud du porche Ouest existe dans la Vallée de La Tinée à une bonne heure de marche sur un très étroit et vertigineux sentier alpin au hameau (quartier) de Saint-Jean (chapelle Saint-Jean) à partir du village déjà haut perché de La Tour-sur-Tinée à partir duquel on repère d'autres chapelles anciennement ouvertes : celle hors les murs qui deviendra chapelle des Pénitents et Sainte-Elisabeth sur la route du col qui fait le lien entre les deux affluents Est du cours inférieur du Var : La Tinée et La Vésubie.
(retrouvez plus de précisions et d'études sur ce sujet central aux articulations des courants culturels qui ont traversé les Alpes du Sud de la France à l'Italie et inversement, ici à travers les églises - qui complètent sur ce même sujet mes pages sur l'habitat et les chapelles sur ce blog - à la page
Eglises du sud-ouest des Alpes A travers l'art de la polychromie architecturale
http://coureur2.blogspot.fr/2013/02Bib/eglises-du-Sud-Ouest-des-alpes-alpes.html)
La seconde chapelle ouverte que je présente ici de la commune de La-Tour-sur-Tinée est celle de Sainte-Elizabeth avant de produire plus bas l'icône de celle qui, tardivement fermée, est devenue chapelle de Pénitents.
Ainsi, avant d'entrer dans l'inventaire des chapelles ouvertes et des veines de "fermements" je produis cette chapelle Sainte-Elizabeth comme l'exemple d'une autre forme de récupération culturelle de ces monuments au XX° siècle par le phénomène du Vampirisme du mur commun à des évolutions contemporaines en ornements tagués et graffités qui sont des remontées des projections consécutives à la pulsion rencontrant une organisation particulière du bâti qu'elle conteste ou qu'elle utilise tout simplement (comme les Limericks en Irlande qui sont des formes poétiques qui trouvent leurs sources dans les graffitis des toilettes publiques - connus depuis la période romaine [latrines] et à partir desquels on connait la prononciation phonétique du latin - et qui donneront naissance aux productions littéraires du Non Sens en Angleterre). Ces graffitis modernes sont des témoins d'une récupération culturelle pulsionnelle de vecteurs contestant ou répondant à d'autres constructions raisonnées de la culture occidentale à l'abandon ou à la destruction. Ceci a bien sûr un sens dans notre société dont la laïcité irraisonnée peut entraîner beaucoup plus de dégâts culturels que de bienfaits et ainsi être une ou des formes de contestations de la mémoire et de la présence par le mécanisme psychologique, sans proposer d'autres valeurs que celles du Vampirisme.
Je produis donc cette chapelle comme un des effets progressifs qui accompagnent le mouvement de fermement de ces petits sanctuaires jusqu'au vampirisme du XX° siècle
qui est in fine le fond puissant de notre forme culturelle du XXI° s.
(voir sur ce blog : Psychiatrie - Une histoire et des concepts - l'humain et l'art en enjeux
http://coureur2.blogspot.fr/2016/11/psychiatrie-une-histoire-et-des.html, et pour abréger ou pour faire simple se reporter directement au petit texte "Le clair de lune et la poésie" de la seconde partie de la présentation de ce chapitre du blog).
En plus des informations que je donne sur les chapelles peintes et ouvertes des versants alpins du comté de Nice que j'ai relevées pour ma recherche en thèse doctorale de 3° cycle, je dois signaler un très intéressant et indispensable complément d'informations par la publication de Colette et Michel Bourrier-Reynaud Les chemins de la tradition. Chapelles et oratoires au cœur du haut pays niçois. Nice, 1986. avec des notices historiques illustrées de dessins très parlants comme celui ci-dessous de la chapelle de Saint-Jean-sur-la-Colline (vallée du Var) avec ce commentaire "Le 20 mars 1492, elle était attestée par une acte du notaire pugétois Vicenzo"
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La présence d'une claire-voie en demi-soleil de tympan atteste d'un fermement tardif et partiel du sanctuaire, vraisemblablement à partir de la 2° moitié du XVII° s. (Claude Peynaud). |
Voir également les chapelles à façades ouvertes en plein air ou encastrées dans des grottes de la région des
gorges du Verdon,
La plus ancienne chapelle ouverte du Sud-Ouest des Alpes, datée par son programme peint par Jean Baleison, est celle de
VENANSON
1480
Chapelle Sainte-Claire
avec une image composée autour du martyre de Saint-Sébastien
Alpes-Maritimes, haute vallée de La Vésubie, au pied du Mercantour, affluent de la basse vallée du Var.
Si l'origine de son décor peint conservé ne pose aucun problème dans un contexte d'épidémies contre lesquelles Saint-Sébastien devint un saint thaumaturge, il est certain que sa source architecturale est issue de modèles antérieurs et nous avons vu l'exemple de Villars Saint-Pancrace en Dauphiné publié par Gabrielle Sentis, bien après que nous ayons identifié une chapelle romane ouverte sur le mur sud du chœur de l'église de Bors-de-Montmoreau.
Nous avons également vu que des plans en relents de schémas plus ou moins romans d'inspirations d'Ouest pouvaient servir de modèles directeurs pour construire les enveloppes de certains édifices religieux de la vallée du Var et de chapelles dans les vallées de ses affluents dont de la Tinée.
(J'observe une réelle réserve car beaucoup de ces petits bâtiments semblent avoir disparu et leurs décors peints aussi : des approches statistiques seraient donc purement hasardeuses, voir téméraires et tomber en dehors des champs scientifiques d'études).
Pour Venanson
je ne documente pas un éventuel porche, même en bois.
Les porches en bois peuvent encore se rencontrer dans la vallée de la Tinée (Roure, Clans)
[Pour trouver des architectures de chapelles peintes, ouvertes en façades, à porches maçonnés encore in situ il faut se déplacer plus au sud sur les massifs qui se dédiront peu à peu à la Savoie (chapelles de Lucéram) et à l'Ouest sur les terres frontalières (Sigale - N.D du Bosc) ou restées à la Provence (Vence, Ben Va au nom évocateur "Bon voyage" des fonctions de ces chapelles).]
De premières déclinaisons de transitions depuis des chapelles ouvertes en chapelles peu à peu fermées en claire voies
Les fermements de chapelles ont aussi été en murs pleins avec modifications des plans, nous ramenant vers la recherche effectuée à Bors-de-Montmoreau
Mougins - Notre-Dame-de-Vie
Les fêtes populaires traditionnelles revivent sur les dehors de la chapelle à l'occasion de réjouissances et de célébrations comme en ce lundi de Pâques 2017
Un retour en Charente au XVII° siècle pour une véritable rencontre entre Est et Ouest
dont je donne ici trois premiers témoins rencontrés.
Chapelle Saint-Jean à la Fontaine de Guérison en bordure du chemin
des Mandoliers issu du carrefour un peu plus bas avec le Petit Chemin de Saint-Jacques
Sud-Charente - Lisières Est du bassin de la Tude
Bibliographie : M.Valette, Pays Poitevin (extraits). Août 1898, p.14. Etudes locales, n° 215 p. 143 et N° 266, p. 156. Repris par Marc Leproux, Dévotions et saints guérisseurs. Contributions au folklore charentais : Angoumois, Aunis, Saintonge. Préface par Georges-Henri Rivière Conservateur du musée des Arts et Traditions Populaires. Directeur du Conseil International des Musées. Angoulême 1957, p. 184 et 185. "L'église et la fontaine sont placées sous le patronage de Saint-Jean.
La grande Vote a lieu le jour de l'assomption et s'accompagne de la frairie de Laménède (sic) sur le bord de la Beuronne dans une prairie éloignée de toute habitation, bordée de grands bois au nord et à l'ouest. La jeunesse y danse jusqu'à la nuit.
Dans la prairie se trouve une fontaine appelée fontaine de guérison, dont le volume d'eau ne varie point. Toujours limpide et claire, elle guérit les plaies et les douleurs; selon Bertrand, elle guérit les maux d'yeux.
Les pèlerins suivent la foule la veille de l'Assomption, et se plongent dans l'eau jusqu'au cou. Une petite chapelle déserte, située sur le bord de la fontaine, est ornée ce jour là de verdure et de fleurs. Autrefois le curé y récitait des évangiles...
Sur le bord de la fontaine se trouve un poteau de quatre à cinq mètres, gros comme la jambe...le soir de l'assemblée il est criblé d'épingles plantées par les jeunes filles qui désirent se marier...de leur côté les jeune gens les enlèvent avant le coucher du soleil et en piquent deux croix au revers de leur veste ou sur leur blouse afin de trouver une compagne avant la fin de l'année."
Lorsque je rencontrais ce petit bâtiment on me le présentait comme une bergerie, mais mesdames Ghislaine Gaudet et Christine Dumora me confièrent en même temps un document extrait des archives du presbytère de Saint-Quentin, recueilli à Chalais : "à 4 h je récitais les 3 chapelets à la fontaine de Guérison, dans ce lieux ...qu'on nomme pour je ne sais quelle raison chapelle à des ruines où la pluie et le vent pénètrent à des murs sales. Le sol de la dite chapelle est en terre. C'est l'étable de Bethléem. Pour le.... famille Lajeunie propriétaire de la fontaine et de la dite chapelle s'évertue de cacher les murs en y étendant les branchages les degrés d'un vieil autel tout couvert d'un vieux tapis. La garniture qu'entoure l'autel au milieu de laquelle est peinte l'image du sacré cœur est ce qu'il y a de plus propre.
Le reste comme... bouquet est vieux et sale. Les pèlerins n'étaient pas nombreux cette année à la récitation du rosaire mais aussi le temps était mauvais et le chemin plein d'eau et de boue.". Suit une date 19/04/1904.
Depuis, la chapelle a été restaurée mais sans excès : le toit a été réparé et a été isolé par un plancher. Le sol est toujours en terre et le vieil autel décrit a été remonté sur un mur, alors qu'un autre autel "plus propre" en bois ciré a pris la place de l'ancien.
La façade a été enduite en ciment moucheté mais celui d'origine en chaux a été conservé et on le voit dessous le ciment qui s'écaille. L'enduit de façade semble avoir été reporté sur le mur Est site de l'appentis en préau, pour le moins il reste des traces d'enduits de chaux qui furent colorés, par delà les moisissures de surface.
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Le domaine dont dépendait la fontaine de Guérison et la chapelle Saint-Jean était celui du château des Dougnes tout en haut de la grande combe dont la fontaine est la pointe basse. Ce château est du XV°/XVI° siècle. La famille Lajeunie était propriétaire des Dougnes. C'est par mariage que la chapelle et la fontaine passent dans le domaine de La Ménècle propriété de la famille Des Courtils dont l'actuel propriétaire de la chapelle est un descendant direct, propriétaire du Maine sur le chemin qui conduit à La Ménècle |
L'appentis en préau qi accompagnait le chemin a été démoli mais les vieux chasseurs des villages alentours, dont monsieur Gaudet, se souviennent qu'ils s'y abritaient.
Nous avons donc ici la chance rare d'une chapelle de route semi-ouverte du XVII° siècle quasi totalement conservée dans son état original avec en plus son autel sculpté et peint, d'une richesse qui tranche véritablement avec la modestie du bâtiment (bénéfices des oboles des pèlerins ou générosité des propriétaires ?)
Sa façade est structurée à moitié en dur et à moitié en bois et claires voies. C'est une organisation absolument originale que je n'ai jamais rencontrée, transitoire entre les façades à claires voies des chapelles du XVI° au XVII° siècles, et l'architecture vernaculaire à pans de bois dont on peut voir un exemple pas très loin à Saint-Aulaye (Dordogne) sur les bords de la Dronne : cette architecture locale à pans de bois est appelée "doublaude" de la Double Saintongeaise qui est une vaste forêt de pins à quelques kilomètres des forêts de feuillus site de la chapelle. Toutefois des repères de constitution de cette façade se trouvent dans les chapelles de l'Est de la France ci-dessus présentées pour montrer le mouvement de fermement de ces petite chapelles. Voire ces repères, en lien avec l'architecture dite de la "doublaude" à la suite de la présentation de cette chapelle.
Les fonctions apotropaïques et thaumaturges sont réparties entre la chapelle et la fontaine qui est une résurgence naturelle qui - même en cette année 2022 de très forte sècheresse - n'a jamais été asséchée bien que le niveau de l'eau ait baissé d'environ de moitie.
Une autre légende s'attache à cette fontaine : celle de sa construction par un soldat rescapé d'un massacré de la fin de la guerre de Cent-Ans lorsque les troupes françaises campèrent sur les bords de la Tude et qu'on fit un pont avec les cadavres des soldats tués pour franchir la rivière avant la bataille de
Castillon le 17 juillet 1453. Le site s'appelle "Pont de Corps" à côté du village de Médillac où on voit une belle église romane en très bon état.
Ce soldat rescapé serait venu se baigner dans la fontaine et il aurait fait le vœux de construire une chapelle sur le site s'il guérissait de ses blessures.
D'autres sources, avec la même histoire du soldat rescapé formulant des vœux à la fontaine pour la construction d'une chapelle, situent cet épisode à la suite de la bataille de Coutras (1587) qui fut une victoire des protestants d'Henry de Navarre sur les catholiques.
Il faut préciser que le cours de La Beuronne, à environ quatre cent mètres est le site de ruines de ce qui ressemble fort à une implantation gallo-romaine exploitant le cours d'eau.
Ce site de la fontaine de Guérison pourrait-il être également celui d'un ancien culte païen ?
Incontestablement le site est très riche d'histoire et d'occupations humaines.
L'autel en bois est un assemblage d'éléments sculptés, découpés, et peints.
On reconnaît le "sacré cœur" décrit par le texte de 1904 mais on voit aussi les saints qui sont peints de part et d'autre. On identifie encore Saint-Roch avec son chien et l'ange qui amène des onguents dans des pots minuscules pour soigner le bubon, La Vierge à l'enfant, Sainte-Marie Madeleine et Saint-Jean apôtre.
Au dessus nous avons trois croix et trois colombes : Eucharistie.
Les colonnes sont d'un trait d'érudition inattendue : c'est un ordre ionique à fûts canelés présentant un entasis et base en rythme tore-scotie-tore sur plinthe.
Le fronton qui subsiste est à rampants interrompus et figure centrale dont le modèle commence à diffuser vers la fin du XVI° siècle depuis Rome pour devenir plus courant au XVII° siècle.
Ce mobilier semble être réalisé avant la généralisation des colonnes torses
La posture de Saint-Jean surprend et pourrait-elle aussi un éléments de datation. En effet ce vieillard barbu en grande robe qui pointe le ciel de son index n'est pas sans faire penser au Platon de l'Ecole d'Athènes de Raphaël dont les modèles en sont publiés par gravures en 1650.
Mais l'attribut de la main gauche n'est pas un livre et on ne peut savoir comment se termine le bâton qu'il tient dans cette main.
Même si l'autel est un peu postérieur à l'édification de la chapelle on doit pouvoir situer la construction du bâtiment dans la première moitié du XVII° siècle.
C'est une chapelle, originale certes par la conception technique de sa façade, mais qui entre totalement dans le courant des chapelles du mouvement de fermement des petits sanctuaires de routes du XVI° au XVII° s. avec abandon des peintures murales dans l'ambiance post-trentienne pour des iconographies peintes sur un mobilier polychrome à ailettes de tabernacle. Ailleurs ces figures de saints, comme à Bors de Montmoreau, mais plus tard dans le XVII° s., voire au tout début du XVIII° s., sont des rondes bosses en bois polychromes et colonnes torses.
Là encore nous voyons que l'architecture utile au voyageur prime à la construction et à l'iconographie et au décor qui s'inscrit ensuite dans la formation historique d'un nouveau mobilier d'église qui tranche carrément avec la modestie de l'architecture de la chapelle et de son originalité bien qu'appartenant au courant architectural historique propre à ces chapelles de routes d'Est en Ouest et inversement.
On connaît l'architecture savante qu'on emploie pour l'autel mais on s'aligne aux courants et aux évolutions de l'architecture des chapelles de route de l'époque pour construite le petit bâtiment.
Les fonctions d'abri et apotropaïques/curatives sont ici clairement confondues bien que fonctionnant sur l'association source/chapelle. Les saints de l'autel sont deux fois des saints guérisseurs : une fois du corps avec Saint-Roch et une fois des âmes avec Marie Madeleine alors que la Vierge à l'enfant annonce le sacrifice et le martyre de Jésus pour un apôtre qui réunit cet ensemble sous le patronage du ciel, de Dieu : le tabernacle et les symboles de l'Eucharistie distribuant l'ensemble ornemental architecturé en tant que temple de la transsubstantiation par le tabernacle et l'élévation de l'hostie sur le ciboire. C'est une chapelle de route dans laquelle on peut célébrer la messe... Et cette possibilité offerte à la célébration de la Passion accompagnée de saints s'inscrit dans une continuité substitutive des représentations des Mystères.
Ces valeurs sont-elles reportées en iconographies extérieures ?
En haut du vallon qui monte au château des Dougnes - site de plusieurs résurgences en ruisseaux et fontaines - rejoint par le chemin des Mandoliers qui monte à travers bois vers la ferme du Maine du domaine de La Ménècle, nous trouvons une autre résurgence bâtie en fontaine en dur, appelée Fontaine des Mandoliers.
La fontaine des Mandoliers et celle de la Guérison ponctuent le départ et la fin du vallon qui passe par la ferme de Chez Blazy seule occupation humaine agricole bâtie (actuellement ruines) de cette vaste combe bordée par des cluzeaux.
Dans cette grande fontaine, d'après le témoignage de Madame Goudet, on y faisait tremper les tiges d'osiers pour les assouplir afin de les rendre propres à la confection des paniers et des chapeaux.
Le site de la chapelle est également celui où pousse une variété particulière d'osier appelé "Visaube"
Que ceux qui iront voir ce site s'inclinent devant lui avec autant de respect que j'en ai eu à en faire les relevés et à vous les présenter.
Qu'ils contribuent à sa sauvegarde.
Des repères pour une constitution de la façade de la chapelle Saint-Jean
Jadis les fêtes religieuses populaires - avec comme support le théâtre des mystères -
avaient lieu à l'extérieur des chapelles dont le décor intérieur a changé
ou a été reporté sur des mobiliers sculptés et peints en tabernacles à ailettes, ou à tabernacles avec tableaux d'autel, dans l'esprit qui s'est transformé avant et après le Concile de Trente.
Les chapelles privées, liées à une économie seigneuriale de gestions et de circulations sur les domaines, reversaient les bénéfices de l'autel au clergé (Cf. M.Aubrun, op.cit., 1986/2008, p.77)
Montbron - Seuil Charente-Périgord
Chapelle dite des Lépreux
Ici les repères avec les chapelles alpines de l'Est de la France sont clairs depuis Notre-Dame-de-Bon-Coeur à Lucéram jusqu'à Notre-Dame-de-Protection à Cagnes et Notre-Dame-de-Vie à Mougins.
La chapelle est à un carrefour de routes, dont une qui est un des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, hors les murs du
village.
La fonction des fenêtres en claire voies n'est pas un dispositif pour tenir en isolement les lépreux, même pour distribuer des repas au travers des claires voies (cf. ces claustras pour distribuer des repas c'est ce qui est publié sur le net) où il n'y a pas assez de place pour faire passer une écuelle sans la renverser - ce qui serait en plus contraire aux doctrines chrétiennes catholiques - mais un mode architectural qui a été enrichi d'une travée porche charpentée, rejoignant les modèles provençaux du XV° au XVII° siècles. Sous les fenêtres les bancs reposoirs sont construits avec des fragments de sarcophages anthropomorphes de veine mérovingienne/carolingienne, et autres cailloux taillés.
D'après l'enquête faite sur le terrain, le site aurait été une sorte de nécropole. En tout cas ce serait un gisement.
Les confréries laïque sont créées au XIII° siècle. Y eut-il une occupation du site par l'une de ces confréries ?
A partir de là on peut orienter des recherches sur plusieurs axes quand à l'occupation ancienne du site. C'est-à-dire qu'il y a eu d'une part un véritable cimetière qui a peut-être été peu à peu investi par des constructions profanes et qui ont donc repoussé, avant de disparaître elles-mêmes, des constructions liées au culte, aux traditions mortuaires. D'autre part on pourrait essayer de remonter, comme le font certains auteurs, aux persistances romaines d'enterrer les défunts le long des routes. Mais la chapelle dans sa conception actuelle, y compris avant la construction du porche, ne peut guère être antérieure aux mutations architecturales ailleurs constatées, soit un bâtiment construit en deux chantiers à partir du XVII° siècle.
On voit ce mode architectural évoluer depuis les chapelles alpines et provençales plus haut présentées et celle ci-dessus également en Provence Orientale, à Vence, jusqu'à la chapelle Saint-Jean à la Fontaine de Guérison sur la commune de Saint-Quentin.
Le type architectural poursuit sa carrière et on le retrouve à Viville où les claires voies sont plus larges mais qui ne changent en rien une appartenance à cette famille architecturale des chapelles de routes sans donner d'argument à des claires voies de distributions de repas à des lépreux au XVII° siècle alors que les villageois allaient danser sur les terrains libérés ou libres autour du sanctuaire comme le confirment les textes mis en jour et publiés par Gabriel Delâge pour cette chapelle de Viville dite aussi "des lépreux".
Champniers - Viville chapelle Saint-Roch
agglomération et diocèse d'Angoulême (Charente)
Bibliographie : Gabriel Delâge, Laboureurs d'Angoumois. Illustrations de Raymonde Delâge. Paris 1988, p. 264 : "Une fête importante se tenait autour de la chapelle Saint-Roch de Viville, dans la paroisse de Champniers. On y venait de tous les environs. En 1776 [...] Mais en dehors de ces scènes de violence de courte durée, les témoins s'accordaient tous à dire que "les autres personnes de la frairie se divertissaient en paix"".
En allant à l'Est de la Charente
Deux chapelles à claustras en Périgord - département de la Dordogne - peuvent-elles appartenir à la famille des chapelles de routes du XVI° au XVII° siècles ?
(source publiée : Pierre Pommarède, Le Périgord des églises et des chapelles oubliées - Tome 1. Photographies de Jacques Brachet. Préface de Pierre Rosenberg de l'Académie Française. Périgueux 2002, p. 164-165, 170-171)
Saint-Crépin-de-Richemont - Chapelle Saint-Roch
Dordogne - Périgord Vert
Cette chapelle occupe une position particulière dans un cimetière où on ne repère aucune tombe ancienne antérieure au XIX° siècle mais une abondante présence de chapelles mortuaires modernes assez luxueuses, voire d'un certain luxe architectural à ordres sculptés et frontispices.
Aux origines architecturales de la chapelle qui nous intéresse nous rencontrons une première construction gothique datable du XV° siècle avec une première travée d'entrée qui fut voûtée, dont il reste les deux contreforts d'angles en façade. Ce premier bâtiment fut agrandi et une pierre tombale a été déplacée et réinstallée en pierre de seuil de la plate-forme d'un autel projeté contré le mur de fond éclairé d'une lancette, qui, à l'extérieur s'enfonce sous le niveau le plus haut du sol en pente. Une fenêtre de contre-jour complète le dispositif d'éclairage de l'autel.
Deux claustras sont aménagées sur les murs gouttereaux d'un prolongement en mur courbe de cette première travée.
Le choix d'un portail monumental gothique de caractère XV° siècle est motivé par les moulures des ébrasements de portes
Ce qui oriente vers un traitement particulier d'un frontispice de dédicace, et notamment vers un programme iconographique peint. Le choix d'un portail monumental richement sculpté à la mode du gothique flamboyant en vigueur au XV° siècle, s'imposait donc mais sans les pinacles dont certains de ces grands portails sont assez souvent enrichis puisqu'ils auraient pris la place du programme peint de dédicace sur le frontispice.
Nous aurions donc ainsi un premier tombeau gothique - si on associe la pierre tombale à la première travée dont il ne reste en trace de voûtement que les contreforts de façade - récupéré et agrandit en chapelle à dévotions extérieures par deux claustras en vis-à-vis faute de pouvoir les installer en façade à cause des structures qui régissent l'ancienne façade, ci-dessus exposées. Ces claustras sont aménagées en avant de l'autel, c'est-à-dire sur une position qui place les fidèles extérieurs au niveau des fidèles à l'intérieur de la chapelle, au plus près autorisé des marches qui montent à l'autel avec en pierre de seuil la pierre tombale déplacée du défunt pour lequel une première chapelle fut construite en tombeau (hypothèse de travail la plus plausible)
Il est bien évident que le bienheureux honoré par cette première chapelle à la pierre tombale déplacée et conservée en piédestal de l'autel dans le remaniement d'agrandissement - qu'il soit un personnage de haut rang ou un saint local sanctifié par les miracles pour lesquels on venait le prier - ne peut pas être Saint-Roch qui est un saint de la Légende Dorée de Jacques de Voragine, un saint apocryphe
Est-ce le tombeau tardivement réalisé de Saint-Crépin, saint éponyme du site associé à la colline où est située la chapelle-tombeau ?
[Saint-Crépin n'apparaît pas dans les grands répertoires usuels des saints. A savoir : La légende dorée de Jacques de Voragine (XIII°s.), La vie des saints et bienheureux nouveaux du père Giry (1864), Iconographie de l'art chrétien - Iconographie des saints de Louis Réau (1958)]
Nous devons également remarquer que la construction de l'église, d'après les commentaires qui en sont faits, tourne autour d'une datation probable du premier état de cette chapelle-tombeau, soit sur la fin de la période gothique, entre XIV° et XVI° siècle.
Toujours est-il que la chapelle-tombeau - sans qu'on puisse affirmer qu'elle fut liée à un cheminement hormis à celui de son accès depuis le village - n'a certainement pas été implantée au hasard et pas pour n'importe qui. La vénération de ce défunt s'est certainement progressivement diffusée, attirant des pèlerins, d'où cet agrandissement en profondeur, avec des claustras latérales de vénérations extérieures. Claustra qui ne purent être installées en façade, mais sur la pente du terrain bordant les murs gouttereaux, comme déjà exposé, vu la conservation de la base de façade gothique et de ses contreforts qui maintiennent les limites initiales de la façade en extension et l'accompagnent en élévation.
Il y aurait là un beau travail de recherche à faire pour les historiens désireux de réattribuer ce tombeau transformé en chapelle de vénération extérieure sur le modèle emprunté des ouvertures en claustras des chapelles de routes. La frontière entre chapelles de routes ouvertes en claustras et chapelle-tombeau, ouverte en claustras, qui attire les pèlerins, est ici
peu évidente mais ces nuances sont de celles qui enrichissent cette famille architecturale avec ses objectifs et ses vocations spirituelles.
Spiritualité et architecture atteignent ici une valeur pleine et entière au service de la même ferveur populaire.
Cette chapelle c'est toute une part importante de l'histoire de ce village, sinon de son identité...à retrouver.
Saint-Pierre-de-Côle - Doumarias
Dordogne - Périgord-Vert
Chapelle sur un domaine privé - Clichés et relevés archéologiques autorisés en publication sur ce blog par Madame Fargeot (Mme et M Fargeot propriétaires)
Le château de Bruzac (commune de Saint-Pierre de Côle) bénéficie d'une importante notice dans le Dictionnaire des châteaux du Périgord de Guy Penaud (Paris, 1996). A la page 56 on lit "La première forteresse élevée en cet endroit date des premiers temps de la féodalité ...elle était le siège d'une châtellenie dont relevait au XIV° siècle, 12 paroisses.../...Le château haut entouré d'une douve sèche, démoli à la fin du XIII° siècle et reconstruit au XV° siècle sur les ruines, parfaitement dissymétrique, offre, au N..., une façade du XV° siècle entre des tours circulaires..."